LE MORT

Il dort dans sa fête d’aïeul.

Sur le mur, c’est la même estampe ;

La chambre n’attend plus la lampe,

Et le soir semble entrer tout seul.

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Tout bruit s’est tû — le lit est mort ;

Simplement, le rideau se penche.

Seule — sur la poitrine blanche

La croix d’ébène pense encor.

… Tout doucement c’est lui qui règne.

L’ombre implore ses regards clos.

Voici sur son front en repos

Le malheur de la nuit qui saigne.

Et le silence, hymne qui dort,

Le transfigure d’un vieux charme.

Il est dans la beauté des larmes,

Et nous, nous sommes dans la mort…

Consolé, c’est lui qui console

Les pauvres choses de toujours…

Dans la morne clarté des cours

Le monde contemple l’idole

Il est comme au cœur de l’adieu

Que fait la terre ténébreuse ;

Sa chair est calme et bienheureuse

Et mort, c’est lui qui croit en Dieu !

Vers lui va toute voix qui chante,

Tout amour béni de souffrir…

Le soir achève de mourir

Sur sa tranquillité vivante.

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