GOTERNITZ, DORANTE, FREDERICH, SOPHIE.
GOTERNITZ.
Laissons-le s’exhaler en vains murmures ; en unissant Sophie à Dorante je satisfais en même temps à la tendresse paternelle et à la reconnaissance : avec des sentiments si légitimes je ne crains la critique de personne.
DORANTE.
Ah ! monsieur, quels transports !
FRÉDÉRICH.
Mon père, il nous reste encore le plus fort à faire. Il s’agit d’obtenir le consentement de ma sœur, et je vois là de grandes difficultés ; épouser Dorante et aller en France ! Sophie ne s’y résoudra jamais.
GOTERNITZ.
Comment donc ! Dorante ne serait-il pas de son goût ? en ce cas je la soupçonnerais fort d’en avoir changé.
FRÉDÉRICH.
Ne voyez-vous pas les menaces qu’elle me fait pour lui avoir enlevé le seigneur Jean-Mathias Macker ?
GOTERNITZ.
Elle n’ignore pas combien les Français sont aimables.
FRÉDÉRICH.
Non ; mais elle sait que les Françaises le sont encore plus, et voilà ce qui l’épouvante.
SOPHIE.
Point du tout : car je tâcherai de le devenir avec elles ; et tant que je plairai à Dorante je m’estimerai la plus glorieuse de toutes les femmes.
DORANTE.
Ah ! vous le serez éternellement, belle Sophie ! Vous êtes pour moi le prix de ce qu’il y a de plus estimable parmi les hommes. C’est à la vertu de mon père, au mérite de ma nation, à la gloire de mon roi, que je dois le bonheur dont je vais jouir avec vous : on ne peut être heureux sous de plus beaux auspices.