XX Peau de tigre et cœur de lion

Armand-Louis avait fait le compte de ses pièces d’or. Il n’en avait peut-être pas assez pour lever une armée, mais il pouvait encore s’équiper et prendre par le plus court pour chercher le roi Gustave-Adolphe. Son premier soin fut donc de se munir d’un bon cheval, qu’il choisit robuste et léger, d’une épée avec laquelle il coupa force clous pour en essayer la trempe, d’une cotte de peau de buffle à la fois solide et souple, d’un manteau de bon drap vert, et d’une paire de pistolets qu’il mit à sa ceinture, en compagnie d’un poignard à lame d’acier, courte, effilée et tranchante.

« Voici pour le présent, pensa-t-il ; pour l’avenir, j’ai la bague du comte de Wasaborg. »

Le lendemain, à la première pointe du jour, il embrassa la servante et quitta le cabaret. Jamais plus douce aurore n’éclaira la campagne. Un coq, debout sur une porte, battit de l’aile et chanta.

« Allons ! c’est de bon augure ! pensa M. de la Guerche. »

Il n’avait pas fait un mille encore lorsqu’il entendit le galop d’un cheval derrière lui, et presque aussitôt la grande figure de Magnus sortit d’un nuage de poussière.

– Monsieur le comte, dit Magnus en se découvrant, quand on assomme les gens on ne les oublie pas ; j’avais fait serment, étant tout petit, d’appartenir à qui me mettrait le poignard sur la gorge. Vous m’avez vaincu, tant pis pour vous ; moi, Baliverne et mon cheval, nous vous suivrons jusqu’au bout du monde. Ne dites pas non : je vous préviens que je suis têtu.

Magnus n’était plus l’homme querelleur qu’on avait vu la veille. Il avait la mine résolue, ouverte, avec quelque chose d’âpre, de hardi et de sauvage dans la physionomie, qui donnait de lui la pensée que ce n’était pas un cavalier coulé dans le moule vulgaire des soldats de fortune ; la bizarrerie de son allure plut, en outre, à M. de la Guerche.

– Mon brave Magnus, franchise pour franchise, dit-il ; tout gentilhomme que je suis, je ne suis pas un grand seigneur ; je passerai peut-être par de mauvais chemins, et peut-être à mon service y a-t-il plus de coups à gagner que de ducats : donc, réfléchissez.

– Je ne réfléchis jamais ; d’ailleurs, je ne sais pas de ronces et de cailloux sur lesquels je n’aie marché, pas d’estocades que je ne puisse rendre.

– De plus, je ne sais pas trop où je vais.

– Bon ! je connais ce voyage-là ; j’en sors, j’y retourne.

– Ainsi, vous persistez ?

– Éternellement.

– Alors tope là ; j’ai idée que Baliverne aura l’occasion de prendre l’air.

Magnus, qui jusqu’alors avait parlé le chapeau à la main, se couvrit.

– Monsieur le comte, reprit-il d’une voix tranquille et en poussant son cheval à côté de celui d’Armand-Louis, Baliverne est une personne qu’il ne faut pas juger sur les apparences ; elle n’était pas en train hier, elle avait les nerfs agacés, en outre elle travaillait pour une besogne où le droit n’était pas de son côté : plus tard, et pour une meilleure cause, vous la verrez à l’œuvre, et vous lui rendrez votre estime. Magnus l’a promenée un peu partout, et Baliverne a laissé partout de bons souvenirs ; de plus, son maître a vu tant de choses qu’il en est peu qui puissent l’étonner. À l’occasion, il s’est tiré de mauvais pas où d’autres, qu’on croyait habiles, s’empêtraient ; et, chose curieuse, ce même Magnus a remarqué que les personnes qui le contrariaient se faisaient mal venir de la Providence : généralement elles mouraient de la fièvre ou d’un coup d’épée.

– Vous n’êtes pas modeste, ce me semble ?

– Non, monsieur le comte, et je m’en vante. La modestie, c’est la vertu des hypocrites. À sa manière, Magnus est un philosophe armé en guerre ; il a mis de côté toutes les qualités gênantes, la modestie, par exemple, et l’abstinence, ainsi que cette laide vertu des avares qu’on nomme économie. Baliverne a remplacé tout cela ; et Magnus doit confesser que jamais elle ne l’a laissé manquer de rien.

Cette habitude que sa recrue avait de parler d’elle-même à la troisième personne fit sourire Armand-Louis.

– M’est avis, mon philosophe, que Magnus a du moins un grand respect pour son individu ? reprit-il : c’est déjà quelque chose.

– C’est que Magnus s’estime à sa valeur ; et puis, monsieur le comte, c’est affaire d’habitude. Quand on court le monde presque toujours seul, on s’accoutume à se prendre soi-même pour ami et confident : j’ai appris à savoir ainsi qui j’étais, et je m’aime beaucoup.

– Vous êtes un homme de goût, maître Magnus.

– C’est mon opinion, monsieur le comte.

Causant ainsi, M. de la Guerche ne tarda pas à savoir que son compagnon avait fait la guerre dans tous les pays de la vieille Europe : en Transylvanie avec Bethlem Gabor ; en Pologne avec le roi Sigismond ; en Italie avec Torquato Conti ; dans les Pays-Bas avec le prince d’Orange ; dans le Palatinat avec ce comte de Mansfeld qui, sans États, sans armée, sans crédit, tenait campagne contre des princes souverains ; dans le Brandebourg et la Poméranie avec le roi Christian ; dans la Westphalie et la Souabe avec ce duc de Brunswick qui, amoureux de la princesse palatine, portait un de ses gants à son chapeau, et inscrivait sur ses étendards cette fière devise : Tout pour Dieu et pour elle ; dans la Bavière et dans la Silésie sous le comte de Tilly ; en Bohême sous le prince d’Anhalt. Reître ou lansquenet, il n’était pas un bourg, un château, une ville de l’empire qu’il n’eût traversés, pas un capitaine sous lequel il n’eût joué du sabre ou du mousquet. Dix fois laissé pour mort sur les champs de bataille, le corps tout percé par le fer et le plomb, Magnus avait de la vie cette opinion que c’est une loterie où l’on peut gagner en ne mettant rien, où l’on peut tout perdre en mettant tout.

– J’ai vu force margraves et force électeurs sans sou ni maille et sans couronne, dit-il encore ; c’est pourquoi Magnus a toujours la bourse plate et la poche vide ; il ne veut pas que la mauvaise fortune y trouve rien à gagner.

Sa confession terminée, Magnus interrogea Armand-Louis.

– J’imagine, dit-il, que vous êtes de ceux qui ont la tête plus remplie de rêves que la ceinture de ducats ; ajoutez à ce mince capital un brin d’amour dans le cœur, et Votre Seigneurie est telle que je la suppose.

– Es-tu sorcier, Magnus ?

– Point : je calcule. Vous avez quelque chose comme vingt-cinq ou vingt-six ans ; pourquoi courrait-on le monde à cet âge, si l’on n’était pas pauvre et amoureux ?

Armand-Louis soupira.

– Quand je vous le disais ! s’écria Magnus. En attendant, ce n’est pas chez votre belle que vous allez. Vous avez bien l’espoir de la revoir, car vous êtes gai ; mais d’autres soins vous occupent, car vous avez le regard pensif et ménagez votre cheval.

– Je vais chez le roi de Suède, répondit M. de la Guerche étonné de la sagacité de son compagnon.

– Chez Gustave-Adolphe ? Que ne le disiez-vous plus tôt ! Ce n’est point à Stockholm qu’il faut aller, dans ce cas, c’est à Gothembourg, où il passe une inspection et où moi-même je comptais le rejoindre pour m’enrôler dans ses bandes. Suivez-moi et laissons la grand-route aux paresseux.

Magnus semblait connaître tous les chemins de la Suède comme il connaissait toutes les villes de l’Allemagne. Au plus épais des bois il ne se trompait jamais et savait toujours à propos trouver le gué d’une rivière. En mainte occasion, M. de la Guerche put voir que l’outrecuidance de son compagnon ne l’empêchait pas d’agir sagement et résolument. Au moment où Magnus, levant le doigt, lui fit voir au-dessus de l’horizon clair les clochers de Gothembourg, leurs relations avaient pris ce caractère d’intimité que n’engendrent pas toujours les plus longs voyages ; elles étaient marquées, du côté d’Armand-Louis, par la plus absolue confiance, et du côté de Magnus par le plus profond respect.

Mais les principes de Magnus ne lui permettant pas de maintenir un équilibre consciencieux entre la recette et la dépense, il se trouva qu’en sortant de l’auberge du « Saumon couronné », où M. de la Guerche avait voulu prendre leur repas, sa bourse était plate comme une feuille et vide comme un tambour.

– Que cela ne vous mette point en souci, dit Magnus ; c’est dans ces circonstances difficiles que la Providence fait éclater sa toute-puissance.

– Si les miracles sont encore de ce monde, attendons, répondit Armand-Louis.

– Oh ! monsieur le comte, Magnus sait par expérience qu’ils ne sont pas morts ! Tel que vous le voyez, il a été quatre fois condamné à perdre la vie et deux fois pendu ; or vous avez pu voir que j’ai mes trente-deux dents.

M. de la Guerche jeta un long regard sur le rideau d’arbres verts derrière lequel se cachait la petite maison blanche où, pendant quelques heures, il avait vu Marguerite Cabeliau, et poussa son cheval du côté de Gothembourg.

Magnus paraissait plongé dans une grave méditation et trottait à côté de lui.

– Je connais bien à Gothembourg un honnête marchand drapier, mais il me souvient que Magnus a eu si souvent recours au crédit de son hôte, que peut-être le coffre du brave homme lui sera-t-il fermé comme l’est une citadelle à l’ennemi. Vous, monsieur le comte, ne connaissez-vous personne à Gothembourg ?

– Je connais Abraham Cabeliau.

– Eh ! bonté du Ciel ! c’est comme si vous connaissiez un galion ! Voici que le miracle commence ! Abraham Cabeliau ! c’est un homme tout en or, monsieur !

Magnus prit une ruelle à l’extrémité d’un faubourg, traversa une place et s’engagea dans une avenue large et de belle apparence au bout de laquelle il s’arrêta de l’air d’un voyageur pour qui les rues de Gothembourg n’ont pas plus de secrets que les chemins du pays natal.

– Frappez et entrez, vous êtes ici chez Abraham ; moi, je vais attendre, reprit-il.

On introduisit Armand-Louis dans une salle basse admirablement propre, mais sans ornement d’aucune espèce. Une porte s’ouvrit, et Abraham Cabeliau parut devant lui, le front pâle et couvert de vêtements noirs.

– Frère, dit-il en prenant la main de M. de la Guerche, vous arrivez dans un jour d’affliction. Le Seigneur a détourné Son visage de ma fille, et l’opprobre est entrée dans cette maison.

Armand-Louis, qui n’avait pas oublié le comte de Wasaborg, tressaillit.

« Ah pauvre Marguerite ! pensa-t-il. »

Abraham tira une lettre de son sein.

– Une main inconnue m’a révélé cette honte, reprit-il ; le père saura si on ne l’a pas trompé, et alors, comme autrefois dans Lévi et dans Judas, le père sera le juge… Mais le deuil qui oppresse mon âme ne peut pas me faire oublier que vous êtes chez moi, vous que j’ai tiré des mains des méchants… Parlez sans crainte, je suis à vous.

M. de la Guerche lui raconta en peu de mots ce qu’il avait fait depuis le jour où le Bon Samaritain l’avait déposé sain et sauf sur une terre amie, et ce qu’il lui restait à faire.

– Or je suis sans ressources, ajouta-t-il.

– Vous avez combattu avec ceux de La Rochelle pour la défense de la vraie foi !… Merci de vous être souvenu d’Abraham Cabeliau… Que vous faut-il ?

– Cent écus d’or vous semblent-ils une trop forte somme pour un gentilhomme qui n’a plus que son épée ?

– Les voici, répondit le calviniste en ouvrant un coffret d’ébène et de fer d’où il tira les cent pièces d’or.

– Vous savez, reprit Armand-Louis, que je suis soldat : un boulet de canon peut m’emporter la tête avant d’avoir acquitté ma dette ?

– Je pleurerai le soldat… Si vous vivez, vous rendrez cette somme à d’autres plus pauvres que vous… Prenez.

Lorsque Armand-Louis sortit, il trouva Magnus, toujours à cheval, immobile dans la rue. En une seconde il fut en selle.

– Nous allons sans plus tarder retourner à l’auberge du « Saumon couronné », dit-il.

– Retournons ! répondit Magnus, qui jeta les yeux autour de lui d’un air préoccupé.

– J’ai ma ceinture pleine… cent écus d’or ! Si j’en avais demandé mille je les aurais eus.

– Je le sais.

– Et cela ne t’étonne pas ?

– Non.

– Cependant j’aurais pu revenir les mains vides.

– C’est impossible !

– Voilà qui est singulier !… Abraham n’est point mon intendant.

– La Providence nous devait un miracle : elle l’a fait.

Les deux cavaliers sortaient en ce moment de la ville et s’enfonçaient rapidement dans la campagne.

– Vous connaissez-vous quelque ennemi en Suède ? reprit tout à coup le laconique Magnus.

– Un ennemi ? ma foi, non.

– Cherchez bien.

– Je n’en vois qu’un… mais y est-il encore ?… c’est douteux.

– Vous l’appelez ?

– Jean de Werth.

– Jean de Werth ! et vous n’en parliez pas !

– À quoi bon ?

– Quand on a affaire à un homme tel que le baron Jean de Werth, on en parle toujours.

– C’est bien assez d’y penser ! Il devait quitter la Suède peu de temps après mon départ.

Magnus secoua la tête.

– Il y est encore, monsieur le comte ; gardez-vous d’en douter. À présent, je comprends tout !

– Quoi, tout ?

– Vous n’avez donc rien vu ?

– Rien.

– Figurez-vous alors qu’au moment où nous entrions en ville, un drôle à visage sinistre s’est mis à nous regarder attentivement ; bientôt après, j’ai remarqué qu’il nous suivait. On ne doit jamais mal juger de son prochain, bien que Magnus ait cette conviction que beaucoup d’hommes sont nos prochains comme les vautours sont les cousins des ramiers. J’ai donc attendu. Mais il est sans exemple que Magnus se soit trompé. J’ai revu mon coquin à la porte du digne chrétien qui s’appelle Abraham Cabeliau. Il a guetté votre sortie, et peut-être allais-je lui couper les oreilles pour savoir s’il a du sang dans les veines, lorsque notre curieux s’est dérobé comme un spectre dans une ruelle obscure. Maintenant, monsieur le comte, ce baron, dont le diable ait l’âme, a-t-il quelque intérêt à être informé de votre présence en Suède ?

– Oh ! pour cela oui !

– Alors, n’en doutons plus, c’est lui qui a dépêché cet estafier de mauvais augure à vos trousses… c’est pourquoi je vais renouveler la mèche de mes pistolets.

Armand-Louis, qui ne s’émouvait pas aisément, laissa Magnus à l’enseigne du « Saumon couronné », et se rendit sans perdre une minute à la petite maison blanche, dont il n’eut point de peine à franchir la haie. La négresse qu’il avait vue autrefois le reçut et l’introduisit auprès de Marguerite.

À son aspect, la jeune femme se leva, et, lui tendant la main :

– À quelle heureuse fortune dois-je de vous revoir ? dit-elle. Serait-elle encore plus propice que je ne le suppose ? auriez-vous besoin de moi ?

– Que Dieu me juge si je fais mal, répondit Armand-Louis ; une première fois je vous ai sauvée… service oblige… j’ai vu Abraham Cabeliau.

– Mon père !

– Il avait une lettre entre les mains… hélas ! la lettre d’un ennemi !… il sait tout. Si vous avez quelque chose à redouter de sa colère, prenez garde, je ne le devance pas d’une heure peut-être.

Marguerite était devenue pâle comme une morte.

– Mon père ici ! dit-elle ; ah ! je suis perdue !

– Puis-je quelque chose pour vous ?… je dois tout à Abraham, mais vous êtes sa fille… ordonnez !

Marguerite leva sur M. de la Guerche ses yeux trempés de larmes :

– Non, reprit-elle ; aujourd’hui ou demain, il fallait qu’un jour ce secret m’échappât !… J’attendrai mon père… S’il me tue, adieu !… S’il me pardonne, ah ! je vous devrai plus que la vie !

– Que Dieu vous sauve ! s’écria M. de la Guerche ému.

Au moment où il venait de quitter le jardin, le galop d’un cheval lancé à toute bride lui fit lever les yeux. Du premier regard il reconnut le comte de Wasaborg. Armand-Louis s’élança, appela, cria. Mais il était à pied ; le cheval du comte fuyait comme un vent d’orage… Le son de sa voix se perdit dans le retentissement furieux de ce galop, et bientôt Armand-Louis vit disparaître le cheval et le cavalier dans les massifs d’arbres qui répandaient leur ombre autour de la ville.

– Ah ! c’est une fatalité ! murmura-t-il.

Il allait dépasser la lisière du petit bois où naguère il avait rencontré le capitaine Jacobus, lorsqu’on coup de feu retentit, et une balle qui déchira son pourpoint s’enfonça dans le tronc d’un bouleau.

Presque au même instant, et avant même qu’il eût sondé la profondeur du bois, une détonation nouvelle se fit entendre, un cri sourd répondit à cette détonation, et, sautant sur la route, Armand-Louis aperçut Magnus et un homme qui fuyait de toute la vitesse de son cheval.

Magnus tenait encore un pistolet à la main.

– Qu’est-ce ? demanda M. de la Guerche.

– Un coquin qui vous a manqué et que j’ai manqué !… Ah ! Magnus, voilà une chose qui m’étonne de ta part ! vieillirais-tu, mon garçon ? Une charge toute neuve ! Ma balle a troué son feutre à un demi-pouce du crâne, qu’elle a peut-être égratigné en passant !… Si j’avais visé en plein corps le scélérat qui rampait dans ce taillis de chênes, je l’aurais certainement atteint ; mais voilà, je voulais le tuer roide pour avoir son cheval… et une pièce à conviction, monsieur le comte.

Il chargea de nouveau son pistolet d’un air tranquille.

– Quand je vous disais qu’il fallait vous tenir sur vos gardes ! reprit-il. Jean de Werth est un homme expéditif. Rentrons en ville à présent, s’il vous plaît, et cherchons le roi : quand on a un homme tel que le baron sur les bras, il ne fait pas bon s’occuper trop longtemps des affaires d’autrui.

Mais tandis qu’ils regagnaient en toute hâte le cabaret où ils avaient laissé leurs chevaux, Armand-Louis demanda à Magnus par quelle aventure il le rencontrait dans le voisinage de la maison blanche lorsqu’il l’avait quitté sur le seuil du « Saumon couronné ».

– Vous ne connaissez guère Magnus, si vous croyez qu’il vous permettra de courir les bois à la brune, répondit le vieux soldat, sans que lui-même fasse le guet aux environs ! Vous n’étiez pas au bout du sentier que j’étais sur vos pas ! Et bien m’en a pris !… Je sais pertinemment à présent que le baron est en campagne.

– Comment ! tu crois ?

– Je ne crois pas, j’affirme.

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