Le subjonctif de 7 à 97 ans

L’imparfait du subjonctif, conjugaison d’un autre temps ? Je n’en suis pas si sûr. La curiosité est un charmant défaut…

Après avoir pris connaissance de CO. R. U. P. S. I. S., nous fûmes mis au courant de votre passion pour le passé simple et le subjonctif imparfait. Nous jugeâmes alors indispensable de vous écrire, afin que vous pussiez nous compter parmi les adhérents de CO. R. U. P. S. I. S. Mais cela fut difficile car il faudrait que nous jonglassions plus souvent avec ces temps délicats.

Malgré ces difficultés que nous rencontrâmes, nous jouâmes avec les consonances des terminaisons pour que vous appréciassiez notre écriture. Il faudrait que vous eussiez cette petite lettre, si compliquée pour nous et si simple pour vous.

Classe de 3e D du collège de Bletterans

À l’intention d’Alain Bouissière et de tous les membres de l’association CO. R. U. P. S. I. S.

Quelle ne fut pas ma surprise et ma joie ce soir-là, lorsque je vis ce reportage sur « Envoyé spécial » !

Il existe encore des personnes qui aiment la langue française et qui se battent pour sauver le passé simple et l’imparfait du subjonctif !

Je me dis immédiatement qu’il fallait que je m’inscrivisse.

Malheureusement, je n’eus pas le temps de noter votre adresse et je dus faire maintes recherches pour la retrouver. Ma quête ayant abouti, j’eus même l’immense plaisir et honneur de parler au téléphone à Alain Bouissière en personne. En effet, nous discutâmes longuement et ce fut fort intéressant. Je lui demandai enfin tous les renseignements nécessaires afin que j’adhérasse. Voilà ! C’est chose faite…

Soyez sûrs de mon soutien et de l’intérêt que je porte à votre combat. À bientôt, j’espère.

François-Xavier Maigre, 15 ans (adhérent 669)

Cher monsieur,

Quelqu’étrange que puisse paraître la création du CO. R. U. P. S. I. S., ma foi, voilà une merveilleuse idée !

Car enfin, pourquoi diable fallait-il qu’on l’éliminât ?

Et que d’un subjonctif nous en fussions privés car, étant imparfait, il parut trop pédant !

Mais vous vîntes à son secours et nous le fîtes partager avec humour et sympathie. Et par son beau temps, bon ton et son allure fière, de céans, vous sûtes « faire d’un mot le bel amant d’une phrase ». Ainsi vous vous mîtes en œuvre de sorte que nous goûtassions avec parcimonie et délicatesse les bienfaits de ce breuvage né du jeu de langage.

Il eût été ingrat que par un mauvais sort on le jetât !

Par conséquent, il serait fort plaisant que vous me comptassiez parmi les amoureux de notre langue française !

De mon séjour à Monpazier vous me vîtes ravie.

En effet, il fallut que je vous découvrisse d’une façon bien imprévue pour que d’emblée j’en parlasse à autrui et me trouvasse en ce lieu assise en votre compagnie. Bien amicalement,

Anaïs Flandin 16 ans

À messire Bouissière,

Fidèle serviteur de la langue française, dont la renommée s’étend du pays de Gaule jusqu’aux confins des Amériques ; à vous noble seigneur de l’imparfait du subjonctif, qui maniez de votre plume et de vive voix cette arme pour charmer nos cœurs, nous redonner l’espoir et faire revivre de vieux rêves oubliés ; à vous qui enfin, sans toutefois rendre vie à une civilisation disparue, voulez nous en faire ressentir les coutumes, les émotions, les grandeurs ; à vous, nous autres, décadents de la langue française, de toute sa grammaire et de toutes ses conjugaisons, nous qui immolons impunément et plaisamment les éloquentes et raffinées tournures des temps anciens à l’avantage de bavardages d’une simplicité accommodante ;

à vous donc, nous dédions ces quelques lignes :

Maître hôtelier, vous qui abreuvâtes derrière

Ricard et pastis nos esprits non de prières

Mais de conjugaisons demeurées en notre âme patentes

Souffrez messire que le subjonctif je tente :

J’eusse été ravie qu’en plus d’un vers

Nous trinquassions de concert.

Juliette Durel, 18 ans (adhérente 884)

À monsieur le « patron » du bar le Pardailhan

Ah ! Qu’il doit faire bon se compter parmi les habitués du bar le Pardailhan !

J’aimerais que, au hasard des routes, nous trouvassions ces « potes » amoureux du français.

Bien que j’habitasse loin de Monpazier et que je ne connusse pas cette jolie commune, il faudrait, pour mon plaisir, que j’évoquasse et que j’imaginasse ces heures de « révision » et de « répétitions », où défile un certain passé qui m’est toujours cher, à moi, la vieille dame de 74 ans. À ce propos, je vous conterai un souvenir datant de 6O ans…

En effet, il fallait cette émission pour que je me remémorasse le profil et le langage d’une enseignante d’alors, qui s’efforçait de ramener l’ordre durant ses cours par cette belle phrase :

– Je voudrais que vous vous tussiez et que vous m’écoutassiez !

Chers fous rires de cette époque qui eussent pu nous coûter des privations de sortie ! Mais non, cette enseignante était affligée d’une terrible myopie.

Serait-il possible que les habitués du Pardailhan étendissent leurs relations dans toute la France et nous partageassent leur « doulce « joie ou, du moins, nous en donnassent un écho, cela par un bulletin mensuel ou trimestriel pour lequel il serait bon que nous contractassions un abonnement pour lequel j’obtempère.

À monsieur le patron et à ses amis, je présente mes salutations.

Yvonne Caillon (adhérente 58O)

Cher monsieur, lorsque ma fille nous fit inscrire à votre groupe, un peu à la légère, ma petite-fille et moi et que vous nous acceptâtes avec gentillesse, cela me réjouit.

Quoique d’origine italienne, la France et son langage prirent une large place dans ma vie.

Que vous souhaitassiez de vos adhérents qu’ils parlassent un français de choix, quoi de plus méritoire, mais, ne serait-il pas normal que je craignisse ne pas être une recrue de qualité.

En effet à plus de quatre-vingt-trois années, qui ne furent pas toutes de lumière, il serait bon que j’émisse quelques réserves quant à mon aptitude de maîtriser ce français pétillant comme le champagne.

Le grand siècle fut vraiment très grand, même si parfois il était bon que j’avouasse un certain désaccord quant à ses idées. Aujourd’hui on peut en mesurer les erreurs !

Que vous ne fussiez pas trop sévère à mon encontre, cela comblerait mon désir de toujours vouloir écrire un français correct sinon de choix.

Circonstances atténuantes : mon âge et mes origines italiennes.

Que vous reçussiez mes salutations cordiales, que vous souffrissiez mes remerciements, tout serait parfait !

B. et Y. Salvatore (adhérents 944)

(…) Que pourrais-je bien vous raconter à l’imparfait du subjonctif, temps que je connais bien pour avoir fréquenté l’école primaire à l’époque où elle enseignait la grammaire, le calcul mental, les départements avec leurs cortèges de préfectures, sous-préfectures et chefs-lieux ! Je suis née en 1915 et on savait alors la valeur des exercices de mémoire (ou de mémorisation… pour faire plus savant !).

Que faudrait-il, en ce moment, pour vous réjouir, vous et les membres du comité ?

Que je vous jurasse d’envoyer régulièrement la liste des fautes de syntaxe, vocabulaire, conjugaison, relevées dans les sous-titres des films et autres séquences télévisées, sur les lèvres des présentateurs et journalistes, et même, un comble, dans certaines œuvres littéraires dont l’auteur confond l’imparfait et le passé simple ?

Le subjonctif n’étant guère utilisé, je ne récolterais pas grand-chose dans ce domaine, sinon peut-être au présent : voulez au lieu de veuillez par exemple.

Espérer rétablir l’usage de l’imparfait du subjonctif me paraît, hélas ! relever de l’utopie à notre époque du numérique, des ordinateurs-traducteurs, des images virtuelles, etc.

Faut-il s’en affliger ? Seulement dans la mesure où cette désaffection traduit une perte de substance de langue française et un refus de l’effort chez nos écoliers…

Quoi qu’il en puisse être, je vous salue, cher collègue, et souhaite le succès de votre entreprise.

Brigitte Maillol (adhérente 218)

Mission impossible ou utopie ? Tant qu’il y aura des réactions telles que celles que nous venons de lire, l’espoir est permis et l’issue heureuse dépendra du bon vouloir des médias.

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