SCÈNE III.

ÉLIANTE, VALÈRE.

ÉLIANTE.

Oui, Valère, déjà de tout je suis instruite ;

Avec beaucoup d’adresse elles m’avaient séduite

Par un entretien feint entre elles concerté,

Et que, sans m’en douter, j’avais trop écouté.

VALÈRE.

Eh quoi ! belle Éliante, avez-vous donc pu croire

Que Valère, à ce point ennemi de sa gloire.

De son bonheur surtout, cherchât en d’autres nœuds

Le prix dont vos bontés avaient flatté ses vœux ?

Ah ! que vous avez mal jugé de ma tendresse !

ÉLIANTE.

Je conviens avec vous de toute ma faiblesse.

Mais que j’ai bien payé trop de crédulité !

Que n’avez-vous pu voir ce qu’il m’en a coûté !

Isabelle, à la fin par mes pleurs attendrie,

A par un franc aveu calmé ma jalousie ;

Mais cet aveu pourtant, en exigeant de moi

Que sur un tel secret je donnasse ma foi

Que Dorante par moi n’en aurait nul indice.

À mon amour pour vous j’ai fait ce sacrifice :

Mais il m’en coûte fort pour le tromper ainsi.

VALÈRE.

Dorante est, comme vous, instruit de tout ceci.

Gardez votre secret en affectant de feindre.

Isabelle, bientôt, lasse de se contraindre,

Suivant notre projet peut-être, dès ce jour,

Tombe en son propre piège et se rend à l’amour.

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