IX

Parfois aussi, je vois une vieille cathédrale, dans un pays lointain et beau. Des fidèles alignés se pressent à genoux. Les voûtes, hautes et nues, et les colonnes immenses qui montent en s'évasant soufflent un froid austère, propice à la prière, répandent une impression de pompe et de tristesse. Tu es là, à côté de moi, silencieuse, passive, comme si tu m'étais étrangère ; chaque pli de ta tunique reste immobile, sculpté ; les reflets bigarrés des vitraux multicolores reposent immobiles devant tes pieds sur les dalles usées. Et voilà que, secouant avec force l'air obscurci par l'encens, et nous secouant nous-mêmes, telle une lourde vague, roule le chant de l'orgue. Tu pâlis, tu te redresses ; ton regard m'effleure, glisse sur moi pour s'élever plus haut, vers le ciel, et seule, me semble-t-il, l'âme immortelle peut regarder ainsi et avec de tels yeux…

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