Les croisé(e)s du subjonctif

Tant qu’il y aura des hommes et des femmes capables de porter la bonne parole autour d’eux pour que ces temps revivent ou, du moins, ne soient pas oubliés, nous garderons l’espoir d’ouïr la gent médiatique les utiliser malicieusement aux heures de grande écoute…

Monsieur,

Il ne serait pas bon que je vous le cachasse

Je fus à Monpazier, vénérable bastide,

En admirai les charmes, et l’histoire, et la grâce.

J’en porte encore en moi le souvenir limpide.

Mais de tous ces attraits, et de tant d’avantages

Je passai sans le voir, le plus précieux de tous :

J’ai nommé CO. R. U. P. S. I. S., dont hier un reportage

Sur la chaîne deuxième m’a appris le courroux.

Je l’approuve, Monsieur, j’admire votre audace,

Notre langue mérite cette allègre défense.

Encore eût-il fallu que comme vous je l’osasse

Vous le fîtes, bravo ! Entrons tous dans la danse !

Il était bon, Monsieur, que vous décidassiez

De remettre à l’honneur notre beau subjonctif.

Grâces vous soit rendues, et hors de Monpazier,

Partons avec ardeur convaincre les rétifs !

Vous l’aurez compris, je souhaite adhérer à votre association. J’ai cru entendre à la fin de émission Envoyé spécial qu’il suffisait de joindre à sa demande un chèque de dix francs, somme modique, ô combien !

En attendant d’avoir le plaisir de trinquer avec vous et mes nouveaux compagnons de la joyeuse croisade en faveur du passé simple et de l’imparfait du subjonctif, je vous prie d’accepter le chèque ci-joint et toutes mes félicitations.

Anne-Marie Bing (adhérente 793)

Adhérents de votre association CO. R. U. P. S. I. S., nous nous étions dits qu’il faudrait, si d’aventure nous passions par la Dordogne, que nous nous arrêtassions à Monpazier et que nous vous saluassions.

Il a donc fallu, cet été, que nous fissions étape chez vous et que nous vous rencontrassions pour réaliser pleinement quel enthousiasme votre initiative a soulevé en France et hors de France après l’émission Envoyé Spécial consacrée à votre association. Nous constatâmes de visu tous ces témoignages d’amoureux de la langue française ralliés à votre projet.

Bravo pour votre combat pour la réhabilitation du passé simple et de l’imparfait du subjonctif, temps peu usités parce qu’un peu retors peut-être ?

Il serait désormais séant que chaque adhérent allât à son tour porter urbi et orbi la bonne parole et défendre ainsi cette langue belle, la langue de chez nous.

Puis-je vous suggérer, par ailleurs, que vous organisassiez une réunion de tous vos adhérents pour une « grande messe » ?

Sans doute faudrait-il alors que nous révisassions les règles de concordance des temps dans Bescherelle mais, qu’à cela ne tienne, il serait normal que nous fussions au rendez-vous !

Décidément, passé simple et imparfait du subjonctif, ça vous gagne !

Cordialement vôtres,

Marcelle et Pierre Delannoy (adhérents 790)

Cher monsieur,

J’ai cru vivre soudain sur une autre planète à la lecture de l’article paru dans Sud-Ouest, le 13 août dernier, concernant la création de votre association pour la réhabilitation de l’imparfait du subjonctif.

Revenue sur terre, quand je l’eus lu, je décidai d’y souscrire, céans, portant ce message dans notre terre de Flandre, pour que votre association crût assez, pour qu’on la crût assez, et qu’on la validât.

Remettre au présent, et pour le futur, cet imparfait passé de mode, fut pour moi très subjectif et ce dépoussiérage de notre langue me plut beaucoup.

Je partis en croisade…

Ces démarches, conjuguées à celles de notre champion du monde d’orthographe, Monsieur Bruno Dewaele, esthète du beau langage, votre initiative vient d’avoir droit de cité dans notre grand journal régional La Voix du Nord.

Un texte savoureux, truffé… d’humour, que j’ai l’heur de vous transmettre, pour qu’en bon tenancier vous le dégustassiez, le sirotassiez, le fissiez connaître. Bref, que vous l’affichassiez, et qu’on trinquât à sa bonne santé.

Oyez, braves gens, les croisés de Flandres vous soutiennent, confiant leurs deniers à la diligence postale, (un pèlerinage leur eût plus plu) pour que vécût CO. R. U. P. S. I. S. !

Solidairement vôtre,

N. B. Vous confierai-je que pour ce petit exercice dans lequel j’ai souhaité « manier » le verbe, Bescherelle me fut utile, espérant que lui et moi n’eussions pas à en rougir. Imparfait dîtes-vous ?

Ginette Grasset (adhérente 260)

Bruno Dewaele, autre croisé de l’imparfait du subjonctif, dans un article de la Voix du Nord , a rédigé les jeux suivants :

À VOUS DE JOUER !

Conjuguez… vos efforts.

1 – Trouver le subjonctif imparfait d’un verbe à la première personne du singulier, quoi de plus facile ? Il vous suffit d’ajouter se à la deuxième personne du singulier du passé simple : tu eus, que j’eusse ; tu fus, que je fusse. Partant, convertir les infinitifs ci-dessous en imparfaits du subjonctif devrait relever du jeu d’enfant.

À moins, bien sûr, que le passé simple ne vous parût parfois… compliqué !

A. apprécier

B. écrire

C. naître

D. tenir

E. traire

F. savoir

2 – L’imparfait du subjonctif ne constitue pas, il s’en faut, la seule traîtrise de notre conjugaison. Ainsi, il n’est pas rare qu’une même forme renvoie à deux verbes très différents, comme le prouvent les exemples qui suivent. Retrouverez-vous à chaque fois les deux infinitifs concernés ?

A. nous crûmes

B. il faut

C. vous mouliez

D. qu’ils peignent

E. qu’il plût

F. (que) tu visses.

Les solutions de ces jeux sont à la page Error: Reference source not found.

La dynamique Ginette ne s’est pas arrêtée là et elle est parvenue à persuader un autre académicien, après Jean Dutourd, de rejoindre notre cohorte d’orthodoxie .

Lettre adressée à : Monsieur Maurice Schumann

Palais du Luxembourg

15, Rue Vaugirard

75291. PARIS

Cher monsieur,

Faisant suite à notre court entretien de ce samedi 29 novembre, relatif à votre adhésion à l’association CO. R. U. P. S. I. S., je vous prie de trouver ci-joint (avec votre carte d’adhérent !) quelques photocopies d’articles de presse, donnant des renseignements… bien sommaires… sur l’origine et l’extension, dans notre région, de cette séduisante initiative.

Jointe à l’humour, quelle bonne fortune !

Que vous acceptâtes d’adhérer à ce mouvement, pacifiste et d’ampleur nationale, m’a donné beaucoup de joie, et, de mettre en nos rangs un nom aussi illustre que le vôtre me donne aussi beaucoup de fierté. C’est un « phare » pour notre Nord, tant décrié parfois.

Promouvoir et défendre, sur le terrain, l’usage correct de notre langue française ne pouvait que vous séduire.

D’autre part, les contacts que j’ai avec l’initiateur, M. Alain Bouissière, me permettent d’affirmer qu’un recueil du savoureux courrier qu’il reçoit va probablement être édité ce printemps, par souscription.

J’ai eu, entre les mains, ce haut-relief du langage et de l’écriture (se dit aussi press-book), truffé de pertinences, farci d’humour, constellé d’à-propos truculents, de rares et justes accords, d’élégance de style aussi. On le lit avec un plaisir intense, on le déguste comme un plat rare qui vous fait saliver, on le relit, et on regrette ensuite de ne pas l’avoir écrit.

C’est pourquoi, sans abuser, me vîtes-vous venir ?

Oserais-je vous demander de concrétiser votre adhésion, par un mot, un support écrit, qui viendrait s’enchâsser dans ce précieux journal, et lui donner plus de reflets encore ?

Sans prosélytisme, je sais vous avoir convaincu de l’utilité de notre démarche.

« Défendre, urbi et orbi, notre belle langue française ».

En vous remerciant encore de nous permettre, pour cela, d’être à vos côtés.

Je vous prie d’agréer, cher monsieur, l’expression de mon profond respect.

Madame Ginette Grasset (adhérente 260)

Malheureusement pour le CO. R. U. P. S. I. S., monsieur Schumann est décédé avant de nous écrire sa lettre.

Cependant, son fantôme hante ce livre et, en collaboration avec feu Jean Laguionie, ils sont à mes côtés pour effectuer le tri de toutes ces lettres et il m’arrive de percevoir leur assistance outre-tombe dans cette tâche difficile d’escrivaillon rapetassier.

HOMMAGE AUX FONDATEURS DE CO. R. U. P. S. I. S. ET PROFESSION DE FOI D’UN NOUVEL ADHÉRENT

Lorsqu’un jour de mai quatre-vingt-seize vous fondâtes

Un comité, il eût été bien pratique

D’en créer un de cracheurs de noyaux de dattes

Ou de lanceurs de poteaux télégraphiques

Puis il eût fallu que vous organisassiez

Des épreuves pour sélectionner un champion,

Le mesurer à celui d’autres comités

Ayant sensiblement la même vocation.

Que les premières fois vous amusassiez

Paraît certes possible, mais, vite l’ennui

Aurait causé, peut-être, la mort du comité

Vous laissant habité d’un important dépit.

Vous n’en fîtes rien et CO. R. U. P. S. I. S. créâtes,

Convaincus qu’il fallait que vous combattissiez

Un décret imbécile, une loi scélérate,

De la langue française détruisant la beauté.

Rapidement il fallut que vous défendissiez

Votre noble idée en usant des médias,

Et qu’à l’Académie vous rendissiez

Afin, de ce décret, préparer le trépas.

La tâche est difficile et, il faudrait

Que nombreux, à CO. R. U. P. S. I. S, les gens adhérassent

Et que souvent, devant le pays tout entier,

Leur mauvaise humeur ils manifestassent.

Car enfin, le passé simple et l’imparfait

Du subjonctif sont des piliers de notre langue,

Lui donnent truculence, jolies sonorités.

On ne les emploie plus, et cela nous manque !

Il serait séant que de mon côté je fisse

Tout ce que je peux pour en rétablir l’usage

Et que, dès que possible, je convertisse

À leur emploi, les gens de mon entourage,

Que, grâce à moi, à CO. R. U. P. S. I. S., s’inscrivissent

La majorité des amis que je fréquente

Pour qu’ils parlassent, et aussi, écrivissent

En usant de ces temps, et ceci, sans attente !

Je vous le garantis, ça, je m’y emploierai

Car je suis certain que sans cette croisade,

Alors que dans les banlieues on parle javanais

Ou verlan, le français est en pleine glissade,

Que si l’on ne fait rien, il y perdra son âme

Et bientôt deviendra incompréhensible

De tout ceux qui, unanimement, proclament

Que pour eux, le français, est une chose sensible.

Il serait séant que je m’arrêtasse là

Pour que mon propos ne devînt pas ennuyeux

Je m’arrête donc et vous salue bien bas

Vous qui, comme comité, créâtes ce qu’il y a de mieux !

Jean Toiron (adhérent 895)

Monsieur,

Absente, j’avais enregistré Envoyé Spécial. Je n’imaginais pas que cette émission pût offrir une telle émotion, un tel bonheur durable. C’est un ami que je viens de trouver, un ami de cette langue française que j’aime viscéralement.

Je voudrais que vous sussiez combien votre initiative me touche. Il n’est de plus beau combat que celui livré sans moyens avec la flamme de l’enthousiasme et de la passion désintéressée. C’est une lumière dans cette époque sinistre.

Professeur retraitée, j’ai assisté, au cours des décennies, à la dérive constante due à la démission des « élites » responsables.

J’ai mené mon combat, j’ai organisé ma résistance dans mes classes, fidèle à mon idéal. L’égalité des chances, ce n’est pas amoindrir la langue pour la situer au niveau des plus défavorisés, c’est au contraire vouloir donner à ces défavorisés l’accès aux plus beaux textes, à la musique de la phrase, aux subtilités du vocabulaire pour peu que l’on sache leur en ouvrir le trésor. C’est leur témoigner la plus haute considération en les jugeant capables de goûter et c’est, me semble-t-il, du mépris que de les tenir à l’écart en ne proposant qu’une langue avachie.

Alors que j’expliquais Racine à des élèves dits « peu doués », je vis le regard d’une élève fixé sur moi avec insistance.

Je lui en demandai la raison, sa réponse fut l’une des plus grandes joies de ma carrière : « Je vous envie, vous avez l’air si heureuse ! On dirait que vous dégustez, vous avez de la chance ! Plus tard, je ne serai pas capable de lire et de comprendre cela moi-même, mais je saurai toujours que la langue française, c’est beau ! »

C’est une erreur de n’offrir aux élèves que des manuels de lecture composés par des « spécialistes » de textes plats, vulgaires, innommables.

L’association de défense de la langue française devrait y veiller. Il faudrait qu’elle dénonçât cette ignominie et qu’elle exigeât un droit de regard et de veto sur les manuels scolaires, mais qu’elle ne se satisfît point de quelques remarques à l’usage des seuls initiés.

Le « Pardailhan « , votre choix ne laisse aucun doute sur votre tempérament valeureux.

Je me souviens d’avoir enflammé des classes préprofessionnelles par l’étude de Cyrano, que je faisais jouer bien sûr ! C’était merveilleux : voir ces adolescents rebelles au français dire et redire inlassablement la tirade du nez, le baiser… Jamais lassés (et l’Aiglon ! ! !)… Je fus, un jour inspectée au cours d’une de ces séances : je revois l’inspecteur suffoqué ! ! ! ! les bras lui en tombaient. Il me dit :

– Il n’y a que vous pour oser faire cela ! Et ça marche ! ! ! !

Complètement hors programme et je les vois passionnés et aucun problème de discipline !

– Pourquoi ? ? ? lui rétorquai-je. Nous nous respectons réciproquement. Ils savent que je les respecte en leur réservant le meilleur, ils me respectent de les respecter. Éduquer, c’est élever. C’est une considération réciproque. Ils se sentent dignes de mon exigence de qualité.

J’ai été ravie que vous eussiez été reçu à l’Académie et je voudrais que vous obtinssiez une distinction bien méritée : que vous fussiez fait chevalier des Arts et des Lettres.

Si vous étiez dans la région et si j’étais encore en activité, je n’aurais de cesse que nous allassions, mes élèves et moi, vous rendre hommage devant votre Pardailhan.

Ce serait bon de retrouver, avec vous, le panache !

Permettez-moi de vous dire, Cher ami, de vous demander adhésion au CO. R. U. P. S. I. S. J’aimerais que vous félicitassiez vos adeptes, et que vous vous sentissiez soutenus par toute ma sympathie.

Éliane Lécuyer (adhérente 518)

Belle profession de foi d’une enseignante !

Et que soit remerciée ici la grande famille de l’Éducation nationale, retraitée ou en activité, qui a rejoint immédiatement les rangs de l’association !

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