II

Dans les rues, ils marchèrent modestement le long des maisons. Comme ils arrivaient à un carrefour, ils furent entraînés par une foule énorme. Ils obéirent à cette poussée qui leur promettait un spectacle intéressant.

Ils se trouvèrent bientôt sur une vaste place où s’écrasait tout un peuple. Au milieu, il y avait une sorte de charpente en bois rouge, et tous les yeux étaient fixés sur cette charpente d’un air d’avidité et de jouissance.

– Voyez-vous, dit à voix basse le Lion à la Hyène, cette charpente est sans doute une table sur laquelle on va servir un bon repas à tous ces gens qui se passent déjà la langue sur les lèvres. Seulement la table me paraît bien petite.

Comme il disait ces mots, la foule poussa un grognement de satisfaction et le Lion déclara que ce devait être les vivres qui arrivaient, d’autant plus qu’une voiture passa au grand galop devant lui. On tira un homme de la voiture, on le monta sur la charpente et on lui coupa la tête avec dextérité ; puis, l’on mit le cadavre dans une autre voiture, et l’on se hâta de l’enlever à l’appétit féroce de la foule, qui hurlait, sans doute de faim.

– Tiens, on ne le mange pas ! s’écria le Lion désappointé.

La Hyène sentit un petit frisson agiter ses poils.

– Au milieu de quelles bêtes fauves m’avez-vous conduite ? dit-elle. Elles tuent sans faim... Pour l’amour de Dieu, tâchons de sortir vite de cette foule.

Share on Twitter Share on Facebook