Quand le nid est fait, la femelle y met bas ses œufs dont le nombre varie suivant les espéces. Il y en a qui ne donnent que deux œufs à la fois, d’autres en donnent quatre ou cinq, & quelques-uns jusqu’à dix-sept ou dix-huit. Les œufs venus la femelle & le mâle les couvent tour à tour. Plus ordinairement c’est la femelle qui prend ce soin. C’est ici qu’on ne peut s’empêcher d’admirer l’impression puissante d’une raison supérieure sur ces petites créatures. Elles ne savent assurément, ni ce que contiennent leurs œufs, ni la nécessité qu’il y a de les couver pour les faire éclore. Cependant cet Animal si inquiet, si volage, oublie en ce moment son naturel pour se fixer sur ses œufs, pendant le tems nécessaire. La mere se gêne, renonce à toutes ses courses, & demeure près de vingt jours de suite collée sur sa couvée avec une affection si grande qu’elle oublie de manger. Le pere de son côté partage & adoucit le travail. Il apporte à manger à sa fidelle compagne. Il lui met dans le bec la mangeaille toute preparée. S’il interrompt ses soins auprès d’elle, c’est pour la rejouir par son chant. Ce ne sont qu’allées & venues qu’il fait pour son service ; & l’on ne sait ce qu’on doit admirer le plus ou de l’assiduité pénible de cette petite mere ou de l’inquiétude officieuse du mari.