2 septembre
Sous ce tiède restant
de soleil,
par ce beau temps
doux de septembre
parfumé, clair et doré comme une abeille.
je songe à celle
qu’était, dans le verger, à petits pas pressés.
dix ans passés,
la petite vieille.
Et je voudrais, comme l’autre année,
entrer là-bas secouer les poires,
dans son verger abandonné.
et la croire.
son mouchoir noué autour des tempes,
son visage,
ridé, tendu, tout à sa tâche de Septembre,
là sous les poiriers,
à emplir son tablier,
ou à étendre
de toute sa vieille petite âme villageoise,
des linges frais lavés sur les haies de framboises.
Je sais qu’elle est, par ces derniers beaux temps,
une âme, là-bas, dans les jardins,
à mi-chemin
de la côte et qu’elle m’attend.
Puisqu’il y a toujours des histoires à dire
sur des bancs
des histoires anciennes de son jeune temps,
sous le vieux ciel doux de Septembre,
et des poires à cueillir
dans les jardins de ses enfants
des poires qui sentent comme son armoire, il y a dix ans,
le miel et l’ambre.
Peut-être que là bas,
personne ne sent
que tout cela c’est son âme qui bat
doucement.
Il n’y a que moi.
Personne ne saurait
ouvrir la barrière,
entrer,
sans troubler la prière
de l’enclos silencieux et du verger désert
où son âme se plaît.
Personne au village
ne sait, personne.
Et c’est moi, tous les ans, qui fais ce pèlerinage
avant que le grand vent fou d’automne
de ses grandes mains brutales et folles
secoue, en hurlant, les vergers,
casse les branches et fasse sauter
les poires oubliées
et souffle – comme un soir, il a dix années,
et comme chaque année,
après mon départ,
souffle, en hurlant, la chandelle
et l’âme de la petite vieille,
un soir,
par les vallons et par le ciel.