À Lambesc, dimanche 11 décembre 1695.
À 11 heures du soir.
Je pars demain à six heures du matin, ma très aimable, pour Marseille, où la bonne présidente me recevra. Tous mes jours sont comptés. Je n’en serai qu’un dans cette belle ville, et deux à Aix. Je logerai chez Mme de Soissans ; M. de Montmor est en campagne. On me regrette ici. M. de Grignan s’accommode assez bien de moi. Saint-Bonnet est parti, il y a quatre heures, pour la cour.
Il fait un temps comme je l’ai toujours vu ici. Je suis tourmentée des mouches et des puces ; j’ai horreur de mon habit de velours ; mon habit violet est trop pesant. Voilà comme l’hiver est rigoureux ! Je souhaite que cette douceur vous redonne des forces, et que vous ne vous traitiez plus de fantôme. Vous ne me parlez point assez de vous ; j’espérais un billet de Martillac.
Ne savez-vous rien, ma bonne, de cette adjudication ? elle me repasse par la tête. Je voudrais que mes lettres vous eussent divertie. Je n’ai point vu que M. de Grignan ait eu celle de la marquise d’Huxelles.
Sollery vous mandera la bonne vie que l’on fait ici. Un grand festin aujourd’hui chez l’archevêque, avec qui je causai hier deux heures tête à tête ; il est toujours vif et croit n’avoir pas ennuyé M. de Pontchartrain dans les conférences qu’ils ont eues ensemble. Tout vous honore ici et surtout Mme du Janet, qui vous ira voir.
Adieu, ma très chère bonne ; je retournerai auprès de vous encore plus volontairement que je n’en suis partie. Mille baisemains à Monsieur le Chevalier et à M. de La Garde.