XXVI

Une pluie affreuse nous bloque, énervés, entre le foyer trop vif et la porte-fenêtre où siffle la bise d’est. Rien à tenter. Dès que j’entrouvre un des baffants vitrés, un clapotement assourdissant crible la pierre du perron, ricoche en mille gouttes jusqu’au parquet ciré. Derrière le rideau que je soulève, on voit marcher la pluie, un rideau transparent et funèbre qui traîne à plis inégaux vers l’ouest, comme le bas de la robe d’une géante qui franchirait une à une la hanche arrondie des montagnes.

Brûlée par le feu et par l’attente, – car je compte les jours et les nuits – je me tais, « je me creuse », disais-je autrefois… Je me creuse consciencieusement, avec une hâte patiente et déjà récompensée, car je vois briller une heure belle entre les heures…

Annie et Marcel me font peine. Ils ont des figures de séquestrés, tiraillés de bâillements nerveux et de frissons. En vain Marcel a changé trois fois de cravate, troqué de désespoir ses bottines de chasse ( ?) contre une paire d’escarpins vernis, vers l’heure du dîner… Il erre, languissant d’une détention à laquelle je puis seule, après Renaud, mettre fin… Quel éclair bleu dans ses yeux de jeune miss, quel fard suave sur sa joue veloutée, si je lui disais tout à coup : « Tenez, les voilà vos cent cinquante louis, filez… » Je me garderai de lui dispenser cette joie… D’abord, trois mille francs, il faudrait les demander à Renaud, sous quel prétexte ?… Et puis, je dois me l’avouer sur cette tentante page blanche, – je me plais secrètement au puéril ennui de mon beau-fils. Lâche instinct de prisonnière ! Désirer à toute heure changer de place sa fièvre sans la guérir, la maquiller de rire, de sérénité ou d’indifférence, que fais-je depuis tant de semaines ?… Oui, j'aime à voir Annie savourer sa brûlure en un luxurieux silence, et Marcel, pâli de solitude, ressasser, jusque devant Annie, des anecdotes où le jupon ne trouve point de place. Je leur tends ma propre peine comme un gâteau poudré de sable…

Que je suis vilaine !… Laissez, cela se passera. C’est un soir de pluie. Le soleil reviendra avec Lui, d’argent aussi et de neige, tout sucré de frimas… Annie, alors, pourra s’échapper – vers quel râble solide ? – et Marcel – vers quel douteux jouvenceau ? Et tout reviendra facile, léger, durable, naturel… Nous n’en avons plus pour longtemps… Restons liés ici, mes enfants, sous notre arche trempée que ce déluge semble avoir hissée en haut de la montagne… Patientez, faites comme moi, vagabondez, les pieds joints sur un coussin, les poings sous le menton… Marcel épelle au piano le chant liquide et puéril des Filles du Rhin narguant Siegfried, et me voici rajeunie de près d’un lustre, ramenée à cette année 19…, commencement et fin d’un de ces flirts rapides et flambants de Renaud, vifs feux de paille dont l’éclat inquiète, mais qui ne laissent qu’une pincée de cendres, blanche et voletante comme un duvet…

Renaud aimait, cette année-là, la belle Suzie. La belle Suzie plaît par un américanisme à la portée des plus médiocres romanciers français. Elle porte, sur de hautes jambes fines, une taille peu serrée, une carrure d’officier prussien, une petite tête simplement et brutalement construite : la mâchoire large, le nez insuffisant sauvé par un pli félin des narines. Suzie rit trop souvent, mais elle montre des dents mouillées, dentelées au bord comme les dents nouvelles des enfants de dix ans. Chaque fois qu’elle rit, ses yeux se ferment, et l’on ne pense plus qu’à sa bouche qui demeure seule à briller dans son visage… Mais quand ses yeux se rouvrent, d’un châtain sombre, ou suit fatigué, fasciné, leur mobilité inquiète, défiante et tendre…

Elle s’habille et se coiffe d’une manière incohérente, qui va du canotier Rat-Mort à l’extravagance la plus empanachée. Car ses ancêtres les Peaux-Rouges, lui ont légué le goût invétéré de la plume derrière l’oreille, à défaut de l’anneau dans la narine… Le pied est gracieux, mais la main garçonnière, et la voix, qui chuchote et traîne avec une douceur équivoque, devient, dès qu’elle s’élève, nasillarde et dure…

La littérature a gâté ce bel oiseau yankee, à qui l’on n’eût dû apprendre qu’à briller, à balancer onduleusement la nuque sous les plumes qu’éparpille le vent, à montrer ses dents, l’envers rouge de ses lèvres, à chasser du talon les traînes floconneuses qu’elle secoue et accroche, en vraie négresse parée…

Suzie a lu, et c’est de là que vient tout le mal. Elle a beaucoup lu, peu retenu, mêlé une salade bilingue de poésie et de prose, de théâtre, de romans et de philosophie où elle pique au hasard, sans trop choisir, avec une assurance qui force les admirations ingénues…

Je n’eus pas d’amertume quand Renaud se prit à suivre Suzie de five o’clock en afternoon tea. Elle me ressemblait si peu !… Je crois bien que je remplirais le monde de sang et de cris, si mon mari s’éprenait d’une silencieuse comme moi, violente au fond, d’une violence ouatée de paresse, comme moi contemplative et trépidante, et plus que moi jeune et jolie…

Mais Suzie ! Quelle Claudine eût pu prendre ombrage de Suzie ? Suzie gourmande de flirt, de caresses risquées sous une nappe retombante, Suzie absorbante et menteuse, Suzie au carnet de rendez-vous plus chargé que celui d’un dentiste, Suzie volontiers utilitaire, sachant emprunter à tel peintre, à tel romancier, une opinion réputée « originale » et dont elle se pare, importante, en petite fille qui se pavane dans une jupe trop longue…

Une fois encore, pour cette belle Suzie, Renaud dépensa son ardeur de prosélyte, en dépit de mes sages conseils. « Elle est belle, lui répétais-je, que lui voulez-vous de plus ?… Apprenez-lui à se taire, elle approchera mieux de la perfection… » Et puis je riais d’entendre mon mari plaider contre moi la cause de Suzie, lui découvrir de la finesse, une promptitude d’esprit toute latine, voire une honorable mélancolie et le dégoût foncier du snobisme… Mélancolique, Suzie ! Mélancolique et pleine d’un noble désir des choses meilleures, cette jument de sacre, fière de s’ébrouer sous les pompons et les panaches !…

(Malgré moi, je la rabaisse un peu trop. Une tardive jalousie m’échauffe, à me rappeler tant d’heures perdues, de journées gaspillées en rendez-vous ici et là et qui me privaient de Renaud.)

L’apostolat amoureux de mon cher mari aboutit au projet singulier d’emmener Suzie à Bayreuth avec nous, l’été de cette même année 19… J’en faillis pleurer, puis rire, puis j’entrevis, sagement, la fin normale de cette idylle, et que Suzie elle-même tuerait Suzie…

Pour la seconde fois, je revis sans joie la petite ville noircie où pleut le charbon, le jardin de la Margrave où Annie, étourdie de solitude, avait chancelé sur mon épaule… Je revis dans mon assiette les horreurs mit compot et dans mon verre la bière médiocre, mais glacée. Je revis les lits saugrenus, ennemis du sommeil et de l’amour, les lits fragmentés, draps trop courts, matelas-mosaïques en trois pièces, les lits-cercueils où s’ajuste dans la journée une planche-couvercle tendue de cretonne imprimée… Ô lits franconiens ! J’ai tenté avec vous tous les accommodements, vous qui contraignez la volupté à l’acrobatie !

Renaud avait élu pour Suzie un petit appartement vieillot et gai, dont les fenêtres, fleuries de pélargoniums roses sucrés de poussière, s’ouvraient sur la Richard Wagnerstrasse, brûlante et déserte. Quand je dis déserte !… Deux fois le jour, un régiment bavarois y défilait, forts garçons vert sale sur de grandes biques alezanes, bonnes figures cuites de dogues entre le casque et col de drap framboise…

Je revois, en instantané dont tous les détails brillent, ces deux fenêtres fleuries et le buste de Suzie appuyé à la barre… Elle était nu-tête, ses cheveux bruns, tordus en coquille, se moirent d’or sous le soleil de midi, ses seins, sur ses bras croisés, s’écrasent un peu dans une robe lâche où sont peintes des pommes de pin roses et jaunes, et son petit nez se fronce dans l’effort qu’elle fait pour garder les yeux ouverts contre la lumière cuisante… Derrière elle, tout près, la grande taille de Renaud coupe d’une barre sombre le fond blanc de la chambre. Il ne rit pas, car il la désire. Elle rit, en se penchant davantage sur la rumeur du régiment qui passe, sur le nuage de poussière qui monte vers elle, sur l’odeur de cuir, de poil, d’hommes mouillés… Elle rit et les soldats fumants répondent à son rire, mufles levés et dents découvertes… Elle écrase ses seins sur ses bras, renverse un cou de colombe et murmure : « Tous ces hommes… C’est drôle, tant d’hommes à la fois…» Son beau regard couleur de café croise celui de mon mari, puis se dérobe brusquement, et nous demeurons tous trois graves, muets, comme trois étrangers qu’un hasard a rassemblés. Oui, je me souviens de cette heure décisive ! Distinctement, entre Suzie et Renaud, j’ai vu passer leur Désir qui s’est arrêté une seconde, les ailes ouvertes, et s'est enfui d’un vol effaré comme ces passereaux qui crient tout à coup, ayant senti passer sur eux l’ombre d’un mauvais oiseau… Pourtant j'avais voilé mon regard, contenu ma pensée meurtrière que je tenais cachée au fond de moi, frémissante et disciplinée comme un bon chien de chasse qui attend le signe… Je n’ai pas fait le signe… À quoi bon ? Celui que j’aime doit vivre libre, dans une apaisante et illusoire liberté…

Tous les jours qui suivirent cette minute inquiète, Renaud put voir et chérir sa Suzie, se caresser à son accent chantant, à ses plumes envolées, à son parfum variable – mélange qu’elle dosait à la diable et qui lui seyait, suave ou âpre, – assister, dans sa chambre défaite, à une fin de toilette capiteuse…

À midi, héroïque, je l’envoyais cueillir Suzie parmi des lingeries jetées, les cuvettes en désarroi, les malles pillées… Je savais qu’elle l’accueillait, lui et ses fleurs quotidiennes, d’un « ah ! » mi-confus, mi-joyeux, et qu’elle agrafait avec une adroite maladresse la ceinture de sa jupe… Je la voyais, penchée au miroir mais les yeux ailleurs, sabrant sa bouche de deux traits de « raisin », secouant sa houppe et veloutant ses joues, toujours sans se regarder, avec une adresse de singesse qui saurait se grimer… Je connaissais si bien – mieux que Renaud la fausse hâte, le faux désordre, la fausse perplexité de Suzie, dont les yeux sombres se fonçaient, se troublaient d’une telle inquiétude palpitante qu’on songeait malgré soi au motif coupable d’une si vive émotion…

En vérité, je voyais tout cela à travers les murailles, avant que Renaud se fût laissé aller à me tout dire… Pauvre cher grand, il tomba enfin au piège de ma confiance et de ma sérénité, et je crois bien, au mal que j’endurai dès sa première confidence, que je n’en demandais pas tant…

Héroïque, je fus héroïque, le mot n’est pas trop fort ! Je subis, passive comme une gouvernante étrangère, les « leçons de Tétralogie » où Renaud trompait sa fièvre et que Suzie s’assimilait, muette, extasiée, les yeux rivés à ceux du bienveillant apôtre à la moustache argentée… N’ai-je point failli la défigurer, un jour, pour m’être aperçue qu’elle n’écoutait pas la voix de Renaud, mais qu’elle suivait, les yeux tout noirs, le mouvement de ses lèvres ?… Chassons, chassons tout cela ! Souvenons-nous seulement de ma joie silencieuse, de l’envie soudaine de « danser la chieuvre » qui me saisit, un soir, un beau soir, le soir de Parsifal

Dans la Restauration du Théâtre, cette halle inconfortable qui pue la sauce, la bière répandue, le mauvais cigare, nous attendions, éreintés, qu’un tiède wiener-schnitzel parvînt jusqu’à notre table, porté sur les remous d’un peuple que quatre heures de spectacle ont affamé jusqu’à la frénésie… Sous une triste lumière verticale, je contemplais, accoudée, Renaud vieilli de musique, la moustache tressaillante, les mâchoires dures, – Suzie rajeunie, éveillée, sur qui l’écrasante harmonie avait glissé, clémente… Elle feignait la lassitude, tordait ses souples épaules, fermait les paupières, se balançait toute dans une gymnastique voluptueuse dont se repaissait Renaud silencieux, presque méchant… Autour de nous, un vacarme d’assiettes, de cris, les ordres vociférés en mauvais allemand par Maugis attablé derrière nous avec le ménage Payet et Annie, les cris de pintades d’une smala d’Anglaises en cheveux… et moi je songeais lâchement qu’un train partait pour Carlsbad à dix heures, et que l’express de Carlsbad emporterait vers Paris une Claudine dégoûtée dont on ne s’occupait guère…

– Oh ! oui, affirmait Suzie, avec une fausse ferveur très séduisante, j’ai pleuré toutes mes larmes à la scène du baptême !

Et elle ouvrait tout grands ses yeux couleur de Seine nocturne, d’un brun miroitant.

– Oui… murmurait Renaud, à peine maître de lui.

– Oh ! je l’ai bien reconnu, le motif de la Lance !

– Le motif de la Lance ! Quel motif de la Lance ?

Je me penchais, attentive, soudain illuminée d’espoir…

– Mais, Renaud, le motif de la Lance, celui qui sert pour Wotan, et pour Parsifal aussi, enfin, je ne me trompe pas ?…

À mon bref sourire, la belle Suzie sentit la gaffe, mais déjà, de sa place, Maugis, ivre aux trois quarts, l’applaudissait sans discrétion :

– Voui, jolie Madame, voui ! Et vous faites bougrement honneur, si j'ose ainsi m’exprimer, à votre professeur de leitmotiv. Le motif de la Lance ! Celui qui sert pour Wotan, pour l’épée de Siegfried, pour la colichemarde de Parsifal, pour l’alène de Hans Sachs, pour le couteau de chasse de Hunding, et pour le cure-ongles de Senta ! Hurrah pour le motif de la Lance, collectif, démontable et interchangeable ! Wollzogen et Chamberlain en seront comme deux ronds de frites, – mit compot !

Ce gros Maugis suant et soufflant, je l’aurais embrassé ! Suzie rougissait, plus jolie d’être courroucée ; Renaud prenait le parti de rire d’un indulgent et paternel, mais en détournant ses yeux des miens, pour que je n’y pusse lire un rien d’irritation vexée… Et moi, je sentais une joie vindicative rentrer en moi, courir le long de mes veines en chatouillant ma peau par en dessous, – je laissais ma pensée quitter le train de Carlsbad, et vidant, tête renversée, mon römer d’émeraude, plein d’un Johannisberg sec et clair comme une gifle, je murmurais : « Sois charmante et tais-toi… »

Et je commençai de me griser exprès, pour fêter la Sainte-Gaffe ; je bus à Maugis, qui me le rendit sans compter ; je bus à Annie pâle et prostrée ; elle me souriait sans comprendre, avec son air absent de pensionnaire qui a de mauvaises habitudes… Je bus à Marthe Payet et à son mari, lui toujours premier-à-la-soie, elle éclatante et rousse, les cheveux en ondes larges sous un chapeau agressif, l’air d’un Hellen copié par Fournery… Je bus, déjà grise, à mon cher Renaud, en soulevant vers lui mon verre pour un vœu, muet… Et Suzie, amusée, sans rancune, remplit mon römer encore une fois, en riant de tout son cœur, les yeux fermés et les dents nues, pour me faire porter la santé de son mari absent, ce mari qui peinait pour elle dans de lointains pétroles russes…

Dédoublée, je me mirais dans mon ivresse, j’y voyais mes joues chaudes, ma bouche rouge, mes cheveux en boucles qu’amollissait la chaleur, et je sentais mes prunelles si larges et si jaunes que leur lumière me chauffait les paupières… Je parlais, je parlais, profitant de ma félicité physique et de ma dualité passagère pour jeter hors de moi toutes les faciles drôleries qu’à jeun je retiens par paresse et par pudeur… Je me souviens qu’au plus fort de mon bavardage je voyais les visages de Renaud, de Suzie, d’Annie, Marthe et Léon, le masque congestionné de Maugis, tournés vers moi, attentifs et narquois, – ils me regardaient avec l’expression de gens qui guettent sans être vus, ou qui observent en sécurité une aveugle… Une aveugle ! Mes yeux chauds entraient dans leur âme, avec curiosité, mais non sans mépris, et ne se rafraîchissaient, désarmés, qu’au bleu-noir d’étang des prunelles de Renaud indécis, secoué, rêvant sur les motifs secrets de cette griserie débridée…

À partir de ce jour, je ne comptai plus mes victoires. Ô vous, toutes les Suzies, si vous saviez à quoi tient ce que vous nommez l’amour d’un homme, quand cet amour s’appelle au vrai désir !…

Une heure vint où je discernai, dans la nervosité de Renaud, autre chose que le désir : l’envie d’abord discrète, l’envie ensuite frénétique et maladive de s’en aller… Suzie lui avait-elle cédé ? Je ne l’ai jamais su. Je ne veux pas le savoir. Renaud ne m’en a que trop dit, après. J’ai connu par lui de quels appâts grossiers, si « femelle », elle se servait, de quels frôlements indignes, quasi professionnels, elle l’énervait, et comment elle roulait sur lui sa tête parfumée en murmurant : « Je suis une pauvre petite femme toute seule, j’ai tant besoin qu’on me câline… » J’ai su comment Suzie ouvrait devant Renaud les lettres de son mari, et qu’elle les lisait d’un œil sagace et rapide, sans passer une ligne, avec ce sourire canin qui découvrait ses dents… Un jour, plus méchante que de coutume, elle jeta au nez de Renaud une lettre chiffonnée : « Lisez ça, si ça vous amuse… Si, Si, lisez ! » Et ses mains souples toujours froides, lissaient la lettre, quatre pages couvertes d’une écriture lourde et claire. Renaud lut, Suzie appuyée à son épaule. Il lut, soudain glacé comme les mains de Suzie, la plus humble, la plus déchirante lettre qu’un mari absent, désabusé, jaloux, peut écrire à une femme imbécilement aimée : « Ma Suzie, mon amour… Comme tu es loin… Sois sage, mais fais tout ce qui t’amuses… Soigne-toi… Ne me trompe pas, ô mon amour… Tu sais comme je suis triste et comme tu peux me faire souffrir, ne me trompe pas, toi qui es tout ce que je possède en ce monde… »

Ce cri : ne me trompe pas ! qui revenait, humilié et sans espoir, cette servilité d’homme qui acceptait tout pour garder Suzie, et la gaieté insultante de cette rosse penchée sur la lettre, la joue frôlant la moustache de Renaud… Toute cette scène qui mît fin à l’idylle franconienne, je ne l’ai pas vue, mais je l’ai dessinée dans mon souvenir et je l’y caresse, comme une image de piété, comme un fétiche qui a fait ses preuves…

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