VI Amour et bonté

La jeune fille, qui avait écouté avec intérêt, la tête inclinée, se redressa lentement.

– Vous êtes riche, André, dit-elle, j’en suis heureuse pour vous ; vous êtes généreux, vous êtes bon, vous ne méprisez pas les petits et vous compatissez aux souffrances des autres ; cette fois, l’aveugle fortune est tombée en d’excellentes mains ; vous pourrez faire beaucoup de bien.

– Autant que cela me sera possible. Mais, pour moi, qu’est-ce que c’est que la fortune ? Peu de chose, je dirai même rien, si elle ne peut me donner le bonheur auquel j’aspire. Marie, mon plus vif désir est de partager cette fortune avec vous, je la mets à vos pieds.

Elle se méprit encore sur les intentions du jeune homme.

– Ah ! répliqua-t-elle avec une sorte d’aigreur, les hommes sont tous les mêmes, et les meilleurs oublient le respect qu’ils doivent à la femme, même à une femme comme moi. Pour eux l’argent est tout, l’argent peut tout. L’argent, l’argent ! Les hommes s’imaginent que rien ne saurait résister à la puissance de l’argent, de l’or. Et vous, André, ajouta-t-elle amèrement, vous me croyez une de ces filles vénales dont la conscience s’endort aux miroitements du luxe et qui foulent aux pieds leurs sentiments et leurs croyances. Il est vrai que dans ma déplorable situation je dois m’attendre à tout et que j’ai perdu le droit de me montrer indignée.

– Marie, Marie, s’écria le jeune homme, les yeux pleins de larmes, c’est un fer rouge que vous enfoncez dans mon cœur ! Est-il possible, mon Dieu, que vous pensiez que je viens vous proposer d’être ma maîtresse ? Vous, ma maîtresse ! Oh ! non, oh ! non ! C’est mon nom que je vous offre, Marie, et je m’agenouille de nouveau devant vous pour vous supplier de devenir ma femme.

Il était agenouillé, courbé, le visage sur les genoux de la jeune fille.

– Votre femme, moi ! exclama-t-elle éperdue.

– Oui, oui, ma femme, la compagne de ma vie que je me suis depuis longtemps choisie.

– André, vous perdez la raison.

– Rien, en ce moment, ne me trouble l’esprit, Marie ; si je devenais fou, fou de douleur et de désespoir, c’est que vous me repousseriez.

– André, relevez-vous ; je suis honteuse et je souffre cruellement de vous voir dans cette position.

Il obéit.

– Mais, malheureux, reprit-elle, à quelle étrange suggestion obéissez-vous donc ?

– Je vous aime, Marie, et je n’obéis qu’à mon cœur.

– Et vous voulez m’épouser, moi !

– Oui, car je veux avoir le droit de vous protéger, car je veux que vous ayez tout le bonheur que vous méritez.

– Je suis indigne de vous !

– Non, non !

– André, à Longereau, je n’avais que mon honnêteté et ma sagesse, mais j’avais cela. Aujourd’hui je n’ai plus rien. Je suis flétrie, souillée !

– Je vous aime, je vous aime, Marie, et votre malheur me fera vous aimer plus encore, si c’est possible.

Il pleurait à chaudes larmes.

– André, mon ami, revenez à vous, réfléchissez ; ce que vous voulez est impossible.

– Quand il s’agit de vous, tout est possible pour moi.

– Non, vous ne pouvez pas épouser une femme qui a été la maîtresse d’un autre.

– Vous ne lui appartenez plus, à cet autre.

– André, je l’ai aimé.

– Oui, vous l’avez aimé et peut-être l’aimez-vous encore.

– Hélas !

– Mais je saurai le chasser de votre cœur et de votre pensée. Voyez-vous, je vous entourerai d’une sollicitude si grande, d’une si vive tendresse, que votre cœur ne pourra rester fermé longtemps à tant d’amour et de dévouement : vous m’aimerez !

– Je ne peux plus aimer, André, je n’ai plus le droit d’aimer.

– Ah ! ne dites pas cela !

– André, ce n’est pas un cœur brisé comme le mien qui peut répondre aux battements du vôtre ; c’est une jeune fille chaste, immaculée, au cœur pur que vous devez aimer et prendre pour compagne. Je pense plus à votre avenir que vous-même, mon ami d’enfance, et croyez-le, j’ai grand souci de votre considération, de votre honneur. Il vous faut renoncer à votre projet.

– Jamais !

– Encore une fois, je ne peux pas être votre femme.

– Dites que vous ne voulez pas.

– Soit, je ne veux pas.

Le jeune homme tressaillit violemment, devint très pâle et porta ses deux mains à son cœur.

– Marie, dit-il, d’une voix éteinte, vous me tuez !

– André, mon ami, ce que je veux, surtout, c’est vous sauver de vous-même, c’est que vous ne vous laissiez pas aller à un entraînement fatal. Songez un peu plus à ce que vous êtes et voyez mieux ce que je suis. Les jeunes filles honnêtes ne manquent pas ; vous trouverez facilement celle qui sera vraiment digne de votre amour, celle qui sera fière de porter votre nom et aura le droit d’être heureuse auprès de vous.

– Pour moi, répondit-il d’une voix oppressée, il n’y a qu’une seule femme au monde, vous. Les autres, je ne les regarde pas, je ne les vois pas. Écoutez, Marie, écoutez ce que je vais vous dire : Je suis entré ici ayant des idées bien arrêtées, avec une résolution fermement prise. Si j’ai quelque chose de la nature de mon père, c’est la volonté ; rien ne peut la faire fléchir.

Avant de venir vous trouver, j’avais tout examiné, tout calculé, tout décidé. Elle m’ouvrira le ciel ou fera de moi un désespéré, me suis-je dit ; si elle me repousse, je n’aurai plus qu’à mourir. Et la pensée du suicide ne m’a pas fait trembler.

– Malheureux !

– Je vous l’ai dit, Marie, je suis résolu. N’ayant plus l’espoir du bonheur rêvé et ardemment désiré, que ferais-je de la vie ? Elle me serait à charge et je la prendrais en dégoût. Si je dois vivre pour souffrir, je n’ai pas besoin de vivre. La vie n’a de charme que pour les heureux. Le désespéré, celui qui voit son avenir brusquement fermé, meurt sans regret. Moi, Marie, froidement, disant à la vie : « Je ne veux plus de toi » je me coucherai dans la tombe en prononçant une dernière fois votre nom adoré.

Le jeune homme avait parlé avec calme et avec un accent qui avait fait frissonner la jeune fille.

– André, s’écria-t-elle, vous ne parlez pas sérieusement, n’est-ce pas ? vous ne feriez pas une chose pareille ?

– Si, je vous le jure ! répondit-il froidement.

– Mon Dieu, murmura-t-elle, en pressant sa tête dans ses mains, mais je suis donc maudite !

Ce fut elle qui à son tour, s’empara d’une des mains du jeune homme.

– André, reprit-elle, vous me mettez la mort dans l’âme, vous faites tout pour me montrer combien mon malheur est épouvantable. Mon Dieu, mon Dieu, ne suis-je donc pas encore assez malheureuse ?

André, je ne vous ai pas dit toute la vérité ; il y a une chose que je voulais vous cacher et vous me forcez à vous faire un aveu douloureux.

Il la regarda, étonné, anxieux.

– Vous avez su, continua-t-elle, que j’étais allée hier chez le docteur Chevriot ; vous avez pensé que, me croyant malade, je l’avais consulté et qu’il m’avait rassurée ?

– Oui. Eh bien ?

– Je ne me sentais nullement malade, André ; je suis allée consulter le docteur afin d’avoir la certitude d’une chose dont je n’étais pas sûre, que je soupçonnais seulement. Le docteur m’a éclairée et je suis sortie de chez lui ne pouvant plus avoir un doute.

André, je suis enceinte.

Le jeune homme eut un haut-le-corps, il devint affreusement pâle, ses yeux se fermèrent et il resta muet et immobile comme pétrifié.

La jeune fille continua :

– En acquérant la certitude que je portais un enfant dans mon sein, je sentis que tout se dilatait en moi, j’étais heureuse, oui, André, bien heureuse : Lucien m’avait dit plusieurs fois : « Si tu devenais mère, je t’épouserais. » Confiante dans ces bonnes paroles, je me réjouissais de lui faire partager ma joie. Avec quelle impatience je l’ai attendu ! Il est venu, et vous savez ce qui s’est passé entre nous ; il est venu pour me dire sèchement, brutalement : « Tout est fini entre nous. »

Ah ! ma joie n’a pas été de longue durée. J’ai renfoncé au plus profond de mon cœur meurtri les paroles que j’avais sur les lèvres. J’ai gardé mon secret et c’est à vous, André, que je le confie. Vous le voyez, mon malheur est complet, et, maintenant, vous comprenez bien, n’est-ce pas, que je ne peux pas être votre femme ?

Le jeune homme sortit brusquement de son espèce de torpeur.

Ses joues s’étaient légèrement colorées et il y avait dans son regard comme un rayonnement de la bonté divine.

– Marie, prononça-t-il d’une voix vibrante, je serai le père de votre enfant !

– Que dites-vous ? s’écria-t-elle.

– L’enfant est légitimé par le mariage, je serai le père de votre enfant !

Il y avait dans ces paroles tant de générosité et de véritable grandeur, elles révélaient un caractère chevaleresque si exceptionnellement beau, que la jeune fille se sentit saisie d’admiration.

Elle leva les veux vers le ciel, puis, laissant retomber sa tête dans ses mains, elle éclata en sanglots.

André la laissa pleurer. Et quand elle se fut un peu calmée :

– Je vous aime, je vous adore, lui dit-il, et je ferai tout, vous entendez ? je ferai tout pour votre bonheur.

Elle répondit d’un ton douloureux :

– Vous ne savez pas jusqu’à quel point je suis malheureuse de ne rien pouvoir contre vous, je veux dire contre votre égarement, car vous êtes un égaré, André ; je souffre plus de votre générosité héroïque que je ne souffrirais de votre dédain. Que puis-je faire encore ? Je ne sais plus ce que je dois vous dire. Est-ce que je n’ai pas aussi ma délicatesse, moi, et des susceptibilités de conscience ?

Votre femme ! je ne peux pas, je ne peux pas !

Vous me voyez éperdue, frissonnante, et vous ne comprenez pas, vous ne voulez pas comprendre.

– Si, si, je vous comprends ; je devine ce que vous dit votre conscience ; vous avez des appréhensions, des craintes que rien ne justifie en ce moment ; vous ne les auriez pas, ces craintes, si vous me connaissiez mieux.

Marie, répondez franchement à la question que je vais vous faire. Est-ce que vous éprouvez de la répulsion pour ma personne ?

– Oh ! non, non. André ! s’écria-t-elle avec un superbe élan du cœur.

– Et si vous étiez restée telle que je vous ai connue à Longereau, consentiriez-vous à m’épouser ?

– Oui.

– Alors, Marie, vous pouvez m’aimer. Et les obstacles que, seule, vous voyez se dresser entre vous et moi, je les briserai. Je ne veux pas obtenir de vous une promesse forcée, sans vous avoir laissé le temps de la réflexion, sans que vous ayez pu interroger suffisamment votre cœur et… votre conscience. Avec votre permission, Marie, je reviendrai vous voir.

– Oui, revenez, revenez.

– Je n’ai rien à ajouter à ce que je vous ai dit ; je vous ai ouvert mon cœur et vous ai fait connaître toutes mes pensées. Vous savez quelles sont mes résolutions, elles sont irrévocables. Mon sort est entre vos mains.

Il avait prononcé ces dernières paroles d’un ton grave, presque solennel.

La jeune fille se sentit bouleversée dans tout son être.

– André, André, s’écria-t-elle, tendant vers lui ses mains tremblantes, au nom de votre mère, au nom de la mienne qui vous a élevé, au nom de notre chère amitié d’enfance, jurez-moi de ne pas attenter à votre vie.

Il eut un sourire doux et triste.

– Je ne peux pas vous faire ce serment, répondit-il.

Et comme elle le regardait, suppliante :

– Mais, rassurez-vous, Marie, continua-t-il, je ne suis pas encore le désespéré qui se débarrasse de la vie dont il ne veut plus. Si faible qu’il soit, il y a dans mon cœur un rayon d’espoir, tant qu’il y restera, je ne pourrai pas être un désespéré.

Un long soupir s’échappa de la poitrine de la jeune fille.

André se leva.

– Vous êtes fatiguée, dit-il, je me retire.

Elle arrêta sur lui ses yeux noyés de larmes, mais ne fit pas un mouvement pour le retenir.

Il s’était approché de la cheminée. Ses yeux tombèrent sur le pli cacheté et il lut la suscription.

Malgré lui, il tressaillit.

– Marie, dit-il, vous avez donc, ce matin, éprouvé le besoin d’écrire à M. Lucien Gervois ?

– Oui, répondit-elle, et sans avoir réfléchi que, ne sachant pas son adresse, je n’avais aucun moyen de lui faire parvenir cette lettre.

– Est-ce que vous lui dites, dans cette lettre qu’il n’a pas seulement abandonné sa maîtresse, mais une mère et son enfant ?

– Non, non, répliqua-t-elle vivement, je ne parle pas de cela.

– Mais, alors, que lui dites-vous ?

– Vous voulez le savoir ?

– Si je ne suis pas indiscret et s’il ne vous déplaît pas de me l’apprendre.

– Hier, en me quittant, M. Gervois, M. le comte de Rosamont, veux-je dire, a laissé là, sur la tablette de la cheminée, un billet de mille francs.

– Ah ! fit André, fronçant les sourcils.

– Ce matin, en faisant mon ménage, j’ai trouvé le billet. Immédiatement, sans réfléchir, comme je vous l’ai dit, que je ne savais pas où demeurait M. Gervois, je lui ai écrit ces quelques mots : – « Monsieur, hier, chez moi, vous avez perdu un billet de banque de mille francs, je l’ai trouvé ce matin et je me hâte de vous le rendre. »

– Et c’est tout ?

– C’est tout.

– Bien, Marie, c’est bien, c’est très bien. Ce monsieur a pensé, sans doute, que vous pourriez vous trouver dans la gêne. Ah ! ah ! ah comme c’est délicat, comme c’est noble ! Marie, je ne sais pas quelles sont vos ressources, mais si vous aviez besoin de quelque chose, je pense que vous ne me le laisseriez pas ignorer ; on peut, sans avoir honte, sans être humilié, recourir à la bourse d’un ami.

– Merci, André, merci ; quant à présent, j’ai tout ce qu’il me faut.

Le jeune homme prit la lettre.

– Voulez-vous me la confier, dit-il, je me chargerai de la faire remettre à M. le comte de Rosamont.

– C’est un service que vous me rendez, André ; oui, oui, emportez cela et que je n’y pense plus.

Ils se serrèrent la main.

– À bientôt, Marie.

– À bientôt, répondit-elle, pensive.

Le jeune homme se retira.

*

* *

Restée seule, Marie se jeta sur le canapé et, la figure dans ses mains, se remit à sangloter et à verser des larmes brûlantes. D’horribles spasmes soulevaient violemment sa poitrine et faisaient frémir son beau corps. C’était une douleur navrante. Maintenant, c’était elle, la malheureuse, qui était désespérée.

Les paroles d’André l’avaient complètement bouleversée, en portant le trouble et la terreur jusqu’au fond de son âme. C’est qu’elles étaient vraiment terribles, ces paroles. Elles contenaient une menace dont elle voyait venir l’exécution à brève échéance.

Hélas ! elle ne pouvait se faire aucune illusion ; sur le visage si franc d’André, dans ses yeux, elle avait lu la résolution suprême. Ce qu’il avait dit, il le ferait. Ce jeune homme si beau, si généreux, si noble et si grand par le cœur se tuerait à cause d’elle ! C’était épouvantable, horrible !

– « Vous tenez mon sort dans vos mains », lui avait-il dit.

Ces paroles résonnaient à ses oreilles comme un glas funèbre.

Et tout son corps se tordait dans d’affreuses convulsions.

– Oh ! oh ! oh ! il veut que je sois sa femme ! s’écriait elle ; jamais, jamais, c’est impossible ! Sa femme, sa femme, moi ! une fille déshonorée, une fille de rien ! Mais ce serait pour lui et pour moi le pire des martyres.

Aujourd’hui, il ne me méprise pas, dit-il, mais, plus tard, il se souviendrait, et mon triste passé deviendrait le trouble de sa vie, et il se dresserait toujours entre nous sombre et plein de terreurs. Et moi, est-ce que je pourrais vivre avec lui, sentant saigner la plaie inguérissable que j’ai dans l’âme, et portant sur mon front le stigmate de ma honte éternelle ?

Il serait le père de mon enfant. Ah ! oui, le père, le père !… Il ne pourrait pas l’aimer, il le détesterait, et moi, je le prendrais en haine, cet enfant, par qui je serais condamnée à toutes les souffrances. Il serait toujours là, cet enfant, preuve vivante de ma faute, il serait toujours là, entre André et moi, nous empêchant de nous approcher, nous repoussant l’un et l’autre, et me jetant sans cesse à la face des reproches sanglants.

Non, non, vivre ainsi ne serait pas vivre ; ce serait mourir chaque jour, mourir à toute heure.

De nouveau le suicide du jeune homme se représentait à elle. Alors elle faisait entendre des gémissements sourds. Elle voyait l’horrible de la situation dans laquelle elle se trouvait, placée entre l’enclume et le marteau. Et de quelque côté qu’elle se tournât, l’épouvante était la même. Et aucun moyen ne s’offrait à elle pour éviter l’un ou l’autre malheur. Elle se sentait enfermée, serrée entre des murailles sans issue.

Toutes sortes de pensées contradictoires s’agitaient, se heurtaient confusément et tumultueusement dans son cerveau. Par instant, effrayée de ce chaos dans sa tête prête à éclater, elle croyait qu’elle allait devenir folle.

Soudain, ces autres paroles d’André revinrent à sa mémoire : « Si je dois vivre pour souffrir, je n’ai pas besoin de vivre. La vie n’a de charme que pour les heureux. Le désespéré, celui qui voit son avenir brusquement fermé, meurt sans regret. »

Elle se dressa debout, les yeux grands ouverts, étincelants.

Les bras croisés sur la poitrine, elle resta un instant immobile et silencieuse. Puis, hochant la tête, elle murmura lentement, d’une voix sourde :

– Si je dois vivre pour souffrir, je n’ai pas besoin de vivre.

Elle tressaillit nerveusement.

– Mais oui, s’écria-t-elle, je n’ai pas besoin de vivre ! Si je meurs, je sauve André ! Moi morte, il ne songera plus à mourir. La cause disparue ne pourra plus avoir la pensée du suicide.

Après un bout de silence, elle reprit, se parlant à elle-même :

– Il me pleurera, puis il se consolera, puis il m’oubliera. Il donnera son amour à une autre, il l’épousera et il sera heureux.

Maintenant, c’était Marie, pauvre désespérée, qui ne voulait plus de la vie.

La malheureuse venait de prendre subitement la résolution de se donner la mort.

Chose étrange, elle ne pensait plus à son enfant.

Le sentiment maternel, qui, quelques heures auparavant, l’avait fortifiée lui avait fait retrouver son courage et son énergie ce sentiment semblait s’être complètement éteint dans son cœur.

Évidemment, et sans qu’elle pût s’en rendre compte, André avait fait en elle un terrible ravage.

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