Nostradamus demeura quelque temps encore à Paris, où il fut médecin ordinaire de François II, puis de Charles IX. Il se retira ensuite à Salon, où se trouve son tombeau, en l’église Saint-Laurent, Nostradamus et Marie y connurent le bonheur, si chèrement acheté.
Un an après les événements qui ont fait le sujet de ce drame, le jour anniversaire de cette matinée où ils auraient dû mourir, en cette église de Saint-Germain-l’Auxerrois où ils s’étaient fiancés. Le Royal de Beaurevers et Florise s’épousèrent – et la félicité de ces deux enfants contribua puissamment à embellir la vie de Nostradamus et de Marie.
Quant à Myrta, elle finit sans doute par se consoler, car en 1564, nous la retrouvons épousant un certain chevalier de Gonesse. Elle apportait en dot à son époux une somme de cent mille écus, mise dans sa jolie main par Nostradamus lui-même.
Longtemps, nous avons cherché qui pouvait être ce chevalier de Gonesse ; nous avons eu le mot de l’énigme par d’antiques paperasses, où nous avons pu déchiffrer qu’en l’an 1563 la terre de Gonesse, érigée en chevalerie, fut achetée par Nostradamus pour le compte d’un certain Bouracan.
Parvenu au faîte des grandeurs, Bouracan demeura l’homme modeste qu’il avait toujours été. Il ne voulut d’ailleurs jamais se séparer de Beaurevers, approuvé en cela par Myrta, qui n’eût pas voulu quitter Marie et Florise. Quant à MM. de Trinquemaille, de Strapafar, et de Corpodibale, ils demeurèrent garçons. Ils refusèrent également de quitter Le Royal de Beaurevers.
La renommée de Nostradamus devint prodigieuse ; dans sa paisible retraite, il ne poursuivit pas seulement la guérison des maladies, mais il s’attacha plus que jamais à trouver la vérité sur les principes et les fins de l’âme humaine.
– Il est un maître qui ne veut pas être violenté, avait-il coutume de dire. Ce mage suprême est au travail. Laissez-le faire : il poussera l’humanité à la science intégrale où l’esprit embrassera dans son ensemble l’éblouissante Vérité.
Et si on lui demandait :
– Quel est ce maître ?
– C’est le Temps ! répondit Nostradamus.
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Lecteur, si le caprice d’une promenade ou les hasards d’un voyage vous conduisent à Salon, cueillez une fleur sur votre chemin et déposez-la sur le tombeau de Nostradamus.