XV

« Elle vit, elle va renaître ! » La chose était pour lui certaine, mais de cette certitude il se gardait de faire part à âme qui vive. Il n’était plus d’humeur à pouvoir supporter les incompréhensions blessantes, discuter, essayer de convaincre. Il vivait seul avec son secret autour duquel il enlaçait sa méditation solitaire.

N’eût-il pas été monstrueux que cette énigme de la mort pût peser sans fin de son horrible poids sur l’humanité ? À quoi eussent servi toute la science, ses efforts patients et infiniment obstinés, s’ils eussent dû éternellement achopper devant le seul mystère dont l’explication importât ? Maintenant, il comprenait la raison dernière de cet immense labeur. Toute la multitude des chercheurs, illustres ou obscurs, avait travaillé, peiné, non point tant pour que l’humanité pût vivre plus commodément, voler dans les airs, transmettre l’image et la parole, mais pour que l’édifice de la connaissance pût monter assez haut et recevoir enfin cette clé de voûte finale assemblant en un seul bloc sciences, philosophies, religions, et apportant à la destinée humaine la solution de son propre mystère. Plus de larmes, plus de désespoir, la mort était vaincue. « De profundis clamavi ad te Domine, que le fruit de l’arbre de science m’a fait pareil à toi et que je suis éternel ! » s’écriait-il dans ses instants d’orgueilleuse ivresse à travers le bureau désert.

Et, dans le cadre magique où les deux parcelles Y et Z, étroitement serrées l’une contre l’autre, se déplaçaient de conserve sous ses yeux attentifs, il suivait l’expérience des expériences, celle qui apportait la réponse à ce qui, si longtemps, avait été l’énigme du Sphinx divin.

Par le plus curieux des retours, persuadé d’avoir vaincu la mort, il redevenait méticuleusement attentif aux choses de la vie. Le décor du bureau avait encore une fois changé : plus de mise en scène, plus de fleurs, de déshabillé, de mules attendant la visite d’un problématique fantôme, la pièce était redevenue sèche et nue ; et Cerbère lui-même, confié au concierge, n’encombrait plus l’appartement de sa présence devenue inutile.

Il avait retrouvé toute sa lucidité. Soucieux des formes, il avait écrit à Jacqueline une lettre confirmant leur convention et son intention d’adopter sa petite fille en mémoire de Cécile. Il n’eut pas de réponse, et n’en attendait pas. Mais revenu à une parfaite compréhension des mobiles humains et à une saine vision de la situation, il veillait au danger avec un remarquable sens pratique. Deux démarches suspectes de Jacqueline ayant été détectées par la parcelle, il put, grâce aux relations de Praslier à la Préfecture de Police, faire arrêter sur l’heure les deux femmes de réputation trop établie chez lesquelles s’était présentée la future maman. Dès lors, le jour vint où les parcelles prirent ensemble le chemin de l’hôpital américain à Neuilly. Il comprit que l’heure avait sonné.

Dans le taxi qui l’emportait, il comparait son allégresse présente aux angoisses qui avaient accompagné ses courses précédentes. Finies ces poursuites d’un spectre insaisissable, finies ces torturantes incertitudes d’un séjour au royaume des ombres. Cécile allait reparaître devant lui comme la petite fille qu’elle avait été ; et lui allait pouvoir écarter d’elle aussitôt toute souffrance, tous les malheurs de sa vie antérieure et, par une paternelle tendresse, mériter devant sa propre conscience un pardon qu’il n’eût pas osé croire possible.

Aux questions de l’infirmière, il répondit qu’il était un ami de la famille. Qu’eût-il pu dire d’autre ? On crut comprendre, on sourit, on le fit entrer dans une petite salle d’attente, et, les bras croisés, sagement assis sur une chaise austère, il s’efforça d’être calme et de prendre patience.

Qu’il allait être doux maintenant de revenir aux certitudes du monde réel, de la revoir avec des yeux de chair, de la toucher de ses mains, de s’épargner les efforts épuisants et trompeurs de la mémoire et du songe ! Ce ne serait plus à sa trace seulement qu’il serait attaché, mais à sa présence même dans une chair nouvelle que, jour après jour, il verrait s’épanouir autour de son âme éternelle. De quelles nouvelles expériences allait-elle se trouver enrichie ? Comme ces essences de laboratoire qu’épure une distillation, le passage de l’état d’esprit devait conduire à une décantation de la personne et la laisser plus proche de son état parfait. Elle avait souffert ; d’un cœur malade, le nouveau serait fort. Elle aimait la peinture, elle serait peintre, comme sa mère, et mieux entourée, mieux soignée, dès l’enfance, elle serait délivrée de certaines langueurs pour lesquelles n’était pas fait son visage net et fin, elle n’aurait plus besoin de dissimuler, de ruser peut-être… Cette chaîne à la porte, pourquoi l’avait-elle laissé poser, alors qu’elle ne voulait pas s’en servir ? Il souriait maintenant de ce vieux souvenir.

Les minutes s’écoulaient. Une infirmière passa. À l’interrogation de son regard anxieux, elle répondit par un demi-sourire :

— Tout va bien, attendez.

Il se leva, s’approcha de la fenêtre. Les arbres du jardin, à demi effeuillés par l’automne, rougeoyaient dans le soleil couchant. Ces feuilles à terre, elles aussi, renaîtraient de l’humus souterrain, plus vertes, plus brillantes, au printemps prochain. Le circuit se fermait là aussi, mais le tour de force humain n’était-il pas d’avoir pu suivre l’âme et l’individu même sous les voiles sombres qui cachent l’entre-deux des saisons de la Vie ?

Six heures venaient de sonner à la pendule devant lui quand une porte s’ouvrit.

— C’est fait, dit l’infirmière souriante.

— Est-ce que je peux la voir ? jeta-t-il aussitôt.

— La maman ?

— Non, la petite.

— C’est un garçon, dit l’infirmière, il pèse huit livres.

Le sang se retira de son visage. Pour ne pas tomber, il dut s’accrocher au radiateur.

— Un garçon ? Êtes-vous sûre ?

— Auriez-vous préféré une fille ? fit l’infirmière. Les garçons sont plus faciles à marier.

Un garçon ? Cécile, un garçon ? Non, c’était impossible. La pensée d’avoir été dupe d’une monstrueuse erreur se présenta à lui, et le doute déchira d’un seul coup sa belle certitude. Où était donc la faute ? La parcelle avait-elle menti ? Alors qu’il touchait au but, le mystère devait-il renaître plus épais, plus impénétrable ?… L’épreuve n’était donc pas finie ? Cécile s’enfuyait-elle à nouveau, pour toujours invisible ? Ce monde, ce monde réel, ne pouvait-il donc jamais que décevoir, et par d’éternelles ruses échapper à l’étreinte ?

Où était la faute ? Hagard, refusant d’en voir et d’en entendre davantage, il s’échappa. Jamais encore il n’était retombé de si haut et si brutalement. Ce coup-là l’emportait en dureté sur tous les autres, il sentit qu’il ne s’en relèverait point, que cette fois il sombrerait sans recours dans la folie.

Comme un ingénieur dont le bateau sombre au jour du lancement s’en retourne, la pensée égarée, aux plans qu’il a dressés et veut à toute force convaincre le réel d’erreur, il revint au laboratoire vers le cadre de la parcelle menteuse. Où donc était la faute ?

Praslier semblait l’attendre et, le voyant entrer, vint à lui d’un air embarrassé.

— Mauvaise nouvelle, commença-t-il, il faut vous montrer raisonnable.

Desmaisons, le regard vide, eut un geste d’indifférence : il était au-delà de toutes les mauvaises nouvelles.

— La parcelle Z… continua Praslier.

— Eh bien ?

— Elle est morte.

— Morte ? répéta Desmaisons.

Dans son intonation il n’entrait que de la surprise. Praslier, à titre de dérivatif, s’empressait d’accumuler les explications :

— Je faisais à ce moment les observations, je l’ai vue de mes yeux. Elle s’est soudainement détachée, puis est tombée sur le bord du cadre, en zigzags, comme une feuille quittant la branche, un déplacement aussi peu commandé que possible, une chute visiblement abandonnée au hasard… J’ai reconnu tout de suite la mort, il y avait là quelque chose de dramatique… Pourtant, tout était en ordre, je vous l’assure, tous les appareils fonctionnaient bien… Elle roule maintenant sur le bord du cadre, à la dérive dans le liquide. Elle est morte à six heures moins cinq.

— Six heures moins cinq ? reprit Desmaisons qui semblait ne pas comprendre.

Il réentendit à ce moment les six coups de l’horloge qui avaient précédé l’entrée de la garde dans la salle d’attente.

— Vous n’allez pas faire de bêtises ? demanda Praslier.

— Êtes-vous sûr de l’heure ?

— Absolument. La chose était trop exceptionnelle pour n’être pas relevée. Six heures moins cinq.

Ainsi, au moment même où là-bas naissait l’enfant, la parcelle Z, dernière relique de l’autre vie, disparaissait. Qu’était-ce à dire ? Simple coïncidence ? Ou n’était-ce pas plutôt que, jusqu’au bout, jusqu’à l’extrême du possible, la parcelle avait voulu témoigner en faveur de la filiation, attendant pour mourir, la première respiration de l’enfant ?…

Peu à peu, l’espérance à nouveau renaissait dans son cœur, son visage se transfigurait.

— Laissez-moi un instant, dit-il, laissez-moi, je veux réfléchir…

— Mieux vaut peut-être que vous ne restiez pas seul, dit Praslier. Le patron m’a fait des recommandations…

— Le patron n’y comprend rien, jeta alors Desmaisons en poussant Praslier dehors, Laissez-moi, j’ai besoin de solitude pour penser.

Pourquoi avait-il cru qu’une femme dût nécessairement renaître femme ? Aveuglé par l’amour, il n’imaginait pas qu’elle pût revivre autre qu’il l’avait connue. Mais dans l’au-delà les esprits en jugeaient sans doute d’un point de vue plus élevé. Quelle femme intelligente pourrait souhaiter renaître femme ? Et qui sait ? peut-être avait-elle pressenti qu’à reparaître sous la même apparence, lui, qui n’avait pas changé, serait repris par les mêmes anxiétés, les mêmes soucis de protection jalouse, et prêt à retomber dans les mêmes erreurs ? Dès lors, elle avait délibérément choisi de revêtir une autre apparence, plus harmonieuse peut-être à ses possibilités secrètes. Cécile en garçon, Cécile homme, les deux mots, les deux images ne juraient pas autant qu’on eût pu croire : sa démarche, ses hanches étroites, ses cheveux courts, son profil si net…

Et pourtant, tout cela n’était-il pas que rêveries dans les nuées pour les besoins d’une mauvaise cause ? Pour une identification certaine, scientifique, il eût fallu, au contraire, que la parcelle survécût afin que ses déplacements pussent être confrontés avec ceux du nouveau-né. Et voilà qu’elle choisissait de mourir à l’instant même où fût devenue possible l’ultime vérification, et comme pour laisser planer à dessein un doute. Était-ce ce doute qui était essentiel ? L’impossibilité d’obtenir une certitude, était-ce là la leçon que la chère âme dans l’au-delà voulait l’inviter à tirer de l’aventure ?… Il restait songeur, incertain, partagé entre les hypothèses, quand on sonna. Il crut à un retour de Praslier et marcha vers la porte dans l’intention de le flanquer dehors : c’était une femme, une infirmière.

— Monsieur Bernard Desmaisons ?

— C’est moi-même.

— Je suis chargée de vous remettre ceci.

Elle écarta sa cape. Dans un panier d’osier s’allongeait la larve dormante d’un nouveau-né.

— On m’a dit que vous étiez au courant, et je dois vous prier de signer ce reçu, ajouta l’infirmière.

— Un reçu ? fit Desmaisons.

Il jeta un regard sur la petite tête fripée qui dormait au milieu des linges blancs, puis, signant machinalement le reçu, passa l’autre bras autour du panier. La porte refermée, il fit trois pas dans la pièce, et, bientôt embarrassé, ne sachant que faire du paquet, le posa sur un cadre.

Les deux mains appuyées à l’encadrement de nickel sur lequel il s’était si souvent penché avec une minutie de chercheur, il contempla alors cet objet nouveau, ce paquet vagissant échoué là sans raison. Tous les traits du petit visage, repliés, refermés comme autant de cicatrices couturées, évoquaient à peine un être humain. Les yeux de Desmaisons se firent plus vagues et comme plongeant à l’infini pour aller chercher au fond de ses souvenirs l’image, la longue et noble image de celle qu’il avait aimée… Cécile ! Sa Cécile !… Puis son regard reprit vie, revint aux langes, au bébé. Soudain, le gosse ouvrit les yeux et ce fut comme si dans le cadre la parcelle avait pris un visage : deux points noirs sur la lame de verre, non plus ces gouttes glycérinées qu’il avait si inlassablement suivies, mais deux points noirs vivants cette fois d’une vraie vie.

Avant même qu’il eût arrêté sa réflexion, sa décision, le destin allait-il lui forcer la main, l’obliger à céder à l’appel informulé de ces yeux ?…

Un gémissement s’éleva. Alors il avança la main vers le panier d’osier et commença de le bercer doucement sur le verre qui grinçait.

Il en resta tout drôle, ahuri, ne comprenant pas ce qui lui arrivait. De nouvelles pensées l’envahirent : Pour se procurer une nourrice où s’adresse-t-on ? Un biberon doit s’acheter chez le pharmacien. Il faudra aussi passer à la mairie pour la déclaration. Peut-on légalement reconnaître l’enfant d’une mère inconnue ?

Le bébé continuait à gémir. Il lui chatouilla la joue sans succès. Puis, de guerre lasse, il prit le capuchon d’un compte-gouttes et le lui fourra dans le bec en guise de sucette.

Quelques jours plus tard, Blandin venu au quai de l’Horloge fut surpris de voir que Desmaisons déménageait pour réintégrer son ancien domicile. Avec précaution le patron engagea la conversation, et, le trouvant parfaitement calme et détendu, il lui confia :

— Il faut que je vous le dise, jusqu’ici je n’osais le faire ne sachant comment vous prendriez la chose, mais les expériences entreprises sur les agonisants ne donnent aucun résultat. Après la mort du sujet, les parcelles se déplacent au hasard, et il ne semble pas possible de tirer de leur comportement une indication quelconque.

— Ah ! vraiment ? fit Desmaisons avec indifférence.

— Je suis heureux de vous voir conserver votre calme et accepter ces conclusions. Voyez-vous, mon vieux, la passion est notre ennemie, et le sang-froid s’impose à nous chercheurs plus encore qu’au reste des humains. Et puisque, permettez-moi de le dire, le souvenir des durs moments que vous avez connus s’éloigne, me direz-vous à votre tour si vous pensez encore qu’il est une interprétation possible dans le cas particulier si étrange que vous avez personnellement suivi ?

Desmaisons lui jeta de derrière ses lunettes un regard de bon chien honnête.

— J’ai renoncé à toute interprétation, dit-il.

— Mais encore ?

— Voyez-vous patron, je crois que j’ai passé mon temps à me tromper… Au cours de mes pérégrinations j’ai rencontré une certaine personne, elle se trompait aussi, mais cela a contribué à m’éclairer. Ainsi je me demandais dans quelles voies mystérieuses se trouvait engagée ma pauvre chère Cécile, alors qu’en fait c’était moi, mon esprit, qui, sans s’en douter, faisait un long, très long chemin… Et tout au long de la route ce qui se présentait à lui l’abusait. Il a cru à un fantôme : erreur. Il a cru à une renaissance possible : erreur. Mais il fallait qu’il en soit ainsi, qu’il fût longtemps trompé, je l’ai compris maintenant, pour que je m’aperçoive enfin que l’insaisissable est ailleurs et que tout le long du chemin que j’avais suivi j’avais été manœuvré par une puissance obscure, plus obscure encore mais beaucoup plus sage que celle que j’imaginais… Mais cela, c’est l’histoire de ma pensée intime… Quant à ce que je me trouvai faire en ce monde, les raisons que je me donnais pour agir, pensée posthume, fantôme, importaient peu au fond : il fallait seulement que ce que je faisais fût fait. La puissance dont je parle en avait ainsi décidé pour moi, comme elle fait pour nous tous.

Il eut un soupir.

— Ainsi, tenez, je croyais n’avoir ramené qu’un chien et un voleur, mais j’ai aussi sauvé un petit enfant qui, sans moi, n’aurait peut-être pas vécu. Quels qu’aient été mes mobiles, il est là, et c’est, je crois, le principal. Depuis qu’il est là, je vois beaucoup plus clair et je vais beaucoup mieux.

— Vous avez adopté un enfant ? fit avec ahurissement Blandin.

— Oui. Je le regarde et songe en le voyant que peu d’expériences sont aussi instructives que l’innocente volonté de vivre d’un petit être. J’ai appris de lui bien des choses, quoiqu’il ne parle pas et ne pousse que des cris.

— Par exemple ?

— Par exemple ? Que rechercher les explications, manipuler l’appareil de la science n’est qu’un jeu de l’esprit assez vain, et toujours incomplet. Nous n’obtiendrons jamais de réponse finale et un doute essentiel subsistera toujours… Mais si l’on agit avec un certain aveuglement, une certaine humilité, une certaine confiance dans la nuit du Hasard, on se trouve alors en présence de cette cause plus secrète, plus vraie dont je parlais : celle qui donne au Hasard figure de Providence. Et quand on s’en remet tout simplement à cette Providence, comme fait mon petit qui ne pense pas encore, on s’aperçoit qu’après tout elle existe peut-être… Voilà ce que j’ai si longtemps cherché sans le savoir, voilà ce que voulait m’enseigner de l’au-delà celle que j’ai perdue, alors que je croyais naïvement poursuivre son fantôme…

— Mais vous parlez comme un grand-père ! Desmaisons, mon vieux Desmaisons, il ne faut pas renoncer à voir clair.

— Et que voyez-vous donc ?

— Peu de chose, mais nos successeurs en verront davantage… Je ne puis croire que vous abdiquiez pour devenir père nourricier, que vous renonciez à toute collaboration, que vous ne travailliez plus avec moi…

— Qui vous dit que je ne travaille pas pour vous ? Un peu de foi en la suprême Sagesse, et vous pourriez penser qu’en me consacrant à un petit être je travaille encore pour vous… Mais peu importe ; ce qu’on pense ne fait que peu à l’affaire… À part cela, il faut encore que j’achète une balance.

— Ah ! Vous voyez ! s’exclama Blandin dans sa barbe de pontife, vous y revenez.

— Non, pas une balance au milligramme, une balance pour peser mon fils, précisa Desmaisons avec un innocent sourire de supériorité.

L’épreuve était finie pour lui. Délivré des fantômes, dégagé de ses folies, il avait trouvé le repos dans l’humble acceptation de son ignorance. Soumis à la Providence, il tenait en toute simplicité sa certitude… Et au regard des étendues infinies qui s’offraient à sa nouvelle confiance, le vieux, le grand patron resté confit dans son souci de comprendre, lui paraissait petit, borné, plus ratatiné que la pomme dont la raison savante se serait, dit-on, servi pour prétendre expliquer les lois de l’univers.

FIN

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