Le jeune homme resta un instant silencieux, comme s’il cherchait ce qu’il allait dire, puis il reprit :
– Marie, j’arrive aux choses que je voulais vous apprendre, à cette révélation que je n’ai pas osé, que je n’ai pas eu le courage de vous faire quand je vous suivais dans la rue.
Ce qui vous arrive, c’est-à-dire la rupture qui vous a été brutalement signifiée, votre abandon, je l’avais prévu, je savais que cela devait être et si je vous eusse avertie comme j’en avais l’intention, peut-être auriez-vous ressenti moins violemment le coup cruel qui vous a été porté.
– André, André, mais qu’avez-vous donc à m’apprendre ?
– Marie, l’homme qui vous a séduite, l’homme en qui vous aviez une entière confiance et que vous avez aimé, cet homme vous a toujours trompée. Il n’a jamais été chef de bureau dans un établissement financier, il n’a jamais été employé nulle part, il n’a jamais rien fait, bien qu’il eût pu, grâce à ses études, occuper un poste important dans une administration quelconque. Plusieurs carrières lui étaient ouvertes : l’armée, la magistrature, la diplomatie ; il n’est entré dans aucune. Il est de ces personnages qui croient que leur fortune leur donne le droit d’être des inutiles.
Malheureusement, ces hommes sont nuisibles à la société à laquelle ils ne rendent aucun service.
Oisifs, désœuvrés, ils se jettent dans la débauche : ce sont les joyeux viveurs de Paris. Partout le scandale les accompagne. Malheur à la pauvre fille innocente et pure qui attire leurs regards et se laisse prendre à leurs filets ; elle est perdue. La malheureuse a allumé un désir et est sacrifiée à un caprice du moment. Après une victime, une autre.
Ils passent, ces larrons d’honneur, ces pires ennemis de la famille, pour qui rien n’est sacré, qui raillent toutes les vertus ; ils passent, laissant derrière eux des larmes, des regrets, des douleurs et souvent des plaies inguérissables.
– Hélas ! soupira la jeune fille.
– Celui à qui vous vous êtes donnée, Marie, est un de ces viveurs éhontés que le monde n’a pas besoin de flétrir, car ils se flétrissent eux-mêmes. Et cependant il a pour mère une digne et noble femme, qui n’a eu qu’un tort, celui de trop aimer son fils.
Lucien Gervois vous a trompée en tout ; il vous a caché son véritable nom.
– Que dites-vous ?
– Lucien Gervois est un nom qu’il s’est donné pour vous.
– Mon Dieu, mon Dieu ! murmura la jeune fille, ouvrant de grands yeux ahuris.
– Il ne s’appelle pas Lucien Gervois, il se nomme Maxime de Rosamont, et, depuis qu’il a perdu son père, il y a huit ans, il porte le titre de comte.
La jeune fille se dressa comme mue par un ressort, l’œil flamboyant.
– Est-ce bien vrai, cela, dites, est-ce bien vrai ?
– Je vous apprends la vérité, Marie.
Un tremblement nerveux secoua la jeune fille de la tête aux pieds, son visage se couvrit d’une pâleur livide et le feu de son regard s’éteignit.
– Il est plus misérable encore que je ne le pensais, gémit-elle.
Et elle retomba sur son siège comme anéantie.
– Ainsi, reprit André, après un bout de silence, vous ne vous doutiez de rien ?
– De rien, répondit-elle.
– Il avait pris ses précautions pour vous empêcher de découvrir la vérité.
– Ah ! si j’avais su, si j’avais su…
– Oui, si vous aviez su, vous auriez repoussé ses menteuses paroles d’amour avec indignation, avec mépris ; vous ne l’auriez pas aimé.
– Et je ne serais pas aujourd’hui dans un abîme dont mes regards épouvantés n’osent sonder la profondeur.
– Si profond qu’il soit cet abîme, Marie, vous en serez retirée.
Elle secoua douloureusement la tête.
– Ne doutez pas, Marie, oh ! non, ne doutez pas ! Je vous ai dit et je vous répète que je suis venu ici pour vous protéger et, s’il le faut, pour vous défendre. Vous avez confiance en moi, n’est-ce pas ?
– Oui, André, car toutes vos paroles sont celles d’un véritable ami d’un frère.
Le jeune homme eut un doux sourire.
– Mais, acheva la jeune fille, que pouvez-vous faire pour la malheureuse Marie Sorel ?
– Ce que je peux faire pour vous ? tout, tout s’écria-t-il avec feu.
– Hélas ! votre bonne volonté ne peut rien contre un mal sans remède.
– Nous verrons, Marie, si réellement je ne peux rien. Maintenant il faut que je vous dise pourquoi le comte Maxime de Rosamont vous a abandonnée.
– Vous le savez ?
– Le comte vous a déclaré qu’il ne vous verrait plus, que tout était fini entre vous, parce qu’il se marie mardi prochain.
– Il se marie ! Cette pensée m’est venue.
– En cherchant à vous expliquer sa conduite envers vous.
La jeune fille hocha la tête et essuya son visage couvert de sueur et de larmes. André reprit :
– Le comte de Rosamont, pressé par sa mère et d’autres personnes de sa famille, qui voulaient à tout prix mettre une digue à ses débordements, le comte de Rosamont épouse Mlle Louise de Noyons, fille cadette du marquis de Noyons, vieux nom dont la noblesse, dit l’armorial de France, remonte à Philippe-Auguste.
Mlle Louise de Noyons a vingt-deux ans, elle est assez jolie et a la distinction native des femmes de sa race. Le comte de Rosamont l’aime-t-il ? Je n’en sais rien. Il pourrait bien n’y avoir là qu’un mariage de convenance.
Mlle Louise de Noyons avait d’abord voulu entrer en religion ; mais elle ne voulait pas cela bien énergiquement, puisqu’elle a tout à coup changé d’idée. Peut-être la chaleur des regards du comte Maxime a-t-elle fait fondre son désir de se donner à la vie religieuse. En effet, on dit que Mlle de Noyons est fort éprise du comte de Rosamont.
Le comte a une fortune personnelle évaluée à deux millions et la fortune de la comtesse, sa mère, est plus considérable encore. Quant au marquis de Noyons, il doit être immensément riche, puisqu’il donne à sa fille une dot d’un million et demi.
La semaine dernière, le marquis a donné une grande fête en son hôtel de la rue de Grenelle-Saint-Germain. C’était la signature du contrat.
Après demain, lundi, à deux heures de l’après-midi, aura lieu le mariage civil, et le lendemain, comme je viens de vous le dire, la bénédiction nuptiale sera donnée aux époux à Sainte-Clotilde, la nouvelle église.
Après la cérémonie il y aura réception ouverte et lunch à l’hôtel du marquis. Le soir même les époux partiront pour la Suisse et se rendront ensuite en Autriche et en Allemagne. À moins que quelque chose d’imprévu ne les arrête en route, ils doivent voyager jusqu’à la fin de septembre.
– Vous êtes bien renseigné, André, soupira la jeune fille.
Il ébaucha un sourire.
– Mais, André, comment avez-vous pu savoir tout cela ?
– Je voulais savoir, Marie, et j’ai employé les moyens nécessaires.
– Et sans vous, mon ami, je ne saurais rien, je n’aurais peut-être jamais rien su.
– C’est possible, cette ville de Paris est si grande.
La jeune fille hocha de nouveau la tête, en murmurant :
– Il se marie ! C’est bien, qu’il soit heureux ! Moi, résignée à mon sort, je souffrirai !
– Non, non, Marie, répliqua vivement le jeune homme, vous ne souffrirez pas !
Elle le regarda fixement.
– Ah ! André, fit-elle, si vous saviez…
Et elle éclata en sanglots déchirants.
– Marie, vous oublierez cet homme, vous cesserez de l’aimer.
– Oui, je le crois, car l’amour doit s’éteindre lorsqu’il n’est plus vivifié par l’estime. Mais, mais…
Ses sanglots redoublèrent.
Le jeune homme s’agenouilla devant elle et, s’emparant de ses mains :
– Marie, chère Marie, dit-il d’une voix vibrante d’émotion, écoutez-moi : Je vous aime, je vous aime ! Oh ! ce n’est pas une affection ordinaire que j’ai conçue pour vous ; c’est un sentiment plus tendre et en même temps plus puissant, plus absolu que l’affection d’un ami. Il me semble que l’année même de votre première communion ce que j’éprouve aujourd’hui était déjà dans mon cœur. Ce sentiment, dont je savoure la douceur exquise, s’est développé et, constamment, a grandi, grandi.
Je vous aime, Marie, et je ne saurais pas bien vous dire comme je vous aime. Je voudrais ne faire qu’un avec vous, souffrir de vos souffrances, avoir toutes vos douleurs, et si vous deviez mourir, mourir avec, vous. À ce moment, près de vous, vous tenant enveloppée dans mon regard il me semble que mon être tout entier se fond dans des délices infinies.
Oh ! oui, Marie, je vous aime, je vous aime bien, de toutes les forces de mon cœur, de toute la puissance de mon âme, comme vous méritez d’être aimée ! À l’amitié d’enfance a succédé l’amour. Cela devait être. Tout jeunes nous nous aimions tant ! C’est l’amour, Marie, c’est l’amour qui m’a révélé toutes les délicatesses qui sont en vous, qui m’a fait voir toutes vos perfections et m’a fait me connaître moi-même. C’est l’amour qui a mis en moi tout ce que le cœur d’un homme peut avoir de dévouement, de tendresse et d’idolâtrie pour la femme aimée, adorée !
D’un mouvement brusque, comme effrayée, elle retira ses mains qu’il pressait dans les siennes, et s’écria :
– André, taisez-vous, je ne veux pas que vous me parliez ainsi !
– Marie, répondit tristement le jeune homme, vous ai-je donc offensée en vous faisant connaître un secret que mon cœur ne pouvait plus garder, en prononçant des paroles qui me brûlaient les lèvres ?
– Vous ne m’avez pas offensée ; mais pourquoi jeter à mes oreilles des paroles que je ne dois pas entendre ?
– Mais je vous aime !
– Des paroles que je ne dois pas entendre, reprit-elle, et qui peuvent me faire douter de la sincérité de votre amitié.
– Mais, alors, Marie, vous n’avez donc pas confiance en moi ?
– Ah ! répondit-elle avec un accent de douleur profonde, je ne sais plus si je dois avoir encore confiance en quelqu’un.
– Mon Dieu, mais quelle est donc votre pensée ? Et comment donc avez-vous interprété mes paroles ? Ah ! je crois comprendre !… De grâce, Marie, ne voyez pas en moi un homme pareil à celui qui est venu chez vous ce matin.
J’ai droit à votre confiance et je vous la demande entière ; vous saurez tout à l’heure si j’en suis digne et vous jugerez de ma sincérité. Je vous en prie, ne soyez pas dure pour moi ; ce que vous venez de dire m’a navré et j’ai senti que mon cœur, qui ne bat que pour vous, allait se briser.
Marie, si vous m’enleviez mon courage je ne pourrais plus parler, et cependant il faut que je parle, j’ai tant de choses à vous dire… Voulez-vous m’entendre ?
– Je vous écoute, André.
– Vous m’avez demandé ce qui m’avait amené à Paris, et j’ai répondu évasivement à cette question. Eh bien, c’est pour vous, Marie, pour vous seule que je suis venu à Paris.
– Pour moi ?
– Oui, Marie. Quand j’eus appris dans quelle situation vous vous trouviez, si je n’avais pas eu pour vous un amour que rien ne peut briser, ni même altérer, si enfin, je ne vous avais plus estimée, je serais reparti immédiatement pour Longereau et ne me serais plus occupé de vous. Je suis resté, n’ayant qu’une pensée : vous venir en aide, à l’heure où vous auriez besoin d’un ami sûr et dévoué.
Alors, Marie, vous étiez heureuse ; mais je pressentais que le malheur pouvait vous menacer, je sentais son approche et, sans cesse, je veillais sur vous, prêt à intervenir et à vous crier : Je suis là, rassurez-vous, vous n’avez rien à craindre !
Mes pressentiments ne m’ont pas trompé et vous le voyez, Marie, je suis auprès de vous.
– Hélas ! André, vous ne pouvez rien.
– Mais si, mais si, je peux beaucoup, au contraire.
– Vous obéissez en ce moment à un sentiment généreux, malheureusement…
– J’obéis à la voix de mon cœur qui parle éloquemment, l’interrompit-il, j’obéis à un besoin absolu de mon âme.
– André…
– Je vous en prie, laissez-moi parler. Dans les premières années de notre enfance, nous nous aimions comme sœur et frère. Mais n’étiez-vous pas un peu ma petite sœur ? Ma mère étant morte en me mettant au monde, ce fut votre mère qui me donna son lait, qui m’éleva. Mon frère de lait mourut et je devins pendant plusieurs années l’unique enfant de Claudine Sorel.
Quand vous vîntes au monde. Marie, j’étais déjà grand, j’avais huit ans. Je ne puis me rappeler sans émotion la grande joie que votre naissance causa à votre mère ; cette joie, je la partageai ; j’étais si heureux d’avoir une petite sœur ! Car jusqu’au jour où j’entrai au lycée de Dijon et même après, je ne vous appelais pas autrement que ma petite sœur.
La maison de mon père n’était qu’à quelques pas de celle de vos parents et j’étais plus souvent chez maman Sorel que chez mon père. Je jouais avec vous, et vous ne parliez pas encore que déjà je vous faisais rire aux éclats. Quand vous pleuriez, je mettais tout en œuvre pour calmer vos petits chagrins ; je vous berçais pour vous endormir. Que de fois ne vous ai-je pas portée dans mes bras ! Je vous ai aidée à faire vos premiers pas, je vous ai aidée à balbutier les premiers mots. Ah ! Marie, comme je vous aimais déjà !
Vous grandissiez. Lorsque j’arrivais chez votre mère, vous accouriez vers moi, me tendant vos petits bras ; je vous prenais dans les miens, et avec des petits cris joyeux, vos douces lèvres roses se collaient sur mes joues.
Voilà des souvenirs, Marie, que pour rien au monde je ne voudrais oublier.
Plus tard, vous souvenez-vous de nos longues courses dans les champs et à travers la prairie ; de nos jeux innocents sur les bords fleuris l’Armançon ; les fleurs champêtres que nous cueillions ensemble pour en faire un gros bouquet que vous aviez peine à porter dans vos bras ?
– Je me souviens de cela, André.
– Vous aviez six ans, puis sept ans, puis huit ans. Moi, j’étais lycéen, à la veille de devenir bachelier. Vous souvenez-vous aussi, Marie des baisers que nous échangions sur les étroits sentiers, au milieu des grands blés mûrs ?
Elle répondit par un mouvement de tête.
– Eh bien, Marie, reprit-il, le jeune garçon a toujours ressenti dans son cœur la douceur des baisers donnés par la fillette.
Le jour de votre première communion, je me trouvai à Longereau. J’étais étudiant en droit, je prenais mes inscriptions et travaillais ferme. Votre mère demanda à mon père de me permettre d’assister, le soir, au repas de famille donné en votre honneur ; la permission fut accordée et j’eus le bonheur de passer cette joyeuse soirée assis à côté de vous. Vous n’étiez plus une gamine, Marie, vous étiez une jeune fille, et il me semblait que votre robe blanche était celle d’une mariée… Ah ! comme déjà vous étiez belle !
Je sortis de votre maison, ce jour-là, avec une impression qui ne devait plus s’effacer. Je vous revis aux vacances et encore aux vacances les deux années suivantes. Mon père, alors, prit ombrage de l’affection que je vous témoignais, de la familiarité qui existait entre nous, et me défendit, sous peine d’encourir son courroux, d’avoir encore avec vous ces relations amicales qui m’avaient été si précieuses, si chères.
Vous avez connu mon père, vous savez s’il était impérieux, dur souvent, et combien, en tout, il était absolu. À moins d’entrer à l’état de révolte ouverte, ce qui n’était pas dans mon caractère, il fallait me soumettre à la volonté paternelle.
Mais mon père n’avait plus rien à me défendre. Il était trop tard, il ne pouvait plus empêcher ce qu’il redoutait. J’avais fait l’analyse de mes sentiments et facilement découvert que mon cœur ne m’appartenait plus ; je vous l’avais donné. J’étais à vous pour la vie et je sentais bien que nulle puissance au monde ne pourrait rompre le lien qui m’unissait à vous.
Vous aviez eu la douleur de perdre votre père. Quand un nouveau malheur vous frappa dans la perte de votre mère, j’étais chez un avoué de Dijon, apprenant les règles tortueuses de la chicane. Je ne fus instruit de la mort de maman Claudine que beaucoup plus tard, de sorte que, à ce douloureux moment, je ne pus ni vous voir, ni vous adresser une parole de consolation.
Et cependant, au milieu des paperasses nauséabondes de mon avoué, c’était à vous, Marie, à vous que je pensais sans cesse.
Quand je vins à Longereau, votre tante était venue chercher l’orpheline, vous étiez partie pour Paris, et j’appris que votre maison et les quelques champs que vous possédiez avaient été vendus.
Oh ! comme, dès ce moment, j’aurais voulu pouvoir me rapprocher de vous ! Mais mon père, mon terrible père était là. Et puis, vous étiez si jeune encore. Et, d’ailleurs, quand même je serais venu alors habiter à Paris, qu’aurais-je pu faire ? Il fallait me résigner à une séparation momentanée.
Je vous ai revue l’année dernière quand vous êtes venue à Longereau pour toucher de l’argent chez le notaire.
– Quoi, vous étiez à Longereau à cette époque ?
– Oui, et gardé à vue par mon père, à cause de votre présence dans le pays. Il avait deviné mon amour et craignait sérieusement que je ne me laissasse aller à quelque coup de tête.
C’est derrière les persiennes d’une fenêtre que trois fois dans la journée je vous vis passer dans la rue.
Ce que j’éprouvai, je ne saurais vous le dire ; tout mon sang bouillonnait dans mes veines, mon cœur voulait s’échapper de ma poitrine pour s’élancer vers vous, j’étais comme fou. Et je restais cloué derrière cette persienne, ne voulant pas braver la colère de mon père, ne voulant pas, surtout, faire un éclat qui aurait pu tourner contre vous.
Entrepreneur de travaux publics, ayant travaillé pendant plus de vingt ans, mon père avait acquis une belle aisance ; mais il parlait plus de ses déboires, de ses revers, de ses pertes que de ce qu’il avait gagné : de sorte qu’on ignorait absolument quelle pouvait être sa fortune.
Un de ses oncles, également entrepreneur de travaux publics, résidant en Égypte depuis de longues années, était mort, instituant mon père son légataire universel. Mon père recueillit l’héritage ; mais il n’a jamais dit, ni à moi, ni à personne, de quelle somme cet héritage était venu augmenter sa fortune personnelle.
C’est seulement après sa mort, lorsque je fus obligé de m’occuper de ses affaires devenues les miennes, que je connus le chiffre exact de sa fortune. Ce chiffre m’étourdit, je ne pouvais y croire. Vous devez comprendre ma surprise, ma stupéfaction, Marie ; vous avez vu vivre mon père modestement, mesquinement, presque en avare, et il possédait une fortune très considérable.