V

J'écris cela pour toi, mon unique, mon inoubliable amie, pour toi que j'ai quittée et que j'aimerai jusqu'à la fin de mes jours… Tu sais, hélas ! ce qui nous a séparés… N'en parlons pas aujourd'hui, veux-tu ?… Je t'ai quittée, mais ici, exilé dans ce désert, si loin de tout, je suis plein de toi, toujours sous ton charme, et je sens comme autrefois la douce pesanteur de ta main qui se pose sur ma tête penchée !

Pour la dernière fois, je me soulève hors du tombeau muet où je suis étendu et jette un regard attendri sur tout mon passé, tout notre passé… Plus d'espoir, point de retour, point d'amertume non plus. Point de regrets, et le souvenir, telle une divinité morte, monte, plus radieux que l'azur du ciel, plus pur que la première neige des sommets…

Mes souvenirs ne se bousculent pas en désordre, mais passent lentement, les uns après les autres, comme les silhouettes drapées des jeunes Athéniennes que nous avons tant admirées — t'en souvient-il ? — sur les bas-reliefs du Vatican.

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