VIII

Le 14, les directeurs et leurs conseillers se réunirent pour entendre la lecture du rapport. En voici le texte :

Personnel et confidentiel.

« Nous avons l'honneur d'informer les directeurs que nous sommes arrivés à Venise le 6 décembre 1860. Le même jour nous nous présentâmes au palais que lord Montbarry habitait au moment de sa dernière maladie.

» Nous fûmes reçus avec toute la courtoisie possible, par le frère de lady Montbarry, M. le baron Rivar.

» – Ma sœur seule a prodigué ses soins à son mari pendant tout le cours de sa maladie, nous dit-il. Elle est accablée de fatigue et de douleur… sans quoi elle eût été ici pour vous recevoir. Que désirez-vous, messieurs ? et que puis-je faire pour vous à la place de milady ?

» Suivant nos instructions, nous répondîmes que la mort et l'enterrement de lord Montbarry à l'étranger nous obligeait à prendre quelques informations sur sa maladie, et sur les circonstances qui s'y rattachaient, informations qui ne pouvaient être recueillies que de vive voix. Nous expliquâmes que la loi accordait aux compagnies d'assurances un certain temps avant le paiement de la prime et nous exprimâmes notre désir de conduire l'enquête avec la plus respectueuse considération pour les sentiments de douleur de lady Montbarry et de tous les autres membres de la famille habitant la maison.

» Le baron répondit :

» – Je suis le seul membre de la famille résidant ici, mais je suis à votre entière disposition et vous pouvez vous regarder dans le palais comme chez vous.

» Du commencement à la fin, nous avons trouvé ce monsieur d'une franchise parfaite, et il nous a offert très gracieusement de nous aider en tout.

» À l'exception de la chambre de milady, nous avons visité chacune des pièces du palais le jour même. C'est un édifice immense, non entièrement meublé. Le premier étage et une partie du second contiennent les pièces qui avaient été occupées par lord Montbarry et les gens de sa maison. Nous avons vu, à une extrémité du palais, la chambre à coucher dans laquelle « Sa Seigneurie » est morte, et nous avons également examiné la petite chambre y attenant, dont le défunt s'est servi comme d'un cabinet de travail. À côté se trouve une grande salle dont il laissait habituellement les portes fermées à clef, et où il allait, comme on nous l'a dit, travailler quelquefois quand il voulait une parfaite tranquillité et une solitude absolue. De l'autre côté de cette grande salle se trouvent la chambre à coucher occupée par la veuve, et un boudoir-cabinet de toilette où dormait la femme de chambre avant son départ pour l'Angleterre. Outre ces pièces, il y a encore les salles à manger et les salles de réception, ouvrant sur une antichambre qui donne accès au grand escalier du palais.

» Au deuxième étage, les chambres sont : le cabinet d'études, la chambre à coucher du baron Rivar et un peu plus loin, une autre pièce, qui a servi de logement au courrier Ferraris.

» Les salles du troisième étage et du rez-de-chaussée étaient, lorsqu'on nous les a montrées, absolument vides et entièrement délabrées. Nous demandâmes s'il y avait quelque autre chose à visiter au-dessous. On nous répondit sur-le-champ qu'il restait les caves que nous étions libres de parcourir.

» Nous y descendîmes afin de ne laisser aucun endroit inexploré : les caveaux avaient servi, disait-on, de cachots autrefois, il y a plusieurs siècles. L'air et la lumière ne pénètrent qu'à peine dans ces sombres lieux, par deux espèces de puits étroits et profonds qui communiquent avec une cour située derrière le palais ; leurs orifices élevés fort au-dessus du sol sont obstrués par d'épaisses grilles de fer. L'escalier en pierre conduisant dans les caveaux se ferme au moyen d'une lourde trappe que nous trouvâmes ouverte. Le baron descendit devant nous. Nous fîmes la remarque qu'il serait désagréable que la trappe, en retombant, vint à nous couper la retraite. Le baron sourit à cette idée.

» – Soyez sans crainte, messieurs, dit-il, la porte tient bon. J'avais grand intérêt à y veiller moi-même, lorsque nous sommes venus nous installer ici. La chimie expérimentale est mon étude favorite et mon laboratoire, depuis que nous sommes à Venise, est ici.

» Cette dernière phrase nous expliqua une odeur bizarre répandue dans les caveaux, odeur qui nous frappa au moment où nous y entrâmes. Cette odeur était pour ainsi dire d'une double essence, elle semblait tout d'abord légèrement aromatique, mais ensuite on s'apercevait d'une senteur âcre qui saisissait à la gorge. Les fourneaux, les appareils du baron et tous les autres ustensiles bizarres que nous vîmes parlaient par eux-mêmes ainsi que les paquets de produits chimiques qui portaient très lisiblement sur l'étiquette le nom et l'adresse des fournisseurs.

» – Ce n'est pas un endroit agréable pour travailler, nous dit le baron, mais ma sœur est très peureuse, elle a horreur des odeurs de produits chimiques et des explosions ; aussi m'a-t-elle relégué dans ces régions souterraines, afin de ne s'apercevoir en aucune façon de mes expériences.

» Il étendit les mains sur lesquelles nous avions déjà remarqué des gants.

» – Il arrive quelquefois des accidents, quelque précaution qu'on puisse prendre, ajouta-t-il ; ainsi, l'autre jour je me suis brûlé les mains en essayant un nouveau mélange, mais elles commencent à se guérir maintenant.

» Si nous insistons sur tous ces détails, qui semblent n'avoir aucune importance, c'est pour montrer que notre visite du palais n'a été entravée en aucune façon. Nous avons même été admis dans la chambre particulière de lady Montbarry, pendant qu'elle était sortie quelques instants pour prendre l'air. Nous avons été spécialement chargés d'examiner avec soin la résidence du lord, parce que l'extrême isolement de sa vie à Venise, et l'étonnant départ des deux seuls domestiques de la maison pouvaient peut-être avoir un certain rapport avec son décès inattendu. Nous n'avons rien trouvé qui justifiât l'ombre d'un soupçon.

» Quant à la vie retirée que menait lord Montbarry, nous en avons parlé avec le consul d'Angleterre et le banquier de la famille, les deux seules personnes qui aient été en rapport avec lui. Il se présenta lui-même une fois à la maison de banque pour se faire remettre de l'argent sur une lettre de crédit, et refusa d'accepter l'invitation que lui fit le banquier de venir passer quelques heures à sa résidence particulière, invoquant son état de santé. Lord Montbarry écrivit la même chose au consul, en lui envoyant sa carte pour s'excuser de ne pas rendre personnellement la visite qui lui avait été faite au palais. Nous avons eu la lettre entre les mains, et nous sommes heureux de pouvoir en donner la copie suivante :

« Les années que j'ai passées dans les Indes ont fortement ébranlé ma constitution ; j'ai cessé d'aller dans le monde, ma seule occupation maintenant est l'étude de la littérature orientale, le climat de l'Italie est meilleur pour ma santé que celui de l'Angleterre, sans cela je n'aurais jamais quitté mon pays, je vous prie donc de vouloir bien accepter les excuses d'un malade qui ne trouve de soulagement que dans l'étude. Ma vie d'homme du monde est terminée maintenant. »

» La réclusion volontaire de lord Montbarry nous parait expliquée par ces quelques lignes ; nous n'avons néanmoins épargné ni nos peines ni nos recherches sur d'autres pistes. Nous n'avons rien trouvé qui puisse faire naître le plus léger soupçon.

» Quant au départ de la femme de chambre, nous avons vu le reçu de ses gages, dans lequel elle déclare expressément qu'elle quitte le service de lady Montbarry, parce qu'elle n'aime pas le continent et qu'elle veut retourner dans son pays. Ce qui s'est passé là n'a rien d'étrange et arrive fort souvent quand on emmène des domestiques anglais à l'étranger.

» Lady Montbarry nous a appris qu'elle n'a pas cherché à remplacer sa femme de chambre, à cause de l'extrême antipathie qu'avait son mari pour les figures nouvelles, surtout depuis que son état de santé s'était aggravé.

» La disparition du courrier Ferraris est évidemment un fait extraordinaire. Ni lady Montbarry ni le baron ne peuvent l'expliquer ; aucune recherche de notre part n'a amené le moindre éclaircissement à ce mystère, mais nous n'avons rien trouvé non plus qui puisse faire rattacher ce fait de près ou de loin à la cause spéciale de notre enquête. Nous avons été jusqu'à examiner la malle que Ferraris a laissée. Elle ne contient que des effets et du linge. La malle est entre les mains de la police.

» Nous avons eu aussi occasion de parler en particulier à la vieille femme qui fait les chambres qu'occupent la veuve et le baron. Elle a été prise sur la recommandation du propriétaire du restaurant qui fournit le repas à la famille. Sa réputation est excellente, malheureusement son intelligence obtuse en fait un témoin de nulle valeur pour nous. Nous avons mis toute la patience et tout le soin possibles à la questionner : elle s'est montrée pleine de bonne volonté, mais nous n'en avons rien tiré qui vaille la peine d'être reproduit dans le présent rapport.

» Le second jour de notre arrivée, nous eûmes l'honneur d'une entrevue avec lady Montbarry. Elle avait l'air complètement abattue, très souffrante, et semblait ne pas comprendre ce que nous lui voulions. Le baron Rivar, qui nous introduisit auprès d'elle, expliqua la cause de notre séjour à Venise, et fit de son mieux pour la convaincre que nous ne faisions que remplir une formalité. Après cette explication, le baron se retira.

» Les questions que nous adressâmes à lady Montbarry avaient surtout rapport, bien entendu, à la maladie du lord. Elle nous répondit par saccades, d'une manière très nerveuse, mais, en apparence du moins, sans la moindre réserve. Voici le résultat de notre conversation avec elle :

» La santé de lord Montbarry n'était plus la même depuis quelque temps ; il se montrait nerveux et irritable. Le 13 novembre dernier, il se plaignit d'avoir attrapé froid, la nuit fut mauvaise, le jour suivant il garda le lit. Milady proposa d'aller chercher un médecin. Il s'y refusa, disant qu'il pouvait parfaitement se soigner lui-même pour un rhume. À sa demande, on lui fit de la limonade chaude, pour le faire transpirer. La femme de chambre de lady Montbarry était déjà partie à cette époque, le courrier Ferraris restait donc seul comme domestique : ce fut lui qui alla acheter des citrons.

Lady Montbarry fit la boisson de ses propres mains. Elle eut le résultat qu'on en attendait : le lord eut quelques heures de sommeil. Dans la journée, lady Montbarry ayant besoin de Ferraris le sonna. Il ne répondit pas à cet appel. Le baron Rivar le chercha en vain dans le palais et dans la ville. À partir de ce moment on n'a pu découvrir aucune trace de Ferraris. Ceci se passa le 14 novembre.

» Dans la nuit du 14, les symptômes de fièvre qui s'étaient déjà manifestés reprirent avec plus de force : on attribua cette recrudescence de la maladie à l'ennui et à l'inquiétude causée par la disparition mystérieuse de Ferraris. Il avait été impossible de la cacher au lord, qui demandait fort souvent le courrier, insistant pour que l'homme remplaçât à son chevet lady Montbarry ou le baron.

» Le 15, le jour où la vieille femme vint pour la première fois faire le ménage, le lord se plaignit d'un violent mal de gorge et d'un sentiment d'oppression sur la poitrine. Ce jour-là et le lendemain 16, lady Montbarry et le baron tâchèrent de le décider à voir un docteur, mais il s'y refusa de nouveau.

» – Je ne veux pas voir de visages étrangers ; mon rhume suivra son cours, les médecins n'y peuvent rien.

» Telle fut sa réponse.

» Le 17, il allait bien plus mal ; aussi envoya-t-on chercher un médecin sans le consulter. Le baron Rivar, sur la recommandation du consul, alla prévenir la docteur Bruno, bien connu à Venise pour un homme de talent ; il avait habité l'Angleterre, dont il connaît les mœurs et les habitudes.

» Jusqu'ici, nous n'avons fait que reproduire ce que lady Montbarry nous a révélé sur la maladie de son époux.

» Maintenant nous allons copier textuellement le rapport qu'a bien voulu nous communiquer le médecin :

« Mon agenda m'apprend que je fus appelé pour la première fois auprès du lord anglais Montbarry le 17 novembre. Il souffrait d'une violente bronchite. On avait déjà perdu un temps précieux à cause de son refus de faire appeler un médecin. Il me fit l'effet d'être d'une constitution délicate. Il avait une désorganisation du système nerveux : il était à la fois timide et taquin. Quand je lui parlais en anglais, il répondait en italien ; quand je lui parlais en italien, il répondait en anglais. Ces détails n'ont aucune importance d'ailleurs, car la maladie avait déjà fait de tels progrès, qu'il pouvait à peine prononcer quelques mots à voix basse.

» Sur-le-champ, je prescrivis les remèdes nécessaires. Des copies de mes ordonnances avec la traduction en anglais accompagnent le présent rapport et parlent d'elles-mêmes.

» Pendant les trois jours suivants, je ne quittai pas mon malade. Il suivit de point en point mes remèdes qui produisirent un excellent effet. En toute assurance, je pus dire à lady Montbarry que tout danger était conjuré. Mais c'est en vain que j'essayai de lui faire accepter les services d'une garde-malade expérimentée. Milady ne voulut permettre à personne de soigner son mari. Nuit et jour elle était à son chevet. Pendant qu'elle prenait quelques courts moments de repos, son frère veillait le malade à sa place. Je dois dire que j'ai trouvé ce frère de très bonne compagnie dans les rares intervalles où nous avons pu causer ensemble. Il s'occupait de chimie, tripotait quelques expériences dans les sous-sols du palais bâti sur pilotis et voulait me faire assister à ses expériences ; mais j'ai assez de m'occuper de chimie en étudiant pour mon compte, et je refusai. Il prit la chose fort gaiement.

» Mais je m'éloigne de mon sujet. Revenons à notre malade.

» Jusqu'au 20, les choses allèrent assez bien. Je n'étais nullement préparé au triste événement qui s'annonça le 21 au matin quand je fis ma visite à lord Montbarry. Son état s'était aggravé et sérieusement. En l'examinant, je découvris des symptômes de pneumonie, – ce qui veut dire en langue vulgaire, inflammation de la substance des poumons. Il respirait avec difficulté et les quintes de toux ne parvenaient à le soulager qu'en partie. Je m'inquiétai de ce qui avait pu se passer. Je fis à cet égard une véritable enquête qui n'eut d'autre résultat que de me convaincre que mes ordonnances avaient été suivies avec autant de soin que par le passé, et qu'il n'avait été exposé à aucun changement de température. Ce fut à mon grand regret qu'il me fallut augmenter le chagrin de lady Montbarry, mais je dus, lorsqu'elle me parla de faire appeler un second médecin en consultation, lui avouer que ce n'était réellement pas la peine. Milady me pria de ne rien épargner et de demander l'avis du plus célèbre médecin d'Italie. Heureusement nous n'avions pas à aller bien loin. Le premier des médecins italiens est Torello, de Padoue. J'envoyai un exprès pour le demander. Il arriva dans la soirée du 21, et confirma en tous points mon opinion sur la pneumonie ; Il ajouta que la vie de notre malade était en danger. Je lui dis quel avait été mon traitement, et il l'approuva sans réserve. Il fit de précieuses recommandations et, à la prière de lady Montbarry, consentit à différer son retour à Padoue jusqu'au lendemain matin.

» Nous vîmes tous deux le malade à plusieurs reprises dans la nuit. La maladie s'aggravait d'heure en heure malgré tous nos soins. Le matin, le docteur Torello prit congé de nous.

» – Cet homme est perdu, rien n'y fera ; on devrait le prévenir, me dit-il.

» Dans la journée, je prévins le lord aussi doucement que je pus, que sa dernière heure était arrivée. On m'assure qu'il y a de sérieuses raisons pour que je dise tout ce qui se passa entre nous à ce sujet. Le voici donc :

» Lord Montbarry reçut la nouvelle de sa mort prochaine avec résignation, mais sans y croire absolument. Il me fit signe de m'approcher et murmura faiblement ces mots à mon oreille : » – Puis-je avoir confiance en vous ? » Je lui répondis :

» Vous pouvez avoir pleine et entière confiance en moi.

» Il attendit un peu, respirant à peine, et reprit à voix basse :

» – Cherchez sous mon oreiller.

» Je trouvai une lettre cachetée et affranchie, prête à être mise à la poste. C'est à peine si je l'entendis prononcer les paroles suivantes :

» – Mettez-la vous-même à la poste.

» Je répondis que je le ferais, et je le fis. Je regardai l'adresse : elle était pour une dame de Londres. Je ne me souviens pas de la rue, mais je me rappelle parfaitement le nom ; c'était un nom italien : Mme Ferraris.

» Cette nuit-là « Sa Seigneurie » mourut ; la congestion pulmonaire commença. Je le fis aller encore quelques heures, et, le lendemain matin, je vis dans ses yeux qu'il me comprenait quand je lui dis que j'avais mis sa lettre à la poste. Ce fut le dernier signe de connaissance qu'il donna. Quand je le revis, il était pour ainsi dire tombé en léthargie. Il languit dans un état d'insensibilité complète, soutenu pour ainsi dire par des moyens artificiels, jusqu'au 23 et, mourut le soir sans connaissance.

» Quant à une cause de sa mort, étrangère à celles que je viens d'indiquer, il est, si je puis m'exprimer ainsi, absurde de vouloir la découvrir. Une bronchite se terminant par une pneumonie, c'est tout ; il n'y a pas autre chose ; telle fut la maladie dont il mourut, c'est aussi certain que deux et deux font quatre. Je joins ici une note du docteur Torello lui-même, qui vient à l'appui de mon opinion, afin, comme on me l'a demandé, de satisfaire pleinement les compagnies anglaises qui ont assuré la vie de lord Montbarry. Ces compagnies d'assurances ont été sans nul doute fondées par ce saint si célèbre par son incrédulité dont parle le Nouveau Testament, et qui a nom, si je ne me trompe, saint-Thomas ! »

» Ici se termine la déposition du docteur Bruno.

» Revenons pour un instant aux questions que nous avons faites à lady Montbarry : il nous reste à ajouter qu'elle n'a pu nous donner aucun renseignement au sujet de la lettre que le docteur a mise à la poste, à la demande de lord Montbarry. Quand le lord l'a-t-il écrite ? Que contenait-elle ? Pourquoi la cachait-il à sa femme et à son beau-frère ? Pourquoi pouvait-il écrire à la femme du courrier ? Telles furent les demandes auxquelles elle fut incapable de nous répondre. La chose mérite d'être éclaircie comme tout mystère encore inexpliqué. Quant à nous, cette lettre sous l'oreiller du lord nous semble en tous points inexplicable ; mais une question : Mme Ferraris peut tout apprendre. On aura facilement son adresse à Londres, au bureau des courriers italiens, dans Golden square.

» Arrivé à la fin du présent rapport, nous devons attirer votre attention sur sa conclusion, qui est justifiée par le résultat de nos recherches.

» La question que se posent les directeurs et nous-mêmes est celle-ci : L'enquête a-t-elle révélé quelque circonstance extraordinaire qui rende suspecte la mort de lord Montbarry ?

» L'enquête a sans nul doute révélé des circonstances extraordinaires, telles que la disparition de Ferraris, l'absence absolue de train de maison et de domestiques chez lord Montbarry, la lettre mystérieuse que le lord a demandé au docteur de mettre à la poste. Mais, où y a-t-il dans tout cela la preuve qu'aucune de ces circonstances se rapporte directement ou indirectement à la seule chose qui nous intéresse, la mort de lord Montbarry ?

» En l'absence de toute preuve et devant le témoignage de deux éminents médecins, il est impossible de prétendre que la fin du lord ne soit pas naturelle ; nous sommes donc obligés de conclure qu'il n'y a aucune cause pouvant motiver le refus de payer la somme pour laquelle lord Montbarry était assuré.

» Le présent rapport partira par la poste de demain 10 décembre. On aura le temps de nous envoyer de nouvelles instructions, – si on le juge nécessaire, – en réponse à notre dépêche de ce soir annonçant la conclusion de l'enquête. »

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