XII

Le lendemain, en se coiffant, Henriette se trouva jolie.

Elle s’en alla dans le soleil, toute seule.

Les lilas sont en fleur, ô bien-aimée ? Sentez-vous ? Les lilas, non, leur saison est passée, et leur parfum ne revient pas. Alors, ce sont les cytises, dont les grappes couleur d’or font la cloche dans la graine ajourée des feuilles ? Mais les cytises sont capiteux, et les pensées qu’ils donnent pleines de trouble. Qu’est-ce donc ? Vous avez rapproché en songe trois brins de genêt d’Espagne, et vous dites : « Ce n’est pas cela. » Les herbes des prés sont fauchées. Le vent se repose. Bien-aimée, vos cheveux embaument comme un champ de marguerites. Ils ont fleuri. Un parfum s’élève de vous. Allez, respirez, souriez, buvez la vie. Vous tournerez des têtes. Ceux qui vous aiment vont vous le dire.

La jolie fille va vers l’atelier. Elle fera des chapeaux que sa maîtresse vendra. Ce jour-là n’est pas pour elle, pas plus que les autres. Cependant, tant qu’elle a été dans la rue, elle s’est sentie comme une petite reine.

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