XXIV Retrouvé

La porte du salon s’ouvrit sans bruit, et la mère Agathe et l’enfant entrèrent.

Mme Clavière, plongée dans ses réflexions douloureuses, n’avait rien entendu.

L’enfant retira sa main de celle de la religieuse, fit deux pas en avant et s’arrêta, étonné. Ses yeux, grands ouverts, étaient fixés sur cette femme assise, vêtue de noir, qui ne faisait aucun mouvement et dont il ne pouvait voir le visage.

Soudain, une sorte d’anxiété se peignit sur sa figure ; puis, sans faire un pas de plus, comme s’il eût craint de s’avancer, il se courba légèrement, allongeant le cou, et avec plus de fixité encore, il regardait, haletant, les prunelles dilatées.

– Madame, dit la religieuse, voici l’enfant.

Mme Clavière redressa brusquement la tête.

Aussitôt, en même temps que le petit jetait ce cri : « Maman ! maman ! » la mère se dressait d’un bond en s’écriant, éperdue de bonheur :

– Mon enfant ! c’est mon enfant !

Elle n’eut que le temps de tomber, les genoux sur le tapis, et d’ouvrir ses bras pour recevoir André, qui s’élançait sur elle. Elle l’étreignit avec une passion délirante, pendant que le petit, éclatant en sanglots, lui faisait un collier de ses bras.

Pendant un instant on n’entendit que des soupirs et de petits cris de joie mêlés à un grésillement de baisers.

La mère Agathe, les bras ballants, écarquillant les yeux, restait immobile comme pétrifiée.

Cependant Mme Clavière se releva, tenant toujours serré contre son cœur l’enfant pendu à son cou.

Rien ne saurait rendre la sublime expression du regard de cette mère, qui venait de passer si soudainement de la douleur la plus profonde à la plus immense des joies. Le rayonnement de sa physionomie mettait sur son front comme une auréole…

S’adressant à la religieuse, qui ne savait si elle devait rester ou se retirer :

– Eh bien, oui, ma sœur, s’écria-t-elle, je suis mère ! et cet enfant est à moi… Je l’ai porté dans mon sein et je l’ai nourri de mon lait ! Il est mon enfant, vous entendez ? mon enfant ! Il est ma chair, il est mon sang !… C’est mon fils, mon André, mon trésor ! C’est mon bonheur, c’est ma vie !

Comprenez, ma sœur, comprenez donc : on me l’avait volé et je viens de le retrouver, il m’est rendu !…

Je viens de le retrouver ici, près de vous, dans cette maison !

Ô Providence, qui donc, maintenant, pourrait douter de toi !

Dieu de justice et de bonté, vous me récompensez déjà du bien que vous m’avez conseillé de faire !

Les méchants voulaient perdre mon enfant, m’en séparer à jamais ; mais Dieu était là… Dieu a voulu que mon fils fût amené ici, ici, dans mes bras !

Il y eut quelques instants de silence que la mère, délirante de joie, employa à couvrir de nouveaux baisers les joues de son enfant.

Après s’être assise et tenant André sur ses genoux, elle reprit avec plus de calme :

– Ma sœur, je vous dirai plus tard pourquoi des misérables m’avaient enlevé mon enfant, et vous connaîtrez alors bien des choses que vous ignorez encore. J’ai quelques bons et précieux amis, vous le savez ; mais, hélas ! j’ai aussi un ennemi : cet homme, lâche et cruel, me poursuit de sa haine ; pour m’atteindre, le misérable a osé s’attaquer à mon enfant ; jusque sur mon enfant il voudrait exercer sa vengeance. Bien qu’il soit aujourd’hui dans l’impossibilité de rien entreprendre contre moi, je n’en ai pas moins tout à craindre de lui. S’il ne peut pas agir lui-même en ce moment, il a des complices qui exécutent ses ordres.

Cette femme, ma sœur, qui a amené ici mon enfant, avec l’espoir qu’il me serait impossible de le retrouver, cette femme est la complice de mon ennemi.

Ah ! les misérables, ils voulaient qu’un autre enfant fût substitué au mien ; oui, voilà ce qu’ils voulaient, ces papiers, ma sœur, que vous conserverez précieusement, ces papiers en sont la preuve.

– C’est épouvantable ! murmura la religieuse terrifiée.

– Regardez-les, ma sœur, ces papiers ; rien n’y manque : le cachet de la mairie, la signature du maire légalisée par le président du tribunal de Château-Chinon. Ce n’est pas une pièce fausse, cet acte. On voulait que mon enfant, André Clavière, devînt le fils d’un M. Gosselin, garçon de café.

Eh bien, oui, voilà ce qu’on voulait ; mais Dieu était là ! Il ne voulait pas, lui, qu’un pareil crime pût s’accomplir.

Une inspiration vient de me venir, ma sœur ; quelque chose me dit que mon enfant ne serait plus en sûreté auprès de moi ; je vais le laisser ici placé sous votre protection et celle de Dieu.

Mais Dieu veillait sur mon enfant quand il était entre les mains des méchants, c’est Dieu qui l’a fait conduire auprès de vous, et c’est lui, dont les vues sont impénétrables, qui me dit : Laisse ton enfant ici, laisse-le où il a été amené par ma volonté !

Eh bien, oui, ma sœur, je vais vous laisser mon enfant, il sera élevé avec nos orphelins et nos abandonnés. Ah ! ce ne sera plus une fois par semaine que vous me verrez, maintenant ; je viendrai tous les jours et ce sera avec mon enfant, avec tous nos enfants que je passerai, heureuse, la moitié de la journée.

– Que votre volonté, madame, et la volonté de Dieu soient faites, répondit la mère Agathe.

Mme Clavière n’avait plus rien à dire à la religieuse ; elle interrogea son enfant.

– Es-tu bien content de me revoir, mon chéri ? lui dit-elle.

– Oh ! oui, maman ; content, André, bien content.

– Tu as pleuré, n’est-ce pas ? beaucoup pleuré de ne plus être avec ta maman ?

– Oui, je pleurais.

– Avec qui étais-tu ?

– Des femmes.

– Est-ce qu’elle te battaient, ces femmes ?

– Non.

– Elles t’embrassaient ?

– Oui, beaucoup.

– Qu’est-ce qu’elles te disaient, les femmes ?

– Que j’étais gentil, que j’étais mignon, que si j’étais bien sage nous irions voir maman.

– Et tu étais bien sage ?

– Oui, pour aller voir maman.

– Avais-tu de petits camarades ?

– Là-bas ?

– Oui.

– J’étais tout seul.

– Avec les femmes ?

– Oui.

– Y avait-il aussi des hommes ?

– Non, pas des hommes.

– Mangeais-tu bien ?

– Oui.

– Qu’est-ce que les femmes te donnaient à manger ?

– Des confitures, des cerises.

– Malgré cela tu disais toujours : « Je veux voir maman » ?

– Je voulais toujours voir maman.

– Votre enfant ne se plaint pas, madame, dit la religieuse : il n’a donc pas été maltraité ; il paraît, au contraire, qu’il recevait beaucoup de caresses et qu’on lui faisait entendre de douces paroles.

– C’est vrai, fit Mme Clavière songeuse.

Elle se souvint que, parlant de la Chiffonne, le chef de la sûreté avait dit :

« – Cette femme est douce, polie, a un excellent caractère et souffre de l’état d’abjection dans lequel elle est. »

Mme Clavière se rappela également qu’après les paroles du chef de la sûreté, elle s’était sentie prise de pitié pour cette malheureuse que la fatalité avait associée à l’existence tourmentée de Joseph Gallot et forcément, peut-être, à ses actions criminelles.

D’un autre côté, les soins et les caresses donnés à son enfant plaidaient en faveur de la Chiffonne dans le cœur de la mère.

Cette malheureuse ne devait pas être jugée avec une excessive sévérité.

Sans doute elle était un instrument dangereux entre les mains de l’ancien serrurier ; mais n’avait-elle pas été aussi un instrument dont Dieu s’était servi ?

La complice de Gallot aurait facilement obtenu de Mme Clavière le pardon. Dans la joie on est toujours disposé à l’indulgence.

Le petit, jetant de nouveau ses bras au cou de sa mère, s’écria :

– André ne quitte plus sa maman, André ne veut plus qu’on l’emmène loin, loin.

Ces paroles de l’enfant, qui semblaient protester contre ce qu’elle venait de décider, causèrent un instant de trouble dans l’esprit de la mère ; mais sa résolution était fermement arrêtée.

Elle embrassa le petit et lui dit :

– Non, mon cher trésor, tu ne seras plus enlevé à ta mère, on ne t’emmènera plus loin, loin ; tu resteras ici avec la bonne mère Agathe et les autres bonnes sœurs, qui t’aimeront beaucoup, et avec les petits garçons, qui seront tes petits amis et qui, tous, t’aimeront bien aussi.

André comprit, car sa douce figure s’attrista. De grosses larmes roulèrent dans ses yeux et l’on voyait qu’il avait le cœur gros.

– Oh ! mais, reprit la mère, je viendrai te voir tous les jours, mon chéri, tu entends, tous les jours !

L’enfant parut rassuré par cette promesse.

– Ah ! ma sœur, dit Mme Clavière très émue, c’est un grand, c’est un immense sacrifice que je fais en me séparant ainsi de mon enfant ; mais je crois ce sacrifice nécessaire dans l’intérêt de mon fils ; mes satisfactions personnelles ne sont rien, la tranquillité de mon enfant est au-dessus de tout.

– Vous savez d’ailleurs, madame, que nous aurons pour votre cher fils toutes les tendresses, répondit la mère Agathe.

– Oui, oui, je le sais.

À cet instant on frappa doucement à la porte.

La mère Agathe ouvrit et une sœur institutrice parut.

– Qu’y a-t-il ? demanda la supérieure.

La sœur répondit :

– Le petit Édouard cherche partout en pleurant son petit ami André ; il nous est impossible de le consoler.

La mère Agathe se tourna vers Mme Clavière, l’interrogeant du regard :

– Faites venir le petit Édouard, dit la mère d’André.

Un instant après l’enfant entra dans le salon en essuyant ses yeux.

Il reconnut tout de suite la dame en noir, qui tenait André sur ses genoux. Il s’élança vers eux.

– Viens, mon cher petit, viens, dit Mme Clavière.

Et elle aida Édouard à se mettre aussi sur ses genoux.

– C’est maman, c’est maman ! disait André.

La jeune mère les tenait dans ses bras, et les deux petites têtes, l’une contre l’autre, s’appuyaient sur son sein.

– Chers enfants, dit-elle, puisse cette amitié qui vient de naître dans vos jeunes cœurs ne s’éteindre jamais ! En vous accompagnant dans la vie, elle vous aidera à en supporter les amertumes, à en subir les luttes, et dans les jours de dures épreuves, elle se manifestera dans le dévouement.

Oh ! l’amitié, continua-t-elle en embrassant les enfants, comme il est doux pour le cœur de pouvoir toujours compter sur elle !

Elle resta quelques instants silencieuse, l’âme ravie, contemplant les enfants.

S’adressant à Édouard elle reprit :

– Déjà, pauvre enfant, tu as su te rendre digne de mon intérêt ; sois tranquille, je ne t’abandonnerai pas, je veillerai sur toi, autant que je le pourrai, je t’ouvrirai les portes de l’avenir, tu seras mon second fils et, j’en ai dès à présent la conviction, il me sera facile de tenir toutes les promesses que j’ai faites à ta mère.

Ma sœur, continua-t-elle, veuillez donner à mes enfants quelque chose pour s’amuser et m’apporter tout ce qu’il me faut pour écrire.

La religieuse eut bientôt fait ce qu’on lui demandait.

Et pendant qu’André et Édouard jouaient ensemble sous les yeux de la mère Agathe, Mme Clavière écrivit trois lettres que devaient recevoir le soir même M. Chevriot, Me Mabillon et Philippe Beaugrand.

Elle leur disait comment elle venait de retrouver son enfant. Dans la lettre destinée au docteur Abel, il y avait en plus :

« Les recherches de la police au sujet de mon enfant vont cesser et je désirerais vivement, si ce n’est pas tout à fait impossible, qu’il ne fût plus tenu compte de la plainte que j’ai portée contre Joseph Gallot ; vous savez pour quelles raisons.

Je demande plus encore : je voudrais que la complice de Gallot, cette femme que l’on a surnommée la Chiffonne, ne fût pas poursuivie pour avoir participé à l’enlèvement de mon enfant ; je lui pardonne ; que la justice ne se montre pas plus sévère que la mère qui a tant souffert. »

Cette intervention de Mme Clavière devait produire l’effet qu’elle attendait : la Chiffonne ne fut pas inquiétée ; le juge chargé de l’instruction de l’affaire Gallot, sur le désir exprimé par le ministre de la Justice lui-même, écarta de son instruction le chef d’accusation de rapt suivi de séquestration et ne retint que la prévention de complicité dans une attaque nocturne.

Grâce à cela, et bénéficiant en plus de ce qu’il n’avait eu encore aucune condamnation, Gallot ne devait être condamné qu’à trois ans d’emprisonnement.

Les trois lettres furent immédiatement portées au bureau de poste de Boulogne.

Ensuite, pendant plus d’une heure, la jeune mère, maintenant si heureuse, prit plaisir à faire jaser les enfants, tout en jouant avec eux.

Mais le moment de reprendre la route de Vaucresson était venu.

Plus de quatre heures s’étaient écoulées, et Mme Clavière trouvait que le temps avait passé bien vite.

Quelle peine elle éprouvait à se séparer d’André !

À chaque instant elle l’embrassait, puis disait, regardant la mère Agathe :

– Encore quelques minutes. Elle embrassait de nouveau les deux petits et ne s’en allait pas.

Enfin, elle se raidit pour être forte, embrassa une dernière fois les enfants et dit :

– Ma sœur, emmenez-les ; pour éviter des larmes à mon chéri, je vais partir sans qu’il le voie…

Dès que la porte se fut refermée derrière la religieuse et les enfants, Mme Clavière sortit du salon par une autre porte.

Charles Pinguet fut instruit le premier de l’heureux événement. Le brave garçon ne trouva pas que Mme Clavière l’avait fait attendre trop longtemps. Il fit faire rapidement le chemin à son cheval, et aussitôt après avoir mis la jeune femme à sa porte, ayant reçu des ordres pour le lendemain, il reprit la route de Saint-Cloud.

Il avait hâte de rejoindre sa femme pour lui annoncer la bonne nouvelle.

À la villa, Mme Clavière faisait partager son bonheur à Mme Durand et à Louise.

Que d’exclamations d’heureuse surprise et de douce joie !

– Mais pourquoi donc ne l’avez-vous pas ramené, notre cher enfant ? demanda la vieille servante.

Mme Clavière fit connaître la résolution qu’elle avait prise et crut devoir en expliquer les raisons.

– Tout cela, c’est très bien, madame, mais nous ne le verrons plus, notre cher mignon, nous ne pourrons plus l’embrasser.

– Ne croyez pas cela, répondit la jeune femme ; demain nous confierons au jardinier la garde de la maison et je vous emmènerai toutes deux à Boulogne. Et puis, de temps à autre, mon enfant viendra ici.

La joie était rentrée dans les cœurs, et cependant, cette nuit-là, dans l’attente du lendemain, on ne dormit guère à la villa Clavière.

La jeune femme se leva de bonne heure et s’habilla aussitôt. Elle avait compris que dans la circonstance, une lettre à Mme Joubert n’était pas suffisante ; elle devait lui faire une visite.

Les événements l’avaient forcée à sortir de sa solitude et, quoi qu’elle eût fait, son existence n’allait plus être murée.

Comme c’était dimanche, pensant que sa voisine pourrait aller à l’église, elle se présenta à neuf heures à la villa Joubert et demanda si Mme Joubert pouvait la recevoir.

Sans avoir prévenu sa maîtresse, le valet de chambre la fit entrer dans le salon où presque aussitôt la vieille dame vint la retrouver.

L’accueil fut gracieux et amical.

– Veuillez m’excuser, madame, dit la jeune femme, de vous faire une visite à une heure aussi matinale ; mais j’ai pensé que vous pourriez avoir l’intention de vous rendre à l’église, et comme je dois sortir moi-même cette après-midi, je n’ai pas cru devoir attendre la journée de demain pour vous faire part, à vous, qui vous êtes vivement intéressée à mon enfant et à moi, du grand bonheur qui m’arrive.

– Ah ! votre enfant est retrouvé ! s’écria Mme Joubert.

– Oui, madame.

– Voilà, en effet, un grand bonheur ; comment a-t-il été retrouvé ? Où était-il ?

La jeune femme fit le récit que Mme Joubert attendait.

– Mais c’est miraculeux ! exclama la vieille dame.

– Oui, Dieu veillait sur mon enfant.

– Et vous allez le laisser dans cet asile ?

– Oui, madame.

– Longtemps ?

– Jusqu’au jour où il devra commencer des études sérieuses.

– Jusqu’à l’âge de dix ou douze ans alors ?

– À peu près.

– Mais ces religieuses ne pourront pas le préparer aux études que vous voulez lui faire faire.

Mme Clavière eut un délicieux sourire.

– Pour le moment, répondit-elle, je n’ai encore à penser qu’au développement de ses forces physiques : dès qu’il le faudra, on s’occupera de ses facultés intellectuelles. L’instruction primaire lui sera donnée à la Maison maternelle ; assis sur les mêmes bancs, il aura les mêmes leçons que les enfants abandonnés. Plus tard, dès que ce sera nécessaire, je lui donnerai des professeurs qui le prépareront aux fortes études.

Mme Joubert regardait la jeune femme avec admiration.

– J’ai su, madame, reprit-elle, que vous alliez souvent à cette maison de Boulogne, que vous y portiez des vêtements confectionnés par vous.

– J’ai occupé à cela mes loisirs.

– Peut-être êtes-vous une dame patronnesse de l’œuvre ?

– J’aime beaucoup les enfants, madame, je m’intéresse à ces pauvres déshérités. La maison est placée sous la protection de l’administration, mais je crois que l’œuvre n’a pas de dames patronnesses.

– En effet, dans un salon où je me trouvais dernièrement, à Paris, on disait que l’établissement de Boulogne avait été fondé par une dame immensément riche, qui tenait à rester inconnue, et que, n’associant personne à sa grande œuvre de bienfaisance, elle seule subvenait à tous les besoins de la Maison maternelle.

– J’ai entendu dire cela, madame.

– Est-ce que vous savez le nom de cette charitable dame ?

– On ne doit pas connaître le nom d’une personne qui tient à rester inconnue.

– Elle ne peut pas être inconnue à tout le monde.

– Je ne sais pas, madame.

– Il est vrai qu’à Boulogne, – on m’a encore dit cela, – elle n’est pas appelée autrement que la Dame en noir.

– C’est la vérité, madame.

– L’avez-vous rencontrée quelquefois ?

– Oui, quelquefois.

– Est-elle jeune ou vieille ?

– Plutôt jeune que vieille.

– Jolie ?

– On dit qu’elle est jolie.

– C’est à Paris qu’elle demeure ?

– Je crois qu’elle n’habite pas à Paris.

– Fait-elle de fréquentes visites à la Maison maternelle ?

– Mesdames les religieuses se plaignent doucement de ne pas la voir assez souvent.

– Je vous en prie, madame, ne soyez pas trop surprise des questions que je me suis permis de vous adresser.

– Oh ! madame…

– Mais depuis quelque temps j’entends souvent parler de la Dame en noir, de cette riche inconnue qui sait faire un si noble emploi de sa fortune.

Mme Joubert prit un autre sujet de conversation et, au bout de quelques instants, Mme Clavière se retira.

FIN DE LA DEUXIÈME PARTIE

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