CHAPITRE XLI.

« L’airain trois fois répète un son de mort ;
« On entendit une voix gémissante,
« Et le corbeau, de son aile pesante,
« Frappa trois fois les créneaux de Cumnor. »

MICKLE.

Il faut maintenant revenir à cette partie de notre histoire où nous annoncions que Varney, profitant de l’autorité du comte de Leicester et de la permission de la reine, se hâta de se prémunir contre la découverte de sa perfidie, en éloignant la comtesse du château de Kenilworth. Il se proposait de partir le matin de bonne heure ; mais, réfléchissant que le comte pourrait se radoucir dans l’intervalle, et chercher à avoir une autre entrevue avec la comtesse, il résolut de détruire par son départ immédiat toute possibilité d’un événement qui devait, probablement se terminer par la découverte de ses projets et sa ruine complète. Dans ce dessein, il fit appeler Lambourne, et fut excessivement irrité d’apprendre que ce fidèle serviteur était sorti du château pour aller prendre ses ébats dans le village voisin ou ailleurs. Comme il ne pouvait tarder à revenir, sir Richard laissa des ordres pour qu’il se préparât à l’accompagner dans un voyage, ou à le rejoindre s’il ne rentrait qu’après son départ.

Cependant Varney le remplaça provisoirement par un domestique nommé Robin Tider, auquel les mystères de Cumnor-Place étaient connus en partie, parce qu’il y avait suivi le comte plus d’une fois. Cet homme, dont le caractère ressemblait à celui de Lambourne, quoiqu’il ne fût ni aussi adroit ni aussi dissolu, reçut de Varney l’ordre de seller trois bons chevaux, de préparer une litière, et de se tenir prêt à partir. L’excuse assez naturelle du dérangement de l’esprit de sa femme, auquel tout le monde ajoutait foi, expliquait la manière secrète dont on l’éloignait du château ; et il comptait sur les mêmes prétextes, dans le cas où les cris et la résistance de la malheureuse Amy le forceraient à se justifier. L’assistance de Tony Foster était indispensable, et Varney alla s’en assurer.

Foster, d’un caractère naturellement aigre et d’une humeur insociable, fatigué d’ailleurs du voyage qu’il avait fait de Cumnor-Place à Kenilworth pour annoncer la fuite de la comtesse, s’était séparé de bonne heure de la foule des buveurs. Il s’était retiré dans sa chambre, et dormait profondément lorsque Varney, complètement équipé pour la route, et une lanterne sourde à la main, entra dans l’appartement. Il s’arrêta un instant pour écouter ce que son compagnon murmurait en dormant, et il distingua parfaitement ces mots : – Ave Maria, ora pro nobis. Non, ce n’est pas cela : délivrez-nous du mal. Oui, c’est ainsi qu’il faut dire.

– Il prie dans son sommeil, pensa Varney, et confond ses anciennes superstitions avec ses nouvelles ; il aura un plus grand besoin de prières avant que j’aie fini avec lui… Holà ! ho ! saint homme, bienheureux pénitent, éveille-toi, éveille-toi ; le diable ne t’a pas encore renvoyé de son service.

En même temps Varney secoua le dormeur par le bras ; ce mouvement changea le cours des idées de Foster, et il se mit à crier : – Au voleur ! au voleur ! je mourrai pour la défense de mon or ; de mon or si péniblement gagné ; de mon or qui me coûte si cher : où est Jeannette ? ne lui est-il rien arrivé ?

– Que veux-tu qu’il lui soit arrivé, braillard imbécile ? dit Varney ; n’as-tu pas honte de faire tant de bruit ?

Foster se trouvait alors entièrement éveillé, et, s’asseyant sur son lit, il demanda à Varney ce que signifiait une pareille visite à une telle heure : – Elle n’annonce rien de bon, ajouta-t-il.

– Fausse prophétie ! très saint Anthony, repartit Varney ; elle annonce que l’heure est venue de changer ton bail en un acte de propriété. Que dis-tu de cela ?

– Si tu me l’eusses dit à la face du jour, dit Foster, je m’en serais réjoui, mais à cette heure funeste, par cette triste clarté, quand la pâleur de ta figure forme un sinistre contraste avec la légèreté de tes paroles, je ne puis m’empêcher de penser bien plus à ce que tu vas me prescrire qu’à la récompense que je vais gagner.

– Comment ! vieux fou ; il ne s’agit que de reconduire à Cumnor-Place ton ancienne prisonnière.

– Est-ce là tout ? dit Foster ; ton visage a la pâleur de la mort, et ce ne sont point des vétilles qui peuvent t’émouvoir. Est-ce véritablement là tout ?

– Oui, tout, et peut-être une bagatelle en sus, dit Varney.

– Ah ! reprit Foster, ta pâleur augmente encore à chaque instant.

– Ne fais pas attention à ma figure, dit Varney, tu ne la vois qu’à la triste clarté de cette lanterne. Lève-toi et agis ; pense à Cumnor-Place, qui va devenir ta propriété. Comment donc ! tu pourras fonder une boutique de conférences hebdomadaires, et de plus doter Jeannette aussi richement que la fille d’un baron. Soixante-dix livres sterling et au-delà.

– Soixante-dix-neuf livres cinq shillings et cinq pence et demi, outre la valeur du bois, dit Foster ; et aurai-je tout cela en propriété ?

– Tout, mon camarade, y compris les écureuils. Un Bohémien ne coupera pas un morceau de bois, un enfant ne prendra pas un nid d’oiseau sur tes domaines sans t’en payer la valeur. Allons, voilà qui est bien ; prends tes hardes aussi vite que possible. Les chevaux sont prêts, tout est prêt, excepté cet infernal scélérat de Lambourne, qui est allé faire quelque orgie je ne sais où.

– Voilà ce que c’est, sir Richard, dit Foster ; vous ne voulez pas suivre mes conseils ; je vous ai toujours dit que ce libertin d’ivrogne vous manquerait lorsque vous en auriez besoin. J’aurais pu, à sa place, vous fournir quelque jeune homme sobre et rangé.

– Quoi ! quelque hypocrite de la congrégation, à la parole lente et aux longues phrases ? hé bien, nous pourrons aussi l’employer. Dieu soit loué ! nous aurons besoin de laboureurs de toute espèce ; c’est bien ; n’oublie pas tes pistolets ; voyons, maintenant, partons !

– Où allons-nous ? dit Tony.

– À la chambre de milady, et fais attention qu’il faut qu’elle parte avec nous. Tu n’es pas homme à t’effrayer de ses cris.

– Non, si nous pouvons nous appuyer de quelque passage de l’Écriture ; et il est dit : Femmes, obéissez à vos maris. Mais les ordres de milord nous mettent-ils à couvert si nous employons la violence ?

– Tiens, voilà son anneau.

Ayant ainsi réfuté les objections de son associé, Varney se rendit avec lui dans l’appartement de lord Hunsdon, et donnant connaissance de leur dessein à la sentinelle comme d’un projet sanctionné par la reine et le comte de Leicester, Foster et lui entrèrent dans l’appartement de la malheureuse comtesse.

L’horreur d’Amy peut se concevoir quand elle fut réveillée en sursaut et vit à côté de son lit Varney, l’homme du monde qu’elle craignait et détestait le plus. Ce fut même une consolation pour elle de s’apercevoir qu’il n’était pas seul, quoiqu’elle eût plus d’un motif pour redouter aussi son compagnon.

– Madame, dit Varney, ce n’est pas le temps de faire des cérémonies ; lord Leicester, forcé par l’urgence des circonstances, vous envoie l’ordre de nous accompagner sans délai à Cumnor-Place ; voici son anneau que je vous montre comme le signe de sa volonté formelle.

– C’est une imposture, répondit la comtesse ; tu as volé ce gage, toi qui es capable de toutes les scélératesses, depuis la plus atroce jusqu’à la plus basse.

– Ce que je vous dis est vrai, madame, reprit Varney, et si vrai que, si vous ne vous préparez pas immédiatement à nous suivre, nous serons obligés d’employer la violence pour exécuter nos ordres.

– La violence ! tu n’oserais pas en venir à ce moyen, lâche que tu es ! s’écria la malheureuse comtesse.

– C’est ce qui me reste à prouver, madame, dit Varney, qui avait compté sur la terreur comme sur le seul moyen de subjuguer cette âme altière ; ne me forcez pas d’en venir à cette extrémité, ou vous trouverez en moi un valet de chambre un peu rude.

Ce fut cette menace qui fit pousser à la pauvre Amy des cris si effrayans que, si ce n’eût été la conviction qu’on avait qu’elle était folle, elle aurait vu accourir à son secours lord Hunsdon et d’autres personnes ; mais s’apercevant que ses cris étaient inutiles, elle s’adressa à Foster dans les termes les plus touchans, et le conjura, au nom de l’honneur et de l’innocence de sa fille Jeannette, de ne pas souffrir qu’elle fût traitée avec tant d’indignité.

– Comment donc, madame, dit Foster, les femmes doivent obéir à leurs maris, c’est l’Écriture qui leur en fait la loi. Et si vous vous habillez vous-même pour venir avec nous sans résistance, personne ne vous touchera du bout du doigt tant que je pourrai tirer un pistolet.

Ne voyant arriver aucun secours, et rassurée même par la réponse de Foster, malgré son ton bourru, la comtesse promit de se lever et de s’habiller s’ils voulaient se retirer dans la chambre voisine. Varney alors l’assura qu’elle n’avait rien à craindre pour son honneur et sa sûreté tant qu’elle serait entre ses mains, et il promit de ne point l’approcher, puisque sa présence lui était si désagréable. Son époux, ajouta-t-il, serait à Cumnor vingt-quatre heures après elle.

Un peu consolée par cette assurance, quoiqu’elle ne crût pas pouvoir y compter beaucoup, la malheureuse Amy s’habilla à la clarté de la lanterne que laissa Varney en quittant l’appartement.

Amy se leva en versant des larmes, tremblante, et implorant le ciel avec des sensations bien opposées à celles qu’elle éprouvait jadis lorsqu’elle se parait avec toute la satisfaction d’une beauté qui connaît le pouvoir de ses charmes.

Elle employa le plus long temps possible à s’habiller, jusqu’à ce que, épouvantée de l’impatience de Varney, elle fut obligée de déclarer qu’elle était prête.

Au moment de se mettre en marche, la comtesse se tint près de Foster, avec une expression si marquée de la frayeur que lui inspirait Varney, que celui-ci lui protesta avec un serment solennel qu’il n’avait nullement l’intention de l’approcher.

– Si vous consentez, dit-il, à obéir patiemment à la volonté de votre époux, vous ne me verrez que rarement. Je vous laisserai aux soins du guide que votre bon goût me préfère.

– La volonté de mon époux ! s’écria-t-elle ; mais c’est la volonté de Dieu, et ce motif doit me suffire… Je suivrai M. Foster avec la docilité d’une victime qu’on mène au sacrifice, Foster est père ; du moins je serai traitée avec décence, sinon avec humanité. Quant à toi, Varney, je te le répète, quand ce devraient être mes dernières paroles, tu es étranger à ces deux sentimens.

Varney se contenta de répondre qu’elle avait la liberté du choix, et marcha devant pour montrer le chemin. La comtesse s’appuyant sur Foster, et presque traînée par lui, fut conduite de la tour de Saint-Lowe à la poterne, où Tider attendait avec une litière et des chevaux.

La comtesse se laissa placer dans la litière, et vit avec satisfaction que, pendant que Foster se tenait près de la voiture, conduite par Tider, l’odieux Varney restait à quelque distance en arrière ; bientôt elle le perdit de vue dans l’ombre de la nuit.

Amy profita des sinuosités de la route pour jeter un dernier regard sur ces tours majestueuses dont son époux était le seigneur, et qui çà et là brillaient encore de l’éclat des lumières de la fête. Mais, quand il ne fut plus possible de les apercevoir, elle laissa retomber sa tête sur son sein, et, s’enfonçant dans la litière, se recommanda aux soins de la Providence.

Outre le désir qu’avait Varney d’engager la comtesse à poursuivre tranquillement le voyage, il entrait aussi dans ses vues d’avoir un entretien sans témoins avec Lambourne, par qui il espérait d’être rejoint bientôt.

Il connaissait le caractère de cet homme résolu, avide et cruel de sang-froid, qu’il regardait comme l’agent le plus propre à exécuter ses desseins.

Il était déjà à plus de dix milles de Kenilworth, lorsqu’il entendit enfin le galop d’un cheval ; c’était celui de Michel Lambourne.

Impatienté comme il l’était de ce retard, Varney fit à son valet licencieux un accueil plus dur que jamais.

– Vaurien d’ivrogne, lui dit-il, ta paresse et ton inconduite te mettront avant peu la corde au cou, et, je voudrais que ce fût dès demain.

Ce ton de réprimande ne plut guère à Lambourne, qui avait la tête exaltée outre mesure, non seulement par une copieuse libation de vin, mais encore par l’espèce d’entretien confidentiel qu’il venait d’avoir avec le comte, et surtout par la connaissance du secret dont sa curiosité s’était emparée.

Oubliant toute sa docilité pour Varney, il osa lui répondre qu’il ne souffrirait pas de propos insolens du meilleur chevalier du monde. Lord Leicester l’avait retenu pour une affaire d’importance, et cette raison devait suffire à Varney, qui après tout n’était qu’un domestique comme lui.

Varney ne fut pas médiocrement surpris de ce ton d’impertinence ; mais, l’attribuant à l’ivresse, il feignit de ne pas s’en apercevoir, et commença à sonder Lambourne pour savoir s’il consentirait à écarter le seul obstacle qui s’opposait, à ce que le comte parvînt à un rang assez élevé pour récompenser ses plus fidèles serviteurs au-delà de tous leurs désirs.

Michel Lambourne ayant l’air de ne pas comprendre ce qui lui était proposé, Varney lui indiqua clairement que c’était la personne transportée dans la litière qui était l’obstacle en question.

– Oui-dà, sir Richard ; faites bien attention à ceci, répondit Michel : il y a des gens qui en savent plus long que d’autres, entendez-vous, et il y en a qui sont plus méchans que d’autres. Je connais les intentions de milord sur ce point mieux que vous, car il m’a tout confié. Voici ses ordres dans cette lettre, et ses derniers mots sont ceux-ci : – Michel Lambourne, ma-t-il dit, car Sa Seigneurie me parle comme à un homme qui porte l’épée, et ne me traite pas d’ivrogne et de coquin, comme tel et tel qui se laissent gonfler par leurs nouvelles dignités ; – il faut, m’a-t-il dit, que Varney conserve tout le respect possible pour ma comtesse… Je vous charge d’y veiller, M. Lambourne, et de redemander expressément mon anneau à Varney.

– Oui ! reprit Varney ; a-t-il en effet parlé ainsi ? tu sais donc tout ?

– Tout, tout ; et vous ferez sagement de rester mon ami tant que le soleil luira pour nous deux.

– Personne n’était présent pendant que milord te parlait ? demanda Varney.

– Pas un être vivant, reprit Lambourne ; pensez-vous que milord confierait ses secrets à tout autre qu’à un homme éprouvé comme moi ?

– En vérité ! dit Varney ; et s’arrêtant, il promena ses regards sur la route qu’éclairait la lumière de la lune. Ils traversaient une vaste bruyère. La litière était à un mille devant eux, et trop éloignée pour qu’ils pussent être vus ou entendus par ceux qui l’escortaient. Derrière eux régnait un morne silence ; tout annonçait qu’ils étaient sans témoins. Varney reprit son entretien avec Lambourne.

– Tu voudrais donc, lui dit-il, te tourner contre ton maître, contre celui qui t’a ouvert la carrière des faveurs de la cour, contre celui dont tu as été en quelque sorte l’apprenti, Michel ; qui t’a, en un mot, montré les profondeurs et les écueils de l’intrigue ?

– Ne m’appelez pas Michel tout court, répondit Lambourne ; j’ai un nom qui peut être précédé de monsieur tout aussi bien qu’un autre ; et quant au reste, si j’ai été en apprentissage, mon temps est fini, et je suis résolu de passer maître à mon tour.

– Reçois d’abord tes gages, insensés dit Varney ; et prenant son pistolet, il traversa d’une balle le corps de Lambourne.

Le misérable tomba de cheval sans pousser un seul soupir ; Varney, mettant pied à terre, fouilla ses poches, et en tourna la doublure pour faire croire à ceux qui le rencontreraient qu’il avait été assassiné par des voleurs. Il s’empara de la lettre du comte, et prit aussi la bourse de Lambourne, qui contenait encore quelques pièces d’or. Mais, par un singulier mélange de sentimens, il la porta jusqu’à une petite rivière qui traversait la route, et la jeta dans l’eau aussi loin qu’il put. Tels sont les étranges retours d’une conscience qui semble tout-à-fait subjuguée. Cet homme cruel et sans remords se serait cru dégradé s’il avait gardé quelques pièces d’or qui avaient appartenu au misérable qu’il venait de tuer sans pitié.

Le meurtrier rechargea son pistolet après en avoir essuyé la platine et le canon pour faire disparaître tout indice d’une explosion récente, et il suivit tranquillement la litière de loin, satisfait de s’être si adroitement débarrassé du témoin importun de plusieurs de ses intrigues, et du porteur d’un ordre qu’il n’avait aucune intention d’exécuter, et que par conséquent il désirait être censé n’avoir pas reçu.

Le voyage s’acheva avec une rapidité qui prouvait le peu de cas qu’on faisait de la santé de la comtesse. On ne s’arrêtait que dans des lieux où tout était subordonné à Varney, et où le conte de la folie qu’on attribuait à Amy aurait été cru sans difficulté si elle eût essayé d’implorer la compassion de ceux qui l’approchaient ; ainsi Amy ne vit aucun espoir de se faire entendre de ceux avec qui elle se trouvait momentanément seule, et d’ailleurs la présence de Varney lui faisait trop d’horreur pour qu’elle osât violer la condition sous laquelle il devait ne l’escorter que de loin pendant la route.

Les fréquens voyages secrets que Varney avait faits à Cumnor avec le comte de Leicester lui avaient donné un grand crédit sur la route ; il se procura facilement et promptement des chevaux toutes les fois qu’il en eut besoin : de sorte que la litière se trouva près de Cumnor la nuit qui suivit-le départ de Kenilworth.

Ce fut alors que Varney s’approcha de la litière, comme il l’avait fait par intervalles pendant le voyage, et demanda : – Que fait-elle ?

– Elle dort, répondit Foster ; je voudrais être arrivé, ses forces s’épuisent.

– Le repos la rétablira, reprit Varney ; elle dormira bientôt plus longuement… Il faut penser à la loger en lieu sûr.

– Pourquoi pas dans son appartement ? dit Foster ; j’ai envoyé Jeannette chez sa tante, avec une bonne réprimande. On peut se fier à nos vieilles servantes, car elles détestent cette dame de tout leur cœur.

– Nous ne nous fierons pourtant pas à elles, mon ami Tony. Il nous faut l’enfermer dans la chambre où tu caches ton or.

– Mon or ! dit Foster avec un air alarmé ; que voulez-vous dire ? de quel or voulez-vous parler ? Dieu m’assiste ! je n’ai point d’or ; je voudrais en avoir.

– Que la peste t’étouffe, brute stupide ! qui se soucie de ton or ? Si j’en avais envie, n’aurais-je pas cent moyens plus sûrs pour m’en emparer ? En un mot, ta chambre à coucher, que tu as fortifiée d’une manière si curieuse, sera le lieu de réclusion de la comtesse ; et toi, rustre, tu t’enfonceras dans le duvet de ses matelas. Je puis te promettre que le comte ne réclamera jamais le riche ameublement de ses quatre chambres.

Cette dernière considération rendit Foster plus traitable ; il demanda seulement à Varney la permission de prendre les devans pour tout préparer, et, pressant son cheval de l’éperon, il laissa la litière sous l’escorte de Tider et de Varney, qui la suivait à la distance d’une soixantaine de pas.

Quand elle fut arrivée à Cumnor, la comtesse demanda vivement Jeannette, et parut très alarmée quand on l’informa qu’elle ne serait plus servie par cette aimable fille.

– Mon enfant m’est cher, madame, dit Tony avec son air refrogné, et je ne me soucie pas que Jeannette apprenne à mentir et à tramer des fuites ; elle n’en sait déjà que trop là-dessus, n’en déplaise à Votre Seigneurie.

La comtesse, fatiguée et encore effrayée des circonstances qui avaient précédé son voyage, ne répondit rien à cette insolence ; mais elle témoigna avec douceur le désir de se retirer dans sa chambre.

– Oui, oui, murmura Foster, c’est une chose raisonnable ; mais, avec votre permission, vous n’irez pas dans cet appartement tout rempli de vanités mondaines. Vous dormirez cette nuit dans un lieu plus sûr.

– Plût au ciel que ce fût dans ma tombe ! dit la comtesse ; mais nous frémissons, malgré nous, à l’idée de la séparation du corps et de l’âme.

– Vous n’avez, madame, aucune raison de frémir de cette idée, reprit Foster ; milord vient ici demain, et sans doute vous rentrerez dans ses bonnes grâces.

– Mais viendra-t-il ? viendra-t-il en effet, bon Foster ?

– Oh ! oui, bon Foster ! reprit le vieux Tony ; mais quel Foster serai-je demain, lorsque vous parlerez de moi à milord, quoique tout ce que j’ai fait n’ait été que pour obéir à ses propres ordres ?

– Vous serez mon protecteur ; un protecteur un peu brusque, il est vrai, mais cependant mon protecteur. Oh ! si Jeannette était ici !

– Elle est mieux où elle est, répondit Foster ; il y a assez d’une dame comme vous pour embrouiller une tête : mais voulez-vous prendre quelques rafraîchissemens ?

– Oh ! non, non ; ma chambre, ma chambre : j’espère du moins que je pourrai la fermer en dedans.

– De tout mon cœur, répondit Foster, pourvu que je puisse l’assurer en dehors ; et, prenant une lumière, il conduisit la comtesse à une partie du bâtiment où elle n’avait jamais été, et lui fit monter un escalier très élevé : une des vieilles les précédait avec une lampe.

Parvenus au dernier degré de l’escalier, dont la hauteur était prodigieuse, ils traversèrent une galerie en bois de chêne, très étroite, au bout de laquelle était une porte épaisse qui défendait la chambre du vieil avare. Cette chambre était dépourvue de tout ce qui pouvait être utile ou commode pour une femme, et il ne lui manquait que le nom de prison.

Foster s’arrêta sur le seuil de la porte, et remit la lampe à la comtesse, sans permettre que la vieille même la suivît. Amy, prenant la lampe, entra aussitôt, ferma la porte, et l’assura par le moyen des nombreux verrous qu’y avait adaptés Foster.

Varney, pendant ce temps-là, s’était tenu au bas de l’escalier : mais, entendant fermer la porte, il arriva sur la pointe du pied, et Foster lui montra de l’œil, avec un air de satisfaction, une machine cachée dans le mur, qui, jouant avec aisance et sans bruit, abaissait une partie de la galerie de bois comme un pont-levis de manière à couper toute communication entre la porte de sa chambre et le palier de l’escalier tournant qui y conduisait. La corde qui mettait cette machine en mouvement était ordinairement placée dans la chambre de Foster, afin qu’il pût se précautionner contre une invasion du dehors. Mais, maintenant qu’il s’agissait d’y retenir un prisonnier, il l’avait fixée au palier, après avoir abaissé le pont. Varney considéra la machine avec attention, et plongea plusieurs fois ses regards dans l’abîme qu’ouvrait la chute de la trappe.

Il y régnait une sombre obscurité, et il était très profond, puisqu’il descendait jusqu’aux dernières caves, comme Foster le dit à l’oreille de Varney. Celui-ci, après avoir mesuré des yeux à plusieurs reprises ce sombre gouffre, suivit Foster dans la salle du château.

Lorsqu’ils y furent arrivés, il dit à Tony de faire apporter le souper et du meilleur vin, en ajoutant qu’il allait chercher Alasco : – Il y aura de l’ouvrage pour lui, dit-il, et il faut le mettre de bonne humeur.

Foster le comprit, mais il se contenta de pousser un gémissement sans faire aucune remontrance. La vieille assura Varney qu’Alasco avait à peine bu et mangé depuis son départ, et qu’il était resté continuellement enfermé dans le laboratoire, parlant comme si la durée du monde dépendait de ce qu’il y faisait.

– Je lui apprendrai que le monde attend autre chose de lui, dit Varney en saisissant un flambeau pour aller chercher l’alchimiste.

Il revint après une assez longue absence ; il était très pâle, mais il avait encore sur ses lèvres son sourire habituel.

– Notre ami, dit-il, s’est exhalé !

– Comment ! que voulez-vous dire ? demanda Foster ; se serait-il enfui avec mes quarante livres sterling qui devaient se multiplier plus de mille fois ? j’aurai recours à la justice.

– Je t’indiquerai un moyen plus sûr de les recouvrer, dit Varney.

– Comment ? quel moyen ? s’écria Foster. Je veux ravoir mes quarante livres… Je croyais certainement les voir se multiplier, mais je veux du moins mes avances.

– Va donc te pendre, et plaider contre Alasco à la grande chancellerie du diable, car c’est là qu’il a porté sa cause.

– Quoi donc ? que voulez-vous dire ? serait-il mort ?

– Oui, il est mort, et il a le visage et le corps enflés… Il venait de mélanger quelques unes de ses drogues infernales ; le masque de verre dont il se couvrait ordinairement le visage est tombé, le poison subtil s’est insinué dans son cerveau et a produit son effet.

– Sancta Maria ! s’écria Foster ; je veux dire, ajouta-t-il en se reprenant, Dieu nous préserve, dans sa miséricorde, de l’avarice et de tout péché mortel !… Mais croyez-vous que la transmutation avait eu lieu ? avez-vous aperçu des lingots dans les creusets ?

– Non, je n’ai regardé que le cadavre : c’est un spectacle hideux ; Alasco est enflé comme un homme exposé depuis trois jours sur la roue… Bah ! verse-moi un verre de vin.

– Je veux y aller, dit Foster, je veux examiner moi-même… Il prit la lampe, alla jusqu’à la porte, et là, hésitant, il s’arrêta : – Ne venez-vous pas avec moi ? demanda-t-il à Varney.

– Et pourquoi ? répondit Varney ; j’en ai assez vu et assez senti pour m’ôter l’appétit. J’ai ouvert la fenêtre cependant et renouvelé l’air ; il est sorti des tourbillons de vapeurs sulfureuses, et d’autres matières étouffantes, comme si le diable y eût été.

– Et cette mort ne serait-elle pas l’œuvre du démon lui-même ? ajouta Foster toujours en hésitant ; j’ai entendu dire qu’il est tout-puissant dans ces momens-là et avec de telles gens.

– Si c’est en effet ce Satan auquel tu crois qui te trouble l’imagination, reprit Varney, tu peux être tranquille : à moins que ce ne soit un démon tout-à-fait déraisonnable ; il a eu deux bons morceaux ces jours-ci.

– Comment, deux morceaux ! que voulez-vous dire ? demanda Foster ; que voulez-vous dire ?

– Tu le sauras avec le temps, répliqua Varney ; et puis cet autre banquet : mais tu l’estimeras un mets trop délicat pour le gosier du diable. Elle aura ses psaumes, ses concerts célestes, ses séraphins, n’est-ce pas ?

À ces mots Foster s’approcha lentement de la table.

– Bon Dieu, sir Richard, dit-il à voix basse, faut-il donc en venir là ?

– Oui sûrement, Tony, si tu veux gagner la propriété de ce domaine.

– J’avais toujours prévu que cela finirait ainsi, dit Foster ; mais comment ferons-nous, sir Richard ? car pour tout au monde je ne voudrais pas porter la main sur elle.

– Je ne puis t’en blâmer, dit Varney ; j’aurais la même répugnance à le faire moi même ; nous devons regretter Alasco et sa manne, et ce chien de Lambourne.

– Comment ! où est donc Lambourne ? demanda Foster.

– Ne m’adresse pas de questions ; tu le reverras un jour si la croyance est vraie. Mais revenons à des affaires plus sérieuses. Je veux t’apprendre un piège pour prendre une fauvette, Tony ; cette trappe là-haut, cette machine de ton invention, ne peut-elle point paraître sûre, quoique ses supports soient enlevés ?

– Oui, sans doute ; elle peut rester tendue aussi longtemps qu’on n’y appuie pas le pied.

– Et si la dame voulait passer dessus pour s’échapper, le poids de son corps ne la ferait-il pas trébucher ?

– Il suffirait d’un rat, répondit Foster.

– Eh bien, alors elle mourrait en essayant de se sauver. Que pourrions-nous faire à cela, toi ou moi, mon brave Tony ? Allons nous coucher… nous nous concerterons demain.

Le lendemain, à l’approche du soir, Varney appela Foster pour exécuter leur plan.

Tider et les vieux domestiques de Tony furent envoyés au village sous un prétexte, et Foster lui-même visita la prison de la comtesse, comme pour voir si elle ne manquait de rien.

Il fut tellement ébranlé par sa douceur et sa patience qu’il ne put s’empêcher de lui recommander instamment de ne pas mettre le pied sur le seuil de la porte jusqu’à ce que lord Leicester arrivât : – Et j’espère, ajouta-t-il, que ce sera bientôt.

Amy promit qu’elle se résignerait à sa captivité avec patience ; et Foster alla rejoindre son complice après avoir ainsi soulagé en partie sa conscience du poids qui l’accablait.

– Je l’ai avertie, pensa-t-il ; sûrement c’est un piège inutile que celui qu’on laisse apercevoir à l’oiseau.

Il laissa donc la porte de la chambre sans la fermer en dehors, et enleva les supports de la trappe, qui resta en équilibre par la simple adhésion de son extrémité contre les parois du palier.

Ils se retirèrent au rez-de-chaussée pour attendre ce qui allait arriver ; mais ils attendirent vainement. Enfin, Varney, après s’être promené à grands pas, le visage caché sous son manteau, se découvrit soudain en disant : – Certes, jamais femme ne fut assez folle pour négliger une si belle occasion de s’échapper.

– Peut-être est-elle résolue d’attendre que son mari soit venu, répondit Foster.

– C’est vrai, très vrai, s’écria Varney en sortant ; je n’y avais pas encore pensé.

En moins de deux minutes, Foster entendit le pas d’un cheval dans la cour, et un coup de sifflet semblable au signal ordinaire du comte. L’instant d’après, la porte d’Amy s’ouvrit, et soudain la trappe s’abaissa. Il y eut le bruit prolongé d’une chute, un faible gémissement, et tout fut fini.

Alors Varney vint à la fenêtre, et d’une voix dont l’accent exprimait un mélange affreux d’horreur et de raillerie, il dit à Foster :

– L’oiseau est-il pris ? Est-ce fait ?

– Puisse Dieu nous pardonner ! répondit Foster.

– Comment, imbécile ! ajouta Varney, ta tâche est remplie, et ta récompense assurée ; regarde dans le cadeau, que vois-tu ?

– Je ne vois qu’un monceau de vêtemens blancs, semblables à un tas de neige, dit Foster : ô mon Dieu ! elle soulève le bras.

– Jette quelque chose sur elle pour l’achever, ton coffre-fort, Tony ; tu sais qu’il est lourd.

– Varney, tu es un démon incarné, reprit Foster. Il n’y a plus besoin de rien ; elle n’existe plus.

– Voilà tous nos embarras terminés, s’écria Varney en entrant dans la chambre où il avait laissé son complice ; je ne croyais pas si bien imiter le signal du comte.

– Oh ! s’il y a une vengeance dans le ciel, tu as bien mérité d’en recevoir ton châtiment, s’écria Foster, et tu le recevras ; tu l’as tuée par ses plus tendres affections. C’est noyer un agneau dans le lait de sa mère.

– Tu es un fanatique imbécile, reprit Varney ; pensons maintenant à donner l’alarme. Il faut laisser le corps où il est.

Mais leur scélératesse ne resta pas long-temps impunie : car pendant qu’ils se consultaient, Tressilian et Raleigh survinrent, s’étant introduits dans la maison par le moyen de Tider et des autres domestiques, qu’ils avaient rencontrés au village et forcés de les accompagner.

Foster s’enfuit en les voyant entrer ; et comme il connaissait tous les passages de la maison, il échappa à toutes les recherches ; mais Varney fut surpris, et au lieu d’exprimer aucun remords, il sembla prendre un infernal plaisir à désigner le lieu où étaient les restes sanglans de la comtesse, défiant qu’on put lui prouver qu’il eût aucune part à sa mort.

À la vue du corps meurtri de celle qui était encore un moment auparavant si belle et si chérie, le désespoir de Tressilian fut si terrible que Raleigh se vit obligé d’employer la violence pour l’arracher à ce tableau douloureux, et de veiller lui-même à tout ce qu’exigeait ce fatal événement.

Bientôt Varney ne chercha plus à dissimuler ni son crime ni ses motifs, alléguant, pour expliquer sa franchise, que, quoique la plus grande partie de ce qu’il avouait n’eût pu lui être imputée que sur des soupçons, cependant ces soupçons mêmes auraient suffi pour le priver de la confiance de Leicester et renverser tous ses plans d’ambition.

– Je ne suis pas né, dit-il, pour traîner dans l’exil et la proscription le reste d’une vie déshonorée, et pour faire de ma mort un spectacle destiné à la populace.

D’après ces paroles, on craignait qu’il ne voulût attenter à ses jours, et l’on éloigna de lui tous les moyens dont il aurait pu se servir pour les abréger. Mais, comme certains héros de l’antiquité, il portait toujours avec lui une dose de poison actif, préparé sans doute par le docteur Démétrius Alasco, et qu’il avala pendant la nuit.

On le trouva mort le lendemain matin, et il ne parut pas avoir souffert une longue agonie ; car son visage présentait encore, après le trépas, son expression habituelle de rire moqueur. – La mort, dit l’Écriture, n’a point de chaînes pour le méchant.

Le sort de son complice resta long-temps inconnu. Cumnor fut abandonné après le meurtre ; car les domestiques prétendirent avoir entendu, dans le voisinage de ce qu’on appelait la chambre de lady Dudley, des cris, des gémissemens et d’autres sons extraordinaires.

Après quelques années, Jeannette, ne recevant aucune nouvelle de son père, devint la maîtresse de sa fortune, et la partagea avec Wayland, jouissant alors d’une bonne réputation et employé dans la maison d’Élisabeth.

Mais ce ne fut que long-temps après leur mort que leur fils aîné, faisant quelques recherches dans le manoir de Cumnor, découvrit un passage secret fermé par une porte de fer qui s’ouvrait derrière le lit, dans la chambre de lady Dudley. Elle conduisait dans une espèce de cellule où l’on trouva un coffre-fort rempli d’or, et sur lequel était un squelette. Le sort de Tony Foster devint manifeste ; il avait fui dans ce lieu secret et oublié la clef en dehors, victime lui-même des moyens qu’il avait employés pour garder cet or, au prix duquel il avait vendu son salut.

Sans doute les gémissemens et les cris entendus par les domestiques n’étaient pas entièrement imaginaires ; c’étaient ceux du misérable qui, dans son agonie, appelait à son secours.

La nouvelle de la destinée cruelle de la comtesse de Leicester interrompit tout-à-coup les plaisirs de Kenilworth. Leicester se retira de la cour, et s’abandonna long-temps à ses regrets. Mais comme, dans sa dernière déclaration, Varney avait épargné son ancien patron, le comte devint plutôt l’objet de la pitié que du ressentiment de la reine. Élisabeth le rappela enfin à la cour ; il fut de nouveau distingué comme homme d’état et favori. Le reste de sa carrière est bien connu dans l’histoire ; mais il y eut une espèce de justice céleste dans sa mort, si, d’après un bruit généralement accrédité, il fut victime d’un poison destiné à un autre.

Sir Hugh Robsart mourut bientôt après sa fille. Il avait légué son héritage à Tressilian ; mais ni l’espoir d’une vie indépendante à la campagne, ni les promesses de faveur que lui fit Élisabeth pour l’attacher à sa cour, ne purent l’arracher à sa profonde mélancolie. Enfin, ayant pourvu à l’existence des anciens amis et des vieux domestiques de sir Hugh, il s’embarqua pour l’expédition de Virginie avec son ami Raleigh, et, jeune d’années, mais vieux de chagrins, il mourut d’une mort précoce dans une terre étrangère.

Quant aux personnages secondaires de notre histoire, il est nécessaire seulement de dire que l’esprit de Blount devint plus brillant à mesure que ses rosettes jaunes se flétrirent, et qu’il se conduisit en vaillant officier dans la guerre, qui était son véritable élément plutôt que la cour.

Quant à Flibbertigibbet, son esprit délié lui valut des distinctions, et la faveur de Burleigh et de Cecil.

L’esquisse de cette histoire se trouve dans les Antiquités du comté de Berks, par Ashmole, et il en est question souvent dans les ouvrages qui font mention de Leicester.

L’ingénieux traducteur de Camoëns, Williams-Julius Mickle, a fait, sur la fin tragique de la comtesse, une élégie touchante, intitulée Cumnor-Hall, qui se termine par ces vers :

Le cœur ému, la craintive bergère

De Cumnor-Hall contemple les débris,

Et ne va plus de son parc solitaire

D’un pied léger fouler le vert tapis.

Le pèlerin, quand vient la nuit obscure,

Du vieux château s’éloigne avec terreur,

Et chaque fois que la brise murmure,

Il croit entendre un accent de douleur .

FIN DE KENILWORTH.

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