SCÈNE VI

L’ACTRICE, DON RODRIGUE, LA CAMÉRISTE.

L’Actrice sur le proscenium devant le rideau baissé, sans corsage, la gorge et les bras nus. Elle est censée dans sa loge, en train de se faire parer pour la scène qu’elle va jouer. Un grand miroir devant elle. Sur sa table, parmi les instruments de toilette quelques feuilles de papier froissé. Tous les meubles et accessoires sont rattachés au rideau par des ficelles bien visibles.

LA FEMME DE CHAMBRE, tendant à l’Actrice un petit pot de noir.

Madame a oublié son rimmel.

L’ACTRICE

Tu as raison. Un peu de rimmel, mon œil n’en aura que plus de feu. Le trait de la personne jaillit avec plus de force de l’arc d’une paupière assombrie.

Elle se touche les paupières avec un petit pinceau, puis elle fait rouler lentement ses yeux de droite à gauche et ensuite de gauche à droite, ouvre, ferme, rouvre, referme.

LA CAMÉRISTE

Et tout cela pour obtenir d’un vieux marchand de cacahuètes à moitié crevé qu’il accepte de nos mains un royaume !

L’ACTRICE

Ne dis pas cela, Mariette ! Tu n’y entends rien, Mariette. C’est une situation superbe ! Le plus beau rôle que j’aie jamais eu de ma vie ! Un rôle en or. Quel dommage qu’il n’y ait personne pour nous voir ! Mais je m’en servirai pour ma saison à Madrid. Cela fera un petit sketch à l’Alcazar, tu verras ça !

— Et pas un brin de rouge sur la figure. Rien qu’un peu de carmin sur le lobe de chaque oreille. Qu’en dis-tu ?

LA CAMÉRISTE, frappant des mains.

Ça suffit ! tout est allumé !

L’ACTRICE

Dans la simplicité pour commencer, pour ménager la progression et toutes les nuances. Tout tranquille, tout doux, tout uni, avec un fond douloureux. Simplicité, simplicité ! Une espèce de soumission et de résignation pleine de dignité. (Posant sa voix :) La, la, la, la ! Petit pot de beurre ! petit pot de beurre ; les notes du milieu de la voix un peu mates.

De la simplicité mais de la grandeur aussi ! Je commence dans une noble simplicité : « Je vous ai convié, Monsieur… »

Elle se reporte aux papiers.

LA CAMÉRISTE

Madame veut-elle que j’aille lui chercher la brochure ?

L’ACTRICE

Il n’y a pas de brochure, Mariette, c’est bien plus beau comme ça. C’est moi qui ai tout à créer, les paroles et la musique. Je lis ma réplique d’avance dans les yeux de mon partenaire.

Il n’y a qu’à bien régler les mouvements, les paroles viennent dessus toutes seules.

Je commence par une espèce de récitatif, mon histoire, un long tissu de fariboles pathétiques, récitées de la voix la plus musicale.

Et puis, peu à peu, tous les grands mouvements de l’éloquence et de la passion, les accents de cette reine éplorée aux pieds de ce truand, j’espère qu’il est bien hideux et brutal, et de temps en temps une interrogation, un mot, une touchante petite question. C’est cela ! par-ci par-là un rien, une fusée, clair, clair, tendre, touchant, une gentille petite cocotte !

Et par derrière, toujours naturellement, le secret féminin, quelque chose de réservé et de sous-entendu.

LA CAMÉRISTE

Oh ! je me cacherai quelque part pour vous voir ! Oh ! si Madame est aussi belle que l’autre soir, ce sera épatant ! Je ne savais où me fourrer ! j’en ai pleuré toute la nuit !

(Là-dessus, le rideau se lève, entraînant dans les airs le miroir, la table de toilette et tout le fourniment.)

Ô mon Dieu, qu’est-ce qui arrive ?

L’ACTRICE

Nous sommes de l’autre côté du rideau ! Sans y faire attention nous avons passé de l’autre côté du rideau et l’action a marché, sans nous ! Ô mon Dieu, quelqu’un a pris mon rôle ! Je me sens toute nue ! Dépêchons-nous de nous remettre là-dedans et nous finirons bien par sortir par un bout ou par l’autre !

Elles sortent. Le rideau en se levant a découvert l’Actrice (une autre tenant le même rôle), le col et les bras nus, en train de peindre à une table, un verre plein d’eau sale devant elle, et Rodrigue au-dessus d’elle lui donnant des indications.

DON RODRIGUE

C’est un grand honneur que me fait Votre Majesté en consentant ainsi à travailler sur mes indications.

L’ACTRICE, sans lever les yeux.

Vous feriez mieux de me dire si c’est vert ou bleu que vous voulez le parapluie. Moi, je le vois gros bleu.

DON RODRIGUE

Et moi, je le vois rouge, un rouge passé presque jaune. Et en dessous un évangéliste en plein vent, Saint Luc, en train de travailler à ses écritures. C’est une petite rue d’Avignon, le long du Palais des Papes, et en dessus, en plein azur, bien haut, il y a un arc-boutant tout blanc (faites-le rose pour qu’il ait l’air plus blanc) d’un élan, d’une allégresse inouïs !

Entre Saint Luc et l’arc en question il y a un pigeon qui monte en l’air pour s’y poser.

L’ACTRICE

J’aime mieux le Saint Matthieu.

DON RODRIGUE

Oui, c’est une rude idée que j’ai eue de placer derrière lui ce grand arc de triomphe de pierre rouge à deux portes avec l’inscription en capitales romaines et la tête de bœuf.

L’ACTRICE

C’est un ange qui est le symbole de Matthieu.

DON RODRIGUE

Je regrette, mais le bœuf fait mieux. Vous avez attrapé tout à fait la nuance qu’il fallait pour le ciel par derrière et les longs nuages obliques.

Saint Matthieu le publicain entre les deux mouvements du trafic, montant et descendant.

Oui, mais il est trop petit, on ne le voit pas.

Vite ! une autre feuille ! nous allons en faire un autre, inscrit dans une espèce de fenêtre parabolique.

Il a une espèce de grande face romaine avec des bajoues rasées et deux mentons,

Une toge jaune comme les moines bouddhistes accrochée à l’épaule avec une grande agrafe de cuivre,

Et sous la table un énorme pied chaussé d’une sandale de plomb

Écrasant Calvin qui vomit le diable !

L’ACTRICE

C’est de la chance que vous m’avez rencontrée après que votre Japonais vous avait laissé en plan.

DON RODRIGUE

Oui, il est parti subitement. Il a dû trouver une occasion pour regagner son pays. J’ai dû l’offenser je ne sais comment. Ils sont comme ça !

Mais je ne le regrette pas, vous travaillez encore mieux que lui, ça fond bien ensemble nous deux. Il y a tout de même des choses pour lesquelles il n’y a rien de tel que le mélange d’un homme et d’une femme.

Et quelle bonne inspiration j’ai eue tout à coup de vous demander si vous saviez dessiner ! pendant que vous vous obstiniez à me parler d’un tas de choses sans intérêt.

L’ACTRICE

Vous n’avez pas demandé mon avis. Vous m’avez annexée sur-le-champ.

DON RODRIGUE

L’ennuyeux est que vous ne savez pas graver, mais je suis sûr que vous apprendrez vite. Le Japonais a laissé tous ses bois et ses outils.

L’ACTRICE

C’est très bien, mais il va falloir que je retourne en Angleterre.

DON RODRIGUE

Pas le moins du monde. Je vous ai déjà dit que je n’avais pas envie de connaître l’Angleterre.

Je connais un ancien petit couvent près de Majorque avec un patio tout rempli de citrons si jaunes que ça fait mal aux yeux.

Vous serez très bien là pour travailler. Vous pourrez travailler du matin au soir sans que personne vienne vous déranger.

L’ACTRICE

Oui, mais le beau Duc de Medina Sidonia vient de conquérir l’Angleterre pour moi.

DON RODRIGUE

Je n’aurais jamais cru que le beau Duc de Medina Sidonia fût capable de conquérir quelque chose de difficile.

L’ACTRICE

Qui sait ? Peut-être que mon cœur ne le sera pas pour lui.

DON RODRIGUE

Eh bien ! épousez-le ! Et moi j’irai faire la guerre en Irlande contre vous !

L’ACTRICE

Don Rodrigue ! pourquoi êtes-vous avec moi si brutal et si méchant ?

DON RODRIGUE

Épousez le beau Duc de Medina Sidonia ! Moi, je suis vieux et un pauvre bonhomme et je n’ai qu’une jambe.

L’ACTRICE

Si j’épouse quelqu’un ce sera le fils du Roi d’Espagne.

DON RODRIGUE

Tout ce que je demande est de rester votre ami.

L’ACTRICE

C’est vous que je préfère.

DON RODRIGUE

C’est gentil de dire ça, même si ce n’est pas vrai. Oui, cela me fait plaisir à entendre.

L’ACTRICE

Je n’épouserai personne ! C’est dans la prison de Londres que je me suis aperçue que j’avais une âme, une âme vivante et qui n’était pas faite pour vivre dans une prison.

J’ai juré que jamais plus je ne me laisserais mettre dans une prison.

J’ai juré que jamais je ne supporterais un gros corps d’homme entre le soleil et moi !

Je ne veux pas vivre dans la pâte !

Je veux quelqu’un qui m’aide et non pas qui m’engloutisse !

On vit, avec vous ! Je vis, avec vous, depuis deux jours ! vous ne me demandez rien, vous êtes comme la musique qui ne vous demande rien mais qui, d’emblée, vous enlève et vous met d’accord avec elle.

Dès que vous êtes là, il y a de la musique, je me livre avec ardeur, confiance et mesure, comme entre les bras d’un puissant danseur, je sens que je fournis à votre esprit ce qu’il voulait ! Vous êtes là et aussitôt je suis forte et gaie, je me sens toute brillante et toute sonore !

C’est comme un coup de trompette qui vous nettoie, comme une fanfare guerrière qui ranime l’esprit abattu et le remplit de courage et de feu !

Et en même temps nous sommes libres tous les deux ! Je n’ai aucun droit sur vous et vous aucun sur moi. C’est charmant ! Nous sommes ensemble tant que durera la musique.

DON RODRIGUE

Eh bien, nous allons fabriquer, fabriquer, fabriquer des images à n’en plus finir.

L’ACTRICE

Mais peut-être que j’ai envie de faire avec vous autre chose que des images et des gâteaux avec du sable ?

DON RODRIGUE

C’est par le désir du Roi d’Espagne que vous êtes venue me trouver ?

L’ACTRICE

Pourquoi ne l’avouerais-je pas ? Medina Sidonia n’est pas bon à autre chose que faire le bonheur et le malheur d’une faible femme.

C’est vous dont le Roi a besoin en Angleterre avec moi. Il n’attend qu’un mouvement de vous vers lui.

DON RODRIGUE

Je ne ferai pas ce mouvement.

L’ACTRICE

Quoi, ne voulez-vous point m’aider ?

DON RODRIGUE

Je ne comprends pas pourquoi Sa Majesté s’est avisée de moi tout à coup !

Il n’a pas eu besoin de moi entier et sain, pourquoi me ramasse-t-il cassé ?

L’ACTRICE

Sa confiance vous honore.

DON RODRIGUE

Elle m’offense. Il n’a pas peur de moi.

On n’a rien à craindre d’un infirme. Je serai trop heureux d’exécuter ses ordres.

L’ascendant que le beau Medina Sidonia aurait pu prendre sur vous, avec moi il n’y a rien à craindre.

L’ACTRICE

Est-ce vrai, cher Rodrigue ?

DON RODRIGUE, avec un sourire hargneux.

Ce n’est pas tout à fait vrai.

L’ACTRICE

Votre souverain est un grand politique. Je suppose en effet qu’il a voulu se servir de nous l’un contre l’autre.

Eh bien ! pourquoi ne pas faire alliance comme il nous le demande ? C’est lui qui l’aura voulu.

DON RODRIGUE

Est-ce qu’il y a une alliance possible avec vous ?

L’ACTRICE

Cher Rodrigue, je suis avec vous depuis deux jours et il me semble que jamais quelqu’un auparavant ne m’a connue,

À ce point que j’en suis gênée.

Vous avez éveillé des forces ignorées en moi, quand je vous écoute tout change de place et cherche un ordre différent, il me semble que c’est quelque chose de profond et de nouveau en moi qui ne peut pas faire autrement que de répondre à votre sollicitation.

Ah ! et vous-même, est-ce qu’il ne vous semble pas que je vous aie reconnu un petit peu ?

DON RODRIGUE

Il n’est vrai que trop !

Vous direz que ce n’est pas délicieux, cette jeune figure attentive qui m’écoute !

Cet éclair de l’intelligence dans ces beaux yeux qui me regardent, c’est autant pour moi qu’un corps blanc !

L’ACTRICE, couvrant ses épaules d’une mantille.

Je n’aime pas ce pays,

Si je reste plus longtemps sous ce soleil de feu, je sens que je me fanerai comme une algue sur les galets.

DON RODRIGUE

Et cependant, de la tête à vos petits pieds, votre mère l’Aragonaise vous a faite Espagnole,

Votre figure est pâle et cependant je ne sais ce qui lui donne tant d’éclat.

L’ACTRICE

Les yeux, peut-être ? Non,

C’est cette touche de carmin que j’ai posée juste sur le petit bout de l’oreille.

DON RODRIGUE

C’est cela même ! voilà l’importance d’une touche juste ! Hum ! où en étions-nous ?

L’ACTRICE

Nous en étions à l’Angleterre où demain vous allez venir avec moi.

DON RODRIGUE

C’est moi qui aurai l’agréable mission de manipuler ce peuple vaincu ?

Travailler sous le fouet, tous les dimanches bien sagement aller écouter Monsieur le Curé, et tous les mois mettre dans un sac, pour vous, l’argent dont tous les ans vous enverrez au Roi de Madrid le moins possible,

Voilà la tâche que vous me donnez à expliquer en espagnol à mes sympathiques administrés.

Cela me rappelle mon ami jadis, Almagro, sur ses plantations.

L’ACTRICE

Que voulez-vous que nous fassions ?

DON RODRIGUE

Madame, qui est-ce qui obtient le plus d’un cheval,

Celui qui montant sur son dos le pique des deux éperons, ou celui qui le tenant par la bride le bat à coups de fouet tant qu’il peut ?

L’ACTRICE, battant des mains.

J’ai compris ! Ah ! vous êtes l’homme qu’il me faut !

Un cheval qui a besoin de son maître ne songe pas à le jeter par terre et il ne fera pas de philosophie et de théologie !

Il faut lui donner de l’occupation !

Ah ! vous êtes boiteux, mais je vais mettre les reins sous vous d’un superbe animal ! Mon peuple, comme je l’aime !

Vous l’aimerez comme moi.

C’est vous et moi qui allons révéler à ce peuple sa vocation.

DON RODRIGUE

Pensez-vous que le Roi d’Espagne soit content de ce petit programme ?

L’ACTRICE

Il aura le temps peu à peu de s’y accommoder.

DON RODRIGUE

Ainsi c’est de tromper mon souverain que vous me proposez ?

L’ACTRICE

C’est cela, nous allons le tromper un petit peu, oui, oui !

DON RODRIGUE

Et de nouveau vous allez me rendre aux murs, et aux meubles, et aux papiers ? La vacance immense et le soleil ne seront plus pour moi ?

La mer que je sens depuis si longtemps vivre sous mon cœur et qui est depuis si longtemps ma compagne de lit, la couche impériale sous mon corps, il faudra m’y arracher ?

L’ACTRICE. L’orchestre joue un arrangement de l’« Ouverture des Grottes de Fingal  ».

Mais en Angleterre nous ne sommes jamais loin de la mer, elle remue jusqu’au fond de nos comtés.

L’Île est une espèce de harpe immense disposée pour en tirer des voix et de la musique.

Deux fois par jour elle revient nous remplir et allaiter par toute sorte de conduites et d’ouvertures jusqu’au centre du pays.

Quel bonheur de l’avoir tout autour de soi et d’être séparée de tout dans ce grand jardin plein d’animaux paissants, cette prairie au cœur de quoi l’arc-en-ciel a toujours un pied !

C’est ce qu’il faut pour un amateur comme vous ! à part de tout, le moyen d’intervenir à son aise dans les affaires de l’Europe sans que jamais personne s’occupe des nôtres, toujours à demi enveloppés dans le mystère et dans la brume.

La ridicule conquête de l’Armada ne se renouvellera plus.

Ah ! je punirai bien les traîtres et les imbéciles qui n’ont pas su se défendre !

Vous autres, ceux du Continent,

Vous ne pouvez pas vous mettre dans la tête qu’il y ait autre chose que de la terre sur cette planète. Mais il y a d’abord la mer et la terre est dedans.

Cet Océan, sans le voir, vous autres Espagnols, vous vous êtes empressés de le traverser les yeux fermés pour aller bien vite vous régaler de cette terre que vous avez trouvée de l’autre côté.

Mais nous, Anglais, c’est la mer entière qui est à nous, pas seulement cette espèce de flaque, votre Méditerranée,

Mais la mer tout entière,

Et la terre qui est dedans par-dessus le marché il suffit d’y accrocher quelques pontons çà et là.

Nous trempons dedans ! Nous ne tenons à rien ! Nous sommes libres ! Nous avons ouverture par tous les bouts ! C’est l’eau infinie qui, de toutes parts, vient baiser les marches de notre château !

Venez avec moi tout en haut de l’Europe, dans cette espèce de colombier tout entouré d’une palpitation d’ailes, d’où partent sans fin mes mouettes, mes colombes, à la picorée vers toutes les mers du Monde !

Ici où nous sommes il n’y a même pas de marée ! Mais à Londres on a le doigt, jour et nuit, sur le pouls du monde qui bat !

Quand vous serez en train de travailler à votre bureau, tout à coup le jour est intercepté, c’est un grand quatre-mâts qui remonte la Tamise !

DON RODRIGUE

Quand le soleil vient à briller à travers la brume, on voit l’eau boueuse s’animer d’un million de petites écailles d’or, c’est l’Égide de Britannia.

L’ACTRICE

Vous viendrez avec moi en Angleterre ?

DON RODRIGUE

Je viendrai si je veux, mais je voudrais d’abord essayer de réaliser avec vous ce grand projet de frise,

Cela s’appellera le Baiser de Paix. Cela m’est venu à l’idée en regardant les moines au chœur qui se transmettent l’un à l’autre le baiser que le premier d’entre eux à l’Autel a reçu de l’Officiant.

Ils projetaient leurs ombres l’un sur l’autre.

Mais au lieu de moines nous mettrons des femmes enveloppées de longs voiles.

Elles se communiquent l’une à l’autre la Paix.

J’ai une espèce de grand drap, nous dirons au petit mousse de s’envelopper dedans, ou peut-être je le ferai moi-même, je vous donnerai les poses.

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