« Veux-tu donc m’accepter pour guide ?
» La lune brille, et calme est l’Océan :
» J’en connais le sentier humide.
» Viens avec moi, sois confiant. »
SOUTHEY. Thalaba.
Jeanie, malgré sa constitution robuste, se trouvait si agitée par ces différentes scènes, qu’Archibald jugea convenable de lui faire prendre un jour entier de repos au village de Longtown. Ce fut en vain qu’elle l’assura qu’elle n’en avait pas besoin. L’homme de confiance du duc d’Argyle agissait avec prudence, et comme il avait étudié la médecine dans sa jeunesse (c’était du moins ce qu’il disait), pour avoir, trente ans auparavant, broyé, pendant six mois, des drogues dans le mortier de M. Mangelman, apothicaire de Greenock, il ne cédait pas aisément toutes les fois qu’il s’agissait d’une question qui intéressait la santé.
Dans cette occasion, il avait reconnu des symptômes fébriles dans le pouls, et, ayant expliqué à Jeanie cette phrase scientifique qu’elle ne comprenait point, il lui persuada de se mettre au lit, et lui ordonna l’eau de gruau et la tranquillité.
Mais Archibald ne bornait pas son attention à l’état physique de la malade, ses observations se dirigeaient aussi sur son état moral. Il avait remarqué que l’exécution de la vieille femme et la fin déplorable de sa malheureuse fille avaient fait sur Jeanie une impression trop forte pour qu’on pût ne l’attribuer qu’à des motifs d’humanité. Cependant c’était une jeune fille sensée, d’une force d’esprit peu ordinaire ; elle n’avait pas les nerfs délicats et sensibles des belles dames de la ville, et Archibald ignorant qu’il y eût jamais eu aucune relation entre la malade et Madge ou sa mère, si ce n’est qu’elle avait vu autrefois la fille en Écosse, attribua la sensation si vive que ces évènemens lui avaient fait éprouver, aux circonstances malheureuses dans lesquelles sa sœur s’était trouvée tout récemment. Il résolut donc de veiller avec soin à ce que rien à l’avenir ne pût lui rappeler ce souvenir douloureux.
Il ne tarda pas à trouver l’occasion d’exercer sa vigilance à cet égard. Dans la journée, il entendit la voix rauque d’un colporteur qui arrivait de Carlisle, crier dans les rues de Longtown : – Relation de l’exécution et des dernières paroles de Meg Murdockson, du meurtre barbare de sa fille Madge Murdockson, dite Wildfire, et de son pieux entretien avec Sa Révérence l’archidiacre Fleming, chapelain de l’hôpital. Comptant que la curiosité publique lui assurerait le débit de cette feuille intéressante, ce colporteur en avait pris un nombre d’exemplaires assez considérable, mais il trouva à s’en débarrasser beaucoup plus tôt qu’il ne l’avait espéré ; car au premier cri qu’Archibald entendit, il le fit appeler, et lui acheta sa collection tout entière pour le prix de quelques shillings, le laissant aussi satisfait de sa spéculation qu’il l’était lui-même de sa prévoyance.
Toute l’emplette était sur le point d’être livrée aux flammes, quand elle en fut préservée par l’intervention de la laitière en chef d’Inverrary. Elle représenta prudemment que c’était dommage de brûler du papier dont on pouvait se servir pour des papillotes et tant d’autres usages ; ayant bien promis d’enfermer soigneusement toute la collection dans sa malle, et de n’en pas laisser tomber un seul fragment sous les yeux de Jeanie, elle obtint d’Archibald toute la liasse. – Au surplus, ajouta-t-elle en mettant ces précieux papiers en lieu de sûreté, je ne sais pas pourquoi mistress Jeanie est si chatouilleuse ; elle a eu assez de temps de songer à la potence pour pouvoir en supporter la vue.
Archibald rappela assez sévèrement à mistress Dutton la recommandation toute particulière faite par le duc leur maître, d’avoir pour miss Deans tous les soins et tous les égards possibles, et lui enjoignit que, comme elle devait bientôt s’en séparer, elle eût soin de ne se permettre, pendant le reste du voyage, aucune observation ni sur sa santé ni sur son caractère ; injonction qui ne satisfit pas beaucoup la bonne dame, mais dont il fallut qu’elle se contentât.
Ils se remirent en route le lendemain matin, traversèrent le comté de Dumfries et une partie de celui de Lanark, et arrivèrent enfin dans la petite ville de Rutherglen, à environ quatre milles de Glascow. Là, un exprès d’Édimbourg, dépêché à Archibald par le principal agent du duc en cette ville, lui apporta de nouveaux ordres de son maître.
Il n’en parla point à Jeanie pendant la soirée, mais le jour suivant, dès qu’ils furent en voiture, le fidèle confident du duc lui dit qu’il venait de recevoir l’ordre de la conduire à quelques milles au-delà de Glascow. Des causes momentanées de mécontentement avaient fait naître quelque agitation dans la ville et dans les environs ; et il en résultait qu’il ne serait pas prudent à miss Deans de faire le voyage de Glascow à Édimbourg seule et sans protection ; au lieu qu’en allant un peu plus loin, il trouverait un des agens de sa Grâce, qui allait avec sa femme du comté d’Argyle à Édimbourg, et avec qui elle pourrait voyager sans crainte et sans dangers.
Jeanie fit des objections à ce nouvel arrangement. Il y avait bien long-temps qu’elle était absente de chez elle ; son père et sa sœur devaient être impatiens de la voir, elle avait d’autres amis qu’elle avait laissés en mauvaise santé ; elle prendrait un cheval et un guide à Glascow ; et qui d’ailleurs voudrait faire du mal à une pauvre créature qui n’en avait jamais fait à personne ? À coup sûr elle était fort obligée de cette offre, mais jamais le cerf altéré n’avait désiré une source d’eau vive aussi ardemment qu’elle souhaitait de se retrouver à Saint-Léonard.
L’intendant de la garde-robe et la souveraine de la basse-cour se jetèrent en ce moment un regard d’intelligence qui éveilla les craintes et les inquiétudes de Jeanie.
– M. Archibald, mistress Dutton, s’écria-t-elle, s’il est arrivé quelque malheur à Saint-Léonard, par compassion, pour l’amour du ciel, ne me tenez pas en suspens !
– Je ne sais véritablement rien de Saint-Léonard, miss Deans, répondit Archibald.
– Et moi je sais… bien certainement je n’en sais pas davantage, dit mistress Dutton, dont la bouche semblait prête à laisser échapper une communication qu’un regard d’Archibald arrêta au passage ; et elle serra les lèvres l’une contre l’autre, de manière à les fermer hermétiquement, comme si elle eût craint que le secret n’en sortît malgré elle.
Jeanie vit qu’on lui cachait quelque chose, et ce ne fut que d’après les assurances réitérées d’Archibald qu’il n’avait reçu aucune mauvaise nouvelle de son père de sa sœur, ni d’aucun de ses amis, qu’elle reprit un peu de tranquillité. Elle ne pouvait appréhender aucun danger de la part de ses compagnons de voyage, qui avaient la confiance de son bienfaiteur ; cependant Archibald la vit si chagrine, que, comme dernière ressource, il lui présenta le billet suivant :
« JEANIE DEANS, –
» Vous me ferez plaisir de consentir à accompagner Archibald à une journée de distance au-delà de Glascow, et de ne lui faire aucune question. Vous obligerez votre ami,
» ARGYLE ET GREENWICH. »
Cette épître laconique d’un seigneur à qui elle avait tant et de si grandes obligations, mit fin à toutes les objections de Jeanie ; mais, loin de diminuer sa curiosité, elle ne fit que l’augmenter, car il était bien certain qu’il existait un mystère qu’on voulait lui cacher : mais obéissant aux ordres du duc, elle ne se permit aucune question.
On ne semblait plus se diriger vers Glascow ; au contraire, on suivait la rive gauche de la Clyde, dont les détours leur offraient mille perspectives pittoresques, et qui ne tarda pas à présenter à leurs yeux le spectacle imposant d’un fleuve navigable.
– Vous n’entrez donc pas dans Glascow ? dit Jeanie en voyant les postillons passer à côté du pont qui conduisait à cette ville, sans le traverser.
– Non, répondit Archibald : il y règne quelque agitation ; et comme on sait que le duc est en opposition avec le gouvernement en ce moment, nous y serions peut-être trop bien accueillis. Peut-être aussi s’aviserait-on de se rappeler que le capitaine de Carrick descendit dans la ville avec les Highlanders à l’époque du tumulte de Shawfield en 1725 , et alors nous pourrions y être trop mal reçus. Dans tous les cas, il vaut mieux pour nous, et surtout pour moi, qu’on peut supposer dans la confidence de Sa Grâce, laisser ces bonnes gens agir à leur fantaisie, sans leur donner lieu de songer à nous.
Jeanie ne trouva rien à répliquer à un tel raisonnement. Il lui parut pourtant destiné à lui faire sentir toute l’importance d’un personnage tel que M. Archibald, plutôt qu’à lui faire connaître la vérité.
La voiture roulait cependant ; la rivière allait toujours s’élargissant, et prenait par degrés la dignité d’un détroit ou bras de mer. On voyait que l’influence du flux et reflux de la mer devenait de plus en plus sensible, et, suivant les belles expressions de celui qui porte la couronne de laurier :
L’onde de plus en plus écarte ses rivages.
…
Le cormoran, posé sur les rescifs,
Ouvre à demi ses noires ailes.
– De quel côté se trouve Inverrary ? demanda Jeanie en portant ses regards sur ce sombre océan des montagnes d’Écosse, qui, comme entassées les unes sur les autres, et entrecoupées de lacs, s’étendent vers le nord sur le rivage opposé du fleuve ; ce château est-il la demeure du duc ?
– Ce château ? répondit Archibald ; non vraiment. C’est l’ancien château de Dumbarton, la place la plus forte de l’Europe, n’importe quelle est la seconde. Le gouvernement en est toujours confié au plus brave Écossais. Sir William Wallace en était gouverneur dans le temps de nos guerres avec l’Angleterre, et sa Grâce le duc d’Argyle en est le gouverneur actuel.
– Et le duc demeure donc sur ce rocher élevé ? demanda Jeanie.
– Non, non. Il a un vice-gouverneur qui y commande pour lui, et qui demeure dans cette maison blanche au pied du rocher. Le duc y va quelquefois, mais il n’y fait pas son domicile.
– Je l’espère bien, dit mistress Dutton, sur l’esprit de laquelle la route n’avait pas fait une impression favorable depuis Dumfries : s’il demeurait là, tout duc qu’il est, il pourrait bien siffler afin de faire venir une autre femme que moi pour surveiller sa basse-cour. Je n’ai pas quitté une bonne place et mes amis pour voir des vaches mourir de faim sur des rochers nus et stériles, ou pour être perchée au haut d’un roc, comme un écureuil dans sa cage suspendue à la fenêtre d’un troisième.
Archibald sourit intérieurement de ce que ces symptômes de mauvaise humeur ne s’étaient pas manifestés avant que la belle mécontente se trouvât entièrement sous sa patte, comme il se le disait à lui-même. – Ce n’est pas moi qui ai fait ces montagnes, lui répondit-il avec un grand sang-froid, et je ne vois pas-trop comment on pourrait vous en débarrasser : mais, quant à la cage, je vous assure que vous en trouverez une fort agréable à Inverrary, et même dans la charmante île de Roseneath, où nous nous rendons d’abord.
– Dans une île ! s’écria Jeanie, qui, dans tous ses voyages, n’avait jamais quitté la terre ferme ; est-ce qu’il faudra que j’aille dans une de ces barques que je vois là-bas ? elles semblent si petites, et les vagues si agitées !
– Bien certainement, s’écria mistress Dutton, je n’y entrerai point. Je ne me suis point engagée pour quitter le pays, ni pour faire des voyages par mer. Vous n’avez qu’à dire aux postillons de prendre une autre route, et de nous y conduire par terre.
– Nous allons trouver à deux pas, dit Archibald, une excellente pinasse appartenante à Sa Grâce, et vous n’avez aucune crainte à concevoir.
– Mais j’ai des craintes, M. Archibald ; j’en ai de très-grandes, et j’insiste pour que nous allions par terre, dussions-nous faire dix milles de plus.
– Je suis fâché de ne pouvoir vous obliger, mistress Dut-ton ; mais, comme je vous l’ai dit, Roseneath est une île.
– Et que m’importe ? quand ce seraient dix îles, je vous dis que je veux y aller par terre. Parce que c’est une île, ce n’est pas une raison pour que je me fasse noyer.
– Ce n’est pas une raison pour que vous soyez noyée, répondit le valet de chambre avec le plus grand sang-froid, mais c’en est une excellente pour que vous ne puissiez y aller par terre.
En même temps il fit signe aux postillons de quitter la grande route, et d’avancer vers quelques cabanes de pêcheurs qu’on voyait sur le rivage, où était amarrée une chaloupe mieux décorée qu’aucune qu’ils eussent encore vue, et dont le pavillon déployait une tête de sanglier, surmontée d’une couronne ducale. Quelques mariniers montagnards étaient à bord, et semblaient les attendre.
La voiture s’arrêta, les postillons se mirent à dételer les chevaux, et Archibald ordonna aux mariniers de transporter le bagage à bord de la pinasse.
– La Caroline est-elle arrivée ? demanda-t-il à l’un d’eux.
– Elle est venue de Liverpool en cinq jours, répondit-il, et elle est maintenant à l’ancre à Greenock.
– Eh bien, dit Archibald aux postillons, vous allez conduire les chevaux et la voiture à Greenock, et vous les embarquerez sur la Caroline pour le château du duc à Inverrary. Vous logerez chez mon cousin Duncan Archibald. Allons, mesdames, ayez la bonté de descendre ; il faut profiter de la marée.
– Miss Deans, dit mistress Dutton, vous êtes bien la maîtresse de faire ce qu’il vous plaira ; mais, pour moi, je passerai toute la nuit dans la voiture, plutôt que d’aller dans cette coquille de noix peinte. L’ami ! l’ami ! que faites-vous là ? dit-elle à un Highlander qui se préparait à emporter une petite malle ; cette malle est à moi, de même que cette boîte et ce sac de nuit. Je vous défends d’y toucher. Osez y toucher !
Le Celte la regardait fixement. Quand elle eut cessé de parler, il se tourna vers Archibald, et, à un signe de celui-ci il chargea la malle sur son épaule, mit la petite boîte sous son bras, prit le sac de nuit par la corde qui le fermait ; et, sans s’embarrasser des cris de mistress Dutton, partit avec tout son bagage, et le porta tranquillement sur la pinasse.
Tout le bagage étant placé, M. Archibald donna la main à Jeanie pour l’aider à descendre de voiture, et ce ne fut pas sans un léger battement de cœur qu’elle se vit transporter par deux matelots qui étaient dans l’eau jusqu’à la ceinture, à quelques pas du rivage dont la chaloupe ne pouvait approcher davantage. Quand Archibald la vit à bord, il revint à la voiture pour faire la même politesse à mistress Dutton ; mais celle-ci refusa opiniâtrement d’en sortir, menaçant tous ceux qui avaient directement ou indirectement pris part à l’enlèvement de ses effets, d’une poursuite judiciaire en dépens, dommages et intérêts, et comptant sur ses doigts le nombre de robes, autres nippes, etc., dont elle se croyait séparée pour toujours.
Archibald ne se donna pas la peine de lui faire des remontrances, il appela deux de ses Highlanders, et leur ayant dit quelques mots en langue gaëlique, les rusés montagnards s’approchèrent tranquillement, sans faire soupçonner leur intention, et saisissant mistress Dutton avant qu’elle eût le temps de leur opposer aucune résistance, ils la tirèrent hors de la voiture, et la chargeant presque horizontalement sur leurs épaules, ils la transportèrent jusqu’à la place et à travers les brisans, pour la déposer dans la chaloupe sans autre inconvénient que d’avoir un peu chiffonné ses vêtemens. La terreur, la surprise et la mortification qu’elle éprouva en se voyant transportée de cette manière si subitement, la privèrent pendant quelques minutes de l’usage de la parole. Cependant les mariniers montèrent à bord ; un seul resté sur le rivage pour mettre la barque à flot, s’élança ensuite auprès de ses compagnons, qui déployèrent leur voile, se mirent à ramer, et fendirent gaiement les eaux du golfe.
– Misérable Écossais ! s’écria enfin la demoiselle en fureur en s’adressant à Archibald, comment osez-vous traiter ainsi une femme comme moi ?
– Madame, répondit Archibald, il est temps que vous sachiez que vous êtes dans le pays du duc, et qu’il n’y a pas un de ces hommes qui ne vous jetât à la mer aussi vite qu’ils vous ont apportée dans cette chaloupe, si c’était le bon plaisir de Sa Grâce.
– Que le ciel ait donc pitié de moi, plus que je n’en ai eu moi-même ! répliqua-t-elle. Si j’avais su cela, je ne me serais jamais engagée avec vous.
– Il est un peu tard pour y penser, mistress Dutton, dit Archibald ; mais vous verrez que nous avons aussi nos plaisirs et nos agrémens dans nos montagnes. Par exemple, vous allez avoir une douzaine de laitières et de filles de basse-cour sous vos ordres : eh bien ! vous pourrez leur faire prendre un bain dans le lac quand vous le jugerez convenable, car les principaux domestiques du duc ont sur leurs subordonnés la même autorité que le duc a sur eux-mêmes.
– Cela est bien étrange, M. Archibald ; au surplus, je vois bien qu’à présent il faut faire de nécessité vertu. Mais êtes-vous bien sûr que la barque ne chavirera point ? Il me semble qu’elle penche bien d’un côté.
– Ne craignez rien, répondit Archibald en prenant une prise de tabac d’un air d’importance. Ce passage nous connaît ou nous le connaissons, ce qui revient au même, et il est sans exemple qu’il y soit jamais arrivé aucun accident à quelque personne employée au service du duc.
– Et vous, miss Deans, dit la vestale laitière à Jeanie, qui, assise près d’Archibald dirigeant le gouvernail, n’était pas très rassurée, – n’avez-vous pas peur de ces sauvages dont les jambes sont nues jusqu’aux genoux ? ne craignez-vous pas de vous trouver dans cette coquille de noix qui ressemble à une écumoire dans un seau de lait ?
– Non ! non, madame ! je n’ai pas peur, répondit Jeanie en hésitant un peu ; j’ai déjà vu des montagnards, quoique jamais de si près ; et, quant au danger d’être noyée… je n’ai jamais été sur l’eau, mais je sais que la Providence peut nous protéger sur mer comme sur terre.
– Voilà ce que c’est que d’avoir appris à lire et à écrire ! s’écria mistress Dutton. Quoi qu’il puisse arriver, on trouve toujours de belles choses à dire.
Archibald vit avec plaisir l’impression que la mesure vigoureuse qu’il avait prise avait faite sur l’esprit ci-devant intraitable de mistress Dutton, et il chercha alors à conserver par des voies de douceur et de conciliation l’ascendant qu’il avait obtenu par la force. Il lui représenta combien ses craintes étaient déraisonnables ; lui fit sentir qu’après le voyage qu’ils avaient fait, il ne pouvait ni la renvoyer, ni l’abandonner sur le rivage dans une voiture vide : enfin il réussit si bien, qu’une parfaite harmonie était rétablie entre eux avant qu’ils débarquassent à Roseneath.