Quand ils eurent quitté la place, ils prirent les boulevards extérieurs et marchèrent ensuite tout doucement le long des quais.
En arrivant à la Cité, ils aperçurent, derrière Notre-Dame, une maison basse et longue, dans laquelle les passants entraient comme on entre dans une baraque de la foire, pour y voir quelque phénomène et en sortir émerveillé. On ne payait d’ailleurs ni en entrant ni en sortant. Le Lion et la Hyène suivirent la foule, et ils virent sur de larges dalles des cadavres étendus, la chair trouée de blessures. Les spectateurs, muets et curieux, regardaient tranquillement les cadavres.
– Eh ! que disais-je ! murmura la Hyène, ils ne tuent pas pour manger. Voyez comme ils laissent se gâter les vivres.
Lorsqu’ils se trouvèrent de nouveau dans la rue, ils passèrent devant un étal de boucher. La viande pendue aux crocs d’acier était toute rouge ; il y avait contre les murs des entassements de chair, et le sang, par minces ruisseaux, coulait sur les plaques de marbre. La boutique entière flambait sinistrement.
– Regardez donc, dit le Lion, vous dites qu’ils ne mangent pas. Voilà de quoi nourrir notre colonie du Jardin des Plantes pendant huit jours... Est-ce que c’est de la viande d’homme, cela ?
La Hyène, je l’ai dit, avait copieusement déjeuné.
– Pouah ! fit-elle en détournant la tête, c’est dégoûtant. La vue de toute cette viande me fait mal au cœur.