Dans le même Royaume, il y a une espece de Singes d’un roux si ardent qu’il approche du vrai rouge, de sorte qu’il semble qu’ils soient peints de cette couleur. Ils sont gros & un peu lourds. Les Négres les appellent Patas. Je ne crois pas, dit le P. Labat, qu’il y en ait au monde de plus réjouissans. Ils descendoient les uns après les autres du sommet des arbres où ils étoient, & venoient file à file jusqu’au bout des branches les plus voisines des bâtimens, & quand ils avoient considéré les hommes qui y étoient, ils se mettoient tous à crier, & à faire des sauts, des gambades, & des postures les plus plaisantes. Ils s’en retournoient après cet exercice, pour faire place à d’autres qui venoient à leur tour considérer les barques & ce qui étoit dedans. À la fin, il y en eut quelques-uns assez familiers pour jetter dans les bâtimens de petits morceaux de bois sec ; on répondit à leur jeu par quelque coups de fusils, qui en tuerent & en blesserent plusieurs, & aussi-tôt la guerre fut déclarée. Ils se mirent tous à crier d’une maniere extraordinaire, & à jetter dans les barques des branches seches, & même des pierres qu’ils prenoient la peine de venir ramasser à terre. D’autres se contentoient de faire des grimaces, & d’autres faisoient leurs ordures dans leurs pattes, & les jettoient sur les gens qui étoient dans les bâtimens. À la fin pourtant ils se retirerent, parce que les coups de fusil en abbatirent tant, qu’ils virent bien que la partie n’étoit pas égale.