Chapitre IV. Des Singes blancs.

Au Royaume de Galam dans le Pays de Bambouc, on voit des Singes blancs, & d’un aussi beau blanc que les Lapins les plus blancs que l’on voye en France ; ils ont les yeux rouges, & sans leur queue & leurs oreilles il seroit difficile de ne pas s’y tromper. Ils sont comme les autres Singes fort doux & fort dociles dans leur jeunesse, l’âge développe leur naturel malin, & en ce point ils ne le cedent à pas une des autres especes, de quelque couleur qu’elle puisse être. Soit par amour pour leur patrie, soit pour quelque autre raison qu’on n’a pas encore pénétré, on n’a pu jusqu’à présent en apporter en vie, seulement jusqu’au Fort Saint Louis. Ils sont si délicats ou si attachés à leur Pays, qu’ils ne veulent plus manger, & se laissent mourir dès qu’ils en sont dehors. On ne peut pas dire que ce soit la perte de leur liberté qui leur cause la mort ; car ils s’embarrassent peu d’être enchaînés dans leur Pays : ils y vivent & mangent à merveille ; mais ils n’en veulent pas sortir. C’est là sans doute la cause de leur mort ; & c’est bien dommage, car ce sont les plus jolis Animaux du monde, & à leur malice près, rien n’est plus agréable, ni plus divertissant.

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