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Parfois encore, je vois un autre tableau. Ce n'est plus un temple ancien qui nous écrase de son austère magnificence, ce sont les murs bas d'une petite chambre confortable où nous sommes isolés du monde entier. Que dis-je ! nous sommes seuls, seuls dans l'univers : plus rien de vivant hors nous deux ; derrière ces murs bienveillants, ce sont les ténèbres de la mort, le néant. Ce n'est pas le vent qui hurle, ni les torrents de pluie qui frappent à la fenêtre : c'est le Chaos qui se plaint et gémit ; ce sont ses yeux aveugles qui versent des larmes. Mais chez nous tout est calme, lumineux, chaud, accueillant : quelque chose d'amusant, de naïf comme un enfant, voltige autour de nous, tel un papillon, n'est-ce pas là ton impression ? Nous sommes l'un contre l'autre, nos têtes se touchent, nous lisons tous deux un bon livre : je sens une petite veine battre sur tes tempes, je t'entends vivre, tu m'entends vivre, ton sourire naît sur ma bouche avant de naître sur la tienne, tu réponds sans paroles à ma question silencieuse, tes pensées sont les miennes comme les deux ailes d'un même oiseau noyé dans l'azur du ciel… Les dernières cloisons sont abolies et notre amour est si calme, si profond, que rien ne nous sépare, que nous n'éprouvons même pas le besoin d'échanger une parole, un regard… Nous ne désirons que respirer ensemble, vivre ensemble, être ensemble…, sans même nous rendre compte que nous sommes ensemble…

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