CHAPITRE XV DE TAHITI AUX ÎLES SANDWICH LE CRATÈRE DE KILAOUÉA.

Samedi, 9 décembre. – En quittant Papèete, nous sommes passés tout près de l’île d’Eimeo ; elle est considérée comme une des plus belles de son groupe, et nous avons regretté de ne pas avoir le temps de nous y arrêter. De loin, elle rappelle les montagnes du Tyrol ; on dit que la ressemblance est plus frappante encore, en approchant. Un peu plus haut, on trouve l’île de Huahine ; c’est le centre d’opération, adopté par les missionnaires qui fréquentent ces parages-ci.

Nous avons été très-secoués aujourd’hui ; j’ai eu le mal de mer, mais je m’en console en voyant que des hommes eux-mêmes n’ont pas été plus épargnés.

Lundi, 11 décembre. – Le yacht est au plus près, et le temps reste à grains. Nous avons aperçu les îles Flint et Vostok. La première est très-intéressante comme type d’île de guano, mais nous en étions trop éloignés et, en outre, le débarquement y est très-difficile. À huit heures, Tom a fait virer de bord, pour éviter de tomber, la nuit, sur les îles Carolines, ou sur les récifs environnants. Le courant est très-fort dans ces parages, à tel point que, deux heures après avoir pris une observation astronomique, on n’est plus certain de sa position.

Mardi, 12 décembre. – Le vent a fraîchi immédiatement après le virement de bord d’hier et est tombé ce matin, après que nous avions de nouveau viré ; en sorte qu’il était au moins neuf heures, quand le yacht s’est retrouvé à sa position de la veille au soir.

Les aiguilles aimantées et leurs roses commençant à s’user, Tom en a donné de nouvelles. De là, une amusante réponse que m’a faite un de nos hommes à qui je demandais la route, pendant qu’il était au gouvernail. « Nord-ouest, demi-Est, madame, répliqua-t-il. » – « Voilà une étrange route, fis-je en souriant ; voulez-vous me la redire ? » Il la répéta gravement, et ajouta : « C’est que voyez-vous, madame, nous avons des roses neuves ». Cet homme est un de ceux qui gouvernent le mieux ; mais son instruction théorique laisse certainement à désirer.

Vendredi, 15 décembre. – Passage de la ligne, à quatre heures du matin. Le père Neptune aurait dû nous faire une seconde visite, hier au soir ; mais l’équipage était occupé et l’on n’eut pas le temps de préparer les détails de la cérémonie. Les enfants s’en sont dédommagés en exécutant une marche supplémentaire autour du pont, pendant qu’un matelot leur jouait un air qu’ils accompagnaient sur leurs tambours. Ces promenades après le coucher du soleil, et le lavage du pont le matin, auquel ils ont coutume de s’associer, leur procurent tout l’exercice dont ils ont besoin.

Dimanche, 17 décembre. – Le service religieux du matin a été célébré ; celui du soir n’a pu avoir lieu, à cause du temps.

On parle souvent de pluie tropicale en Europe, mais on ne peut guère s’y faire une juste idée de ce que c’est. Hier, nous avons reçu une averse de ce genre ; il semblait qu’une immense citerne, suspendue au-dessus de nos têtes, s’ouvrait sur nous. L’eau tombait verticalement en grosses nappes, et les dalots du pont ne suffisaient pas à son écoulement.

Vendredi, 22 décembre. – Dès six heures du matin, on a reconnu Hawaii, mais grâce à un fort courant qui nous avait portés sous le vent de cette île, nous avons dû louvoyer assez longtemps avant de nous trouver devant la baie de Hilo. Le yacht hissa le pavillon de pilote et un homme vint à nous dans une barque, disant qu’il connaissait l’entrée du port et que le vrai pilote était en villégiature à Honoloulou. L’après-midi était claire. Les montagnes volcaniques de Maouna-Kéa et de Maouna-Loa se montraient, distinctement, de la base au sommet, élevant au-dessus de nos têtes leurs gigantesques crêtes, hautes de plus de 4, 000 mètres, et étalant leurs larges flancs, recouverts d’arbres et de fougères, ou sillonnés de ravins au fond desquels circule une eau qui va se perdre dans la mer. En dedans du banc de corail, sur la rive, les petites maisons blanches profilaient leurs silhouettes, à travers les branches des cocotiers. Toutes sont entourées de jardins, remplis de fleurs éclatantes dont les brillantes couleurs se distinguaient même du bord. Le port est vaste et on n’y est exposé qu’à un seul mauvais vent, lequel souffle seulement durant les mois d’hiver. Encore y a-t-il un mouillage abrité par le banc, où l’on est en sûreté presque toujours. C’est là que le Sunbeam a jeté l’ancre.

À peine à terre, nous sommes allés chez M. Conway, prendre nos dispositions pour nous rendre demain au volcan de Kilaouéa. Cela fait, nous avons circulé autour des maisons et des jardins de la ville, escortés d’une troupe de jeunes filles enguirlandées, qui portaient à peu près les mêmes costumes qu’à Tahiti, mais plus sombres. Le lilas, le marron et le gris américain semblent être les nuances qu’on affectionne ici. Chaque fois que je m’arrêtais pour regarder un point de vue, une de ces suivantes improvisées s’approchait de moi par derrière, m’attachait furtivement une couronne de fleurs autour du cou, et courait plus loin, en riant, pour juger de l’effet. Avant la fin de la promenade, j’étais bien décorée d’une douzaine de ces guirlandes, et je n’osais pas les enlever de peur de froisser les pauvres filles qui s’étaient amusées à m’en couvrir. Ce goût général pour les fleurs est un des traits les plus charmants des mœurs des insulaires ; et je ne m’explique pas que les missionnaires cherchent à le combattre.

Quand nous sommes, retournés à bord, la lune s’était levée, et le ciel réfléchissait les lueurs du cratère de Kilaouéa. J’espère que le volcan sera dans ses beaux jours, demain. On dit qu’il n’est jamais dans les mêmes conditions, deux soirs de suite ; des gens ont attendu toute une semaine, avant de le voir en éruption.

Samedi, 23 décembre. – Le départ pour Kilaouéa a eu lieu ce matin, à neuf, heures et demie. Sauf dans les espaces profonds qu’on trouve entre les collines, l’île est couverte de lave, et de lave souvent si fraîchement déposée qu’elle n’a point eu le temps de se décomposer, en sorte qu’il n’y a qu’une mince couche de sol à sa surface. Ce sol est très-riche, cependant, et se couvre de végétation ; mais dès que les racines ont pénétré à une certaine profondeur et sont venues en contact avec la lave, les arbres dépérissent comme une herbe qui pousse sur un terrain pierreux. Les ohios constituent une des particularités les plus remarquables du paysage, avec leurs grosses et hautes tiges, leur feuillage luisant et leurs fleurs rouge tendre. Le fruit est une petite pomme rose, qu’on dirait de cire, légèrement acide et agréable au goût lorsqu’on a soif. Nous avons traversé une forêt où j’ai remarqué de très belles fougères et beaucoup de beaux arbres, entourés de plantes grimpantes, parmi lesquelles de magnifiques fleurs de la passion et des convolvulus bleus et lilas. L’abri offert par cette masse épaisse de feuillage contre les rayons d’un soleil de feu, fut certainement le bienvenu ; mais l’air était étouffant, et nous poussâmes tous un soupir de bien-être, en nous retrouvant à ciel découvert, après 8 kilomètres sous cette voûte.

À mi-chemin entre Hilo et le volcan, il y a une maison où l’on a coutume de s’arrêter. C’est une petite habitation en bois, entourée d’orangers et voisine d’un étang, plein de canards et d’oies. Comme nous y étions annoncés depuis la veille, nous trouvâmes la table dressée et notre hôte occupé à surveiller le menu, d’ailleurs très-abondant, qu’il nous destinait. La maîtresse de la maison me montra des pièces de tappa, étoffe fabriquée avec l’écorce du mûrier à papier, ainsi que les maillets et autres instruments qui servent à la faire ; elle m’apporta aussi un magnifique lei ou collier de plumes, couleur orange, qui sortait de ses mains et que j’essayai vainement de lui acheter. C’était le premier qu’elle eût fait ; or les gens du pays ont cette superstition qu’ils ne doivent jamais se séparer du premier fruit de leur travail, quel qu’il soit.

Une femme, en koloku rose avec un tablier gris clair, nous avait suivis jusqu’ici, depuis un petit cottage où nous avions fait, précédemment, une courte halte ; et je remarquai bientôt que, tout en causant et en riant avec notre aimable hôtesse, elle paraissait indisposée. Je ne me trompais pas : tandis que nous étions à table, elle mettait au monde un rejeton et, avant notre départ, j’avais rendu visite à la mère et à l’enfant. Elle me reçut assise, aussi gaillarde que jamais, et me parut regarder le récent événement comme un incident très-ordinaire. Le repas terminé, nous nous sommes remis en route. Le jour baissait ; la lune était cachée par les nuages ; il n’y avait à nous guider que la lueur rouge du volcan, qui se montrait devant nous, semblable à la colonne de feu qui précéda le peuple d’Israël. Chemin faisant, nous avons rencontré le propriétaire de la « Maison du volcan », M. Kane, qui venait au-devant de nous, ayant été prévenu, lui aussi, de notre arrivée  et après un temps de galop dans une forêt si noire que je distinguais à peine mon voisin, nous nous sommes trouvés au bord de l’ancien cratère. On eût dit un immense chaudron, large de 6 ou 7 kilomètres, et plein de poix refroidie. Au centre coulait encore un jet de lave rouge sombre et, de tous côtés, de la fumée et des flammes surgissaient du sol crevassé.

Vingt minutes plus tard, nous arrivions à la porte de la « Maison du Volcan », où notre premier soin fut de sécher nos vêtements, trempés par deux averses torrentielles que nous avions reçues successivement. Tout est bien installé dans cet hôtel, quoique dans un style primitif. Les chambres et les lits sont propres ; mais les cloisons sont faites avec des branches et des feuilles vertes, de sorte qu’il est bon d’être prudent, si l’on a des secrets à se dire. En me réveillant le lendemain, je me suis aperçue que ma main avait passé dans la pièce à côté, tandis que je dormais.

Rien n’égale la splendeur de la scène qui s’offre à l’œil du spectateur, dans cet établissement. Ma chambre faisait face au volcan et, malgré la fatigue, je ne parvenais pas à m’arracher de la fenêtre, absorbée dans la contemplation de l’énorme nuage de feu qui planait au-dessus du nouveau cratère, pendant que l’ancien s’allumait en cent endroits différents.

Dimanche, 24 décembre. – Nous sommes partis à trois heures du soir pour le volcan, accompagnés des recommandations de notre hôte, qui nous engagea à être prudents et à suivre exactement les indications de nos guides. « Il n’est jamais arrivé d’accident à aucun de mes clients, ajouta-t-il ; mais il y en a plusieurs qui l’ont échappé belle. » On commence par descendre un précipice profond de cent mètres, couvert de végétation, qui forme le flanc de l’ancien cratère. La pente est si rapide en différents endroits, qu’il a fallu y mettre des marches en bois, pour rendre la descente praticable. Au bas, on rencontre la plaine de lave refroidie, que nous avons aperçue hier au soir ; même sur cette nappe avide, dans chaque petite crevasse où quelques grains de terre ont pu s’agglomérer, j’ai vu de délicates fougères revendiquant, bravement, leur place au soleil. Cette marche sur une lave qui craque sous le pied comme du verre pilé et qui a pris, en se solidifiant, toutes les formes concevables, est bien la promenade la plus extraordinaire qu’on puisse imaginer. Ici, nous nous trouvions devant un massif, ressemblant au contenu d’un pot, pétrifié soudainement, durant son ébullition ; là, la lave dessinait une vague, ou revêtait l’aspect d’une glène de cordage ; ailleurs, elle avait pris la forme de tuyaux d’orgue, ou celle de murs fortifiés. À mesure que nous avancions, la lave devenait de plus en plus chaude et les effluves, plus acres et plus brûlants, gênaient sensiblement la respiration ; à un certain moment où nous passions sous le vent des bouffées parties du lac de feu, l’odeur se fit si suffocante que nous n’avancions plus qu’avec difficulté. Nous constatâmes aussi que la lave était plus transparente, comme si elle eût été fondue à une température plus élevée ; les cristaux de soufre, d’alun et autres se multipliaient et réfléchissaient la lumière, en la décomposant dans toutes les couleurs du prisme. La transparence était si prononcée par moments, que l’on distinguait, en dessous, les longues raies d’une lave filamenteuse, semblables à des fils de verre sombre.

Parvenus, enfin, à la base du cratère actuel, nous en avons gravi la face extérieure. Le pied de notre guide s’enfonça, plus d’une fois, dans la mince croûte, donnant ainsi issue à des vapeurs épaisses qui s’échappaient immédiatement : cependant, nous arrivâmes sains et saufs au sommet, pour voir alors devant nous le plus étonnant spectacle qu’il soit donné à l’homme de contempler. Je fus, pour ma part, si saisie, que je restai, un instant, immobile et muette, dominée par l’effrayante grandeur de la scène qui se révélait à moi !

Comme l’indique le dessin qui accompagne ces lignes, nous étions groupés au bord d’un précipice, dominant un lac de feu, de près, de 2 kilomètres de largeur, à 30 mètres au-dessous de nous. En face, des vagues de lave enflammée battaient le flanc du cratère, avec un bruit de tonnerre ; puis, vaincues par l’obstacle, elles lançaient dans l’air leurs gerbes flamboyantes. À tout instant, cette nappe embrasée changeait d’aspect. Sa couleur normale paraît être le rouge sombre, mêlé d’une mince couche d’écume grise qui formait, de tous côtés, des fontaines, des cascades, des tourbillons de toutes sortes, traversés par de larges sillons d’or. Il y avait une île, sur un des côtés du lac, que les vagues semblaient battre avec un redoublement de furie, comme si elles eussent voulu l’arracher de sa base. De l’autre côté, on distinguait une vaste caverne, où la masse brûlante se ruait en mugissant renversant dans sa course les gigantesques stalactites qui pendaient autour de l’entrée, et lançant la matière liquide qui doit en former de nouvelles.

Tout cela est grand, magnifique, sublime, et les mots sont vraiment impuissants à en rendre le prodigieux effet. Le précipice au bord duquel nous nous tenions, se dresse tellement à pic au-dessus du cratère qu’il est impossible de voir ce qui se passe directement, au-dessous de soi. Mais les colonnes de vapeur et de fumée qui s’élevaient, les étincelles et les flammes qui nous obligeaient constamment à reculer ; indiquaient suffisamment la présence, sous nos pieds, de deux ou trois sources enflammées. Quand le soleil se coucha et que l’obscurité enveloppa cette scène, le spectacle devint plus saisissant encore. Nous nous retirâmes un moment, pour respirer un peu d’air frais et pour goûter aux provisions que nous avions prises avec nous ; mais comment s’occuper de dîner, lorsque, à tout moment, une explosion ou une clarté nouvelles nous rappelaient à notre poste d’observation ! À voir les efforts de la lave pour s’échapper du lit qui la retient, à entendre ses grondements sinistres, on eût été tenté de croire à la présence de monstres enchaînés, cherchant à rompre leurs entraves et gémissant de rage, sous le poids de leur impuissance.

Lorsque là nuit se fut complètement faite, les tons de la masse incandescente s’accentuèrent davantage, en se multipliant : depuis le noir jusqu’au gris pâle ; depuis le marron jusqu’au violet ; depuis le brun le plus foncé jusqu’à la nuance paille, en passant par le jaune et par l’orangé ; sans parler de cette teinte incomparable, qui ne peut se décrire que par l’expression « couleur de lave en fusion ». Il y eut un instant où je me sentis si chaud que je faillis me trouver mal, et la raison en était simple : à 5 centimètres du sol sur lequel nous étions assis, la lave avait une température telle, qu’un bâton qu’on y enfonça prit feu immédiatement, pendant qu’un morceau de papier y brûlait instantanément.

Il fallut enfin s’éloigner de ce prodigieux amphithéâtre, pour reprendre la route qui nous y avait amenés et regagner l’hôtel de M. Kane. Soit que je me fusse trop fatiguée, soit que les impressions que je venais de ressentir eussent été trop vives, soit que les exhalaisons de la lave m’eussent étourdie, je tombai épuisée, même évanouie, avant d’avoir atteint le versant de l’ancien cratère ; et, malgré mes efforts pour recouvrer mes forces, j’opérai ma rentrée à « l’hôtel du Volcan », honteusement portée sur une chaise, que les guides s’étaient hâtés d’aller chercher.

Onze heures et demie sonnaient à cet instant ; notre hôte nous attendait à neuf heures et commençait à être inquiet.

Lundi, 25 décembre (jour de Noël). – Je me suis réveillée complètement remise et, comme j’arrivais à la fenêtre pour admirer encore les reflets du lac de feu, un jet de lave enflammée jaillit près de l’endroit où nous étions hier, et recouvrit lentement l’espace que nous avions foulé toute la soirée. On devine aisément les réflexions de Tom et les miennes, en face d’un phénomène qui, quelques heures plus tôt, aurait pu causer notre perte à tous. Ce fut la dernière fois que je vis le volcan ; quelques instants plus tard nous nous remettions en route, et, dans l’après-midi, nous étions à Hilo.

La ville est en liesse aujourd’hui. Les indigènes chevauchent par couples dans les rues, couverts de leurs plus fins vêtements de coton, et ornés de leurs plus jolies fleurs. Nos hommes se sont mis de la partie, et se livrent à tous les ébats particuliers à leur nation et à leur profession. La moitié au moins des gens de Hilo est allée visiter le yacht dans la journée, et j’ai été heureuse de constater, en arrivant, que le Sunbeam s’était fait beau, en honneur de la fête de Noël. Ses mâts sont couronnés de bouquets de cannes à sucre. L’arrière est décoré avec des fleurs. La figure qui orne l’avant, tient dans ses bras un gros bouquet. Au-dessus de la coupée, s’élève un arc de triomphe avec les devises traditionnelles : « A Merry Christmas. » A Happy New Year ! » Des festons de verdure circulent autour du pont. Enfin les cabines sont enguirlandées avec un art qui témoigne d’autant de goût que de patience, de la part de nos marins.

Ce soir, les chanteurs de Hilo sont venus, dans  des barques, chanter, autour du yacht, des hymnes et des airs du pays ; puis, à la lueur des reflets projetés sur le ciel par le cratère de Kilaouéa, nous avons distribué les cadeaux de Noël aux enfants et à l’équipage.

C’est ainsi qu’a fini pour nous la journée de Christmas, de décembre 1876, à Hilo, dans l’île d’Hawaii. Puisse Dieu nous en accorder d’autres, aussi plaisantes que celle-ci !

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