La soirée s’était passée. Il était près de minuit quand Anne entendit la voix de la servante de l’autre côté de la porte de sa chambre à coucher, lui demandant la permission de lui parler un moment.
– Qu’y a-t-il ?
– Le gentleman qui est en bas désire vous voir, madame.
– Voulez-vous parler du frère de Mr Delamayn ?
– Oui.
– Où est Mr Delamayn ?
– Dehors, dans le jardin, madame.
Anne descendit et trouva Julius seul au salon.
– Je suis désolé de vous déranger, dit-il. Je crains que Geoffrey ne soit malade. La propriétaire est couchée, à ce qu’il m’a été dit, et je ne sais où chercher l’assistance d’un médecin. En connaissez-vous un dans le voisinage ?
Anne, comme Julius, était complètement étrangère dans le quartier. Elle suggéra l’idée de s’adresser à la servante.
Cette fille connaissait un médecin résidant à 10 minutes de marche du cottage. Elle pouvait parfaitement donner toutes les indications nécessaires pour le trouver, mais elle avait peur de sortir seule, la nuit, dans ce quartier solitaire.
– Est-il sérieusement malade ? demanda Anne.
– Il est dans un tel état d’irritabilité nerveuse, dit Julius, qu’il ne peut rester un seul moment à la même place. Cet état a commencé pendant qu’il était ici à lire. Je l’ai persuadé d’aller se mettre au lit. Il n’a pu y rester un instant, il est redescendu brûlant de fièvre et plus agité que jamais. Il est dehors, dans le jardin, malgré tout ce que j’ai pu faire pour l’en empêcher, essayant, comme il le dit, de fournir sa course. Cela me paraît sérieux, venez et jugez-en par vous-même.
Il conduisit Anne dans la pièce voisine, et ouvrant le volet de la fenêtre, il l’invita à regarder dans le jardin.
Les nuages s’étaient dissipés, la nuit était belle.
Le brillant clair de lune montra Geoffrey n’ayant gardé de ses vêtements que son pantalon et sa chemise et courant autour du jardin.
Il paraissait se croire encore à la course à pied de Fulham. Par moments et tout en rasant la terre, il poussait des hurrahs pour le Sud.
Bientôt le ralentissement de son pas, le bruit de sa respiration de plus en plus difficile, lorsqu’il passait devant la fenêtre, les avertit que les forces allaient lui manquer. L’épuisement, s’il ne survenait rien de plus grave, allait le forcer à rentrer dans la maison.
Dans l’état présent de son cerveau, qui aurait pu dire ce qu’il y avait à craindre, sans l’assistance d’un médecin ?
– Je vais aller chercher le docteur, dit Julius, si vous ne voyez pas d’inconvénient à ce que je vous quitte.
Il était impossible pour Anne de faire passer ses appréhensions personnelles avant la nécessité évidente d’appeler du secours.
Ils trouvèrent la clef dans la poche de l’habit de Geoffrey déposé dans sa chambre à coucher.
Anne conduisit Julius jusqu’à la porte.
– Comment vous remercier, dit-elle avec une vive reconnaissance. Qu’aurais-je fait sans vous ?
– Il n’y a pas un moment à perdre, répondit-il.
Et il la laissa.
Elle referma la porte et revint au cottage.
La servante l’attendait à la porte et proposa d’aller éveiller Hester Dethridge.
– Nous ne savons pas ce que le maître peut faire, pendant que son frère est absent, dit la fille, et pas un de nous n’est de trop, quand nous ne sommes que des femmes dans la maison.
– Vous avez parfaitement raison, dit Anne. Éveillez votre maîtresse.
Après avoir monté à l’étage supérieur, elles regardèrent par la fenêtre qui était au bout du corridor.
Geoffrey continuait sa course circulaire ; mais très lentement, son pas était à présent celui de la promenade.
Anne rentra dans la chambre et attendit près de la porte, prête à la fermer et à tirer les verrous s’il survenait quelque chose de nature à l’alarmer.
« Comme je suis changée ! pensa-t-elle. Tout m’effraie, maintenant. »
La réflexion était naturelle, mais elle n’était pas juste. Ce n’était pas elle qui était changée, c’était la tournure des choses.
Sa position durant l’enquête chez lady Lundie n’avait mis à l’épreuve que son courage moral, seulement. Elle avait alors consommé un de ces nobles sacrifices de soi-même que les forces cachées dans la nature de la femme sont essentiellement capables de réaliser.
Sa position au cottage mettait au contraire à l’épreuve son courage physique. Elle devait se montrer supérieure maintenant au sentiment du danger matériel, alors que ce danger la menaçait dans l’ombre.
Là, la nature de la femme succombait sous l’effort trop violent qui lui était demandé ; elle avait puisé son courage dans la force de son amour. C’est du courage d’un homme dont elle aurait eu besoin maintenant.
La porte d’Hester Dethridge s’ouvrit ; Hester vint droit à sa chambre.
La couleur ordinairement terreuse de son visage laissait voir alors une légère rougeur, son immobilité de morte s’était animée d’un souffle de vie. Ses yeux, fixes comme toujours, s’éclairaient d’une lumière intérieure. Ses cheveux gris, toujours si soigneusement arrangés, étaient en désordre sous son bonnet. Tous ses mouvements étaient plus vifs que d’habitude.
Quelque chose avait réveillé la vitalité latente existant chez cette femme, agissait sur son esprit et se manifestait extérieurement sur son visage.
Les domestiques de Windygates connaissaient ces signes ; ils les avertissaient qu’Hester Dethridge n’était pas dans son état habituel.
Anne lui demanda si elle avait appris ce qui était arrivé.
Elle inclina la tête.
– J’espère que vous ne regretterez pas d’avoir été dérangée ?
Elle écrivit sur son ardoise :
« Je suis contente d’avoir été dérangée. Je faisais de mauvais rêves. Il est bon pour moi d’être réveillée quand le sommeil me reporte au temps de ma vie passée. Qu’avez-vous ? Vous avez peur ? »
– Oui.
Hester écrivit encore et montra le jardin d’une main tandis qu’elle avançait son ardoise de l’autre.
« Peur de lui ? »
– Terriblement peur.
Elle se remit à écrire pour la troisième fois et présenta son ardoise avec un sourire sinistre.
« Je suis passée par là. Je connais tout cela. Vous n’êtes encore qu’au commencement. Il fera venir des rides sur votre visage, il fera blanchir vos cheveux. Un temps viendra où vous désirerez être morte et enterrée. Regardez-moi ! »
Comme elle lisait ces derniers mots, elle entendit la porte du jardin s’ouvrir et se fermer. Elle prit Hester par le bras et écouta.
Le bruit des pas de Geoffrey trébuchant dans le corridor annonça qu’il s’approchait de l’escalier. Il se parlait à lui-même, toujours possédé par l’idée qu’il était à la course à pied.
– Cinq contre quatre pour Delamayn… Delamayn gagne. Trois hurrahs pour le Sud, un hurrah encore… Diable de course longue !… La nuit déjà… Perry !… où est Perry ?
Il avançait battant les deux murs du corridor. L’escalier craquait sous ses pas.
Hester Dethridge se dégagea de l’étreinte d’Anne, avança, sa chandelle à la main, ouvrit la porte de la chambre à coucher de Geoffrey, et debout, ferme comme un roc, elle attendit.
Geoffrey releva la tête au moment de mettre le pied sur la marche et aperçut ce visage qui le regardait.
À l’instant il s’arrêta.
– Fantôme !… sorcière !… démon !… ôtez-vous de ma vue !…
Il montra le poing avec fureur, poussa un juron, puis tourna le dos et alla s’enfermer dans le salon.
La même panique que dans le jardin potager de Windygates s’emparait de lui une seconde fois sous l’influence du regard de la cuisinière muette.
Il avait peur… peur d’Hester Dethridge.
La sonnette extérieure retentit ; Julius était de retour avec le docteur.
Anne donna la clef à la fille pour les introduire.
Hester écrivit sur son ardoise, aussi calme que si rien n’était arrivé :
« On me retrouvera dans la cuisine, si on a besoin de moi. Je ne retournerai pas dans ma chambre. Ma chambre est pleine de mauvais rêves. »
Elle descendit l’escalier.
Anne resta sur le palier du premier étage, regardant dans le couloir du bas.
– Votre frère est dans le salon, dit-elle à Julius. La propriétaire est dans la cuisine, à votre disposition, si vous avez besoin d’elle.
Elle rentra dans sa chambre et attendit les événements.
Après un court intervalle, la porte du salon s’ouvrit et les voix des hommes se firent entendre dans le corridor.
On paraissait avoir quelque difficulté à décider Geoffrey à monter l’escalier, il persistait à soutenir qu’Hester Dethridge l’attendait au haut des marches.
On arriva pourtant à le convaincre que la route était libre.
Anne entendit monter l’escalier et ferma la porte de sa chambre.
Un autre et plus long intervalle se passa avant que la porte ne se rouvrît.
Le docteur se retirait, il disait un dernier mot à Julius dans le corridor.
– Allez le voir de temps en temps pendant la nuit, et donnez-lui une autre dose de la potion calmante, s’il s’éveille. Il n’y a rien à craindre de l’agitation et de la fièvre. Ce ne sont que les manifestations extérieures de quelque mal sérieux qui se cache sous ces effets apparents. Envoyez chercher le médecin qui l’a soigné dans ces derniers temps. La connaissance de la constitution du malade est chose très importante en pareil cas.
Comme Julius revenait après avoir reconduit le docteur, Anne alla au-devant de lui dans la salle d’entrée.
Elle fut à l’instant frappée par l’air de fatigue qui se montrait sur son visage, fatigue qui se trahissait dans tous ses mouvements.
– Vous avez besoin de repos, dit-elle. Je vous en prie, allez dans votre chambre ; j’ai entendu ce que le docteur vous a dit. Laissez à la propriétaire et à moi le soin de veiller.
Julius avoua qu’il avait voyagé toute la nuit précédente, en venant d’Écosse. Mais il ne voulait pas se dégager de la responsabilité de veiller sur son frère.
– Vous n’êtes pas assez forte, j’en suis sûr, pour prendre ma place, dit-il avec bonté, et Geoffrey a une horreur déraisonnable pour la propriétaire. Il ne faut pas qu’il soit exposé à la voir encore dans l’état de son esprit. Je vais monter à ma chambre et me jeter tout habillé sur le lit ; si vous entendez quelque chose, vous n’aurez qu’à m’appeler.
Une heure se passa.
Anne vint à la porte de Geoffrey et écouta.
Il s’agitait dans son lit et se parlait à lui-même.
Elle gagna la porte de la chambre voisine que Julius avait laissée entrouverte.
La fatigue l’avait vaincu ; elle entendit la calme respiration d’un homme profondément endormi.
Anne s’éloigna, bien résolue à ne pas troubler son sommeil.
Arrivée sur le palier, elle hésita, ne sachant que faire.
Sa répugnance à entrer seule dans la chambre de Geoffrey était insurmontable.
Mais quelle autre pouvait le faire ?
La servante était allée se mettre au lit.
La raison que Julius avait donnée pour ne pas employer l’assistance d’Hester était également indiscutable.
Elle écouta de nouveau à la porte.
Aucun bruit perceptible.
Ne ferait-elle pas bien d’entrer et de s’assurer qu’il s’était rendormi ?
Elle hésita de nouveau, elle hésitait encore, quand Hester apparut sortant de la cuisine.
Elle rejoignit Anne au haut de l’escalier, la regarda et écrivit une ligne sur son ardoise.
« Vous avez peur d’entrer ? Laissez-moi ce soin. »
Le silence régnant dans la chambre donnait à penser que Geoffrey était endormi. Si Hester entrait, il n’en pourrait résulter aucun mal maintenant.
Anne accepta la proposition.
– Si vous trouvez quelque chose de mal, dit-elle, ne dérangez pas son frère. Venez à moi d’abord.
Après cette précaution, elle se retira. Il était alors près de 2 heures du matin. Comme Julius, elle succombait à la fatigue.
Après avoir attendu quelque temps sans rien entendre, elle s’étendit sur le sofa. S’il survenait quelque chose, un coup frappé à sa porte l’éveillerait à l’instant.
Pendant ce temps, Hester avait ouvert la porte de Geoffrey et était entrée.
Les mouvements et les murmures qu’Anne avaient entendus n’étaient après tout que l’agitation de la fièvre et des rêves.
La potion composée par le médecin, sans effet pendant quelque temps, exerçait enfin toute son influence calmante sur le cerveau de Geoffrey. Il dormait d’un profond et tranquille sommeil.
Hester, debout près de la porte, le regardait.
Elle allait se retirer quand elle s’arrêta, et quand ses yeux se fixèrent tout à coup sur l’un des coins de la chambre.
Le même changement sinistre qui s’était opéré en elle une fois déjà, en présence de Geoffrey dans le jardin potager de Windygates, se produisit de nouveau.
Ses lèvres serrées s’entrouvrirent, ses yeux se dilatèrent lentement et suivirent graduellement un objet qui glissait le long du mur et qui s’arrêtait au lit au-dessus du visage du dormeur.
Les regards d’Hester se fixèrent immobiles et brillants d’un feu sombre sur cet objet horrible.
Geoffrey soupira dans son sommeil.
Le bruit produit par ce soupir, quelque léger qu’il fût, rompit le charme qui la tenait enchaînée.
Elle leva lentement ses mains ridées et les agita au-dessus de sa tête, puis elle se précipita dans le corridor, courut à sa chambre et tomba à genoux au pied de son lit.
Alors, au milieu de la nuit, une chose étrange se produisit.
Alors, dans le silence et l’obscurité, un hideux secret se révéla.
Dans le sanctuaire de sa chambre, pendant que tout dormait dans la maison, la muette jeta de côté le mystérieux et terrible déguisement sous lequel elle s’isolait volontairement de ses semblables pendant le jour.
Hester Dethridge parla.
Elle parla à voix basse… articulant péniblement les mots… elle fit entendre une sorte de litanie de sa composition… elle pria… Elle invoqua la miséricorde de Dieu pour sa délivrance… sa délivrance du démon qui la possédait… Elle supplia Dieu de la rendre aveugle, d’envoyer la mort la frapper, afin de ne plus jamais voir cet horrible objet…
Des sanglots convulsifs ébranlaient tout le corps de cette femme que rien d’humain ne pouvait émouvoir.
Des larmes abondantes inondèrent ses joues terreuses. La prière passionnée continuait à tomber de ses lèvres.
Tout à coup elle se dressa sur ses pieds en criant :
– De la lumière !… de la lumière !
L’objet horrible était derrière elle dans la chambre.
L’objet horrible la regardait par la porte, demeurée ouverte…
Elle trouva la boîte d’allumettes et alluma une bougie sur la table. Elle alluma deux autres bougies qui n’étaient là que comme ornement sur la tablette de la cheminée, puis regarda tout autour de sa petite chambre, ainsi brillamment éclairée.
– Ah ! s’écriait-elle en essuyant la sueur froide qui couvrait son visage. Des bougies pour les autres… Pour moi la lumière de Dieu… Rien !… on ne voit plus rien !
Prenant une des lumières dans sa main, elle traversa le corridor, la tête baissée, tourna le dos à la porte de Geoffrey, la ferma vivement et sans bruit, en étendant ses mains derrière elle et revint dans sa chambre.
Elle prit un encrier et une plume sur la cheminée.
Après avoir réfléchi un moment, elle boucha avec une serviette le trou de la serrure et étendit un grand châle sur toute la porte, de manière à ce que ceux qui pourraient s’éveiller ou passer devant sa chambre n’y vissent pas de lumière.
Cela fait, elle entrouvrit le haut du corsage de sa robe, et, glissant ses doigts dans une poche secrète cachée à l’intérieur de son corset, en tira un cahier composé de plusieurs feuilles de papier très mince soigneusement reliées ensemble.
Tout le cahier, moins la dernière feuille, était couvert d’une écriture serrée ; c’était la sienne.
En tête de la première page était cette mention :
MA CONFESSION
pour être mise dans mon cercueil et enterrée avec moi.
Elle retourna le manuscrit pour arriver à la dernière page qui était blanche.
Quelques lignes seulement écrites en haut portaient la date du jour où lady Lundie l’avait renvoyée de son service à Windygates ; elles étaient ainsi conçues :
« Je l’ai revu aujourd’hui, pour la première fois depuis deux mois, dans le potager, derrière le jeune gentleman dont le nom est Delamayn. Résistez au démon et il s’enfuira. J’ai résisté, par la prière, par la méditation dans la solitude, par la lecture de bons livres. J’ai quitté ma place. J’ai perdu de vue ce jeune gentleman. Pourquoi se tenait-il derrière lui ? pourquoi le montrait-il ? Seigneur, ayez pitié de moi ! Christ, ayez pitié de moi ! »
Sous ces lignes elle ajouta, en ayant soin de mentionner la date :
« Je l’ai revu cette nuit. Je remarque un effrayant changement. Il m’est apparu deux fois derrière la même personne. Cela n’était jamais arrivé auparavant. Cette nuit, dans sa chambre à coucher entre la tête du lit et le mur, je l’ai revu encore derrière le jeune Mr Delamayn, la tête juste au-dessus de son visage et du doigt montrant sa gorge. Deux fois derrière le même homme ! Jamais je ne l’avais vu deux fois, jusqu’à présent, derrière la même personne. Si je le vois une troisième fois derrière lui !… Seigneur, délivrez-moi ! Christ, délivrez-moi ! Je n’ose y penser. Il quittera mon cottage demain. J’aurais bien fait de rompre le marché quand l’étranger a loué pour son ami et que cet ami s’est trouvé être Mr Delamayn. Je ne me plaisais pas ici, même alors. Maintenant, après l’avertissement de cette nuit, mon parti est pris. Il s’en ira. Je lui rendrai son argent, si cela lui convient, mais il s’en ira.
» NOTE : J’ai subi la sensation cette fois et tout le temps j’ai éprouvé une terreur affreuse. J’ai résisté, comme auparavant par la prière. Je vais maintenant descendre pour méditer dans la solitude, pour me fortifier par la lecture de bons livres. Seigneur miséricordieux, prenez en pitié une pauvre pécheresse ! »
La mention ainsi terminée, elle remit le manuscrit dans la poche secrète de son corset.
Elle descendit dans la petite chambre qui avait vue sur le jardin, la chambre qui avait été autrefois le cabinet de son frère.
Là, elle alluma une lampe et prit quelques livres sur les tablettes d’une petite étagère attachée au mur.
Ces livres étaient la Bible, un volume de sermons méthodistes et une collection de la Vie des saints méthodistes.
Après les avoir rangés auprès d’elle dans un ordre dont elle avait l’habitude, elle s’assit tenant la Bible sur ses genoux, pour veiller pendant le reste de la nuit.