RÉSUMÉ DU CHAPITRE

Vous vous attendez peut-être à de bonnes maximes qui puissent vous guider dans ce labyrinthe que l’on nomme Palais ? Nullement ; car, pour ne rien vous celer, il faut vous confesser qu’un avoué retiré n’a pas même le moyen d’empêcher le pillage de sa propre bourse lorsqu’il a un procès. Quelle serait la conduite à tenir pour éviter les frais ?… En vain sauriez-vous votre Code de procédure sur le bout du doigt ; en vain connaîtriez-vous les ruses de la basoche ; en vain sauriez-vous que l’huissier, les Petites Affiches font des remises ; en vain les exigeriez-vous ; en vain, suivant votre affaire du doigt et de l’œil, défendriez-vous de faire des requêtes et vous en tiendriez-vous à une procédure sèche comme un squelette…

Un avoué ne ferait pas cela pour son propre père.

Vous ne trouveriez par conséquent aucun avoué pour vous défendre.

Si, comme M. Serves, vous vous en faisiez nommer un d’office, il vous servirait mal, et votre cause serait infailliblement perdue.

Si votre avoué vous faisait gagner votre cause sans vous pressurer, il deviendrait la bête noire de ses confrères, et attirerait sur lui l’animosité de tout le corps.

Enfin, si vous allez souvent chez votre avoué, même en le payant bien, vous l’ennuierez lui et ses clercs, et alors ils vous desserviront : que cela vous fasse frémir intimement et vous engage toujours à transiger sur telle contestation qu’on puisse vous faire. Enfin, si vous êtes forcé de plaider, suivez votre affaire, tâchez de vous emparer du dossier, d’examiner ce qu’on fait dans votre intérêt, et empêchez par votre autorité les requêtes coûteuses, les sommations inutiles ; faites-vous l’ami de l’étude sans avoir égard au patron ; régalez les clercs, persuadez-leur que vous connaissez les ruses du métier, que vous n’en voulez pas être victime, et bourrez-les de reconnaissance par de bons dîners, de succulents soupers, de substantiels déjeuners ; employez la truffe, les vins généreux, et songez que trois cents francs dépensés ainsi économisent mille écus. En tout pays les saints ont plus de pouvoir que le Bon Dieu. Ne vous inquiétez jamais du roi ; mais ayez pour vous la bureaucratie : voilà la seule planche de salut.

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