Ch. 5 - L’averroïsme latin

La doctrine de saint Thomas, qui trouve en Aristote un rationalisme qui s’accorde spontanément avec la foi chrétienne, suppose, dans la masse doctrinale arrivée en Europe avec le péripatétisme arabe, une discrimination qui n’avait pas été faite au début du siècle ; saint Thomas lui-même sait très souvent distinguer Aristote de ses commentateurs. De ce travail, un témoin est un traité anonyme, le De erroribus philosophorum, qui a dû être écrit par un Dominicain espagnol entre 1260 et 1274 0. L’auteur distingue avec précision les erreurs propres à Aristote de celle des péripatéticiens arabes : l’erreur fondamentale d’Aristote vient de l’ignorance de la création qui l’amène à affirmer l’éternité du monde ; une autre erreur, selon lui, c’est la thèse de l’unité de la forme. De ces deux thèses, on sait que saint Thomas jugeait la première compatible avec la création, et qu’il adoptait la seconde. En revanche, l’auteur considère comme des erreurs propres à Averroès la thèse de l’ignorance en Dieu des choses particulières et de l’unité de l’intellect ; c’est dans Avicenne et Al Gazali qu’on trouve que Dieu ne peut produire immédiatement qu’un être simple, dans Al Kindi qu’est soutenue l’absolue fatalité astrologique.

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