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Si vous êtes connu pour riche, vous aurez toujours de la peine à éviter une de vos parentes, dont voici le signalement :

Elle est d’un âge incertain, et, sans avoir une grande fortune, ne rêve que la bienfaisance. À défaut d’un manteau, elle aurait donné je ne sais quoi aux pauvres.

Elle a toujours rencontré un pauvre homme ou une pauvre femme.

Si c’est une pauvre femme : elle a des enfants à nourrir, et ne possède rien ; elle vient d’accoucher sur la paille ; ou bien elle est malade, et n’a pas de quoi se procurer un bouillon, etc.

Si c’est un homme : il a vu sa ferme incendiée ; il est tombé du haut d’un échafaudage ; il est père de deux, trois, quatre, cinq et quelquefois six enfants, et il n’a pas un sou.

Quand l’histoire est racontée, elle ajoute : « J’ai déjà trouvé deux cents francs pour eux dans la famille, et parmi mes connaissances, etc. »

Elle ne vous dira jamais ce qu’elle a donné ; mais elle vous suppliera de grossir le trésor de ses indigents.

Songez que la véritable charité est silencieuse et voilée : elle donne directement, sans bruit, ne parle pas, et rougit de la reconnaissance.

Ergo, éconduisez la parente. Ceci est difficile, car les vieilles parentes sont fines, elles ont vécu, et leur langue est dangereuse.

Il y a une marche à tenir. Lorsque la bonne parente arrive, témoignez-lui une vive amitié, persuadez-la que votre argent est à son service, donnez-lui un bon dîner (toutes les vieilles femmes sont gourmandes), soignez-la bien ; et quand vous refuserez de secourir son protégé, vous aurez si bien enfermé sa bienfaisance entre la reconnaissance du ventre et la peur d’offenser un parent si aimable, qu’elle n’osera peut-être pas élever la voix.

Si la parente est ennuyeuse, désagréable, cessez de la voir par degrés ; allez souvent à votre campagne ; soyez sorti ; mais quand vous la rencontrerez, soyez toujours désespéré : « Oh ! ma bonne tante, que je suis aise de vous voir ! Mais vous ne venez jamais nous visiter. »

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