XI « Jardins d’amandiers »

– Lorsque j’arrivai en ce pays, je choisis un terrain inculte, un monticule nu, sur lequel, quand le vent soufflait du Tchatyr-Dag, on ne pouvait pas tenir debout… Il s’écoula une quarantaine d’années. Vous savez ce qui s’est produit ; tout alentour sont plantés des amandiers, et personne n’en rit plus… C’est-à-dire… maintenant… car il n’y aura bientôt plus personne pour rire… Non, c’est pénible à raconter… Et ainsi, partout et en tout, on voit le bilan de l’intellectualité. Maintenant on recommencera, quand les yeux s’ouvriront. Mais peut-être n’y aura-t-il plus personne pour les ouvrir. Bref, j’ai vécu dans mes amandaies… lumineuses et pures… Je sais que je commis des fautes, qu’il y eut dans mon caractère et dans ma vie beaucoup d’étrangetés ; mais il y eut mes amandaies qui fleurirent chaque printemps et donnèrent de la joie. Aujourd’hui mes « jardins d’amandiers », mettons des guillemets, forment le bilan et l’expérience de ma vie !…

J’étais habitué à me coucher à heure fixe, et, maintenant, comment le faire à dix heures moins le quart ? Aussi, j’ai de l’insomnie. Et ma mémoire baisse. Je vous ai dit que, tout dernièrement, j’avais oublié le Pater… Figurez-vous seulement que tout le monde, tout le monde l’oublie. Des temps de… fosse aux ordures arrivent. Et en sortir pour aller dans le rien, c’est ennuyeux !… Il est ennuyeux que, tel que me voici, je n’aie pas logiquement droit de croire, car APRÈS UN PAREIL DÉBORDEMENT DE LA FOSSE AUX ORDURES COMMENT CROIRE qu’il y ait quelque chose là-haut ? Le « là-haut » aussi a fait faillite ! S’effondrer avec un pareil fracas, un pareil patatras de baraque foraine, rejeter sous les criaillements, les trépignements et les rugissements, la résurrection triomphante de la dépouille animale dans « la vie éternellement haute de l’homme » – ce à quoi tendaient les meilleurs êtres, déjà montés au sommet, blanc comme neige, de l’âme humaine – ce n’est pas s’effondrer, mais ne plus exister !… N’y a-t-il plus aucun absolu ? Aucun. Il faut admettre que dans toute l’Europe et dans le monde entier, on peut hardiment faire le signe de la croix sur l’homme et lui enfoncer dans le dos, en signe de colère, un pieu de tremble. Mais le pire est que l’on ne peut porter plainte contre personne. Il n’y a plus de justice, s’il en fut jamais… Et cela, bientôt, tout le monde à figure humaine le saura ; et ce sera la bacchanale universelle. On a arraché le voile du « mystère » ! Admettons que les dompteurs, que les guides, pour faire passer le troupeau sur la route, aient caché aux non-initiés un espace vide… En tout cas, maintenant, l’apache est survenu et a arraché le voile… Il l’a arraché trop tôt, avant que nous ayons cessé d’être des bêtes… Non, à présent, on ne se laissera plus ramener à l’école… On ne rapprendra plus le Pater oublié… La courroie a sauté du volant ! Adieu ! Le beau poème est achevé… Et, vous savez, on a volé toutes mes amandes ! On coupe mes amandaies… L’hiver, tout sera nettoyé… Chez vous, il pend encore quelque chose aux arbres, tandis que, chez moi, on a cueilli toutes les amandes, une huitaine de pouds . J’en aurais eu pour tout l’hiver.

– Vous voulez donc encore vivre, docteur ?

– Rien que comme expérimentateur. Je prends des notes sur les effets de la faim ; j’étudie sur moi-même comment la faim paralyse la volonté et atrophie peu à peu tout. Or, voici la découverte : on peut, en systématisant, réduire le monde entier par la faim. Là-bas – le docteur montre de sa main retournée l’au-delà des montagnes –, là-bas, on fait même des cours sur ce sujet : « les Conséquences psychiques de la faim ». Les cours sont faits par un professeur de talent ; il meurt lui-même de faim, mais professe. La salle est bondée d’affamés. Cela intéresse tout le monde. On fait des hypothèses, comme si l’on jetait un coup d’œil dans l’au-delà. L’objet se fond avec le sujet. C’est un cours nouveau et extraordinaire de la Faculté de médecine ; c’est du sadisme scientifique. C’est comme si le professeur, lui-même promis à la mort, avait entrepris d’enseigner aux candidats à la mort des caveaux soviétiques, la psychologie des suppliciés… Que nous enrichissons la science !… Oui, « la Psychologie des suppliciés : des recherches de laboratoire, de clinique sur une base de plus d’un million, peut-être de plus de deux millions de suppliciés, avec application des différents moyens de tortures, physiques et psychiques, pour tous les âges et les sexes, et tous les niveaux de développement intellectuel ! » Quel cours ! De tout l’univers on viendra l’écouter et s’extasier sur la maîtrise grandiose de l’expérience et sur l’amas de nos matériaux de laboratoire ! Avant notre expérience, qu’y eut-il en Europe ? Eh bien, l’inquisition… Mais il n’y avait pas alors d’organismes scientifiques. Et puis d’ailleurs, bien ou mal, on jugeait… Et aujourd’hui… personne ne sait la raison de ce qui se fait ! Dans les caveaux, par contre, chacun sait – chacun sait que d’un jour à l’autre, il va s’affaiblir… Dans les caveaux d’ici, en Crimée, on ne donne, en règle générale, pas même à chacun un quart de livre de pain, mêlé de paille. On ne donne aux gens – pour calmer leurs nerfs – que de l’eau tiède… Peut-être leur professeur le leur avait-il recommandé pour l’expérience… Donc, dans les caveaux, chacun sait qu’il va commencer sa décomposition cette nuit même ou la nuit prochaine. Il ne reste que la question de lieu : ici, dans cette fosse ? ou dans un ravin ? ou dans la mer ?… Le condamné n’a pas vu ses juges ; il n’y a plus de juges. On l’emmènera inexorablement, et vlan ! J’ai même fait ce calcul : rien qu’en Crimée, en quelque trois mois, on a rempli huit mille, peut-être neuf mille wagons, trois cents trains de chair humaine, fusillée sans jugement, sans jugement !… Dix mille tonnes de chair humaine fraîche, de-jeu-ne-chair ! Cent vingt mille têtes hu-mai-nes !… J’ai calculé aussi par seaux la quantité de sang, et si vous… Tenez, je l’ai dans mon calepin !… Tenez… On pourrait créer une usine d’albumine… pour l’exportation en Europe… si le commerce reprend… ne serait-ce qu’avec l’Angleterre, par exemple… Tenez, lisez…

– Attendez, docteur… Ne vous semble-t-il pas que le ciel est rempli de mouches ?… Rien que mouches et mouches…

– Hein ?… Des mouches ? Vous en voyez aussi, « des mouches » ! Mais c’est l’anémie qui se manifeste par des perturbations de la vue… Si l’on fend le globe de l’œil d’un animal affamé…

– Maintenant, de quoi vous occupez-vous, docteur ?…

– Je pense… Je ne fais que penser. Ah ! que de matériaux ! Et quel apport dans l’histoire… du socialisme ! Chose étrange, les théoriciens, les amasseurs de mots n’ont pas apporté à la vie le moindre rivet ; ils n’ont étanché aucune larme, bien qu’ils aient constamment à la bouche leur travail pour le bonheur de l’humanité. – Mais quelle secte sanguinaire ! Et cela, remarquez-le, ne fait que commencer. Ils se sont mis en goût, avec leur dieu de la terre ! Ils ont – c’est le principal – tranquillisé les hommes en leur disant qu’ils descendent du singe, et ont, par conséquent, libre carrière ! Le moindre pou n’a qu’à oser hardiment, sans regarder en arrière. La voici, la grande résurrection… du pou !… Non, quelle « courbe » ! Quelle courbe victorieuse ! S’élever du singe, du sang, de la fosse aux ordures… vers les hauteurs, vers Dieu-Esprit… vers la pénétration du cosmos par la plus merveilleuse Intelligence et le Dieu-Verbe… et ensuite rouler, comme en traîneau, du haut d’une montagne, vers le pou qui se nourrit de sang et grimpe sur tout avec audace !… Et à qui a-t-on apporté ce nouvel Évangile avec ses commentaires ? Qui l’a apporté ? !… Et à qui a-t-on donné « carte blanche »…

Vous rappelez-vous, dans Une noce, de Tchékhov, le télégraphiste Iate ? Ce télégraphiste ratiocine sur l’électricité, ainsi qu’au sujet de… certains deux roubles et d’un gilet. Aujourd’hui ces Iates-là ont reçu leur évangile et veulent « montrer leur instruction ». De qui l’ont-ils reçue ? De ces même Iates-là !… Et ils la montrent, leur « instruction » ! Et c’est pourquoi on fait campagne contre ce coquin de iate . Je parle au figuré, bien entendu. Qu’on efface la maudite lettre !… Elle gêne, cette immémoriale lettre slave ! Tous les poux jubilent maintenant : le monde tout entier appartient maintenant à tout le monde : ose ! Plus aucune responsabilité, et rien n’effraie ! Sur la Volga, des dizaines de millions d’hommes crèvent de faim et dévorent des cadavres ?… Cela n’effraie pas. Collé à la nuque, le pou suce et se nourrit ; est-ce qu’il craint quelque chose ?… Et, comme un jeune étudiant à une opération, tous les peuples regardent avec curiosité ce qu’il va advenir de cette grande œuvre des poux. Interrompre une pareille expérience ! On a inoculé le socialisme sur cent cinquante petits millions d’êtres, et nous flottons, vous et moi, dans la cornue de cette expérience… On nous jettera si ça ne réussit pas. Feu Sietchénov criait jadis : « Louka, donne-nous une autre grenouille ! » On tronçonne deux millions de « grenouilles »… On leur a ouvert la gorge, inséré des « étoiles » sur les épaules ; on brise des crânes à coups de revolvers au-dessus des cabinets ; on enduit les murs avec leur cervelle ; et ça… (dit le docteur avec un geste tombant)… c’est une expérience ! Les témoins, en attendant les résultats, font des petits commerces. Sir Edward Lloyd George, le libérateur de l’humanité, l’amateur immaculé de liberté, qu’a-t-il dit ? « Nous avons toujours commercé avec les anthropophages ! » Et Messieurs les honorables membres des Communes, qui n’ont pas encore reçu de mandats de « pouillerie », mais sont prêts à le faire si c’est utile, ont pris à cœur la sage parole de George… Et qu’importe maintenant ? Dostoïevsky, jadis, avait parlé d’un million de têtes humaines que les gens hardis tireraient de la réserve humaine pour l’Expérience ; il s’est trompé dans ses chiffres. On en est à plus de deux millions. Et ils n’ont pas été tirés du dépôt universel, mais des réserves russes… Ça, c’est une Expérience ! La hardiesse du pou révolté, qui, de ses yeux rouges, a vu le vide des cieux ! Et voilà !… (Le docteur ouvrit les bras.) Oui, voilà !…

La villa mutilée, avec la rosse crevée à l’ombre des vinaigriers puants, nous regarde. Dans le coin, le maigre Belka surveille et flaire ; il attend. Le père Andréï dans un costume neuf, en toile, passe derrière le terrain vague. Il a récemment arraché la toile des chaises pliantes de la villa Le Bon Port, chaises appartenant à un colonel, et maintenant, oisif, il se promène cherchant quelque nouveau « travail ».

– Mais tout cela disparaîtra… dit le docteur d’un ton de prophète ; et ils périssent déjà. Cet Andreï lui aussi périra. Mon voisin Grigory Odariouk aussi… Et Andreï le Borgne, des vignes de Machkovéts, périra aussi. Ils ont déjà accompli leur œuvre, mais ne s’en rendent pas compte… Vous verrez ! Il se peut aussi que l’on me tue ; car on me croit encore riche. Quand l’hiver arrivera… vous verrez ce qui se passera. L’Expérience les happera. Hier est mort de faim un peintre en bâtiment, paisible et laborieux… Jadis il travaillait chez moi… Les gardes rouges ont assommé sur la plage Prokofi, le cordonnier fou. Il errait sur la plage en chantant : « Dieu protège le tsar  ! » Ils ont assommé un de leurs frères, malade et affamé… L’expérience !… Je fais, moi aussi, maintenant, une expérience… Je me nourris de pois secs…

Le docteur chercha dans les poches de son veston, fait à Londres, et jeta un pois à la Gloutonne qui le regardait attentivement.

– De ceux-là mêmes… J’en ai une dizaine de livres, cachés dans la niche du chien ; on ne me les a pas enlevés comme « superflu ». J’en mange une poignée par jour. Je les roule dans ma bouche. J’ai de très mauvaises dents ; on m’a volé mes râteliers au moment de la perquisition ; on me les a pris dans le verre où ils baignaient ; la plaque était en or. Je roule mes pois ; ils se ramollissent ; et j’avale. Ça va ; c’est aujourd’hui le douzième jour. Puis je mange des amandes amères que je fais griller. Faites attention à ce point, c’est très important ! Ainsi l’amygdaline, c’est-à-dire le poison, s’évapore. Je puis maintenant en avaler trente par jour. C’est peut-être la voie la moins douloureuse pour passer… « de la fosse aux ordures au néant » !… Le pouls se précipite, le cœur s’use plus vite, et…

Le docteur hésita, ses yeux devinrent fixes, sa bouche s’ouvrit, et il regarda avec effroi…

– Nous… nous désagrégeons à vue d’œil et ne nous en rendons pas compte ! Oui, regardez, regardez bien… ! Mourons, dépêchons-nous de mourir ! C’est que ce serait terrible maintenant… terrible… de perdre l’esprit ! Nous ne saurions plus partir alors… Il ne nous viendrait peut-être plus en tête l’idée de… partir !… Nous serions vivants dans notre tombe, comme Prokofi maintenant !…

Cette considération n’a sur moi aucun effet. J’examine, je tâche de concevoir comment je deviendrai fou, comment ils me battront de leurs poings lourds… non, cela n’agit pas sur moi !… Pourquoi cela ?

– Docteur, avec quoi puis-je… nourrir mes poules ?

– Vos poules ?… Comment les… nourrir ? Pourquoi les… nourrir ?… Il n’y a qu’à les rôtir et les manger !… Les bouffer !… Vous avez même une dinde !… Comment quelqu’un ne l’a-t-il pas tuée ! C’est une véritable absurdité ! Il faut tout bouffer, et… passer. Hier, moi aussi j’ai fait une… « expérience ». J’ai rassemblé et brûlé toutes les photographies et les lettres que j’avais ; et ça ne m’a rien fait, comme si je n’avais jamais rien possédé, comme si c’eut été une fantasmagorie et l’invention d’on ne sait qui… Comprenez, nous approchons peut-être d’une grande révélation… Peut-être, réellement, n’existe-t-il rien, et n’y a-t-il qu’une pensée fortuite qui s’est incarnée un instant en un docteur Mikhaïl… Et alors toutes nos souffrances, tous nos échecs, toutes nos infamies ne sont qu’un rêve… Mais le rêve, en tant que substance n’existe pas ! Et nous n’existons pas non plus…

Il regarde immobile, comme s’il n’existait déjà plus. Et il sourit à sa pensée.

– Nous pouvons créer maintenant une nouvelle philosophie du réel-irréel, une nouvelle religion du « néant dans la fosse à ordures »… alors que les cauchemars deviennent des réalités et que nous nous habituons tellement à eux que le passé nous semble un rêve… Non, c’est inexprimable ! Ah ! oui, vos poules… vous me demandiez ?… Moi, j’avais une poule, la préférée de Natalia Sémionovna. Je songeai d’abord à la sacrifier, comme une victime, et à la mettre avec la défunte dans son armoire ; mais j’abandonnai cette idée frivole. Je la nourrissais de pois. Elle venait près du balcon… Les derniers temps, elle marchait peu, restait plutôt blottie. Je lui demandai : « Eh quoi, Corneillette, tu sens l’expérience ? » Elle ne faisait que tourner la tête vers moi et je lui donnais deux petits pois. La nuit, je l’enfermais dans la maison, cela va sans dire. Et, savez-vous, elle a fini par le suicide !

– Que dites-vous !…

– Elle s’est empoisonnée. Elle a mangé toutes les amandes amères. Je m’apprêtais à les griller, mais, le matin, s’étant réveillée avant moi, elle les découvrit, et finit… dans d’affreuses convulsions… Allons, je m’en vais ! Vous avez des amandes amères ? Eh bien, souvenez-vous-en… si l’on en mange une centaine… il vaut mieux, naturellement, qu’elles soient pilées… on peut terminer la séance avec succès… C’est absolu. Maintenant il faut que j’aille voir notre malheureuse voisine, qui, dans le temps, habita Paris. Ce fut un beau rêve… Et avez-vous entendu la nouvelle ? Un Tatare de Bakhtchissaraï a salé sa femme et l’a mangée ! Quelle conclusion tirer de là ? Il paraît qu’une fée Carabosse est ici ?…

– Une fée Carabosse ?… Oui. Je viens aussi d’y penser.

– Ah ! vous voyez ! Alors, c’est un conte ! Et où le conte commence, la vie finit, et, maintenant, rien ne fait peur… Nous sommes les derniers atomes d’une pensée prosaïque et sensée. Tout est dans le passé, et nous sommes déjà de trop. Et cela (le docteur indiqua les montagnes), ce n’est qu’une apparence.

Telles sont les conversations des hommes…

Le docteur se rend chez la voisine. Il a un petit sac sous le bras. Au-dessus de sa tête, sa large ombrelle toute rapiécée. Il marche en vacillant. La petite voix de Lalia l’annonce :

– Voici Mikhaïl Vassilitch !…

Et Lalia et Vova sautillent autour de lui, guignant son petit sac. Il y a dedans du blé, ou, peut-être, du maïs… Ils ne savent pas encore qu’il s’y trouve ce qu’ils aiment, ce qu’aiment les enfants et les pigeons :… une dernière poignée de petits pois.

Je reste encore longtemps assis au bord de la combe aux vignes. Je regarde le… conte. Le paon, sur le bel écran irisé de sa queue, le paon danse près de la villa, à côté de Larve crevée… Près de sa tête, immobile, couchée à plat ventre, s’étire et se tortille Belka, tournant la tête, comme s’il voulait embrasser Larve. Je perçois un grouillement et un craquement humide… Le chien dévore la langue et les babines de Larve. Si vite !… Il n’y a qu’un instant, la rosse arpentait le terrain vague… Voilà un joli trio !… La Gloutonne me regarde. Quoi, des pois ? Je la prends ; je regarde ses pattes. Qu’as-tu à me regarder ? Tiens, je commencerai par tes pattes… Hein ? On peut tout maintenant… Elle s’est endormie si vite, avec tant de confiance…

Je reste longtemps encore assis au bord de la combe. Je regarde les forêts de la montagne. Mes paupières sont fatiguées ; mes yeux ne voient plus. Est-ce que je dors ou est-ce que je ne dors pas ? Je reste assis. Quelque chose vrombit, crépite ; des bruits retentissent, les bois profonds trépident… le soleil s’éteint. Il y a comme des cascades dans ma tête !… Je peux rouler là sur ces pierres… Mais cela n’effraie pas. Maintenant, on n’a peur de rien. Maintenant, tout est un conte. La fée Carabosse est dans la montagne…

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