DORANTE.
Me suis-je assez longtemps contraint en sa présence ?
Ai-je montré près d’elle assez de patience ?
Ai-je assez observé ses perfides noirceurs ?
Suis-je assez poignardé de ses fausses douleurs ?
Douceurs pleines de fiel, d’amertume et de larmes,
Grands dieux ! que pour mon cœur vous eussiez eu de charmes !
Si sa bouche, parlant avec sincérité,
N’eût pas au fond du sien trahi la vérité !
J’en ai trop enduré, je devais la confondre ;
À cette lettre enfin qu’eût-elle osé répondre ?
Je devais à mes yeux un peu l’humilier ;
Je devais… Mais plutôt songeons à l’oublier.
Fuyons, éloignons-nous de ce séjour funeste ;
Achevons d’étouffer un feu que je déteste
Mais ne partons qu’après avoir tiré raison
Du perfide Valère et de sa trahison.