XXVIII Dans lequel je reste seul

J’ouvris la porte à Catriona et l’arrêtai sur le seuil.

– Votre père désire que nous fassions une promenade, lui dis-je.

Elle regarda James More, qui acquiesça, et là-dessus, comme un soldat à l’exercice, elle fit volte-face pour m’accompagner.

Nous prîmes un de nos chemins habituels, où nous avions autrefois été si heureux en le parcourant ensemble. Je marchais à un demi-pas en arrière, de sorte que je pouvais l’observer à son insu. Ses petits souliers faisaient sur le pavé un bruit singulièrement coquet et triste, et je songeai à la singularité de ce moment, où je marchais pour ainsi dire entre deux destinées, sans savoir si j’entendais ces pas pour la dernière fois ou si leur bruit devait m’accompagner jusqu’au jour où la mort viendrait nous séparer.

Elle évitait de me regarder, et marchait droit devant elle, comme si elle devinait ce qui allait suivre. Je comprenais que si je ne parlais pas tout de suite je n’aurais plus le courage de le faire, mais je ne savais par où commencer. Dans cette pénible situation, alors que l’on me jetait pour ainsi dire dans les bras une jeune fille qui s’était déjà rendue à merci, je ne pouvais sans inconvenance la presser beaucoup, mais, d’autre part, n’en rien faire eût paru bien froid. Entre ces deux extrémités, je balançai longtemps ; et lorsque à la fin je réussis à parler on peut dire que je m’exprimai au hasard.

– Catriona, fis-je, vous me voyez dans une situation fort pénible ; ou, pour mieux dire, nous y sommes tous les deux ; et je vous serais très obligé si vous me permettiez de me laisser parler jusqu’au bout sans m’interrompre.

Elle me le promit sans hésiter.

– Eh bien ! repris-je, ce que j’ai à vous dire est très gênant, et je sais trop que je n’ai aucun droit de le dire. Après ce qui s’est passé entre nous vendredi dernier, je n’ai plus aucun droit. Notre égarement s’est porté (et le tout par ma faute) à un point tel qu’il ne me reste plus qu’à me taire ; c’était là mon intention primitive, et rien n’était plus loin de ma pensée que de vous importuner davantage. Mais, chère amie, la chose est devenue indispensable et je ne puis m’y dérober. Voyez-vous, cette fortune qui m’arrive fait de moi un meilleur parti ; et… l’affaire n’aurait plus un aspect tout à fait aussi ridicule que précédemment. À part cela, on s’imagine que nos relations sont devenues si étroites, comme je vous le disais, qu’il vaudrait mieux n’y rien changer. À mon point de vue, c’est là une opinion excessive, et à votre place je ne m’en soucierais nullement. Mais il est juste que j’en parle, car sans aucun doute cette considération influe sur James More. Je pense d’ailleurs que nous n’étions pas si malheureux naguère quand nous habitions ensemble dans cette ville. Je crois que nous nous entendrions fort bien à nous deux. Il vous suffirait, ma chère amie, d’un regard en arrière…

– Je ne regarde ni en arrière ni en avant, interrompit-elle. Dites-moi seulement une chose : est-ce mon père qui vous envoie ?

– Il approuve ma démarche. Il approuve que je vous demande en mariage…

Et j’allais continuer en faisant un nouvel appel à ses sentiments ; mais sans m’écouter elle me lança tout à trac :

– C’est lui qui vous a dicté cette conduite ! Inutile de nier, vous venez de dire vous-même que rien n’était plus loin de votre pensée. C’est lui qui vous y pousse.

– Il m’en a parlé le premier, si c’est cela que vous voulez dire.

Elle marchait de plus en plus vite, en regardant au loin devant elle ; mais à ces mots elle eut une légère exclamation, et se mit presque à courir.

– Sans quoi, continuai-je, après ce que vous m’avez dit vendredi dernier, je n’aurais jamais eu l’impudence de vous faire une telle proposition. Mais que voulez-vous que j’y fasse : il me l’a pour ainsi dire demandé.

Elle s’arrêta et se planta devant moi.

– Eh bien, c’est refusé en tout cas, s’écria-t-elle, et tenez-vous-le pour dit.

Et elle se remit de nouveau en marche.

– Je n’avais, en effet, rien de mieux à attendre de vous, repris-je ; mais il me semble que vous pourriez tâcher d’être un peu plus aimable pour moi avant de me quitter. Je ne vois pas pourquoi vous êtes si dure. Je vous ai beaucoup aimée, Catriona – laissez-moi vous appeler encore ainsi pour la dernière fois. J’ai fait pour vous tout ce que j’ai pu, je m’efforce de faire encore de même, et je regrette seulement de ne pouvoir mieux faire. Je m’étonne que vous vous ingéniiez à être dure envers moi.

– Ce n’est pas à vous que je pense, fit-elle. Je pense à cet homme, à mon père.

– Et quand même cela serait ! Je puis vous être utile de ce côté-là aussi ; je veux l’être. Il est tout à fait nécessaire, ma chère amie, que nous parlions de votre père ; car, avec le tour qu’a pris cet entretien, c’est James More qui ne va pas être content.

Elle s’arrêta de nouveau.

– C’est parce que je suis perdue d’honneur ? demanda-t-elle.

Je ne sus que répondre et demeurai muet.

Une lutte semblait se livrer en elle. Soudain, elle éclata :

– Qu’est-ce que tout cela signifie donc ? D’où vient ce déversement de honte sur ma tête ? Dites. David Balfour, comment avez-vous eu l’audace ?

– Ma chère amie, que pouvais-je faire d’autre ?

– Je ne suis pas votre chère amie, reprit-elle, et je vous défends de m’appeler ainsi.

– Je ne songe guère à mes expressions, répliquai-je. J’en suis navré pour vous, miss Drummond. Quoi que je puise dire, soyez sûre que ma sympathie vous est acquise dans votre pénible situation. C’est la seule chose que je tienne à vous faire remarquer, pendant que nous pouvons encore causer tranquillement, car il va y avoir du tapage quand nous rentrerons tous les deux. Croyez-en ma parole, ce ne sera pas trop de nous deux pour que cette affaire se termine pacifiquement.

– Certes, fit-elle. (Et ses joues s’empourprèrent.) Est-ce qu’il voudrait se battre avec vous ?

– C’est bien son intention.

Elle eut un rire déchirant.

– Allons, vrai, c’est complet ! s’écria-t-elle.

Puis, se tournant vers moi :

– Mon père et moi nous faisons bien la paire, mais grâce à Dieu il y a encore quelqu’un de pire que nous. Je remercie le bon Dieu de m’avoir permis de vous voir sous ce jour. Il ne peut exister de fille qui ne doive vous mépriser.

Je venais de faire preuve d’une grande patience, mais cette fois je n’y tins plus. Je ripostai :

– Vous n’avez pas le droit de me parler de la sorte. Ne me suis-je pas toujours efforcé d’être bon pour vous ? Et voici ma récompense ! Oh ! c’en est trop !

Elle ne cessait de me regarder avec un sourire haineux.

– Lâche ! prononça-t-elle.

– Que le mot vous rentre dans la gorge à vous et à votre père ! m’écriai-je. Aujourd’hui déjà je l’ai bravé dans votre intérêt. Je le braverai de nouveau, ce puant putois ; et peu m’importe lequel de nous deux succombera ! Allons, en route pour la maison : finissons-en ! Je veux en finir avec toute cette clique du Highland. Vous verrez ce que vous en penserez quand je serai mort.

Elle me regarda en hochant la tête avec ce même sourire pour lequel je l’aurais battue.

– Oh, ne riez donc pas, m’écriai-je. J’ai vu votre charmant père rire moins bien tantôt. Ce n’est pas que je veuille dire qu’il avait peur, m’empressai-je d’ajouter, mais il préférait l’autre moyen.

– Comment cela ? fit-elle.

– Quand je lui ai offert de dégainer contre lui.

– Vous avez offert à James More de dégainer contre lui ?

– Évidemment, et je l’y ai trouvé peu disposé, sans quoi nous ne serions pas ici.

– Il y a quelque chose là-dessous. Qu’est-ce que vous voulez dire ?

– Il allait vous forcer à m’accepter, et je n’ai pas voulu de cela. Je lui ai déclaré qu’il fallait vous laisser libre, et que je devais vous parler seul à seule, mais je ne m’attendais guère à un pareil entretien ! « Et si je refuse ? » me dit-il. – « Alors, lui répliquai-je, il ne nous restera plus qu’à nous couper la gorge, car je ne veux pas qu’on m’impose une épouse. » Ce fut ainsi que je lui parlai ; et je parlais par amitié pour vous ; j’en suis joliment récompensé ! À cette heure, c’est bien de votre libre volonté que vous refusez de m’épouser, et il n’est aucun père du Highland ni d’ailleurs qui puisse exiger ce mariage. Soyez tranquille : vos désirs seront respectés, j’en fais mon affaire, une fois de plus. Mais il me semble que vous pourriez au moins avoir la pudeur d’affecter quelque gratitude. Ah ! certes, je croyais que vous me connaissiez mieux. Je ne me suis pas conduit tout à fait bien envers vous, mais c’est la faute de ma faiblesse. Et aller me croire un lâche, et un tel lâche – oh ! jeune fille, quel coup vous me portez là pour finir !

– David, comment pouvais-je deviner ? s’écria-t-elle. Mais c’est affreux ! Moi et les miens – elle accompagna le mot d’une exclamation de détresse – moi et les miens nous ne sommes pas dignes de vous adresser la parole. Oh ! je m’agenouillerais devant vous en pleine rue, je vous baiserais les mains pour obtenir votre pardon.

– Je me contente des baisers que j’ai déjà obtenus de vous, répliquai-je. Je me contente de ceux que je désirais et qui valent quelque chose : je ne veux pas qu’on m’embrasse par repentir.

– Qu’allez-vous penser de cette misérable fille ? reprit-elle.

– Ce que je viens de m’évertuer à vous dire ! Que vous ferez mieux de me laisser là, moi que vous ne pouvez rendre plus malheureux, pour vous occuper de James More, votre père, avec qui vous allez sans nul doute avoir maille à partir.

– Oh ! quel sort de devoir courir le monde seule avec un tel homme ! s’écria-t-elle ; et elle se ressaisit d’un grand effort. Mais ne vous tourmentez plus de cela, reprit-elle. Il ignore ce que j’ai dans le cœur. Il me paiera cher ce qu’il a fait aujourd’hui ; oh oui, il me le paiera cher !

Elle s’apprêta à retourner sur ses pas, et j’allai pour l’accompagner. Sur quoi elle fit halte.

– Laissez-moi seule, me dit-elle. C’est toute seule que je dois le voir.

Un bon moment j’errai par les rues, furieux et me répétant qu’il n’y avait pas dans toute la chrétienté de garçon plus abusivement traité que moi. J’étouffais de colère, je n’arrivais pas à reprendre ma respiration ; il me semblait qu’il n’y avait pas dans tout Leyde assez d’air pour mes poumons, et que j’allais m’asphyxier comme au fond de la mer. Je m’arrêtai à un coin de rue pour rire de moi une minute entière, et je ris si fort qu’un passant me dévisagea, ce qui me rappela à moi-même.

– Allons, pensai-je, il y avait assez longtemps que j’étais dupe. Il fallait que cela finît. Voilà une bonne leçon qui doit m’apprendre à n’avoir rien à faire avec ce maudit sexe qui a causé la perte de l’homme au commencement et qui en fera autant jusqu’à la fin. Dieu sait que je n’étais pas trop malheureux avant de la connaître ; Dieu sait que je serai peut-être de nouveau heureux quand je ne la verrai plus.

Le principal pour moi, c’était de les voir partir. Je m’attachai farouchement à cette idée ; et peu à peu, avec une sorte de joie mauvaise, je me mis à réfléchir à la piètre existence qu’ils mèneraient quand David Balfour ne serait plus leur vache à lait ; et là-dessus, à ma grande surprise, mes dispositions se modifièrent du tout au tout. J’étais encore en colère ; je la détestais toujours ; et cependant je croyais me devoir à moi-même de l’empêcher de souffrir.

Cette considération me ramena tout droit à la maison. Je trouvai à la porte les malles faites et ficelées, tandis que le père et la fille portaient sur leurs traits les signes d’une récente dispute. Catriona ressemblait à une poupée de bois ; James More respirait avec force, il avait le visage plaqué de taches blanches et le nez froncé. Dès mon entrée, la jeune fille lui adressa un regard ferme, net et sombre, que je m’attendis presque à voir suivre d’un coup de poing. Ce geste était plus méprisant qu’un ordre, et je fus surpris de voir James More l’accepter. D’évidence il venait de trouver à qui parler, et je compris que la jeune fille n’était pas aussi douce que je le croyais, et que l’homme avait plus de patience que je ne lui en avais attribué.

Il parla enfin, en m’appelant monsieur Balfour, et récitant une leçon évidente ; mais il n’alla pas bien loin, car dès qu’il se mit à enfler pompeusement la voix, Catriona l’interrompit :

– Je vais vous exposer, moi, ce que James More veut dire, fit-elle. Il veut dire que nous venons à vous en mendiants, et que nous ayons mal agi avec vous, et que nous avons honte de notre ingratitude et de notre mauvaise conduite. À cette heure nous désirons partir et emporter votre pardon ; et mon père a si mal conduit sa barque que nous ne pouvons le faire sans une fois de plus vous demander l’aumône. Car voilà ce que nous sommes, pour tout dire : des mendiants et des solliciteurs.

– Avec votre permission, Miss Drummond, répliquai-je, il faut que je parle à votre père en particulier.

Sans ajouter un mot, elle passa dans sa chambre dont elle claqua la porte.

– Vous l’excuserez, monsieur Balfour, dit James More. Elle n’a aucun tact.

– Je ne suis pas ici pour discuter ce point avec vous, ripostai-je, mais bien pour en finir avec vous. Et dans ce but je dois vous parler de votre situation. Or, monsieur Drummond, je connais vos affaires de plus près que vous n’y comptiez. Je sais que vous aviez de l’argent à vous tandis que vous m’en empruntiez. Je sais que vous en avez reçu depuis que vous êtes ici, à Leyde, mais que vous l’avez caché même à votre fille.

– Je vous avertis de faire attention. Je n’en supporterai pas davantage, lança-t-il. J’en ai assez d’elle et de vous. Ah ! quel maudit métier que d’être père ! On a employé à mon égard des expressions… Et s’interrompant, il reprit en se posant la main sur la poitrine : Monsieur, ce cœur, qui est celui d’un soldat et d’un père, a été outragé sous ces deux rapports – et je vous avertis de faire attention.

– Si vous m’aviez laissé continuer, répliquai-je, vous auriez su que je parlais pour votre bien.

– Ah ! mon cher ami, exclama-t-il, je vois que je pouvais compter sur votre générosité.

– Mais laissez-moi donc parler ! repris-je. Le fait est que je n’ai pu arriver à découvrir si vous êtes riche ou pauvre. Mais j’ai dans l’idée que vos ressources, mystérieuses ou non, n’en sont pas moins au total insuffisantes ; or, je ne veux pas que votre fille manque du nécessaire. Soyez bien certain que si j’osais lui parler directement je ne songerais pas un seul instant à vous confier la chose, car je vous connais comme ma poche et toutes vos vantardises de langage ne sont pour moi que du vent. Néanmoins je pense qu’à votre façon vous aimez votre fille, et c’est là-dessus que je me fonderai pour vous faire plus ou moins confiance.

Là-dessus je convins avec lui qu’il me rendrait compte de ses faits et gestes ainsi que du bien-être de sa fille, moyennant quoi je lui servirais une modeste pension.

Il m’écouta jusqu’au bout très attentivement ; et lorsque j’eus fini, s’écria :

– Mon cher ami, mon cher fils, c’est là ce que vous avez encore fait de plus beau ! Je vous obéirai avec la loyauté d’un soldat…

– Taisez-vous donc avec cela ! fis-je. Vous m’avez amené au point que le seul mot de soldat me donne la nausée. Voici notre affaire réglée ; à présent je sors pour ne rentrer que dans une demi-heure, et j’espère trouver alors mes appartements purgés de votre présence.

Je leur donnai tout leur temps ; je craignais surtout de revoir Catriona, car les larmes et la faiblesse étaient prêtes dans mon cœur, et je me faisais de ma colère une sorte de point d’honneur. Une heure environ passa : le soleil était couché, une mince faucille de jeune lune le remplaçait dans l’Occident rouge ; des étoiles se montraient déjà dans l’Est, et lorsque je rentrai enfin dans mon appartement, la nuit bleue l’emplissait. J’allumai une chandelle et passai en revue les chambres. Dans la première il ne restait pas même de quoi rappeler le souvenir de ceux qui avaient disparu ; mais dans un coin de la seconde j’aperçus un petit tas d’objets qui me mit le cœur sur les lèvres. Elle avait en partant laissé derrière elle tout ce qu’elle avait reçu de moi. Ce fut pour moi le coup le plus amer, peut-être parce que c’était le dernier auquel je m’attendais ; je me jetai sur cette pile de vêtements et me livrai à des extravagances que je n’ose rapporter.

Tard dans la nuit, par une forte gelée, et claquant des dents, je me ressaisis un peu et me mis à réfléchir. La vue de ces pauvres robes, de ses rubans et de ses colifichets m’était insupportable : si je voulais recouvrer quelque calme d’esprit, il me fallait m’en débarrasser avant le jour. Mon premier mouvement fut de faire du feu et de les brûler ; mais j’ai toujours été d’une nature opposée au gaspillage, d’une part, et d’autre part, brûler ces objets qui l’avaient touchée de si près, me semblait de la barbarie. Avisant un buffet d’angle je me résolus à les y enfermer. L’opération me prit beaucoup de temps, car je les pliais maladroitement peut-être, mais avec beaucoup de soin ; et parfois je pleurais au point de les laisser tomber. Tout courage m’avait abandonné ; j’étais plus las qu’après une course de plusieurs milles, et brisé comme si j’avais reçu des coups. Soudain, comme je pliais un foulard qu’elle portait quelquefois autour de son cou, je vis qu’il y manquait un angle, coupé avec des ciseaux. Comme je le lui avais fait remarquer souvent, ce foulard était d’une très jolie teinte ; un jour qu’elle le portait, je lui avais même dit, par manière de badinage, qu’elle portait mes couleurs. J’eus un rayon d’espérance, et un flot de douceur m’inonda ; mais au bout d’un instant je me replongeais dans la détresse. Car je retrouvai l’angle manquant tout chiffonné et jeté à part dans un autre coin de la pièce.

Mais en raisonnant, je repris quelque espoir. C’était dans un accès d’enfantillage qu’elle avait coupé cet angle ; il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’elle l’eût ensuite rejeté ; et je me sentis enclin à attacher plus d’importance au premier geste qu’au second, et à me réjouir de ce qu’elle eût conçu l’idée de ce souvenir, plus qu’à m’attrister de ce qu’elle l’avait rejeté loin d’elle dans un instant de rancune bien naturelle.

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