IV

Dis, non les pampas printaniers

Noirs d’épouvantables révoltes,

Mais les tabacs, les cotonniers !

Dis les exotiques récoltes !

Dis, front blanc que Phébus tanna,

De combien de dollars se rente

Pedro Velasquez, Habana ;

Incague la mer de Sorrente

Où vont les Cygnes par milliers ;

Que tes strophes soient des réclames

Pous l’abatis des mangliers

Fouillés des hydres et des lames !

Ton quatrain plonge aux bois sanglants

Et revient proposer aux Hommes

Divers sujets de sucres blancs,

De pectoraires et de gommes !

Sachons par Toi si les blondeurs

Des Pics neigeux, vers les Tropiques,

Sont ou des insectes pondeurs

Ou des lichens microscopiques !

Trouve, à Chasseur, nous le voulons,

Quelques garances parfumées

Que la Nature en pantalons

Fasse éclore ! – pour nos Armées !

Trouve, aux abords du Bois qui dort,

Les fleurs, pareilles à des mufles,

D’où bavent des pommades d’or

Sur les cheveux sombres des Buffles !

Trouve, aux prés fous, où sur le Bleu

Tremble l’argent des pubescences,

Des calices pleins d’Œufs de feu

Qui cuisent parmi les essences !

Trouve des Chardons cotonneux

Dont dix ânes aux yeux de braises

Travaillent à filer les nœuds !

Trouve des Fleurs qui soient des chaises !

Oui, trouve au cœur des noirs filons

Des fleurs presque pierres, – fameuses ! -

Qui vers leurs durs ovaires blonds

Aient des amygdales gemmeuses !

Sers-nous, à Farceur tu le peux,

Sur un plat de vermeil splendide

Des ragoûts de Lys sirupeux

Mordant nos cuillers Alfénide !