XXIII Ce que raconte la mère Agathe

Le docteur Abel était venu rendre visite à Mme Clavière, qui avait tant besoin d’entendre des paroles d’espoir.

Ils étaient assis l’un près de l’autre sur une causeuse. Le docteur tenait une des mains de la jeune femme, et celle-ci pâlie, amaigrie, les yeux sans clarté, avait sa tête languissante appuyée sur l’épaule du vieillard.

– Oui, mon bon docteur, dit Marie, continuant la causerie intime, vous êtes un père pour moi.

– Chère enfant, c’est que mon affection pour vous est vraiment paternelle.

– Et je n’ai rien fait pour mériter une affection si précieuse.

– Ah ! vous croyez cela, ma fille, eh bien, détrompez-vous, vous avez fait beaucoup, au contraire.

– Je ne vois pas…

– Mais, chère enfant, chacune de vos pensées que je devine, est pour votre vieil ami une cause d’admiration.

– Vous me voyez trop avec les yeux de l’ami.

– L’amitié, dont le devoir est d’être sévère, quand il le faut, ne peut pas avoir auprès de vous assez de bonté.

Après un court silence la jeune femme reprit :

– J’ai toujours présent à la mémoire ce que vous m’avez dit la première fois que je me suis présentée chez vous.

– Que vous ai-je dit ?

– Vous ne vous le rappelez pas, mais je ne l’ai pas oublié, moi.

– Les vieillards perdent la mémoire.

– Vous m’avez dit : « Voyez en moi un vieil ami, et si plus tard vous avez besoin de moi, n’hésitez pas à venir me trouver. » Vous m’avez dit cela, docteur, et je n’étais pour vous, alors, qu’une inconnue.

– Cela prouve que, déjà, j’avais découvert en vous des qualités qui vous méritaient mon amitié.

– Mon Dieu, docteur, comme vous êtes bon !

– Vous en avez connu d’autres, des bons… Il ne devrait pas y avoir de méchants. À quoi sert d’être méchant ? La bonté, voyez-vous, est encore ce qui procure en ce monde les plus douces joies.

– Marie, c’est aujourd’hui vendredi et, moins quelques jours, il y a un mois que vous n’êtes pas allée à la Maison maternelle.

– C’est vrai.

– J’y suis allé lundi dernier ; vos religieuses sont inquiètes et vos pauvres petits vous cherchent, vous réclament ; les avez-vous donc abandonnés ?

– Oh ! non, oh ! non ! Mais, mon bon docteur…

– Dites.

– Depuis un mois je n’ai pu penser qu’à mon pauvre enfant.

– Je le comprends !

– Je recueille les enfants des autres, des petits innocents frappés en naissant par le malheur ; mais le mien, le mien… Où est-il ? Qu’a-t-on pu en faire ?

– Hélas ! Marie, je ne peux que vous répéter : espérez !

– Mais j’espère, j’espère… Est-ce que je vivrais encore si je n’espérais plus ?

Elle passa la main sur son front et reprit :

– Ainsi, mon bon docteur, nos sœurs sont inquiètes ?

– J’ai rassuré la supérieure en lui disant que vous aviez été un peu indisposée, mais que ces malaises n’avaient rien de grave, que d’ailleurs vous étiez mieux et que, certainement, elle ne tarderait pas à vous voir.

– C’est demain samedi, le jour que j’avais choisi pour mes visites à la Maison maternelle ; j’irai demain.

– Cette sortie ne peut que vous faire beaucoup de bien, et puis vous rendrez la mère Agathe si heureuse !

– J’écrirai tout à l’heure à mon brave Pinguet.

– C’est inutile, je le préviendrai moi-même ce soir.

– Je ne voudrais pas vous donner cette peine.

– La Chaussée-d’Antin n’est pas loin de la rue du Helder ; et puis il me sera agréable de voir votre amie Charlotte.

– Je ne dis plus rien, docteur. Lundi, avez-vous trouvé des malades parmi les enfants ?

– Aucun ; tous se portent à merveille ; du reste, l’été est toujours pour les enfants la meilleure saison, surtout quand ils ont le grand air, l’air pur et vivifiant comme à Boulogne.

– Docteur, et cette malheureuse femme que la mère Agathe a recueillie avec son enfant ?

L’enfant est toujours le gentil petit garçon que vous avez vu. Quant à la mère…

– Eh bien ?

Elle est morte.

– Morte ! Pauvre femme !

– Elle est décédée cinq jours après la visite que vous lui avez faite, sans agonie, tenant son fils dans ses bras, sur son cœur, et disant qu’elle s’en allait heureuse, son cher petit ayant trouvé une autre mère.

Mme Clavière laissa échapper un profond soupir.

– Mon Dieu, dit-elle, faites qu’on fasse pour mon enfant ce que j’aime tant à faire pour les enfants des autres !

Le docteur reprit :

– Les derniers moments de cette pauvre femme ont été des plus édifiants. Elle a rendu le dernier soupir en présence de la mère Agathe et des autres religieuses, après s’être confessée et avoir reçu l’Extrême-Onction. Ses dernières paroles ont été très touchantes. Les religieuses pleuraient en priant.

– A-t-on fait quelque chose pour marquer la place où elle repose ?

– Il n’y a actuellement qu’une simple croix de bois plantée sur le tumulus ; on n’a rien voulu faire sans vous avoir consultée ; cependant, on a cru devoir acheter le terrain à perpétuité.

– On a bien fait. Ce sera peut-être un jour un bonheur pour son fils de pouvoir dire : « Voilà l’endroit où repose celle qui m’a tant aimé ! » Sur cette place, il faudra au moins une pierre tombale avec quelque chose en élévation. Demain je parlerai de cela à la mère Agathe.

Le docteur causa pendant quelques instants encore avec Mme Clavière, puis remonta dans la voiture qui l’avait amené pour retourner à Paris.

*

* *

Mme Clavière arriva à la Maison maternelle à deux heures et demie.

Comme toujours, deux coups de cloche l’avaient annoncée et ce ne fut pas seulement la mère Agathe, mais toute la petite communauté qui vint la recevoir au bas des marches du perron.

Elle fut entourée et, en même temps, toutes les mains se tendaient vers elle.

– Merci, mes chères sœurs, dit-elle, merci de l’affectueux accueil que vous me faites.

– Vous savez que notre affection est sincère, madame, répondit la supérieure, ah ! nous sommes bien heureuses de vous revoir.

– Mes chères sœurs, j’éprouve aussi une vive satisfaction à me retrouver au milieu de vous.

Les religieuses remarquaient avec tristesse combien la jeune femme était changée depuis sa dernière visite.

La mère Agathe fit un signe à ses compagnes, qui se retirèrent, puis elle offrit son bras, à Mme Clavière pour la conduire au salon.

– Madame, dit la supérieure, quand la jeune femme se fut assise sur un canapé, nous avons été, mes sœurs et moi, bien en peine à votre sujet : ne vous voyant plus, n’ayant pas de vos nouvelles, nous ne savions que penser. Notre bon docteur Chevriot ne venait pas non plus ; c’est seulement lundi dernier que nous avons reçu sa visite et que nous avons appris qu’une suite de malaises vous avaient empêchée de sortir. Mais, Dieu merci, vous voilà mieux et, bientôt, vous irez tout à fait bien.

– Je l’espère.

– Quelques jours après votre dernière visite, cette pauvre femme, à laquelle vous vous êtes si vivement intéressée, a rendu son âme au Seigneur.

– Je le sais, car, hier, j’ai eu aussi la visite du bon docteur. Et puisque nous parlons de cette pauvre femme, il y a une chose dont nous allons tout de suite nous occuper.

– Quelle est la somme portée à votre budget pour frais d’obsèques ?

– Mille francs chaque année, madame ; mais comme, grâce à Dieu, nous n’avons perdu aucun de nos enfants, nous avons actuellement en réserve, sur ce chapitre, une somme qui dépasse deux mille francs.

– Eh bien, ma sœur, il vous faudra écrire à l’architecte de la maison pour qu’il vienne vous trouver et s’entendre avec vous afin que quelque chose de modeste, mais convenable cependant, soit mis sur la tombe de Marceline Lebel.

– J’avais l’intention de vous parler de cela, madame ; quelle somme pourrait-on dépenser ?

– Je ne sais pas, je ne peux pas savoir ; mais je pense qu’avec moins de mille francs…

– Oh ! certainement madame.

– Du reste, ce sera l’affaire de l’architecte. M. Chevriot m’a dit que lundi, lors de sa visite, nos enfants étaient tous en bonne santé ; la situation est-elle toujours la même ?

– Oui, madame. Mais tout à l’heure vous verrez nos chers petits : comme ils vont être joyeux !

– Non, dit la jeune femme d’un ton brusque, qui étonna profondément la religieuse, je ne verrai pas les enfants aujourd’hui.

– Pardonnez-moi, madame, répondit la mère Agathe, j’oubliais que vous n’êtes pas encore bien portante.

Mme Clavière étouffa un soupir.

La religieuse reprit :

– Me permettez-vous, madame, de vous parler d’un enfant de trois ans, moins deux mois, qui nous a été apporté avant-hier ?

– Est-ce une petite fille ?

– Non, madame, c’est un petit garçon.

– Qu’avez-vous à me dire de ce nouveau ?

– D’abord que c’est bien le plus charmant enfant qu’on puisse voir.

– Ah !

– Mais il est si triste, si triste !

– Pourquoi ?

– Sa mère est morte la semaine dernière.

– Il n’a plus sa mère, je comprends qu’il soit triste.

– Le petit Édouard Lebel l’a déjà pris en grande affection.

– Deux orphelins, leur malheur commun les attire l’un vers l’autre.

– C’est bien cela, madame et je suis tentée de croire qu’à première vue ils ont deviné leur mutuelle douleur. Mais je vais vous dire ce qui s’est passé sous mes yeux :

Les petits garçons étaient en récréation lorsque leur nouveau camarade fut amené parmi eux. Tous le regardèrent curieusement. Édouard, plus hardi que les autres et probablement aussi plus accessible à la pitié, s’approcha de lui, l’examina un instant avec une sorte de gravité, puis l’entourant de ses bras, il l’embrassa sur les deux joues.

Le petit, étonné, peut-être un peu défiant, se dégagea de l’étreinte, fit trois pas en arrière et, à son tour examina Édouard. Que se passa-t-il en ce moment dans cette jeune âme ? Je ne saurais le dire. Mais, soudain, des larmes jaillirent des yeux du pauvre petit et il se jeta au cou d’Édouard. Et les deux enfants, dans les bras l’un de l’autre, s’embrassaient comme deux frères.

– C’est touchant, dit Mme Clavière dont les yeux étaient mouillés de larmes.

– Depuis, continua la religieuse, ils sont toujours ensemble, ils ne peuvent pas se quitter. Dès jeudi soir il a fallu mettre leurs petits lits à côté l’un de l’autre.

– Par qui cet enfant a-t-il été apporté ?

– Par sa tante, une pauvre ouvrière souffreteuse, qui a beaucoup de peine à vivre, en travaillant des seize heures par jour, et qui a beaucoup pleuré de ne pas pouvoir garder le pauvre petit orphelin.

La malheureuse était tout en larmes quand elle fut amenée devant moi, tenant dans ses bras l’enfant pauvrement, mais proprement habillé.

Je me sentis très émue et tout de suite je m’intéressai vivement au petit innocent, qui me regardait avec de grands yeux étonnés et dont j’admirais la jolie figure, une vraie figure d’ange.

« – Ma sœur, me dit la femme, j’ai plus d’une fois entendu parler de votre sainte maison et aussi de votre très grande bonté. Cependant, avant de vous amener ce pauvre petit, qui est mon neveu, j’ai beaucoup hésité, car malgré ma pauvreté, ma misère, je ne pouvais me résoudre à l’abandonner. Mais, hélas ! comment faire ? Non, je ne pouvais pas le condamner à souffrir avec moi du froid, de la faim, et je me suis enfin décidée à venir. »

– Est-ce que cet enfant est orphelin ? demandai-je.

« – Sa mère, ma sœur, qui était ouvrière comme moi, est morte il y a dix jours d’une maladie causée par les privations. Hélas ! sa misère n’était pas moins grande que la mienne. Je l’ai fait enterrer et, pour le pouvoir, j’ai été forcée d’emprunter cent francs que peut-être je ne pourrai jamais rendre. »

– L’enfant a-t-il un père ?

« – Oh ! ne croyez pas, répliqua-t-elle vivement, que ma sœur n’était pas une honnête femme ; elle était mariée et ce cher petit a encore son père, s’il n’est pas mort. »

– Cet homme a donc abandonné sa femme ?

« – Non. Il y a dix-huit mois, il s’est embarqué pour l’Amérique, où il avait à toucher un petit héritage ; depuis, il n’a pas donné de ses nouvelles et j’ignore ce qu’il est devenu.

Elle avait assis l’enfant dans un fauteuil, et le pauvre petit, très fatigué sans doute, paraissait s’endormir.

« – Mais, ma sœur, continua l’ouvrière, vous allez voir que je vous dis bien la vérité. »

Elle tira de sa poche des papiers qu’elle me remit et que j’ai gardés. Ils sont là, dans un tiroir de ce meuble, et tout à l’heure, madame, je vous les ferai voir. C’est l’extrait de l’acte de naissance de l’enfant et un certificat délivré par le prêtre qui l’a baptisé.

« J’ai pensé, ma sœur, me dit-elle, pendant que je lisais les papiers, que ces notes étaient nécessaires pour l’admission de l’enfant dans votre maison ».

– Autant que possible, répondis-je, nous tenons à savoir d’où viennent les enfants que nous recevons et à connaître leur famille ; mais l’acte de naissance n’est pas absolument indispensable. D’ailleurs nous avons ici des enfants abandonnés dont le père et la mère sont inconnus.

Elle répliqua :

« – J’ai aussi apporté ces papiers parce qu’ils peuvent être utiles dans le cas où le père, de retour en France, reviendrait ici pour reprendre son enfant. »

En l’entendant parler ainsi, madame, je fus sur le point de lui dire que nous ne voulions dans la maison que des orphelins de père et de mère ou des abandonnés, et qu’il nous était impossible de recevoir son neveu, du moment qu’on pouvait nous le reprendre un jour ou l’autre.

Mais les paroles s’arrêtèrent sur mes lèvres.

Mes yeux s’étaient portés sur le cher petit ange ; saisie de compassion, je me suis sentie émue jusqu’au fond de l’âme et je n’eus pas le courage de le repousser.

– C’est bien, dis-je à la femme, je reçois l’enfant et vous voudrez bien me laisser ces papiers.

Alors elle se confondit en remerciements, appela sur notre maison toutes les bénédictions du ciel, puis me fit le récit navrant de ses nombreuses infortunes, sa vie n’ayant été, depuis sa première jeunesse, qu’une lutte continuelle contre l’horrible misère.

La malheureuse m’avait aussi apitoyée ; je lui donnai un secours de cent francs, le crédit de notre caisse de secours étant loin encore d’être épuisé.

Mme Clavière approuva par un mouvement de tête.

– Avec ces cent francs, continua la mère Agathe, elle a pu rembourser la somme qu’elle avait empruntée pour faire enterrer sa sœur.

Avant de s’en aller, elle embrassa l’enfant, qui lui demanda d’une voix très douce :

« – Allons-nous voir maman ? »

Mme Clavière, qui avait écouté distraitement jusqu’alors, devint plus attentive.

La religieuse reprenait :

– La femme se tourna vers moi et me dit :

« – Le pauvre petit est trop jeune pour comprendre que le bon Dieu lui a pris sa mère pour toujours. Aussi vous l’entendrez répéter souvent :

« Je veux maman, je veux maman ! Ou bien je voudrais voir maman ! »

Mme Clavière tressaillit et son regard eut une clarté soudaine. Mais, aussitôt, elle secoua tristement la tête en murmurant :

– Folle !

– C’est bien vrai, madame, continua la mère Agathe, le pauvre petit pense constamment à sa mère et rien ne peut la lui faire oublier, ni un jouet, ni un gâteau, ni même les discours pleins d’éloquence que lui tient son ami Édouard.

Ce matin, comme je passais dans la classe, il quitta la place où il était assis et vint vers moi. S’étant arrêté, son doux regard se fixa sur moi, devint suppliant, et avec une expression de douleur indicible, qui m’arracha des larmes des yeux, il me dit :

« – Je voudrais bien voir maman ! »

– Oh ! fit Mme Clavière, qui se dressa comme par un ressort.

– Madame, qu’avez-vous ? demanda la religieuse avec inquiétude.

– Rien, ma sœur, rien. Voulez-vous me faire voir ces papiers dont vous me parliez tout à l’heure ?

La mère Agathe ouvrit un des tiroirs d’un petit meuble, genre Boule, et y prit les papiers qu’elle présenta à la jeune femme.

Celle-ci lut rapidement le commencement de l’acte de l’état civil : « Par devant nous, Jean-Eugène Lebreton, maire et officier de l’état civil de la commune de Sercotte, ont comparu, etc… » Elle arriva aux prénoms de l’enfant : « Aurélien-Marius-André ».

– André ! il y a André ! dit-elle d’une voix agitée.

– Oui, madame, fit la religieuse, c’est André qu’il s’appelle.

Mme Clavière laissa échapper une exclamation et fut prise d’une sorte de tremblement nerveux.

Elle resta un instant comme étourdie, puis un sourire amer crispa ses lèvres.

– Au fait, dit-elle, en jetant les papiers sur le guéridon, pourquoi ne s’appellerait-il pas André, cet enfant ? il en a le droit, autant qu’un autre !

Et comme si les émotions qu’elle venait d’éprouver eussent épuisé ses forces, elle retomba lourdement sur le canapé.

Il y eut un assez long silence.

– Madame, dit la mère Agathe, reprenant la parole, désirez-vous voir ce pauvre petit ?

Comme si, absorbée dans ses pensées, elle n’avait pas entendu, Mme Clavière ne répondit pas.

– Vous seriez charmée par sa gentille personne ; nous toutes avons été charmées, continua la religieuse, et, certainement, vous vous intéresserez à lui.

– Mais je m’intéresse déjà à cet enfant, ma sœur ; oh ! oui, je m’y intéresse et plus encore que vous ne pourriez le supposer.

– Voulez-vous, madame, que j’aille le chercher ?

– Non, répondit-elle, pas aujourd’hui.

La religieuse, qui était restée debout, se rassit.

Mais Mme Clavière avait subitement changé d’idée.

– Ma sœur, reprit-elle, je veux bien voir ce pauvre petit dont vous venez de me parler avec tant d’enthousiasme ; veuillez, je vous prie, me l’amener.

La mère Agathe ne chercha pas à dissimuler son contentement, et ce fut d’un pas léger et avec de la joie dans le regard, qu’elle sortit du salon.

– Oh ! insensée, insensée, murmura Mme Clavière, ne me suis-je pas un instant imaginé que dans ce pauvre petit, dont la mère vient d’être enterrée, je retrouvais mon enfant ! Est-ce que pour moi, maintenant, tout va devenir illusion ?

« Dieu est là ! » a dit le docteur Chevriot ; oui, Dieu est là et il veille sur les enfants des autres !

Elle ajouta avec un accent désolé :

– Et il ne fait rien pour le mien, rien, rien.

Un gémissement sourd s’échappa de sa poitrine oppressée.

Elle leva vers le ciel ses yeux qui semblaient implorer, puis laissa tomber sa tête dans ses mains.

Share on Twitter Share on Facebook