MACKER, GOTERNITZ, SOPHIE.
MACKER.
Parbleu ! voilà une nation bien extraordinaire, des prisonniers bien incommodes ! le valet me boit mon vin, le maître caresse ma fille. (Sophie fait une mine.) Ils vivent chez moi comme s’ils étaient en pays de conquêtes.
GOTERNITZ.
C’est la vie la plus ordinaire aux Français ; ils y sont tout accoutumés.
MACKER.
Bonne excuse, ma foi ! Ne faudra-t-il point encore, en faveur de la coutume, que j’approuve qu’il me fasse cocu ?
SOPHIE.
Ah ciel ! quel homme !
GOTERNITZ.
Je suis aussi scandalisé de votre langage que ma fille en est indignée. Apprenez qu’un mari qui ne montre à sa femme ni estime ni confiance l’autorise, autant qu’il est en lui, à ne les pas mériter. Mais le jour s’avance ; je vais monter à cheval pour aller au-devant de mon fils qui doit arriver ce soir.
MACKER.
Je ne vous quitte pas ; j’irai avec vous, s’il vous plaît.
GOTERNITZ.
Soit ; j’ai même bien des choses à vous dire, dont nous nous entretiendrons en chemin.
MACKER.
Adieu, mignonne : il me tarde que nous soyons mariés, pour vous mener voir mes champs et mes bêtes à cornes ; j’en ai le plus beau parc de la Hongrie.
SOPHIE.
Monsieur, ces animaux-là me font peur.
MACKER.
Va, va, poulette, tu seras bientôt aguerrie avec moi.