ÉLIANTE, VALÈRE.
ÉLIANTE.
Oui, Valère, déjà de tout je suis instruite ;
Avec beaucoup d’adresse elles m’avaient séduite
Par un entretien feint entre elles concerté,
Et que, sans m’en douter, j’avais trop écouté.
VALÈRE.
Eh quoi ! belle Éliante, avez-vous donc pu croire
Que Valère, à ce point ennemi de sa gloire.
De son bonheur surtout, cherchât en d’autres nœuds
Le prix dont vos bontés avaient flatté ses vœux ?
Ah ! que vous avez mal jugé de ma tendresse !
ÉLIANTE.
Je conviens avec vous de toute ma faiblesse.
Mais que j’ai bien payé trop de crédulité !
Que n’avez-vous pu voir ce qu’il m’en a coûté !
Isabelle, à la fin par mes pleurs attendrie,
A par un franc aveu calmé ma jalousie ;
Mais cet aveu pourtant, en exigeant de moi
Que sur un tel secret je donnasse ma foi
Que Dorante par moi n’en aurait nul indice.
À mon amour pour vous j’ai fait ce sacrifice :
Mais il m’en coûte fort pour le tromper ainsi.
VALÈRE.
Dorante est, comme vous, instruit de tout ceci.
Gardez votre secret en affectant de feindre.
Isabelle, bientôt, lasse de se contraindre,
Suivant notre projet peut-être, dès ce jour,
Tombe en son propre piège et se rend à l’amour.