Troisième préface.

Il y avait un jour un homme qui avait la fièvre et qui venait de prendre du quinquina. Il avait encore le verre à la main, et faisant la grimace à cause de l’amertume, il se regarda au miroir et se vit pâle et même un peu vert. Il quitta rapidement son verre et se jeta sur le miroir pour le briser.

Tel sera peut-être le sort des volumes suivants. Par malheur pour eux, ils ne racontent point une action passée il y a cent ans, les personnages sont contemporains ; ils vivaient, ce me semble, il y a deux ou trois ans. Est-ce la faute de l’auteur si quelques-uns sont légitimistes décidés et si d’autres parlent comme des républicains ? L’auteur restera-t-il convaincu d’être à la fois légitimiste et républicain ?

À vrai dire, puisqu’on est forcé de faire un aveu si sérieux, crainte de pis, l’auteur serait au désespoir de vivre sous le gouvernement de New York. Il aime mieux faire la cour à M. Guizot que faire la cour à son bottier. Au dix-neuvième siècle, la démocratie amène nécessairement dans la littérature le règne des gens médiocres, raisonnables, bornés et plats, littérairement parlant.

21 octobre 1836.

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