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Défiez-vous des mendiants. L’indigent véritable n’est pas dans la rue.

L’homme qui n’a pas de jambes court, l’aveugle y voit clair ; quelquefois même ils sont complices de diverses escroqueries.

Un monsieur donnait à un cul-de-jatte un petit écu ; un honnête homme passe et s’écrie : « Comment pouvez-vous faire l’aumône à ce fripon ? Prêtez-moi votre canne, vous allez le voir courir. »

Le monsieur laisse prendre son jonc à pommeau d’or, et le redresseur de torts commence à battre le mendiant, qui ramasse sa jatte, et, retrouvant ses jambes, se met à courir : le vengeur des mœurs courait aussi.

« Il l’attrapera ! Il l’attrapera ! » disait le monsieur ; il les perdit bientôt de vue, et fut le seul attrapé.

Cette vieille histoire prouve qu’il faut se méfier des mendiants dont les plaies sont quelquefois hideuses ; et, sous plus d’un rapport, on devrait leur interdire la rue. Il n’est pas naturel qu’un malade se promène ou gise sur quelques brins de paille. Il y a les hôpitaux.

Enfin il y a des mendiants riches, très riches même.

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