IV

Ah ! j'ai bien vieilli ! Autrefois, rien de tel ne me serait venu à l'esprit… Je dis : autrefois, entendez aux jours heureux où je m'embrasais comme le soleil et chantais comme le rossignol.

Allons, il faut l'avouer : tout est devenu bien terne autour de moi et la vie n'a plus de couleur. Et d'ailleurs, la lumière qui éclaire tout et lui donne force et signification, la lumière qui rayonne du cœur de l'homme, cette lumière-là s'est éteinte en moi-même… Pas encore tout à fait, à vrai dire : elle est en veilleuse, elle sommeille à peine, sans éclat, sans chaleur.

Une fois, à Moscou, je me suis approché de la fenêtre grillagée d'une petite église vétuste et me suis appuyé contre elle : Il faisait nuit sous les voûtes basses ; une veilleuse oubliée clignotait faiblement de sa petite lumière rougeâtre devant une vieille icône. À peine distinguait-on les lèvres du saint visage, des lèvres sévères, douloureuses : une morne obscurité régnait tout autour, prête à étouffer sous sa pénombre le faible rayonnement de l'inutile lumière… À présent, mon cœur est comme cette lumière, comme ces ténèbres…

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