I Madame Joubert

Ce n’était pas un des jours de sa consultation. Le docteur Abel, levé de bonne heure, était dans son cabinet de travail. Dans le silence et le recueillement, il travaillait à un important ouvrage qu’il voulait terminer avant de mourir, car bien qu’il fût encore très vert et très robuste de santé, son âge lui disait qu’il arrivait au déclin de sa vie.

C’était un ouvrage de pathologie qu’il écrivait avec netteté, précision, et avec cette conviction absolue qu’il devait à sa longue expérience.

Cet ouvrage de haute science médicale, il voulait, avant de mourir, l’offrir comme adieu au monde savant.

On était à la mi-mars, et comme il faisait encore froid, par suite de gelées tardives, un feu de bois flambait joyeusement dans la cheminée du cabinet de travail. Et le docteur avait largement ouvert sa robe de chambre ouatée, dont il s’était d’abord frileusement enveloppé. Donc, le docteur Abel travaillait.

On frappa à la porte du cabinet, et quand le vieillard eut dit : entrez, la porte s’ouvrit et le valet de chambre avança la tête.

– Que voulez-vous ? demanda le docteur.

– Monsieur, c’est une dame qui désire vous entretenir un instant.

– Mais ce n’est pas le jour de ma consultation.

– C’est ce que j’ai dit à cette dame, mais elle m’a répondu qu’elle se portait bien et que c’était pour une tout autre consultation qu’elle désirait voir monsieur le docteur.

– Ah !

Le valet de chambre, qui était entré dans le cabinet, tendit à son maître une carte de visite.

– Madame Joubert ! lut le docteur. S’adressant au domestique, il lui dit :

– C’est bien, je vais recevoir cette dame ici, faites-la entrer. Mme Joubert fut introduite dans le cabinet.

– Monsieur le docteur Chevriot me reconnaît-il ? demanda-t-elle.

– Parfaitement, madame ; j’ai eu l’honneur de vous rencontrer une fois à Vaucresson chez Mme Clavière ; vous êtes la mère de M. Edmond Joubert qui, comme vous, madame, a donné à Mme Clavière, dans une douloureuse circonstance, des témoignages de très vive sympathie.

Mais veuillez vous asseoir, madame, ajouta le docteur en approchant un fauteuil de la cheminée.

Mme Joubert s’étant assise, M. Chevriot crut devoir attendre qu’elle reprît la parole.

Mais la voyant très émue, hésitante, gênée, il lui dit avec bonté :

– Je ne suis pas un étranger pour vous, madame, vous pouvez parler ici sans contrainte.

– Monsieur le docteur, je viens à vous comme on va vers un ami.

– Je vous en remercie, madame.

– Vous voyez mon émotion, monsieur, et vous devinez que je suis embarrassée ; c’est que je fais auprès de vous une démarche extrêmement délicate ; mais elle m’était imposée dans l’intérêt d’une personne qui m’est chère.

– Eh bien, madame, de quoi s’agit-il ?

– D’abord de Mme Clavière.

– De Mme Clavière ? fit le docteur étonné.

– Vous êtes son ami.

– Oui, madame, je suis son ami, et j’estime que d’avoir donné mon affection à cette jeune femme est un des rares bonheurs que j’aie eus dans ma vie.

– Mme Clavière a aussi pour vous une grande amitié.

– Cela se comprend, madame, cette jeune femme est sans famille ; il lui arrive parfois de m’appeler son père et moi, souvent, je l’appelle ma fille.

– Vous la connaissez depuis longtemps ?

– Non pas depuis longtemps ; mais il me semble que je l’ai toujours connue ; aucune de ses pensées ne m’est cachée et son cœur est pour moi un livre ouvert. Je l’ai connue jeune fille, madame, et j’ai été à son mariage un de ses témoins.

– Je sais, monsieur le docteur, que M. André Clavière a épousé in extremis Mme Marie Sorel ; je sais, également, que vous avez été un des témoins de ce mariage.

– Comme médecin et comme ami, madame, j’ai assisté aux derniers moments d’André Clavière.

– Et vous connaissez la cause de ce duel qui a été si fatal à M. Clavière ?

– Oui, madame, je la connais.

– Monsieur le docteur, je vous demande pardon d’entrer dans de pareils détails.

– Vous n’avez pas de pardon à demander, madame, du moment que je réponds à vos questions.

– Vos paroles m’encouragent à continuer, monsieur le docteur.

– Continuez, madame.

– Je connais un peu le passé de Mme Clavière ; mais il y a dans ce passé bien des choses qui me paraissent obscures.

– Ah !

– Vous pourriez me demander de quel droit je me suis permis de plonger un regard curieux dans la vie de Mme Clavière, vous ne le faites pas ; mais tout à l’heure, monsieur le docteur, je vous le dirai. Permettez-moi de vous adresser de nouvelles questions.

– Faites, madame.

– Pourquoi M. André Clavière, mourant, a-t-il épousé Mme Marie Sorel ?

– Pourquoi, madame ? mais parce qu’il l’aimait, parce qu’il l’adorait. André Clavière et Marie Sorel, nés dans le même pays étaient des amis d’enfance. La mère de Marie avait été la nourrice d’André. Jeunes, ils étaient un peu comme frère et sœur. Plus tard, la fillette ayant grandi, André, de huit ans plus âgé qu’elle, l’aima d’amour.

Pendant quelques années, ils furent séparés par la fatalité.

Devenue orpheline, Marie vint à Paris, chez sa tante et sa marraine, qui était couturière.

Malheureusement pour la jeune fille sa tante vint à mourir ; ne pouvant s’accorder avec le mari de cette dernière elle le quitta.

– C’est alors qu’elle entra chez un confiseur comme demoiselle de magasin ?

– Oui, madame. Pendant ce temps. André Clavière était à Dijon, premier clerc d’avoué. À son tour, le jeune homme perdit son père. Il était comme Marie, orphelin, et, comme elle, il n’avait plus aucun proche parent. Libre de ses actions, il abandonna l’étude de son avoué et vint à Paris retrouver celle qu’il aimait.

Le malheureux jeune homme n’était à Paris que depuis trois mois lorsqu’il se prit de querelle avec le baron de Simiane ; vous savez ce qu’il en advint.

– Et la cause de cette querelle, monsieur le docteur ?

– M. de Simiane avait gravement offensé Marie Sorel.

Il y eut un moment de silence pendant lequel Mme Joubert, la tête inclinée, resta songeuse.

– Où veut-elle donc en venir ? se demandait M. Chevriot.

Se redressant, Mme Joubert reprit :

– Monsieur le docteur, si vous aviez un fils et si votre fils voulait épouser la veuve de M. André Clavière, y consentiriez-vous ?

Enfin M. Chevriot comprenait le but de la visite de Mme Joubert. Il répondit avec gravité :

– Madame, si j’avais un fils et si mon fils aimait la veuve d’André Clavière et en était aimé, je lui dirais sans hésiter, sûr du bonheur de sa vie : Épouse-la.

– Et pourtant, monsieur, vous savez que Mlle Marie Sorel était, avant son mariage, la maîtresse du comte de Rosamont ?

– Oui, madame, la maîtresse du comte de Rosamont, qui l’avait séduite par fraude, en lui cachant son véritable nom. Mais j’oublierais cela pour ne voir que ce qu’est aujourd’hui la veuve d’André Clavière, pour admirer une femme incomparable, la plus parfaite des créatures.

– Je reconnais, monsieur le docteur, que Mme Clavière est une femme incomparable ; sa beauté…

– Oh ! s’écria M. Chevriot, interrompant Mme Joubert, laissons sa beauté ; mais il y a son cœur, madame, son grand et noble cœur !

– Sans doute, monsieur, Mme Clavière possède d’admirables qualités ; mais il y a un enfant.

– Eh bien, oui, il y a un enfant ; est-ce qu’il n’est pas permis à une veuve d’avoir un enfant ?

– Celui-ci n’est pas le fils du mari, hasarda timidement Mme Joubert.

– Qui le dit ? répliqua vivement le docteur ; est-ce que l’enfant n’est pas légitimé par le mariage ?

– Il y a des scrupules de conscience qui ne peuvent pas accepter ce que veut la loi.

– C’est possible, et je n’ai rien à voir à cela ; mais, pour moi, le petit André est le fils de M. Clavière.

– Monsieur le docteur, Mlle Sorel était pauvre et il est évident que M. Clavière, qui l’aimait, l’a épousée afin de la faire son héritière ; mais s’il avait su dans quelle position elle se trouvait, lui aurait-il, à son lit de mort, donné son nom ? Et puis, ce nom, comment Mlle Sorel a-t-elle pu l’accepter ?

M. Chevriot eut un doux sourire.

– Mon Dieu, madame, répondit-il, étant donnée la raison de votre démarche auprès de moi, et que je crois avoir devinée, je comprends vos scrupules et j’apprécie vos susceptibilités. Vous m’avez parlé de choses qui vous paraissent obscures, je vais les éclairer. Veuillez donc m’écouter :

Comme c’est presque toujours inévitable, il y eut rupture entre Marie Sorel et le comte de Rosamont sous un mauvais prétexte invoqué par ce dernier, mais en réalité parce qu’il était à la veille d’épouser Mlle Louise de Noyons.

Le lendemain même de cette rupture, André Clavière, qui savait que le comte allait se marier et qu’il avait constamment menti à Marie, se présenta chez elle pour la première fois. Bien qu’il n’eût pas encore connaissance de la rupture, il s’était dit que la jeune fille allait avoir besoin d’être protégée et que nul autant que lui n’avait le droit de la protéger.

Il la trouva en proie à une profonde douleur.

Elle venait d’avoir la visite du baron de Simiane, ami du comte de Rosamont, qui lui avait proposé cyniquement de le prendre en remplacement du comte. Et comme si ce n’était pas assez de ce sanglant outrage, il brisa le cœur de la pauvre fille en ajoutant : « Mon ami m’a dit : J’abandonne Marie, si tu la veux, prends-la ! »

– Oh ! fit Mme Joubert indignée.

– Inutile de vous dire, madame, continua M. Chevriot, que Marie Sorel répondit au baron en lui montrant la porte.

André Clavière arrivait bien. La jeune fille avait grand besoin de savoir qu’elle n’était pas abandonnée de tout le monde et d’entendre surtout les paroles d’un ami.

Elle accueillit André avec cette joie qu’on éprouve toujours en revoyant un ami d’enfance.

Ce fut André qui apprit à Marie le véritable nom de son séducteur et son prochain mariage avec Mlle de Noyons.

Ils causèrent longuement, elle désolée, se lamentant, lui l’exhortant au courage, la réconfortant.

Enfin il lui fit l’aveu de son amour et lui demanda sa main.

Elle fut épouvantée. Être la femme d’André Clavière, elle qui n’avait plus sa pureté, c’était impossible. Elle lui répondit :

« – Je ne peux pas être votre femme parce que j’ai appartenu à un autre et que je ne suis pas digne de porter votre nom. »

Il insista et comme, malgré tout ce qu’elle lui disait, elle ne parvenait pas à le convaincre de son indignité, elle crut qu’elle allait couper court à ses protestations et lui fermer la bouche en lui déclarant qu’elle était enceinte.

– Alors, monsieur ? dit Mme Joubert, qui écoutait comme suspendue aux lèvres du vieillard.

– Alors, madame, la jeune fille eut la douleur de voir qu’elle s’était trompée : André lui répondit simplement : « L’enfant est légitimé par le mariage, je serai le père de votre enfant ! »

– C’est admirable ! exclama Mme Joubert.

– Oui, madame, admirable, ce qui prouve que l’amour vrai met dans le cœur tous les dévouements.

La veille, avant de s’éloigner pour toujours de Marie Sorel, M. de Rosamont avait commis une nouvelle faute ; pensant que la jeune fille pouvait avoir besoin d’argent, il avait laissé un billet de mille francs sur la cheminée. Ceci avait indigné Marie, et André eut la malheureuse idée d’aller lui-même chez le comte pour lui rendre le billet.

À l’heure où il se présenta, le baron de Simiane était avec le comte. Or, Marie avait raconté à son ami d’enfance ce qui s’était passé entre elle et le baron.

Je ne saurais vous dire comment éclata la querelle entre André et M. de Simiane ; ce que je sais, c’est que l’ami de Marie Sorel reprocha violemment au baron son odieuse conduite, et qu’il le traita de lâche, de misérable ! Enfin le terrible duel eut lieu.

« – Je serai le père de votre enfant ! » avait dit André à Marie…

Assurément, madame, la jeune fille avait été touchée de tant de générosité et de grandeur ; mais elle ne voulait pas accepter un pareil dévouement. Plus André s’élevait haut, plus elle l’admirait, plus elle se voyait abaissée et indigne.

André lui avait dit aussi :

« – Si vous me repoussez, je me tuerai ! »

Pour elle et pour lui, elle ne pouvait pas être la femme d’André, il fallait lui enlever tout espoir ; mais alors elle le poussait au suicide.

La pauvre fille se trouvait entre deux alternatives également cruelles. Sa situation était horrible.

Qu’allait-elle faire ?

Elle s’imagina qu’elle empêcherait André de s’ôter la vie et le guérirait en même temps de son fatal amour, si elle-même se donnait la mort.

– Quoi, monsieur, s’écria Mme Joubert, voilà la véritable raison pour laquelle elle a voulu mourir par le charbon !

– Oui, madame. Ainsi vous saviez qu’elle avait tenté de se suicider ?

– Je le savais.

– Savez-vous aussi comment elle a été sauvée ?

– Oui, monsieur.

– L’amour, qui est comme la Providence, une chose de Dieu, l’amour veillait sur elle.

Rappelée à la vie et vite remise, sur pied, grâce à son excellente constitution et aussi peut-être un peu à mes soins, elle accourut à la Jonchère, au chevet d’André blessé.

Le malheureux jeune homme sentait bien qu’il allait mourir ; mais il voulut savoir combien il avait encore de jours à vivre.

Il m’interrogea à ce sujet en présence de M. Mabillon, son notaire, qu’il avait fait venir à la Jonchère.

Bien qu’il m’en coûtât et après des hésitations faciles à comprendre, je dus lui dire qu’il n’avait plus à vivre que huit jours, dix jours au plus : « – C’est tout le temps qui nous est nécessaire », dit-il.

Et il nous fit connaître son intention d’épouser Marie Sorel.

Me Mabillon fit des objections, parlant des difficultés que présentait ce mariage in extremis.

« – Et d’ailleurs, ajouta-t-il, ce mariage est sans utilité, puisque avant de vous battre, dans la pensée que vous pouviez tomber mort sûr le terrain, vous avez fait votre testament en faveur de Mlle Marie Sorel.

Le blessé répondit au notaire :

« – C’est qu’il y a autre chose, monsieur Mabillon. Et il ajouta, en me regardant :

« – Je veux que l’enfant soit légitimé et qu’il porte mon nom. » Le notaire s’inclina. Il n’avait plus à faire d’opposition.

Et ce fut lui et moi qui suppliâmes Mlle Marie Sorel de consentir à épouser André Clavière.

Maintenant, madame, que vous savez qu’André Clavière a voulu que l’enfant de Marie Sorel fût son fils, croyez-vous que cette volonté d’un mourant affaiblisse ou diminue la force de la loi civile ?

– Que puis-je vous répondre, monsieur le docteur, si ce n’est que vous avez fait passer en moi vos convictions ?

Après une pause, elle continua :

– Vous m’avez dit tout à l’heure que vous aviez deviné la raison de ma démarche auprès de vous ; eh bien, oui, monsieur le docteur, il s’agit de mon fils, qui aime passionnément Mme Clavière. Mais pourquoi aurais-je été assez audacieuse pour vous interroger au sujet de Mme Clavière, comme je viens de le faire, si le bonheur de mon fils et peut-être même son existence n’étaient pas en cause ?

Ah ! monsieur, j’avais un poids bien lourd sur la poitrine : vous venez de m’en délivrer ; je peux donc permettre à mon fils d’épouser Mme Clavière !

Il y a près de deux années qu’Edmond s’est épris de notre charmante voisine de Vaucresson ; vous le voyez, ce n’est pas un amour d’hier.

Il n’y a pas lutte entre mon fils et moi ; il ne me parle plus d’épouser Mme Clavière, mais il souffre horriblement, depuis quelques mois surtout.

Il n’est pas allé une seule fois à Vaucresson de l’hiver ; ce sacrifice qu’il s’est imposé a été pour lui un martyre.

Depuis deux ans il n’a quelques instants de tranquillité que lorsque nous sommes à Vaucresson.

Alors il n’est pas loin d’elle ; de temps à autre il peut la voir et entendre sa voix.

Il a su se contenter de ces joies fugitives, mais elles ne peuvent plus lui suffire.

Ses souffrances sont d’autant plus terribles qu’elles sont contenues, et elles m’inspirent des craintes d’autant plus vives qu’elles ne se manifestent point par des plaintes ; elles sont muettes. Mais, hélas ! je vois l’œuvre de destruction qu’elles accomplissent.

Tenant compte de mes susceptibilités, de mes scrupules, et peut-être même les partageant, Edmond a fait tout ce qu’il a pu pour se guérir de son amour ; mais on n’échappe pas facilement à une chose qui vous tient, qui vous serre, qui vous enlace.

Dans cette lutte contre sa passion, celle-ci est restée triomphante et Edmond a été brisé.

Mon malheureux fils n’est plus que l’ombre de lui-même ; son courage s’est émoussé, ses forces morales s’éteignent et je tremble pour sa vie et sa raison.

Je n’ai plus d’espoir qu’en Mme Clavière.

Nous devons nous installer à Vaucresson dans les premiers jours d’avril ; mais je ne veux pas attendre jusque-là : dès demain j’irai demander à Mme Clavière sa main pour mon fils.

Monsieur le docteur, pensez-vous que ma demande sera favorablement accueillie ?

M. Chevriot avait écouté avec une grande gravité.

Il répondit :

– Mon Dieu, madame, je ne peux pas préjuger quelle sera la réponse de Mme Clavière.

– Pourtant vous connaissez toutes ses pensées.

– Peut-être pas toutes, madame.

Et puis il est des choses que telles ou telles circonstances, telles ou telles causes peuvent modifier.

– Mme Clavière tient entre ses mains le salut de mon fils.

– C’est une des causes dont je viens de parler, madame.

Sans aucun doute, Mme Clavière sera très touchée de votre démarche ; mais je vous le répète, je ne saurais dire comment votre demande sera accueillie.

– Monsieur le docteur, il est certain que Mme Clavière, que vous appelez votre fille, vous consultera.

– Je le crois.

– Puis-je espérer que mon fils aura en vous un appui ?

– Certainement, madame.

– Merci.

Et, avec cette grâce charmante de la femme du monde, Mme Joubert tendit sa main au vieillard.

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