DON FERNAND, DON LÉOPOLD AUGUSTE.
En mer. 10° Lat. N. X 30° Long. O. Le fond de la scène est formé par une carte bleue et quadrillée de lignes indiquant les longitudes et les latitudes.
Don Fernand, Don Léopold Auguste. Tous les deux en vêtements noirs, petits mantelets, petites fraises et grands chapeaux pointus. Ils sont accoudés à la rambarde et regardent la mer.
DON FERNAND
La mer est toute parsemée de petites îles dont chacune est décorée d’un plumet blanc.
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Nous sommes tombés, paraît-il, au milieu d’une migration de baleines. Baleines, m’a dit le commandant, est le terme vulgaire dont on désigne ces animaux, – cetus magna.
Leur tête qui est comme une montagne creuse toute remplie de sperme liquide montre dans le coin de la mâchoire un petit œil pas plus gros qu’un bouton de gilet et le pertuis de l’oreille est si étroit qu’on n’y fourrerait pas un crayon.
Vous trouvez ça convenable ? C’est simplement révoltant ! j’appelle ça de la bouffonnerie ! Et penser que la nature est toute remplie de ces choses absurdes, révoltantes, exagérées !
Nul bon sens ! nul sentiment de la proportion, de la mesure et de l’honnêteté ! On ne sait où mettre les yeux.
DON FERNAND
Et tenez ! en voici une qui s’est mise tout debout comme une tour et qui d’un tour de queue pivote pour embrasser l’horizon. Ce n’est pas plus difficile que ça !
Les jardins de Thétis sont tout remplis de cloches, bouillons, fontaines jaillissantes et fantaisies hydrauliques.
Comme ceux d’Aranjuez pendant les quinze jours par an où la pluie permet à l’imagination de l’architecte de fonctionner !
Dieu me pardonne ! je vois un de ces monstres qui s’est mis sur le flanc et un baleineau qui s’est accroché à son pis,
Comme une île qui se consacrerait à l’exploitation d’une montagne !
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Révoltant ! dégoûtant ! scandaleux ! Là, là, sous mes yeux un poisson qui tette !
DON FERNAND
C’est un grand mérite à Votre Magnificence que de vous exposer à toutes ces rencontres incongrues,
Quittant cette chaire sublime à Salamanque d’où vous faisiez la loi à tout un peuple d’étudiants.
DON LÉOPOLD AUGUSTE
C’est l’amour de la grammaire, Monsieur, qui m’a comme ravi et transporté !
« Mais peut-on aimer trop la grammaire ? » dit Quintilien.
DON FERNAND
Quintilien dit ça ?
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Chère grammaire, belle grammaire, délicieuse grammaire, fille, épouse, mère, maîtresse et gagne-pain des professeurs !
Tous les jours je te trouve des charmes nouveaux ! Il n’y a rien dont je ne sois capable pour toi !
La volonté de tous les écolâtres d’Espagne m’a porté ! Le scandale était trop grand ! Je me suis jeté aux pieds du Roi.
Qu’est-ce qui se passe là-bas ? qu’est-ce qui arrive au castillan ? Tous ces soldats à la brigande lâchés tout nus dans ce détestable Nouveau-Monde,
Est-ce qu’ils vont nous faire une langue à leur usage et commodité sans l’aveu de ceux qui ont reçu patente et privilège de fournir à tout jamais les moyens d’expression ?
Une langue sans professeurs, c’est comme une justice sans juges, comme un contrat sans notaire ! Une licence épouvantable !
On m’a donné à lire leurs copies, je veux dire leurs mémoires, dépêches, relations comme ils disent. Je n’arrêtais pas de marquer des fautes !
Les plus nobles mots de notre idiome employés à des usages autant nouveaux que grossiers !
Ces vocables qu’on ne trouve dans aucun lexique, est-ce du toupi ? de l’aztèque ? de l’argot de banquier ou de militaire ?
Et qui s’exhibent partout sans pudeur comme des Caraïbes emplumés au milieu de notre jury d’agrégation !
Et cette manière de joindre les idées ! la syntaxe pour les réunir a combiné maint noble détour qui leur permet peu à peu de se rapprocher et de faire connaissance.
Mais ces méchants poussent tout droit devant eux et quand ils ne peuvent plus passer, ils sautent !
Vous trouvez que c’est permis ?
Le noble jardin de notre langage est en train de devenir un parc à brebis, un champ de foire, on le piétine dans tous les sens.
Ils disent que c’est plus commode. Commode ! Commode ! ils n’ont que ce mot-là à la bouche, ils verront le zéro que je vais leur flanquer pour leur commode !
DON FERNAND
Voilà ce que c’est pour un pays que de sortir de ses traditions !
DON LÉOPOLD AUGUSTE
La tradition, vous avez dit le mot.
Comme on voit que vous avez fréquenté les livres de notre solide Pedro, comme nous l’appelons, le rempart de Salamanque, le professeur Pedro de las Vegas, plus compact que le mortier !
« La tradition, tout est là ! » dit ce sage Galicien. Nous vivons sur un héritage. Quelque chose dure avec nous que nous devons continuer.
Or quelle est la tradition de l’Espagne, je vous prie ? Elle se résume en deux noms, le Cid Campeador et Saint Isidore le Laboureur, la guerre et l’agriculture.
Dehors les Infidèles et dedans notre petit champ de pois secs.
Qu’est-ce que nous allions faire sur la mer ? qu’est-ce que nous sommes allés trafiquer sur ces terres aux noms épouvantables que les anciens n’ont pas connus et où nos hidalgos n’ont fait que gagner les sobriquets de racleurs de cuir et de mâcheurs de cachou ?
Est-ce un bon et authentique Castillan qui nous a ainsi pris par la main pour nous mener au-delà de la mer vers notre Couchant ?
C’est un Génois, un métèque, un aventurier, un fou, un romantique, un illuminé plein de prophètes, un menteur, un intrigant, un spéculateur, un ignorant qui ne savait pas regarder une carte, bâtard d’un Turc et d’une Juive !
Et cet autre, qui non content de découvrir une autre terre s’est mis en tête de nous apporter un autre Océan, comme si un seul déjà ne suffisait pas à nos pauvres mariniers,
Quel est son nom, je vous prie ? Magalianhiche ! Magellanus quidam .
Un Portugais renégat, sans nul doute pour nous égarer soudoyé par le souverain de ce peuple perfide.
Tout cela pour ôter le respect de ses supérieurs au vulgaire grossier en ne laissant ignorer à personne que la terre est ronde et que moi,
Le Roi d’Espagne, les dames, les professeurs de Salamanque, nous cheminons la tête en bas comme mouches au plafond !
DON FERNAND
Encore si l’audace de ces malfaiteurs s’arrêtait là ! Mais n’avez-vous pas ouï parler récemment des idées de ce prestolet esclavon ou tartare, un certain Bernique ou Bornique, chanoine de Thorn…
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Arrêtez. Ne serait-ce pas plutôt Tours en France ou Turonibus dont Saint Martin fut évêque et où la maison Mame fabrique des paroissiens ?
DON FERNAND
Non, il s’agit de Thorn en Suisse où les gens parlent polonais.
DON LÉOPOLD AUGUSTE
C’est la même chose pour moi. Ce sont toujours ces régions barbares d’outre-Pyrénées dont un bon Espagnol rougirait de savoir même le nom.
La France, l’Allemagne, la Pologne, ce sont toujours ces brumes d’outre-monts qui de temps en temps viennent offusquer notre clair génie espagnol.
Que dit Borniche ? Parlez sans peur, gentilhomme, je suis prêt à tout. Allez, je vous donne audience.
DON FERNAND
Il dit – j’ose à peine répéter une idée si ridicule –
La Terre, – il dit que ce n’est pas le Soleil qui tourne autour de la Terre, mais la Terre…
Il rit modestement derrière son gant.
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Achevez, la Terre qui tourne autour du Soleil. Il n’y a qu’à prendre le contre-pied de ce que pensent tous les braves gens, ce n’est pas plus difficile que ça !
C’est ainsi qu’on s’acquiert pas cher un triste renom d’originalité.
Heureusement que de temps en temps on pousse la farce trop loin. Pour voir que c’est bien le soleil qui tourne autour de la terre, il suffit tout de même d’ouvrir les yeux. Il n’y a pas besoin de calculs, il suffit de notre gros bon sens espagnol !
DON FERNAND
Je hais ces fabricateurs de théories. Ce sont des choses qu’on n’aurait pas permises autrefois.
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Vous l’avez dit, cavalier ! Il devrait y avoir des lois pour protéger les connaissances acquises.
Prenez un de nos bons élèves par exemple, modeste, diligent, qui dès ses classes de grammaire a commencé à tenir son petit cahier d’expressions,
Qui pendant vingt années suspendu aux lèvres de ses professeurs a fini par se composer une espèce de petit pécule intellectuel : est-ce qu’il ne lui appartient pas comme si c’était une maison ou de l’argent ?
Et au moment qu’il se prépare à jouir en paix des fruits de son travail, où il va monter en chaire à son tour,
Voilà un Borniche ou un Christoufle quelconque, un amateur, un ignorant, un tisserand qui fait le marin, un chanoine frotté de mathématiques, qui vient foutre tout en l’air,
Et qui vous dit que la terre est ronde, que ce qui ne bouge pas bouge et que ce qui bouge est ce qui ne bouge pas, que votre science n’est que paille et que vous n’avez qu’à retourner à l’école !
Et alors toutes les années que j’ai passées à apprendre le système de Ptolémée, à quoi est-ce qu’elles m’ont servi, s’il vous plaît ?
Je dis que ces gens sont des malfaiteurs, des brigands, des ennemis de l’État, de véritables voleurs !
DON FERNAND
Peut-être des fous simplement.
DON LÉOPOLD AUGUSTE
S’il sont fous, qu’on les enferme ! s’ils sont sincères, qu’on les fusille ! Voilà mon opinion.
DON FERNAND
J’ai toujours entendu mon feu père me recommander de craindre les nouveautés.
« Et d’abord », ajoutait-il aussitôt, « il n’y a rien de nouveau, qu’est-ce qu’il peut y avoir de nouveau ?
Je serais encore plus fort de cet avis si je n’y sentais je ne sais quoi de malpropre et qui ne s’ajuste pas.
DON LÉOPOLD AUGUSTE
C’est que vous allez trop loin et que vous n’avez pas bien lu le solide Pedro.
Non, non, que diable, on ne peut pas rester éternellement confit dans la même confiture !
« J’aime les choses nouvelles », dit le vertueux Pedro. « Je ne suis pas un pédant, je ne suis pas un rétrograde.
« Qu’on me donne du nouveau. Je l’aime. Je le réclame. Il me faut du nouveau à tout prix. »
DON FERNAND
Vous me faites peur !
DON LÉOPOLD AUGUSTE
« Mais quel nouveau ? » ajoute-t-il. « Du nouveau, mais qui soit la suite légitime de notre passé. Du nouveau et non pas de l’étranger. Du nouveau qui soit le développement de notre site naturel.
« Du nouveau encore un coup, mais qui soit exactement semblable à l’ancien ! »
DON FERNAND
Ô sublime Guipuzcoan ! ô parole vraiment dorée ! je veux l’inscrire sur mes tablettes.
« Du nouveau encore un coup, mais qui soit exactement semblable à l’ancien. »
Heureuse opposition de termes qui se contrepèsent ! Condiment de notre sagesse castillane ! Fruit d’un sol profondément pénétré de la culture classique ! Grappe de nos petits coteaux modérés !
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Voilà ce que c’est qu’un esprit imprégné des moelleuses disciplines de notre Université !
Je veux des hommes comme lui, résolument arrêté à ses frontières naturelles, aux frontières de notre Espagne dieudonnée !
Vous dirai-je toute ma pensée ? l’Espagne se suffit à elle-même, l’Espagne n’a rien à attendre du dehors.
Qu’ajouter à nos vertus espagnoles ? à notre pur génie espagnol ? à la beauté de nos femmes, aux productions de notre sol, au charme de notre commerce ?
Hélas ! si nos compatriotes seulement se connaissaient, s’ils se faisaient justice, s’ils se rendaient compte des bienfaits qu’ils ont reçus du ciel !
Mais ils ont un grand, un impardonnable défaut,
Ce damnable penchant à toujours se rabaisser et à dire du mal d’eux-mêmes !
DON FERNAND
Que de fois n’ai-je pas gémi de ce funeste don de la critique ! Elle n’épargne même pas mon illustre parent, le Vice-Roi des Indes, que je vais présentement rejoindre.
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Je ne savais pas que Don Rodrigue fût votre parent.
DON FERNAND
Il n’est pas, si vous voulez, mon parent, mais mon allié plutôt,
Un allié, si je peux dire, par le sang.
(Il rit modestement.)
Nul n’ignore qu’en effet il fit jadis au fiancé de ma sœur, cavalier plein de promesses, Don Luis, un trou,
Je veux dire l’honneur d’un excellent coup de pointe, au cours d’une bagarre obscure qui lui-même au Styx faillit le faire boire beaucoup.
Plus tard Doña Isabel épousa Don Ramire que la faveur du Vice-Roi promptement éleva aux premières places,
À tel point que d’en faire son autre, si je peux dire, Ego.
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Ce n’est pas un moyen sûr de lui succéder.
DON FERNAND
Il ne pense pas à lui succéder. Nous ne pensons pas encore à lui succéder.
Mais il peut lui faire entendre de sages conseils. Il a le devoir de s’affirmer.
J’apporte l’air de Madrid. Le Vice-Roi n’est pas aimé à Madrid. Il y a si longtemps qu’il est parti ! Il est devenu cet homme d’outre-monde dont personne n’a entendu la voix ni regardé la figure.
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Cette idée de relier les deux mers par un canal, je vous prie, qu’en disent les ingénieurs et les financiers ?
DON FERNAND
Ce n’est pas tout à fait aussi ridicule. Il s’agit seulement, si j’ai compris, d’une espèce de chemin
Par lequel au moyen de câbles et de je ne sais quelles manigances hydrauliques
On ferait passer les navires, assujettis sur des espèces de chars, d’un hémisphère à l’autre.
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Et voilà où va l’argent de l’Espagne dont nous aurions tant besoin pour l’Enseignement supérieur !
Des navires ou des chars cavalcadant par-dessus les montagnes, fort bien !
C’est dans l’ordre ! c’est dans l’ordre ! Quand un tisserand fait le marin, un Vice-Roi peut bien faire l’ingénieur.
DON FERNAND
Comme vous dites, c’est autant d’argent de moins pour Madrid. Les remises des Indes ont faibli.
Et les plaintes de rapine et de violence que nous recevons de tous les coins de l’Amérique ! Ces exactions épouvantables ! Tous ces peuples qu’on ramasse à la manière de Pharaon pour les jeter dans la tranchée de la Culebra !
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Cela fait frémir.
DON FERNAND
Tout cela au lieu de marcher dans la voie sûre de ses prédécesseurs. Un enfant comprendrait qu’on ne peut rien faire de nouveau sans mettre contre soi ce qui existe.
DON LÉOPOLD AUGUSTE, avec emphase.
Nemo impune contra orbem !
DON FERNAND
Toutefois il a pour lui le Roi qui l’aime et qui ne le renverra jamais. Une erreur trop longue ne peut plus s’avouer.
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Je sens que vous voulez ajouter quelque chose.
DON FERNAND
Que diriez-vous si notre Vice-Roi se donnait à lui-même congé ?
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Lui-même à lui-même ?
DON FERNAND
Lui-même de lui-même à lui-même.
Il sort un papier de sa poche.
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Qu’est-ce que c’est que ce papier ?
DON FERNAND
N’avez-vous jamais ouï parler de la fameuse lettre à Rodrigue ?
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Si fait. Mais j’ai toujours cru que c’était une espèce de proverbe ou paradigme pour les écoliers,
Comme l’épée de Damoclès et la Maison que Pierre a bâtie.
DON FERNAND
La voici. Vous pouvez lire l’adresse.
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Mais elle est cachetée.
DON FERNAND
Si on l’ouvrait, elle perdrait toute sa puissance.
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Qui vous l’a procurée ?
DON FERNAND
Un moine qui la tenait d’un client le matin pendu.
Son histoire est singulière depuis le jour qu’à Mogador la personne que vous savez
L’a remise à certain galérien fugitif qui un mois plus tard à Palos
Ayant perdu jusqu’à sa chemise, eut l’idée de la fournir comme enjeu,
Pour, l’argent de toute la compagnie raflé, périr deux heures après d’un coup de couteau.
Et depuis dix ans la lettre passe ainsi de main à l’autre,
De Barcelone à Macao, d’Anvers à Naples,
Apportant à celui qui comme ressource dernière l’abat sur la table,
Le succès, du trépas incontinent suivi.
Il n’est que temps de la faire enfin parvenir à son destinataire.
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Mais que savez-vous de l’effet qu’elle fera ?
DON FERNAND
Eh bien ! je risque ma chance.
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Cette lettre qui peut décider de son départ,
Croyez-vous que le Vice-Roi la recevra de vos mains sans soupçon ?
DON FERNAND
Eh, c’est là ce qui me gratte un peu !
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Donnez-la-moi. Si le Vice-Roi part, tant mieux.
S’il reste, ce sera pour moi une bonne introduction dans l’esprit de Son Altesse.
DON FERNAND
Il fera de vous son directeur de l’Enseignement. L’ancien vient juste de crever.
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Je sens en moi l’étoffe d’un véritable Empereur de l’Instruction publique.
DON FERNAND
Vous pouvez compter sur moi pour vous soutenir. En ce qui me concerne,
— Vous savez que j’ai composé quelques petits ouvrages dont je me suis permis de porter dans votre chambre la pile –
Quand il y aura une place à l’Académie, puis-je espérer d’y occuper un pupitre à l’ombre de Votre Magnificence ?
DON LÉOPOLD AUGUSTE
Parlons de Don Ramire.