Ceci est presque une extension du paragraphe précédent.
Jeune homme, qui faites vos premiers pas dans le monde, lorsqu’il s’agit de jeu, retenez bien le principe que nous allons essayer de graver dans votre mémoire.
Quand vous arrivez dans un salon où votre vieille tante, votre respectable grand-père ou votre oncle… (vous connaissez ce vieil oncle en perruque qui ne parle que du parlement Maupeou et de l’exil que lui, conseiller au parlement, a subi à Pontoise ?) lorsque, dis-je, quelqu’un parmi vos grands-parents vous introduira dans un salon, afin de vous lancer dans le monde, vous apercevrez peut-être une rangée de douairières et de vieillards.
Ne riez pas, vous seriez perdu ; faites-leur mille politesses, aux vieilles surtout ; dites comme elles, soyez galant et vantez l’an 1750, car il faut songer qu’elles ont des filles de quarante ans et des petites filles de dix-huit. Alors, un beau jour, vous serez tout étonné d’entendre dire partout que vous êtes un fort aimable jeune homme.
Si l’on veut vous faire jouer, gardez-vous d’y consentir, et répondez que vous ne connaissez aucun jeu : dites même cela en souriant.
Souvenez-vous :
1° Que toutes ces vieilles têtes-là sont de l’ancien régime, sous lequel on ne se faisait aucun scrupule de tricher au jeu ;
2° Qu’elles savent le boston, le wisth, le reversi, comme nous l’écarté, qu’alors vous perdriez toujours ;
3° Que vous leur feriez ainsi une rente de cinq ou dix francs par semaine, et que le jour où vous sauriez jouer, vous ne seriez plus un aimable jeune homme.
Ceci est très important : les vieilles femmes ne savent que causer, et ce sont elles qui font notre réputation.