XLIX De la Baronne Vizen

(Reçue le 12 février.)

Chère Comtesse,

Il n’est qu’une heure, et vous êtes déjà sortie ! J’étais venue pour vous raconter une nouvelle très intéressante ; l’aîné des Névieroff épouse Nadenka Krivobokaia. Ce fut décidé hier à la folle journée. Il fallait absolument qu’il se mariât cette année : sinon, sa mère ne consentait pas à lui donner le domaine de Koursk. Il paraît que ce vieux renard de Nicodime a trempé dans cette affaire. Ce n’est pas pour rien que la princesse Krivobokaia allait chez lui tous les dimanches. Excusez mon griffonnage : j’écris chez vous, dans la loge du concierge, sur un petit bout de papier et je me hâte, ayant encore une masse de courses à faire. Bien à vous.

CATHERINE VIZEN.

P.-S. – Après son hiver triomphal, Nina Karskaïa part demain pour l’étranger, mais elle cache cette nouvelle à tout le monde pour éviter les questions : Où ? Pourquoi ? etc. Il est encore arrivé une chose bien curieuse à Anna Mikhailovna : ces jours derniers, elle a écrit au prince Boris Ivanovitch pour lui demander de présenter son gendre Varaxine au camer-junker, et au lieu de « camer-junker », elle a écrit « camer-page ». Le prince, qu’elle ennuie mortellement, lui a répondu qu’elle devait adresser cette demande au corps des Gardes. Vous voyez d’ici sa fureur !

Share on Twitter Share on Facebook