NOTE

(À cet endroit, le journal de Marian Halcombe devient illisible et, à la page suivante, on peut lire ces lignes) :

 

Post-scriptum d’un ami sincère

La maladie de notre excellente amie, miss Halcombe, m’a procuré un plaisir intellectuel inattendu. Je fais allusion à la lecture de ce journal, que je viens de terminer, et dont chaque page m’a charmé au plus haut point. Quelle femme admirable ! Quelle intelligence rare ! Pour un homme aux sentiments raffinés, quel plaisir ineffable de pouvoir écrire ceci ! Mon portrait, par exemple, est l’exactitude même, et fait de main de maître. Quelle impression j’ai dû produire sur cette femme ! Je suis désolé que nos intérêts soient opposés, nous nous serions si bien complétés.

Ayant quelques connaissances en médecine, je me suis mis à la disposition du docteur, qui a refusé mes services.

Je remets honnêtement, par l’intermédiaire de ma femme, ce journal où je l’ai trouvé et me tourne vers mon destin, non sans avoir d’abord déposé l’hommage de mon respect et de mon admiration aux pieds de miss Halcombe. Je suis navré pour elle de l’échec inévitable de tous ses plans, mais, en même temps, je la prie de croire que je ne me servirai pas des renseignements qu’elle m’a fournis afin d’assurer cet échec. La conduite que j’avais envisagée dans cette affaire n’est en rien modifiée. Ces pages ont simplement éveillé en moi les sensibilités les plus délicates de ma nature, c’est tout. Miss Halcombe, extrêmement sensible, elle aussi, me comprendra parfaitement. Je souhaite de tout cœur qu’elle se rétablisse, et je signe

Fosco.

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