Que je suis heureuse ! Heureuse ? Non, ce n’est pas le bonheur… Mais, enfin, j’ai des nouvelles de Jonathan ! Le pauvre, il a été malade. C’est pourquoi il est resté si longtemps sans écrire. Je suis rassurée, maintenant que je sais à quoi m’en tenir. Mr Hawkins m’a transmis la lettre que lui a adressée la religieuse qui soigne Jonathan, et lui-même m’a écrit un mot fort aimable, comme toujours. Dès demain, je pars pour aller le retrouver ; si cela est nécessaire, j’aiderai à le soigner, puis nous reviendrons ensemble en Angleterre. Mr Hawkins me conseille de nous marier là-bas. J’ai tant pleuré en lisant la lettre de la bonne sœur que je sens encore, dans mon corsage où je l’ai glissée, la feuille de papier toute mouillée. C’est lui qui l’a dictée, et je dois donc la garder tout près de mon cœur puisque, lui, il est dans mon cœur ! Mon voyage est arrangé et ma valise prête. Outre la robe que je mettrai demain matin, je n’en emporte qu’une seule. Lucy expédiera ma malle à Londres et la gardera chez elle jusqu’a ce que je lui demande de me l’envoyer, car, peut-être… Mais je ne dois pas en écrire davantage… Je dois d’abord parler de cela à Jonathan, mon mari. Cette lettre qu’il a vue et touchée de ses doigts sera pour moi un réconfort jusqu’à ce que je sois auprès de lui.