Un jour, en effet, comme elle fouillait son cœur, elle le trouva vide. Elle eut un frisson de terreur : il lui restait à peine quelques sous de tendresse. Et l’épidémie sévissait toujours.
L’enfant se révolta, ne songeant plus à l’immense fortune qu’elle avait dissipée follement, éprouvant des besoins de charité cuisants qui lui rendaient sa misère plus affreuse. Il était si doux, par les beaux soleils, d’aller en quête des mendiants, si doux d’aimer et d’être aimée ! Et, maintenant, il lui fallait vivre à l’ombre, en attendant à son tour des aumônes qui ne viendraient peut-être jamais.
Un instant, elle eut la sage pensée de garder précieusement les quelques sous qui lui restaient et de les dépenser en toute prudence. Mais il lui prit un tel froid, dans son isolement, qu’elle finit par sortir, cherchant les rayons de mai.
Sur son chemin, à la première borne, elle rencontra un jeune homme dont le cœur se mourait évidemment d’inanition. À cette vue, sa charité ardente s’éveilla. Elle ne pouvait mentir à sa mission. Et, rayonnante de bonté, plus grande d’abnégation, elle mit tout le reste de son cœur sur ses lèvres, se courba doucement, donna un baiser au jeune homme, en lui disant :
– Tiens, voilà mon dernier louis. Rends-moi la monnaie.