On était à la fin de juin. La matinée était belle. Le gai soleil répandait sa lumière chaude, éblouissante, traversait de ses rayons le papillotement des feuillages verts, piquait de paillettes lumineuses la verdure de l’herbe et des plantes perlées encore de la rosée abondante de la nuit.
C’était le moment de la fenaison. La brise éparpillait dans l’air tiède les senteurs odorantes de l’herbe et des fleurs fanées. De tous les côtés, dans la prairie, les faux luisaient, reflétant et renvoyant au loin les rayons de soleil.
Devant les faucheurs, l’herbe droite et drue, émaillée de toutes les fleurs du pré ; derrière eux s’alignaient les andins serrés, épais. Des femmes et des jeunes filles, en jupons courts, laissant voir les bas rayés collés sur les mollets, portant la camisole légère, large, flottant sur les hanches, à peine serrée par la jupe, et coiffées de chapeaux de paille, à larges bords, flexibles, ornés d’un ruban rose ou vert, ou bleu, commençaient à apparaître avec les fourches et les râteaux.
Tout ce monde était joyeux et semblait en fête. Un bruit de chansons se mêlait à celui des pierres à aiguiser mordant le tranchant des faux.
Sous un berceau, où la vigne vierge, la clématite, le chèvrefeuille et le jasmin entrelaçaient leurs rameaux grimpants, une jeune fille assise, dans une pose gracieuse, la tête inclinée sur l’épaule, travaillait à un ouvrage de tapisserie.
Le berceau avait été placé au fond du jardin ; un carré de terre de mille mètres environ, clos d’une charmille touffue, taillée avec un soin minutieux. Son entrée faisait face à l’habitation, une maison petite, mais blanche, coquette, égayée par ses volets verts et les rideaux blancs à grandes fleurs enguirlandées, qui tombaient derrière les vitres des hautes fenêtres. Et puis elle était entourée de massifs épais de lauriers, de végélias, de troènes à grappes, au-dessus desquels s’élevaient des lilas, mêlant leurs feuilles vertes à celles des érables, des fusains et des cornouillers panachés.
Entre la maison et le mur bordant la rue, on avait laissé un espace de quelques mètres carrés. Au milieu, on avait creusé un petit bassin, dont l’eau était constamment renouvelée, grâce à un jet qui la lançait à plus de trois mètres de hauteur. Quatre corbeilles de fleurs agrémentaient ce parterre et le devant de l’habitation. Des espaliers à palmettes cachaient la nudité d’un mur de clôture dans lequel s’ouvrait une porte peinte en vert, entre deux pilastres, sur l’entablement desquels étaient posés deux vases de fonte, forme Médicis.
Sous le berceau, du côté opposé à son entrée, on avait ménagé une ouverture carrée afin d’avoir vue sur la rivière, qui traçait ses méandres à deux cents mètres de distance, et au delà sur les escarpements de la montagne aux crêtes boisées, qui, faisant le fond du tableau, comme une toile de décors, bornaient complètement l’horizon.
De temps à autre, s’arrêtant dans son travail, la jeune fille levait les yeux. Alors son regard courait rapide sur les larges plates-bandes garnies de fleurs en plein épanouissement.
Rêveuse, une nuance de tristesse répandue sur son visage, elle paraissait s’oublier à suivre le vol capricieux des insectes, à écouter les bourdonnements, les susurrements et les bruits d’ailes, comme s’il y avait dans tout cela une voix mystérieuse parlant à son âme ou répondant à sa pensée.
Cette jeune fille était bien la plus gracieuse, la plus adorable créature qu’on pût voir. Elle n’avait pas encore seize ans. Elle était petite plutôt que grande et sa taille mince et élancée avait la souplesse et la flexibilité d’un jonc ; mais si elle conservait encore l’apparence d’un enfant, sa poitrine développée, le galbe de ses belles épaules, toutes ses formes délicatement arrondies révélaient la femme faite.
Sa tête charmante, qui avait des mouvements d’une grâce incomparable, était ornée d’une magnifique chevelure d’un beau noir luisant avec des reflets bleuâtres. Ses longues nattes enroulées en torsades attachées avec goût, encadraient superbement sa ravissante figure d’un dessin très pur, aux traits fins et délicats, faisant ressortir le charme étrange de sa beauté idéale. De longs cils soyeux, voile tombant sous les paupières, adoucissaient l’éclat de ses grands yeux noirs, éteignaient la flamme brûlante du regard, regard qui, tout en étant doux et caressant, avait quelque chose de ferme, de fier et de superbe qui indiquait que cette enfant si gracieuse, si suave, si mignonne, ne manquait ni d’énergie ni de volonté.
Il y avait en elle beaucoup de la créole. On pouvait, à son teint, la prendre pour une Vénitienne ; mais si elle avait les yeux d’une Mauresque, son regard était celui d’une Espagnole.
Elle avait les oreilles petites, finement attachées, le front haut, les arcs des sourcils bien marqués, le nez joli, les joues rondes, grassouillettes, encore un peu poupines. Sa bouche était petite et ses lèvres, bien bordées, d’un rose vif, entre le rouge et le rose. Ses dents, d’un émail immaculé, d’une blancheur de lait, fines, admirablement rangées, avaient la transparence des belles perles d’Orient.
Ses mains ni grasses ni maigres, aux doigts effilés, aux ongles roses, étaient élégantes et ses petits pieds faisaient penser à ceux de mademoiselle Cendrillon.
Ajoutez à cela une voix douce, au timbre mélodieux, de la bonté, une grande sensibilité, beaucoup de modestie, un air réservé, digne, peut-être un peu grave pour son âge.
Un pli au coin de ses lèvres, les inflexions de sa voix, le ton de sa parole et certains gonflements des narines accusaient, de même que l’éclair de son regard, une volonté, un caractère, une nature énergique, ardente et passionnée.
Son humeur toujours égale était mise au diapason de sa bonté ; cependant elle avait le rire difficile, comme si elle eût porté dans son cœur un deuil éternel. Mais de même qu’elle n’était jamais d’une grande gaieté, on ne la voyait jamais prise par une grande tristesse.
Souvent, recueillie, sa pensée, empruntant les ailes du rêve, s’envolait vers des lointains ténébreux. Allait-elle, alors, évoquer des souvenirs dans les limbes du passé ? Ou bien s’élançait-elle à travers les brumes de l’avenir afin de tâcher de surprendre quelques-uns de ses secrets ?
Soudain, elle eut un léger tressaillement et son front se couvrit d’une teinte de pourpre qui, en même temps, estompa ses joues.
Un jeune homme venait de se montrer au bout de l’allée, à l’entrée du jardin.
Comme l’indiquaient son costume, son teint hâlé et ses mains larges, brunies par le soleil, c’était un paysan, un humble travailleur des champs ; mais ce paysan était un grand garçon de vingt et un ans, bien découplé, plein de santé et solide comme s’il eût été taillé dans le granit, en somme un beau garçon.
Dès l’abord, sa figure expressive, bien ouverte, son regard intelligent et franc inspiraient la sympathie.
Il y avait en lui une certaine distinction qui contrastait avec son vêtement rustique ; mais celui-ci douait l’homme de quelque chose de poétique qui donnait à sa mâle beauté un cachet tout particulier.
La jeune fille avait ramené ses yeux, sur sa broderie et s’était vite remise à travailler. Elle voulait avoir l’air d’être surprise. Une petite ruse féminine. Mais lui ne s’y serait pas trompé s’il avait eu le regard assez hardi pour remarquer la rougeur de son front.
Il avançait lentement, avec hésitation, comme, un homme qui craint d’être mal accueilli. Enfin il arriva devant le berceau.
– Bonjour, mademoiselle Jeanne, dit-il d’une voix qui trahissait son émotion.
Elle eut un petit cri d’oiseau effarouché.
– Ah ! c’est vous, Jacques, fit-elle ; bonjour mon ami.
Elle se rangea un peu pour lui faire une place à côté d’elle sur le banc.
Mais comme s’il n’eût pas compris, il restait immobile, embarrassé, à l’entrée du berceau.
– Jacques, reprit-elle en le regardant et avec un doux sourire, je vous ai fait une place sur le banc, venez donc la prendre.
Il obéit. Il était devenu rouge comme un coquelicot.
– Ainsi, dit-il, vous n’êtes pas mécontente que je sois venu jusqu’ici ?
– Pourquoi serais-je mécontente, Jacques ?
– Je ne sais, balbutia-t-il, j’avais peur de vous contrarier ; mais vous êtes si bonne ! Je vois bien, maintenant, que vous ne m’en voulez pas.
Elle cessa de travailler et leva ses grands beaux yeux sur lui.
– Jacques, est-ce que je vous ai quelquefois mal reçu ? demanda-t-elle.
– Non, jamais.
– Eh bien, alors ?
– Oui, vous avez raison, je suis ridicule et je mériterais… Pourquoi suis-je ainsi ? Je ne peux pas me l’expliquer. J’ai beau me raisonner, me gronder, me dire que je suis stupide, rien n’y fait. Quand je vous vois, même de loin, j’éprouve une émotion… Si je m’approche de vous, si je vous parle, je me mets à trembler. Il me semble que je fais mal, que ce que je vais vous dire va vous offenser.
Jeanne baissa les yeux et rougit de nouveau.
– Je ne comprends pas cela, répliqua-t-elle d’une voix un peu troublée. Vous oubliez donc, Jacques, que vous êtes le filleul de mon père, mon ami, un peu mon frère ?
– Oh ! non, je ne l’oublie pas, sans cela je ne viendrais pas ici.
– Pourquoi ?
– Je n’oserais pas.
– Voyons, Jacques, est-ce que je vous fais peur ?
– Ce n’est pas ça. Ah ! tenez, c’est drôle, c’est bête d’être ainsi ! Et c’est seulement près de vous, car je ne suis pas de même avec les autres. Comment vous expliquer !… C’est une crainte qui est en moi, qu’il m’est impossible de surmonter, la crainte de vous déplaire. Oh ! vous déplaire, moi ! Je préférerais la mort. Et pourtant mon respect et tout ce qu’il y a pour vous dans mon cœur me disent que je ne peux rien faire et rien dire qui puisse vous être désagréable. Est-ce que j’ai une mauvaise pensée, est-ce que les paroles qui viennent sur mes lèvres ne sont pas inspirées par mon cœur et mon âme ? Ah ! mademoiselle Jeanne, si j’osais vous exprimer tout ce que j’éprouve, tout ce que je ressens…
» Mais non, continua Jacques, je ne peux pas, ma crainte est là, toujours là pour m’arrêter : après tout elle est ma sauvegarde, car je vous le dis, mademoiselle Jeanne, et vous pouvez me croire, si vous aviez pour moi un regard de dédain et de colère ou seulement une parole sévère, je verrais immédiatement s’enfuir loin de moi tout ce qui fait le bonheur de l’existence, tout ce qui en est la beauté : je ne pourrais plus vivre, je voudrais mourir.
– Jacques, répondit-elle sans lever les yeux, rassurez-vous, je n’aurai jamais pour vous un regard de dédain ou une parole sévère. J’ai l’âme reconnaissante et je me souviens du temps qui, d’ailleurs, n’est pas bien loin de nous, où vous étiez mon petit protecteur. Oui, Jacques, je pense souvent aux jours de notre enfance.
» Nous avons été élevés l’un près de l’autre, pour ainsi dire ensemble : nous avons grandi : mais j’étais encore toute petite que déjà vous étiez grand, presque un homme. C’est alors que j’ai commencé à sentir votre protection, la douceur et tout ce qu’il y a de bon dans une affection sincère, dévouée. Vous souvenez-vous, Jacques ? Quand au retour de la promenade je me trouvais fatiguée, vous me portiez dans vos bras pour reposer mes petites jambes ; quand j’avais un petit chagrin, une petite peine, effrayé, vous accouriez vers moi ; vous essuyiez mes larmes et vous me consoliez.
– Puis vos bras mignons serrés autour de mon cou, vous m’embrassiez.
– Mon affection d’enfant répondait à la vôtre.
– Mais vous avez grandi.
– C’est vrai ; mais je n’ai pas changé.
– Oh ! que si.
– Comment cela ?
– Vous êtes devenue la plus gracieuse, la plus belle et la meilleure de toutes les jeunes filles. Mon parrain vous avait mise au pensionnat, on vous instruisait, vous appreniez vite et bien. Chaque année, vous étiez toujours la première et vous reveniez les bras chargés de couronnes. Moi, je ne vous disais rien ; mais, allez, j’étais bien heureux. Enfin, vous avez quitté tout à fait le pensionnat, il y a six mois, et quand vous êtes revenue…
– Jacques, mon ami d’enfance, ne m’a plus appelée Jeanne tout court, mais mademoiselle Jeanne.
– C’est que vous n’étiez plus la même.
Elle secoua la tête en souriant.
– Ce n’est pas moi, Jacques, mais vous qui ayez changé.
Il la regarda tout ahuri.
– Moi, moi ! balbutia-t-il.
– Voyons, pourquoi, depuis mon retour, ne m’appelez-vous pas simplement Jeanne comme autrefois ?
– C’est un reproche que vous me faites ?
– Oui.
– Eh bien, je craignais…
– Je sais, je sais, interrompit-elle avec un accent doucement railleur, la crainte qui est là, toujours là, qui vous fait trembler quand vous vous approchez de moi, qui retient les paroles sur vos lèvres.
Puis changeant de ton :
– Jacques, reprit-elle, vous ne devriez pas manquer ainsi de courage. Il y a des choses qu’on peut dire à une jeune fille sans l’offenser, sans lui déplaire, sans rien ôter du respect qu’on a pour elle. Jacques, je sais ce que vous valez et quel cœur est le vôtre ; je sais aussi d’où vient votre timidité, votre crainte, et pourquoi les paroles que vous voudriez prononcer expirent sur vos lèvres. Est-ce que je n’ai pas un peu deviné ce qu’il y a dans votre cœur, dans votre pensée ?
– Oh ! Jeanne, Jeanne ! exclama-t-il.
– Parlez, Jacques, parlez.
– Quoi ! vous me permettez, vous m’autorisez… Mais non, la crainte me revient, je… je ne peux pas.
Le pauvre timide tremblait comme un enfant peureux ; il avait le front couvert de sueur et de grosses larmes roulaient dans ses yeux.
La jeune fille l’enveloppa de son regard.
– Pourtant, Jacques, dit-elle de sa plus douce voix, ce n’est pas à moi à dire, la première, que sans nous en douter, notre affection réciproque s’est changée peu à peu en un autre sentiment. Conséquence de notre intimité d’autrefois, cela devait être…
– Jeanne, Jeanne, mais vous m’aimez donc ?
– Je vous ai toujours aimé, répondit-elle simplement, le front irradié.
– Et moi, Jeanne, c’est parce que je vous aime plus que tout au monde, parce que je vous adore, que vous êtes pour moi une divinité, que je n’osais plus vous parler, que j’osais à peine vous regarder !
– Et maintenant, vous osez.
– La crainte a disparu ; votre doux regard fait passer en moi je ne sais quelle force nouvelle. Ah ! je ne suis plus le même ! Tout est lumière, tout rayonne ; il me semble que ce jardin est un coin du paradis, il me semble que le monde, l’univers m’appartient. Jeanne, je vous aime ! je vous aime !
Son émotion était trop forte : il se mit à sangloter.
Elle aussi pleurait silencieusement ; de belles larmes, précieuses comme des perles fines, coulaient sur ses joues.
Il s’était agenouillé devant elle, il avait pris ses mains, il les couvrait de baisers, il embrassait ses genoux.
– Elle m’aime, elle m’aime, je suis aimé ! disait-il dans une sorte de délire ; pour moi un pareil bonheur… Je serai digne de vous, ma Jeanne adorée ; vous verrez, vous verrez, pour vous rien ne me coûtera. C’est votre bonheur qu’il me faut. Mon cœur, mon âme, ma vie tout vous appartient ! Mon Dieu, mais ferai-je assez pour vous ? pourrai-je jamais vous prouver toute la force, toute la grandeur de mon amour ?
– Pourquoi pas ? répondit derrière eux une voix inconnue.
Les deux amoureux se levèrent brusquement, elle, effrayée, lui, un éclair dans le regard. Un homme, un vieillard couvert de haillons, venait de se dresser derrière la haie, encadrant sa figure ridée, son crâne chauve et sa longue barbe blanche inculte dans l’ouverture du berceau.
– Pourquoi êtes-vous là ? l’apostropha Jacques d’un ton courroucé.
– Par hasard, mon jeune ami, répondit le vieillard ; j’avais les jambes lasses et les pieds meurtris, car mes vieux souliers sont troués en plusieurs endroits ; pour me reposer j’ai choisi cette place où l’herbe est haute et je m’y suis étendu à l’ombre de la haie.
– Pour nous écouter !
– Non, certes, car j’étais là bien avant que la demoiselle vint s’asseoir sur ce banc.
– Soit, mais vous avez entendu.
– Ma foi, oui, mon garçon, et j’ai même trouvé votre petite conversation très intéressante. Allons, allons, faut pas en vouloir au pauvre vieux s’il a encore de bonnes oreilles et de bons yeux pour voir que vous êtes un beau garçon et la demoiselle une jolie fille, il ne lui reste absolument que ça, maintenant que les jambes ne vont plus. D’ailleurs, qu’est-ce que ça fait que j’aie entendu ? Ce n’est pas moi, le père La Bique, le pauvre vieux mendiant de Blaincourt, qui voudrais faire du mal à la demoiselle. Lui faire du mal, moi, à cette chère petite ! Ah ! mais non, au contraire. Roucoulez à votre aise, mes gentils tourtereaux, et soyez tranquilles, le père La Bique n’est pas un bavard, il sait garder pour lui seul ce qu’il voit et ce qu’il entend. Allons donc, est-ce qu’on a besoin de raconter à d’autres ce qui ne les regarde point ? À revoir, mes enfants, à revoir.
– Attendez, monsieur, dit Jeanne.
– Oh ! comme tout le monde vous pouvez m’appeler père La Bique.
La jeune fille s’était approchée de la charmille.
– Je ne suis pas riche, dit-elle, d’un ton gracieux et avec un sourire qui étaient à eux seuls une aumône ; mais, tenez, voici pour vous acheter une paire de souliers.
Et, allongeant le bras au dessus de la haie, elle tendit au vieux une pièce de cinq francs.
Celui-ci prit la pièce d’argent et retint un instant la main sur laquelle il appuya ses lèvres.
– Merci bien, mademoiselle, dit-il, en la saluant de la tête ; que le bon Dieu vous le rende en joie et en bonheur.
Il mit son chapeau sur sa tête, jeta sa besace sur ses épaules et s’éloigna clopin-clopant, en s’appuyant sur son bâton d’érable…
– Bonne et belle, murmura-t-il ; plus belle encore que sa mère !