SCÈNE I.

COLETTE, soupirant, et s’essuyant les yeux de son tablier.

J’ai perdu tout mon bonheur ;

J’ai perdu mon serviteur ;

Colin me délaisse.

Hélas ! il a pu changer !

Je voudrais n’y plus songer :

J’y songe sans cesse.

J’ai perdu mon serviteur ;

J’ai perdu tout mon bonheur ;

Colin me délaisse.

Il m’aimait autrefois, et ce fut mon malheur.

Mais quelle est donc celle qu’il me préfère ?

Elle est donc bien charmante ! Imprudente bergère !

Ne crains-tu point les maux que j’éprouve en ce jour ?

Colin m’a pu changer ; tu peux avoir ton tour.

Que me sert d’y rêver sans cesse ?

Rien ne peut guérir mon amour,

Et tout augmente ma tristesse.

J’ai perdu mon serviteur ;

J’ai perdu tout mon bonheur ;

Colin me délaisse.

Je veux le haïr… je le dois…

Peut-être il m’aime encor… Pourquoi me fuir sans cesse ?

Il me cherchait tant autrefois !

Le Devin du canton fait ici sa demeure ;

Il sait tout : il saura le sort de mon amour :

Je le vois, et je veux m’éclaircir en ce jour.

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